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le regain sur place par les chevaux ou les vaches. Cependant, il existe une variété du sainfoin commun, connue sous le nom de sainfoin à deux coupes qui nous donne deux récoltes fauchées. Cette variété est plus délicate que le type. On fane le sainfoin comme on fane la luzerne et le trèfle ; mais comme il est moins aqueux, le fanage est plus rapide. Ses feuilles se détachent facilement de la tige; il est donc essentiel de le botteler avant sa dessiccation complète. Un bon sainfoin rend la première année qui suit celle du semis 1 500 kil. de fourrage; la seconde année, le produit peut s'élever à 4 ou 5 000 kil. Dans les terres irriguées du Midi, on pourrait obtenir deux bonnes coupes et un regain.

Emploi du sainfoin.

Cette légumineuse, à l'état vert, est préférable à la luzerne quant à la qualité; et elle a le grand mérite de ne pas météoriser les bêtes. Elle convient à tous les animaux de la ferme. A l'état sec, elle vaut moins, mais elle est supérieure à celle du Midi, dont les tiges coriaces conservent difficilement leurs feuilles après le fanage.

P. J.

Culture du sainfoin ou esparcette dans le midi de la France. — Le sainfoin est la plante fourragère des terres sèches et calcaires.

La luzerne exige un sol riche et profond, le trèfle ne réussit que sur les terres fraîches et friables, le sainfoin moins exigeant se contente des terrains compactes et brûlants qui abondent dans la zone agricole du midi de la France.

ble, ont dû leur premier ameublissement à la culture du sainfoin.

Il vaut donc bien la peine d'étudier les règles d'exploitation d'une plante qui, tout en répandant l'abondance, prépare aux terres sèches et désolées, une richesse pareille à celle qu'on ne trouve que dans les grasses alluvions de nos vallées.

La graine de sainfoin est généralement semée sur la terre qui vient de recevoir le blé, au mois d'octobre; ou bien, au mois de mars, sur les emblavures d'automne dans l'un et l'autre cas, la herse recouvre la semence.

Ces deux méthodes ont leur avantage et leur inconvénient.

La semence du mois d'octobre, répandue sur une terre bien ameublie et qui n'a pas encore fait son tassement, ne tarde pas à germer; favorisée sol, le froment avec lequel elle est associée, ne qu'elle est par l'humidité de l'atmosphère et du vient pas encore lui disputer sa part de nourriture; elle peut donc se développer à l'aise pendant les deux mois qui précèdent les premières gelées, sous le climat du Midi. C'est là le côté avantageux de la semaille automnale.

Mais les froids des hivers rigoureux et les alternatives trop fréquentes de gels et de dégels, exposent la jeune plante à des dangers auxquels elle n'échappe pas toujours; aussi quelques cultivateurs préfèrent-ils attendre le mois de mars. Si à cette époque de l'année, on évite les chances de destruction par le froid, on se trouve cependant en présence de nouvelles difficultés que nous devons faire connaître, à raison de leur importance.

Au mois de mars, le froment d'automne s'emdéveloppe ses feuilles; c'est déjà un nourrisson qui veut et qui exige toute la substance de la mère. La terre, tassée par l'humidité de l'hiver, a d'ailleurs perdu cet état pulvérulent produit par la gelée et que les hersages ne peuvent plus lui rendre.

Avant son introduction dans l'agriculture mé-pare définitivement du sol, il pousse ses talles, il ridionale, des contrées entières y étaient vouées à la stérilité la plus absolue, à cause de l'impossibilité où était le cultivateur de pouvoir nourrir son cheptel: le développement de sa culture tend, tous les jours, à transformer ces arides pays, où l'on trouve aujourd'hui un nombreux et vigoureux bétail.

Le principal mérite du sainfoin n'est pas d'avoir ainsi substitué une richesse relative à une extrême pénurie; l'avantage réel de sa culture consiste dans les amendements considérables qu'elle opère sur les terres pauvres.

En effet, après la rupture d'un vieux sainfoin, la terre a perdu une partie de sa ténacité primitive, les débris des feuilles et le chevelu des racines lui ayant donné un humus qui lui manquait, le laboureur est étonné de pouvoir, d'un seul coup de charrue, pulvériser un sol qu'il ne parvenait à réduire, auparavant, qu'en multipliant les labours et les hersages.

Ainsi, et par le seul fait de la culture du sainfoin, les terres pauvres passent à une classe supérieure ; il ne leur manque alors que la puissante intervention des engrais pour compléter leur entière transformation.

On voit aujourd'hui, dans les environs de Limoux (Aude), des coteaux argilo-calcaires, exposés au soleil, qui sont occupés par de magnifiques luzernières donnant trois excellentes coupes de fourrage, sous le climat brûlant du Midi; ces terres, d'une ténacité naturelle presque invinci

Semée dans de pareilles conditions, la graine de sainfoin germe, à la vérité, avec la plus grande rapidité; mais ses racines ne peuvent que trèspéniblement s'implanter dans un sol compacte et déjà occupé; privée d'air et de soleil, la jeune plante ne peut accomplir qu'une souffreteuse végétation qui ne lui permet pas toujours de résister aux sécheresses de l'été.

Une troisième méthode tend à se substituer à ces deux anciens systèmes de semailles : elle consiste à semer le sainfoin au mois de mars avec de l'orge à deux rangs (Parnelle ou Paumoule). Cette dernière pratique assure toujours le succès de la plante fourragère.

Il n'est pas possible, dans nos régions méridionales, de suivre pour la semaille du sainfoin, les conseils donnés par des hommes dont les noms font autroité dans la science et dans la pratique agricole et qui recommandent de jeter au printemps, la graine seule, sur une terre labourée en automne.

L'avenir de la prairie serait bien loin d'être assuré avec une pareille méthode qui, tout en imposant le sacrifice d'une récolte de céréales exposerait ainsi sans ombrage protecteur, la jeune

légumineuse aux chaleurs printanières qui sont excessives chez nous.

La graine de sainfoin est renfermée dans sa cosse ; on la sème en cet état à raison de 4 hectolitres par hectare; sa bonne qualité se constate par sa couleur brune et par son poids qui doit être de 30 à 32 kilos par hectolitre.

Dès que la céréale qui a servi d'abri au sainfoin est coupée, celui-ci, exposé alors directement au soleil, perd bientôt ses petites feuilles, ses pousses se dessèchent, tout vestige extérieur de sa végé- | tation disparaît; ses racines seules se conservent, si elles ont eu le temps et les moyens de pénétrer assez profondément, et donnent naissance à une nouvelle végétation qui arrive avec les premières pluies de septembre.

Le sainfoin n'aime pas la dent des animaux, il ne résiste pas au pâturage des moutons, et ce n'est qu'avec quelque discrétion qu'il convient de le livrer aux bœufs et aux chevaux.

La durée d'une prairie de sainfoin varie entre trois et six années: si la terre est nette, saine et profonde; si les engrais dont on la recouvre ne portent point les germes de mauvaises herbes, on peut obtenir le maximum de cette durée, et comme les améliorations par la culture du sainfoin sont toujours en proportion avec son séjour sur le sol, les efforts des cultivateurs devraient tendre à conserver, le plus longtemps possible, cette prairie temporaire, alors qu'elle a vaincu toutes les difficultés de ses débuts.

Il n'en est cependant pas ainsi : le désir immodéré de jouir de la fertilité passagère qu'elle a apportée dans le sol, s'empare du propriétaire; et la prairie est défrichée, au moment où ses produits sont encore abondants et où l'œuvre de la transformation du sol est à peine commencée. Pendant le temps qu'elle occupe la terre, la prairie de sainfoin reçoit des fumures annuelles que l'on remplace par un plâtrage, dans les terres peu calcaires.

Le sainfoin ne donne, à la rigueur, qu'une seule coupe, exploitable dans les premiers jours de juin, au moment où ses premières fleurs commencent à sécher. Sa végétation estivale, contrariée par les grandes sécheresses, ne reprend un peu de vie que dans le mois de septembre : il est alors possible, mais seulement pendant les années pluvieuses, de saisir un très-faible regain.

Olivier de Serres, dans son enthousiasme pour une plante qu'il appelle une herbe fort valeureuse, prétend que dans le Dauphiné elle donne trois coupes : « Trois fois par an il (l'esparcette) est fau«ché, pourvu que le lieu lui agrée et l'herbe n'en soit " rongée par le bestail. » En tenant même compte des modifications climatériques qui ont pu se produire, il y a dans cette opinion du père de l'agriculture française, une véritable exagération justifiée, probablement, par l'immense désir qu'il avait de répandre la culture de cette précieuse légumineuse.

Le fanage du sainfoin exige quelques précautions commandées par la très-grande facilité avec laquelle les feuilles se détachent de la tige: il doit donc être peu secoué avec les fourches et entassé par petites meules où il achève son entière dessiccation.

La production du sainfoin, dans le Midi où il ne donne qu'une seule coupe, est de 6 000 kilog. à l'hectare, dans les terres déjà avancées en culture; il n'arrive qu'à 3 ou 4 000 kilog. dans les terrains inférieurs.

La qualité du fourrage que donne le sainfoin a été trop vantée; son mérite est incontestable à l'état vert; mais, une fois sec, il n'est que relatif, quoique bien supérieur à la paille des céréales, qui était la base de l'alimentation du bétail dans le Midi, avant son introduction; c'est encore un aliment défectueux, inférieur à la luzerne et au trèfle qui conservent toutes leurs feuilles. Le sainfoin est presque toujours réduit à ses tiges ligneuses, rudes et sèches comme les terres qui l'ont porté ; les chevaux et les animaux d'espèce asine s'en contentent, mais les bœufs en gaspillent des quantités qui doivent passer dans les litières.

Ce dernier inconvénient n'existe pas lorsque la nature du sol permet de faire un mélange de graine de trèfle avec la semence du sainfoin: le fourrage qui provient de l'association de ces deux plantes est excellent pour tous les animaux de la ferme.

La graine du sainfoin qu'il est possible d'obtenir, sous d'autres climats, avec la seconde coupe de ce fourrage, exige, dans le Midi, le sacrifice de la seule et unique récolte fourragère qu'elle donne. En effet, le fourrage porte-graine doit arriver à une maturité qui dessèche entièrement la tige; maltraitée d'ailleurs par le battage, cette matière n'est bonne qu'à augmenter la masse des litières.

L'épuisement de la plante après qu'elle a donné sa graine est considérable : aussi ne la demandet-on qu'aux vieilles prairies condamnées d'avance au défrichement.

Le produit en graines d'un hectare de sainfoin est de 30 hectolitres dont le prix varie entre 10 et 14 francs. Ce produit réuni à la valeur de la paille est assez rémunérateur pour assurer, sur nos marchés, des provisions suffisantes de graine de sainfoin. L. PONS-TAnde.

SERRA DELLE (ORNITHOPUS SATIVUS).

Historique. Il nous en coûte d'admettre que la serradelle cultivée à titre de plante fourragère, soit l'ornithopus perpusillus des botanistes; cependant on l'affirme, et nous nous inclinons. Le Bon Jardinier disait, il y a longtemps déjà : « C'est une plante annuelle employée en Portugal comme fourrage artificiel dans des terrains sablonneux et arides; elle rend dans ce pays de grands services pour l'alimentation des bestiaux, en fournissant au printemps un pâturage très-précoce. De premiers essais ayant fait connaître qu'elle ne résiste pas toujours à nos hivers, elle ne semble pas toujours offrir chez nous le même genre d'utilité, si ce n'est peut-être dans nos départements méridionaux. Il est probable que ceux du Nord et du Centre en pourraient tirer un parti avantageux dans d'autres saisons. L'abondance, la finesse et la bonne qualité de son fourrage doivent faire désirer que des essais méthodiques et suivis soient entrepris dans cette vue. »>

Nous ne savons si le conseil a été suivi en France; mais il est permis d'en douter, car il n'en est question nulle part en termes précis. Le gouvernement belge s'est beaucoup occupé de la propagation de ce fourrage; il a fait venir de la graine du Portugal et a obtenu de nombreux essais dans les Campines anversoise et limbourgeoise. Aujourd'hui l'expérience est complète de ce côté.

Fig. 310. Serradelle.

faire tomber la graine de serradelle; cet inconvénient a lieu même lorsque les plantes sont encore vertes ou couvertes de fleurs.

« Il est donc évident qu'on ne peut attendre que la plus grande partie des cosses soient sèches pour en récolter la graine; car, si ele tombe facilement au moindre choc quand elle est debout et verte, elle tombera bien plus facilement encore lorsqu'on la coupera et qu'on la transportera; il faudra donc la couper lorsqu'on s'apercevra qu'une partie des cosses se sèche, et l'exposer ensuite au soleil pendant quelques jours, afin de donner aux graines le temps d'achever leur maturité.

« La serradelle, dont on veut récolter la graine doit être semée en septembre ou en mars, parce qu'alors, le moment de la récolte arrivant en juillet et août, les grandes chaleurs facilitent beaucoup la besogne. Examinez bien votre graine, et dès que vous verrez qu'elle commence à sécher, et que celle qui est encore verdâtre est déjà ridée, Culture de la signe certain qu'elle est mûre, n'attendez pas; serradelle en si le temps est beau, fauchez..... Vingt-quatre heures après la fauchaison, retournez le foin dans la matinée; laissez sécher deux jours encore, et profitez du moment où le foin se dépouille de la rosée, vers sept à huit heures du matin, pour le mettre en grange ou le battre sur place. En procédant de cette manière, on a récolté, sur une surface d'environ un hectare et demi, près de onze voitures à deux chevaux de bon foin, et plus de 1 800 kilogr. d'excellente graine. »

Belgique.-Les terres sablonneuses et sèches où le trèfle ne réussit pas, où le prix de revient de la chaux est un obstacle à son emploi, sont celles que les cultivateurs belges ont consacrées à la serradelle. On trouve de vastes champs de ce fourrage dans la province d'Anvers, notamment à Stabroeck, Wuest-Wezel, Brecht, Saint-Léonard, Ryckevorsel, Vlimmeren et Béersse. A Oostmalle, on nous a rapporté que les personnes qui ne peuvent obtenir du trèfle sèment de la serradelle sur leur terrain, depuis le mois de mai jusqu'à la fin de juin. Elle commence à se répandre dans lè Brabant et la Flandre orientale. On sème cette plante isolément, à raison de 20 à 25 kilogr. par hectare, et on la récolte à partir du mois de septembre. Nous ne saurions dire combien de milliers de fourrage vert ou sec fournit la serradelle, parce que nous ne l'avons pas cultivée et qu'il nous a été impossible d'obtenir des chiffres dignes de foi. M. Heuzé estime le rapport en vert à 12 000 ou 15 000 kilogr., tandis que M. Girardin le réduit, à vue d'œil, à la moitié de celui de la vesce. Or, on sait que la vesce ne donne pas plus de 3 000 à 5 000 kilogr. de fourrage sec. A propos de la serradelle, nous croyons devoir extraire les passages suivants, d'une instruction publiée en Belgique par ordre du ministère de l'intérieur :

. La serradelle donne sa graine en cosses formées d'un certain nombre de disques. Ces cosses, au lieu de s'ouvrir, comme cela se présente pour les pois, restent closes lorsqu'elles sont mûres; elles se sèchent plus ou moins vite; si donc on ne prend pas la précaution de récolter la graine aussitôt qu'on s'aperçoit qu'une partie des cosses se sèche, on court risque de n'avoir que très-peu de graine: en effet, les disques, étant secs, se séparent les uns des autres avec la plus grande facilité. Enfin, lorsque les cosses sont sèches, il suffit d'un peu de vent ou d'une légère pluie pour

VESCE (VICIA).

Classification. Nous cultivons pour fourrage et souvent aussi pour leurs graines: 1o La vesce commune d'hiver et sa variété de printemps (vicia sativa); 2° la vesce blanche ou lentille du Canada (vicia sativa alba); 3o la vesce gros fruit (vicia macrocarpa); 4o la vesce velue (vicia villosa). La première est la plus répandue; la seconde diffère de cette vesce commune par la grosseur et la couleur blanche de son grain qui, de loin en loin, est employé pour la nourriture de l'homme sous forme de purée, ou en mélange avec la farine des céréales; la troisième se recommande par ses cosses épaisses et charnues, et par sa productivité granifère; la quatrième est originaire de la Russie et se signale par sa vigueur et sa rusticité. Elle a été bien accueillie en Ecosse; des essais de culture ont été faits dans la Campine et dans l'Ardenne belge; les produits que nous avons vus étaient de toute beauté; mais on reproche à cette vesce de se soutenir mal en raison du grand développement de sa tige. Elle se couche aisément. Elle passe assez bien l'hiver en terre, et peut servir par conséquent, ainsi que la vesce commune d'hiver, aux semis d'automne. Ce que nous allons dire de la vesce commune s'applique à toutes les autres espèces mentionnées.

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cependant, au delà de la Lorraine et des contrées | vieille graine. C'est celle qui fournit le plus de fourles plus douces de la Belgique, il y aurait de l'imprudence à semer en automne sa variété d'hiver. On s'en tient donc le plus ordinairement, dans le Nord, à la variété de printemps. Les climats un peu humides lui conviennent mieux toutefois que les climats chauds.

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Choix et préparation des semences de vesce. Les bonnes graines de vesce ne s'obtiennent que sur des tiges clair-semées et avec des gousses qu'on laisse mûrir complétement sur pied. On moissonne les porte-graines avant que la rosée ait disparu, et, dès que le soleil les a ressuyés, on les transporte dans la grange de la ferme avec précaution, on les bat très-légèrement, on relève les pailles avec la fourche et l'on recueille la semence. Les graines provenant du second battage ne conviennent que pour les animaux. Si les facultés germinatives de la graine de vesce s'éteignaient promptement, nous recommanderions de la garder en gousses, au lieu de la battre de suite; mais, dans l'intervalle, la maturation en retard s'achèverait en tas, et le fléau aurait l'inconvénient de faire de la semence trop mêlée. Heureusement, cette graine conserve pendant quatre ou cinq ans sa faculté de germer, et nous avons de l'avantage à prendre notre semence de suite. Celle qui se détache aisément aussitôt la récolte faite, est la première mûre, c'est-à-dire la meilleure.

La graine nouvelle est toujours préférable à la

rage; la graine de deux et trois ans fournit moins de tiges, moins de feuilles, mais plus de gousses. Avant de s'en servir, il est bon de l'humecter, la veille, avec du purin étendu d'eau et de la saupoudrer de cendres ensuite, pour la ressuyer.

Semailles de la vesce. On sème la vesce commune d'hiver dans le courant de septembre et d'octobre, à raison de 160 litres et de 40 litres de seigle ou d'escourgeon destinés à soutenir les tiges. On sème la vesce commune de printemps en mars ou en avril, tantôt à raison de 200 litres de graine, quand on ne lui associe pas une céréale; tantôt à raison de 150 litres de vesces et de 50 litres d'avoine. On peut continuer les semis jusqu'en juillet, de trois semaines en trois semaines, afin de ne pas manquer de fourrage vert. On enterre avec la herse. Les vesces ne demandent aucun soin pendant leur végétation. On peut les plâtrer, comme le trèfle, dès que leurs feuilles garnissent bien le sol, toujours par la rosée ou par un temps couvert ou pluvieux.

Très-souvent on forme des mélanges fourragers, dans lesquels entre la vesce. Les hivernages du département du Nord sont composés de vesces d'hiver, de seigle ou de froment; ces mêmes hivernages faits avec deux tiers de vesces d'hiver et un tiers de seigle sont une des richesses fourragères du Hainaut. Les Warats de la Flandre française se composent de vesces, de féveroles, de pois gris et d'avoine que l'on sème en avril. La dragée, la bisaille, la mêlarde, la mêlée sont des mélanges de vesces, de pois gris, de lentilles, d'orge et d'avoine, mélanges toujours préférables au fourrage d'une seule espèce.

Récolte de la vesce. On récolte habituellement les vesces quand elles sont en fleur; cependant, en beaucoup de contrées, on attend que les graines soient formées dans leurs gousses. Nous préférons la première méthode à la seconde, parce que les vesces en fleur sont plus faciles à faner que les vesces en gousse, et aussi parce qu'elles épuisent moins le terrain. On a osé soutenir que des vesces grainées ne fatiguent pas plus le sol que les vesces fleuries seulement; c'est une double hérésie contre laquelle protestent et la théorie et la pratique.

On fauche les vesces d'hiver quelquefois en mai, mais le plus souvent dans la première quinzaine de juin. Lorsqu'on attend la venue des gousses, la date se trouve nécessairement reculée. On fauche les vesces de printemps vers la fin de juin ou en juillet. S'il s'agit de donner les vesces en vert aux vaches, on les récolte à moitié fleur; s'il s'agit de les donner aux chevaux, on attend la défloraison.

Le fanage des vesces exige les mêmes précautions que celui des fourrages artificiels dont il a été parlé précédemment. Les feuilles se détachent avec une facilité extraordinaire, surtout quand les gousses sont formées. La dessiccation doit être rapide et en même temps complète, car le foin mal desséché est très-sujet à la moisissure. Les cultivateurs qui sont dans l'usage de le stratifier

avec de la paille, pour le mieux conserver, font une excellente opération.

Assez souvent, on cultive des parties de vesces uniquement pour leurs graines. Dans ce cas, on attend que le plus grand nombre des gousses soient mûres, et l'on coupe par la rosée.

L'hectare de vesces rend de 3 000 à 5 000 kil. de fourrage sec par hectare.

Emploi de la vesce. — - Ce fourrage, en vert ou en sec, convient à tous les animaux de la ferme; on lui accorde une richesse nutritive égale à celle du trèfle, et par conséquent supérieure à celle du sainfoin et de la luzerne. - « Quelque excellente que soit la vesce, soit en feuilles, soit en graines, dit Bosc, elle est sujette à quelques inconvénients lorsqu'on la donne sans ménagement aux bestiaux et aux volailles. Souvent elle fait d'abord maigrir les vaches et les chevaux. Il semble résulter de quelques faits qu'elle convient mieux aux vieux qu'aux jeunes. Dans tous les cas, il faut ne la leur donner qu'en petite quantité à la fois, mêlée avec d'autre fourrage, non couverte de rosée quand elle est verte, et même, dans ce cas, la saupoudrer d'un peu de sel.

« Quant à la graine, ce sont les pigeons qui s'en accommodent le mieux. Il faut la ménager aux poules, aux dindons et aux canards. Les cochons ne doivent en manger que de loin en loin, ou mêlée avec d'autres graines. C'est par excès de principes nutritifs qu'elle paraît nuire à ces animaux; aussi appelle-t-on cochons brûlés ceux qui sont malades pour en avoir trop mangé. On a essayé de la convertir en pain, mais on n'en a obtenu qu'un aliment de mauvais goût et d'une digestion difficile. »> P. J.

GESSE (LATHYRUS).

Classification.

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Le genre gesse comprend un assez grand nombre d'espèces, parmi lesquelles on cultive pour leur fourrage ou pour leurs graines : 1o La gesse cultivée ou lentille d'Espagne (lathyrus sativus); 2o la gesse velue (lathyrus hirsutus); 3o la gesse chiche (lathyrus cicera). On pourrait peut-être encore cultiver la gesse tubéreuse, la gesse des prés et la gesse des bois.

Culture. La gesse cultivée ou lentille d'Espagne est un fourrage annuel à fleurs blanches ou bleuâtres, que l'on sème quelquefois à l'automne, dans le Midi, mais le plus souvent en mars et avril, à raison de 150 litres par hectare. Elle s'accommode des climats, des terrains et des modes de culture qui conviennent à la vesce. On la dit préférable à celle-ci pour les moutons. On la récolte aumoment de la floraison, ou de suite après la floraison, pour fourrage. Quand on la cultive pour ses graines, on attend la maturité complète.

La gesse velue est plus robuste que la précé-| dente. On peut la semer à l'automne, même dans le nord de la France; c'est au moins ce qui paraît résulter d'essais faits à Givet il y a quelques | années. On la récolte pour fourrage vert ou sec,

et aussi pour ses graines, dont les pigeons se montrent avides.

La gesse chiche est très-connue sous le nom de jarosse, jarat et pois cornu. Sa fleur est d'un rouge sombre. C'est une plante annuelle, très-rustique, qui passe facilement l'hiver sous la plupart de nos climats et qui est cultivée sur une grande échelle dans les terres médiocres, quelle que soit leur nature. La gesse chiche donne un fourrage meilleur pour les moutons que pour les chevaux qu'elle échauffe trop. On la sème à raison de 2 à 300 litres par hectare. "On à essayé d'introduire la farine de ces graines dans Fig. 311 - Gesse chiche. le pain, mais il importe que l'on sache très-bien que ce mélange est dangereux. Quand la proportion de farine de gesse est un peu élevée, le pain où elle se trouve peut occasionner la mort ou frapper de paralysie. Des accidents de cette gravité ont été bien constatés.

Nous le répétons, les gesses se cultivent, se récoltent et s'emploient de la même manière que les vesces.

POIS DES CHAMPS (PISUM ARVENSE).

Le pois des champs ne doit pas être confondu avec les pois de champs qui sont des variétés comestibles à l'usage de l'homme; mais leur culture n'en est pas moins la même. Le pois des champs est celui que nous connaissons sous les noms de pois gris, bisaille, pois agneau, pois de brebis et pois de pigeon. C'est une plante annuelle, exclusivement destinée aux animaux, soit à titre de fourrage vert, de fourrage sec, soit à titre de graine. Les terres légères sous les climats humides, les terres de quelque consistance sous les climats doux, sont celles qu'il faut réserver au pois des champs. On fume assez rarement pour cette plante; cependant on ferait bien de la fumer lorsqu'elle doit être suivie d'une récolte de céréales. Le pois des champs a une variété d'hiver, assez robuste, et une variété de printemps qui l'est moins. On sème la première en septembre dans les terrains secs, et la seconde de mars en mai, celle d'hiver à raison de 250 litres par hectare, à la volée; celle de printemps, à raison de 200 litres seulement. Le pois gris fait partie de ces mélanges fourragers qu'on appelle dragée, bisaille ou mêlarde.

Quand on sème isolément le pois gris, on le

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