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vet et la navette s'en accommodent fort mal, des plantes à feuilles glauques, assez semblables à celles du colza. Si le colza, qui est annuel, formait un genre dans la tribu des choux, nous dirions que notre chou-navet, qui est bisannuel, est une espèce du genre colza, et que le rutabaga est une variété ou une sous-variété de l'espèce chou-navet. Ce qu'il y a de certain, c'est que le chou-navet est au colza ce que le navet est à la navette, c'està-dire que le chou-navet et le colza se prêtent bien à la transplantation, tandis que le navet et la navette s'y prêtent mal.

A première vue, il est très-difficile de distinguer le rutabaga du chou-navet; leur feuillage se res

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Fig. 272.

Rutabaga. semble, leurs racines ont à peu près la même forme, le même volume et la même couleur. Seulement, dans la pratique, nous remarquons que le chou-navet est solidement enraciné, tandis que le rutabaga ne l'est guère, et que le chou-navet est un peu moins sphérique que le rutabaga. Nous ne sommes pas de l'avis du Bon Jardinier, lorsqu'il assure que le rutabaga est plus robuste et convient mieux pour la cuisine que le chou-navet : nous sommes d'une opinion diamétralement opposée. Toutefois, dans la grande culture, nous préférons le rutabaga au chou-navet, parce qu'il faut trois fois plus de temps pour arracher le second que pour arracher le premier. N'était cela, nous les recommanderions indistinctement l'un et l'autre.

Le chou-navet est souvent désigné, sur quelques points de la Belgique, par le nom de navet de Laponie, et par corruption sous celui de Napoli. En France, nous l'appelons, ainsi que le rutabaga, navet de Suède, et parfois très-improprement chourave, car il ne ressemble en rien au chou-rave ou colrave. Le rutabaga se recommande par une racine volumineuse (fig. 272); le chou-rave se recommande par le renflement de sa tige, renflement d'un vert glauque, et portant des feuilles aussi bien à la circonférence qu'au sommet. La racine du chou-navet et du rutabaga entre en terre; le ren. flement du chou-rave se forme, au contraire, audessus de terre (fig. 273).

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Terres propres à la culture des chouxnavets et rutabagas. Les terres légères leur conviennent, particulièrement dans les climats humides; les terres fraîches, d'une certaine consistance, leur conviendraient nécessairement dans un climat sec; les terres neuves, les défriches récentes de bruyères et les prairies rompues produisent, dans le Nord, des racines d'un volume exemplaire. En serait-il de même partout? Nous n'osons l'affirmer. En France, nous croyons que l'on réussirait mieux avec les défriches de la Bretagne, avec les terrains neufs, voisins des bords de la mer, qu'avec les défriches du Berri. Les plateaux élevés du Morvan ont produit de superbes récoltes de rutabagas.

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faire succéder trop vite les choux-navets et rutabagas à eux-mêmes; il importe de ménager entre les cultures un intervalle de quatre années au moins.

Dans les climats humides, déjà rudes, et en terre légère, le semis à demeure est préférable à la transplantation; dans les climats doux et en terre plus ou moins forte, la transplantation est, au contraire, préférable au semis à la volée, parce Engrais qui conviennent aux choux-na- qu'elle oblige le cultivateur à remuer le sol et à vets et rutabagas. — Les fumiers de ferme sans lui donner un peu de cette légèreté, de cet ameuexception, mais le fumier de moutons surtout, blissement que les choux-navets et rutabagas afsont avantageux à ces plantes. Les engrais liquides fectionnent. Les cultivateurs qui agissent sur de lancent vigoureusement la végétation; les os, trai-grandes surfaces se servent, pour semer les chouxtés par l'acide sulfurique, sont d'un effet trèsnavets et rutabagas en lignes, d'un semoir surremarquable. Les seuls rutabagas qui réussirent monté d'une caisse à engrais liquide. Avec les parfaitement dans le Luxembourg belge, en 1860, racines en rayons, les frais de sarclage, d'éclaircisavaient été soignés par M. Péterson avec du super-sement et de binage se trouvent réduits considéphosphate de chaux, nom donné aux os vitriolisés. rablement; mais, dans la petite culture, ces frais Les boues d'étangs, ressuyées et associées à la ont trop peu d'importance pour que l'on y fasse chaux, ont un effet prodigieux sur les rutabagas attention. comme sur les choux.

Labours préparatoires.—Un profond labour d'automne est toujours une excellente préparation; un labour de printemps, à une profondeur de 12 à 15 centimètres, une huitaine de jours avant les semailles, et un hersage parfait sur ce second labour, mettent la terre dans un état très-convenable. Quelquefois, on déchaume à l'automne, et on laboure deux fois au printemps.

Choix des semences. Ce que nous avons dit précédemment, quant au choix des graines de navets, s'applique de tous points aux graines de choux-navets et rutabagas: de la qualité de la semence dépend surtout la beauté de la récolte. Les Anglais le savent bien; ils soignent donc leurs semenceaux en conséquence, et c'est pour cela précisément que nous avons presque toujours plus à nous louer de la graine de choux-navets et de rutabagas, importée d'Angleterre ou d'Ecosse, que de la nôtre.

Semailles et transplantation des chouxnavets et rutabagas. — L'époque des semailles doit être bien saisie. Si l'on sème trop tôt, les plantes deviennent sujettes à s'emporter, c'est-à-dire à se mettre à fleur l'année même du semis; et quoi que l'on fasse, quelque soin que l'on apporte à supprimer les tiges florales, on ne peut compter que sur des racines filandreuses et d'un volume médiocre. Si l'on sème trop tardivement, la plante, contrariée par les fortes chaleurs, a de la peine à se lancer et à prendre son développement à l'heure voulue.

Lorsque l'on forme une pépinière, en vue du repiquage, il est essentiel d'éclaircir cette pépinière aussitôt que l'on peut saisir aisément les jeunes plantes. Le succès de la transplantation en dépend en partie.

La transplantation doit avoir lieu, autant que possible, par un temps couvert ou pluvieux, ou tout au moins vers le soir,quand le temps s'obstine à ne pas se couvrir et à ne pas se mettre à la pluie, ce qui se voit souvent. Les plants seront repiqués au plantoir, et l'on aura la précaution de ne pas courber la racine pivotale: mieux vaut ne pas faire beaucoup de besogne, et la faire bien. Une racine coudée compromet l'avenir du plant. Nous ne saurions approuver le repiquage à la charrue; s'il est expéditif, en retour il est très-défectueux. Par ce mode de transplantation, la racine se trouve couchée ou inclinée dans le sillon. c'est-à-dire dans une situation défavorable à la marche de la séve, et plus propre à produire des fleurs et des graines que des racines vigoureuses. Autant cette transplantation nous paraît convenable pour le colza, autant elle nous paraît regrettable pour les choux-navets et rutabagas. Le but à atteindre dans les deux cas n'est pas le même assurément; par conséquent, à moins de se montrer par trop illogique, les moyens à employer ne doivent pas être les mêmes non plus.

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Soins à donner aux choux-navets et rutabagas pendant leur végétation. Ils consistent en sarclages et binages. Ces deux opérations s'exécutent, dans les cultures étendues, avec la houe à cheval, et, dans la petite culture, avec des houes ou mieux avec des ratissoires à pousser ou à tirer. On ne butte pas les choux-navets et rutabagas; cependant nous croyons qu'il y aurait

La culture de ces racines relève de deux méthodes. Tantôt on sème à demeure, en rayons ou à la volée; tantôt on sème en pépinière pour repi-profit à le faire dans la seconde quinzaine d'août, quer au bout de cinq ou six semaines. Quand on sème à demeure, autrement dit, pour ne pas transplanter, on attend la dernière huitaine de mai ou la première huitaine de juin. Quand, au contraire, on sème en pépinière, pour transplanter, on procède à l'opération dans le courant d'avril, et l'on transplante dans la seconde quinzaine de juin, en maintenant entre les pieds un espacement de 60 centimètres au moins; 3 ou 4 kilos de semence suffisent pour ensemencer un hectare à la volée.

puisqu'il est reconnu que les parties de racines recouvertes sont toujours plus riches que les parties découvertes, exposées à l'air et au soleil, qui les rendent plus ou moins ligneuses, et les appauvrissent plus ou moins. Nous pensons que ces racines, buttées à l'époque que nous venons d'indiquer, deviendraient plus volumineuses et se maintiendraient plus tendres et plus substantielles que les autres. Reste à savoir si elles seraient d'aussi bonne garde. C'est une expérience à faire.

Maladies des choux-navets et rutabagas. Dans les années d'extrême sécheresse, ces racines sont exposées à souffrir. Alors elles montrent quelque tendance à fleurir par anticipation, ou bien, quand elles ne filent pas, leurs feuilles se désorganisent, se tachent par places, comme si on les eût attaquées avec de la chaux vive ou du purin très-concentré, et les racines ne bougent plus. Ce cas est assez rare, heureusement.

Ce que les choux-navets et rutabagas redoutent par-dessus tout, c'est l'altise, dont on ne se rend pas toujours maître avec de la chaux en poudre, de la cendre ou de la sciure de bois imprégnée de coaltar ou goudron de houille; c'est encore la chenille de la piéride et la fausse chenille ou larve noire de tenthrède, qui, par moments, ne les épargnent point.

Récolte.

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Conservation et emploi des choux-navets et rutabagas. On arrache ces racines avec la main ou avec la fourche de fer, dans le courant d'octobre et par un temps şec. On les dépouille de leurs feuilles au profit des vaches, et on les conserve en cave, en cellier, en silos et mieux en plein air, arrangées à la manière des boulets de canon dans un arsenal, recouvertes ensuite de paille et de terre. Elles craignent moins le froid que la chaleur.

On emploie ces racines pour la nourriture des vaches et des moutons principalement, après les avoir divisées au moyen d'un coupe-racines quelconque. Le grand mérite des rutabagas, c'est de se conserver beaucoup mieux que les navets et de donner un rendement considérable. On obtient de 40 à 50 000 kilos par hectare dans des terrains qui sont loin d'être de premier ordre. P. J.

BETTERAVE (BETA VULGARIS).

Classification. On dit la betterave originaire des contrées méridionales de l'Europe. En 1809, Bosc écrivait ceci :- «Depuis un temps immémorial, on la cultive dans les jardins pour la nourriture de l'homme, et depuis quelques années dans les champs, pour celle des bestiaux. >> Vous voyez, par ce peu de mots, que la grande culture de la betterave date à peine d'un demisiècle.

Les variétés et les sous-variétés de betteraves sont nombreuses. Nous ne parlerons que de celles des champs et laisserons les autres pour le potager; elles lui reviennent de droit.

Les variétés de champs sont: 1° la betterave champêtre ou disette, à peau rose et à chair blanche marbrée de rose; 2° la betterave rose à chair blanche; 3° la betterave de Silésie, blanche à l'extérieur et à l'intérieur, et cultivée pour le bétail, en même temps que pour les sucreries et les distilleries; 4° la betterave longue jaune d'Allemagne; 5° la betterave jaune des Barres, de même couleur, mais moins allongée, plus trapue et plus sucrée; 6° la betterave globe jaune, très-sucrée, très-recherchée par les cultivateurs intelligents, et avantageuse dans les terrains médiocres à cause de sa racine arrondie et courte; 7° la betterave rouge globe, qui ne vaut la précédente sous au

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les terres sans profondeur, racine très-sucrée, | très-hâtive, et convenant pour la table, comme pour l'alimentation des animaux. La betterave dite de Vilmorin n'est, on le sait, que la betterave de Silésie, perfectionnée par un choix de portegraines, et, en même temps, affaiblie par ce perfectionnement, au point de ne pas prospérer toujours où prospèrent les betteraves ordinaires de Silésie, et les autres variétés que nous venons de

nommer.

Climat. La betterave redoute les climats très-froids et les climats très-chauds. Dans les climats froids, elle a de la peine à se développer et ne donne que des racines chétives; dans les climats chauds, la sécheresse suspend souvent sa marche végétative, et quand des pluies arrivent après les arrêts de sa végétation, il se forme de la feuille aux dépens de la matière sucrée de la racine. Les climats tempérés lui conviennent donc particulièrement. Dans le midi de la France, la betterave n'offre point d'avantages; dans le centre, l'est ou l'ouest, elle prospère toujours quand on prend la peine de la cultiver convenablement; dans le nord, où le travail de la terre ne laisse rien à désirer, où les engrais sont prodigués, le rendement atteint les dernières limites du possible; seulement, la qualité des racines, la richesse en sucre, et conséquemment en alcool, est loin de répondre au volume. En Belgique, les provinces du -Hainaut, des deux Flandres, du Brabant, d'Anvers, de Namur et de Liége produisent de fortes récoltes de betteraves; mais du moment qu'on s'élève, qu'on arrive dans l'Ardenne, le climat cesse d'ètre régulièrement favorable à la betterave. Elle ne retrouve ses aises que du côté de Virton, dans les situations abritées et relativement douces.

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Terres propres à la culture de la betterave. Il faut à la betterave un sol bien ameubli, c'est-à-dire bien divisé, riche, profond et assez frais. Si la terre était trop légère, il faudrait la rouler énergiquement après le semis; si elle était de nature argileuse, un peu compacte, il faudrait l'ameublir par des labours multipliés, et l'entretenir dans cet état d'ameublissement par des sarclages et des binages répétés. Dans un sol léger, non tassé, la couche arable se dessèche vite, la graine germe avec peine ou ne germe pas; la plante se développe difficilement; la racine fourche et devient coriace; dans un sol consistant, ces inconvénients ne sont pas à craindre; dans un sol trop mouillé, la betterave perd de ses qualités, aussi bien que dans un sol trop fumé. Quant à la composition de la terre, elle nous préoccupe peu, car on peut obtenir des betteraves fort belles dans le calcaire, le granit, le schiste, dans les alluvions sablonneuses, dans les terrains marneux, etc., etc.

Place de la betterave dans les assolements. On doit placer cette racine en tête de l'assolement avec une fumure convenable, et la faire suivre d'une céréale d'automne ou de printemps, avec trèfle dans la céréale. Il arrive aussi

que l'on cultive la betterave deux fois de suite à la même place, afin de nettoyer des champs infestés de mauvaises herbes. Cette racine, néanmoins, souffre des retours rapides. On gagnerait à ne la ramener au même endroit que tous les six ou sept ans; on n'a pas tout à fait lieu de se louer de son retour tous les quatre ans; on commet une hérésie agricole de premier ordre en la ramenant tous les deux ou trois ans, hérésie que l'on a expiée rudement déjà et que l'on expiera plus rudement encore. Un fermier qui procède de la sorte peut, nous le savons, y trouver largement son compte pendant la durée d'un bail de neuf ans ou même de dix-huit ans, délai peut-être un peu long; mais un propriétaire qui s'arrange de cette culture ruineuse est un homme ou bien ignorant ou d'un commerce bien facile.

Nous ne sommes pas, Dieu merci! partisan de ces contrats par lesquels des propriétaires trop prudents ou mal avisés mettent les menottes aux fermiers, mais nous professons un certain respect pour les règles d'une culture loyale et n'aimons pas que la terre soit livrée, sans la moindre garantie, à des rapineurs de profession qui la pressurent, lui font suer tout ce qu'ils peuvent, et la rendent dévalisée à des successeurs qui ne s'en doutent pas toujours.

M. Léon Van den Boorn nous écrivait un jour du Brabant : « Il suffit de se rendre aux environs des villes où la fabrication du sucre de betterave a été introduite depuis vingt ou trente ans, pour se convaincre de l'altération produite dans le sol par cette racine. A Tirlemont, par exemple, cette altération est telle que les cultivateurs ne veulent plus céder pour un an leurs terrains aux fabricants de sucre, à raison de 400 et 500 francs par hectare. L'expérience leur a appris que, depuis l'introduction de la betterave, leurs terres s'étaient épuisées considérablement, et qu'il ne leur était plus possible d'obtenir du froment de bonne qualité, là où, auparavant, s'élevaient des récoltes magnifiques. Non-seulement, les récoltes subséquentes languissent, mais il est, en outre, malheureusement certain que le rendement en betteraves diminue d'année en année. »

Engrais qui conviennent à la betterave.

Les engrais qui répondent le mieux à la composition chimique de la betterave, sont ceux qui contiennent beaucoup de potasse, de silice, de chaux et d'acide phosphorique. Partant de là, on pourrait avancer qu'un compost formé de fumier de vaches, de cendres de bois, d'os broyés, de noir animal et de laitier, réunirait les conditions de succès à un haut degré, et l'on ne se tromperait pas. Mais avant d'appliquer un engrais, il importe de tenir compte de la nature du sol. Ainsi, nous n'avons pas besoin de laitier dans les terres sablonneuses, pas besoin de fumier long dans ces mêmes terres, tandis qu'il nous rendra des services dans les terres un peu compactes. Le fumier des bêtes qui ont vécu de la betterave ou de ses résidus est le meilleur de tous.

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bêche, mieux la betterave réussit. Le plus ordinairement, on déchaume au mois d'août, on laboure profondément avant l'hiver; puis vient le labourage du printemps, suivi d'un hersage.

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Choix et préparation des semences. Dans l'Art de produire les bonnes graines, nous avons dit à propos de celles de la betterave : « On prend, à l'automne, de belles racines (de moyenne grosseur), que l'on conserve en silos, en cave ou en cellier; dans le courant de février, si elles commençaient à pousser, on les transporterait dans une pièce sèche, un peu froide et bien éclairée. Aussitôt que les gelées ne sont plus à craindre, on les plante, on les arrose au besoin, mais modérément. Pendant la végétation, on supprime les pousses tardives et l'on pince les rameaux principaux, ainsi que l'extrémité de la tige.

«On se trouverait bien de palisser cette tige et ces rameaux à la manière des espaliers, afin de

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ralentir à volonté la végétation par les courbes et la pression des ligatures.

« On récolte la graine le plus tard possible; on achève la dessiccation à l'ombre, au grenier ou sous un hangar, et l'on ne conserve ensuite que les graines de la partie moyenne de ces sortes d'épis, car celles du haut et du bas ont été moins bien nourries que celles du milieu. »

Avec des graines ainsi fabriquées et choisies, on peut compter sur de bons résultats, mais avec des graines achetées ou butinées au hasard, on ne peut répondre de rien. quand même le terrain serait excellent et la fumure abondante. Les fabricants de sucre et les distillateurs qui contractent avec les fermiers, pour un chiffre déterminé d'hectares de betteraves, ne manquent pas de se réserver le droit de fournir la graine de semence, et, en ceci, nous les approuvons sans réserve. Non-sculement, ils savent que les fermiers récol

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teront sûrement la variété convenable, mais ils savent encore que les produits seront plus beaux qu'avec des graines achetées de droite et de gauche à des colporteurs ou à des marchands n'offrant aucune garantie.

Les graines de betteraves conservent leurs fa

cultés germinatives pendant trois, quatre et même cinq années; toutefois, nous pensons qu'il est prudent de ne pas aller au delà de deux à trois ans et de mouiller ces vieilles graines avec du purin étendu d'eau, vingtquatre heures avant de les semer. On doit ne les mouiller qu'après les avoir frottées entre les mains.

Fig. 280. -Graines de betterave.

Tous les auteurs conseillent l'emploi des graines de deux ans de préférence à celles d'un an. Nous allons vous dire pourquoi il est rare que l'on fasse ces graines avec toutes les précautions de rigueur que nous avons indiquées plus haut; on récolte donc le bon, le médiocre et le mauvais, et le tout se trouve mêlé dans le sac. Souvent même on ne récolte rien, on achète chez des gens de confiance qui peuvent être fort estimables, tout en n'entendant rien à la fabrication de la semence. Si donc, dans ces conditions, l'on s'avise de semer de la graine d'un an, on s'expose à faire pousser du plant très-mêlé, tantôt parfait, tantôt défectueux; mais comment établir une distinction? C'est impossible. Quand on éclaircit en pépinière ou en place, on ne sait jamais au juste ce que l'on sacrifie ou ce que l'on garde. Que s'ensuit-il ? C'est que les graines défectueuses fournissent un plant qui monte ou file, pour nous servir de l'expression consacrée. Avec la graine de deux ans, c'est moins à craindre; les semences défectueuses qui poussent toujours la première année n'ont pas la force de se soutenir deux ans et meurent dans le sac; c'est pour cela qu'il faut répandre plus de vieille graine que de graine nouvelle. Mais aussi les plants qui lèvent sont le produit de semences robustes, et le succès est en quelque sorte assuré. Si nous récoltions notre semence nous-mêmes, avec les soins voulus, elle vaudrait mieux la première année que la seconde, et le plant ne filerait pas.

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