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n'y donne que de pauvres produits. Il faut à la variété longue une terre bien défoncée et trèsriche en vieux fumier; il faut à la variété ronde moins de profondeur, sans doute, mais toujours un sol d'une grande richesse. Dans ces conditions seulement, on est en droit de compter sur des produits parfois supérieurs en poids, constamment supérieurs en qualité à ceux de la carotte. Ajoutons à cela le grand avantage que possède le panais de résister aux plus fortes gelées, et de passer l'hiver en place, et nous aurons de la peine à comprendre qu'une racine aussi précieuse soit si peu répandue. La terre destinée au panais doit être légère ou parfaitement ameublie.

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Labours préparatoires. Nous conseillons un labour profond avant l'hiver, et un labour ordinaire à la sortie de l'hiver, quelques jours avant l'ensemencement. Un auteur breton, Le Brigant de Plouezach, attache une très-grosse importance à ce labour de semailles, et entre dans de minutieux détails sur la pratique en usage dans sa contrée. « La terre, dit-il, doit être bien retournée, bien ameublie. A mesure que la charrue travaille, des hommes armés de bêches ou de pelles tirent la terre du fond de la raie, et la rejettent sur celle qu'on a remuée. On forme des planches larges de 10 à 12 pieds. On creuse, entre chaque planche, un petit fossé dont on rejette la terre sur les deux planches voisines. On se sert ensuite d'un râteau pour briser les mottes qui peuvent rester, et bien aplanir le terrain. Il faut cependant que la surface de chaque planche ait de chaque côté une pente légère vers les fossés. » Nous ne condamnons pas ces petites attentions, qui nous rappellent la culture des Flandres, conduite avec un art infini; mais nous croyons que l'on peut aller au même résultat par des chemins plus courts, ou des moyens plus expéditifs.

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nes, vers la fin de février ou en mars, ou même en avril, selon les localités, de faire un choix parmi les plus belles, et d'en transplanter le nombre nécessaire.

On assure que la graine de panais se conserve aisément pendant deux années. Nous voulons bien le croire; mais il n'en est pas moins prudent de ne semer que de la graine de l'année. On est plus sûr de la levée. Nous ne faisons subir aucune préparation aux semences du panais; cependant il y a lieu de croire qu'on se trouverait satisfait d'une mouillure légère, la veille de s'en servir. C'est toujours une sage précaution à observer, principalement avec des graines de peu de durée, dont, par conséquent, les facultés germinatives ont une forte tendance à s'éteindre.

Semailles du panais. On pourrait, avec le panais comme avec la carotte, semer avant l'hiver, à une époque où la germination n'est pas à craindre, en novembre et décembre, par exemple. La levée se ferait une huitaine de jours plus tôt qu'en semant au printemps. C'est la méthode naturelle : nos panais et nos carottes sauvages ne se multiplient pas autrement; mais il est à remarquer que leurs graines ne tombent qu'à l'état de maturité parfaite, tandis que nous en semons parfois qui ont été ou forcées par la culture, ou récoltées avant lapleine maturité : deux circonstances qui contribuent à altérer leur force originelle. Il suit de là que nos graines, moins robustes que les graines des sujets spontanés, souffrent de l'hiver, tandis que celles-ci n'en souffrent pas, et nous nous exposons à voir les plantes s'emporter la première année, pour cause de malaise. Nous semons donc d'ordinaire à partir de la fin de février jusqu'en avril, et nous avons raison de nous en tenir à ces dates.

En Bretagne, on commence les semailles du panais à la fin de février, et on les termine dans le courant de mars; mais dans les contrées où l'hiver se prolonge, où la neige tient jusqu'en avril, il faut nécessairement ajourner les semailles à la fin de cet hiver, à la fonte de cette neige. La quantité de graines à répandre par hectare, quand on sème à la volée, est de 5 à 6 kilos; il en faut nécessairement moins pour les semis en lignes. La variété longue est préférée à la ronde ; cependant celle-ci réussirait mieux dans la plupart de nos champs.

Il convient de semer clair, d'enterrer la graine du panais plus que celle de la carotte, et de rouler énergiquement, surtout dans les terres légères et sur labour frais, afin de maintenir autour des graines la fraîcheur nécessaire à leur germination.

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pérature. Aussitôt que l'on s'en aperçoit, il faut arracher les racines, et les livrer à la consommation.

Récolte. - Quand on veut s'approvisionner de panais pour les temps de gelée, on en arrache une certaine quantité dans la première quinzaine d'octobre, et on les dispose en cave ou en silos, à la manière des autres racines; mais le plus souvent on coupe les fanes pour le bétail, on laisse les racines passer l'hiver à demeure, et on ne les arrache qu'au printemps. Souvent même on attend, pour cette opération, qu'ils aient donné une seconde coupe de feuilles. C'est un abus : ce regain ne s'obtient qu'au préjudice de la racine. Un bon rendement varie entre 30 et 45 000 kilogr. à l'hectare.

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Emploi du panais. Nous nous servons de la racine du panais pour certaines préparations culinaires, pour aromatiser le bouillon, et, dans cette circonstance, nous préférons le panais rond ou de Metz au panais long ou de Jersey. Cette même racine est peut-être supérieure à la carotte pour l'alimentation du bétail; ses fanes sont trèsrecherchées des vaches.

Les Allemands de la Thuringe, au dire de Bosc, préparent avec le panais une pâte molle et sucrée qu'ils mangent en guise de confitures. Voici, d'après M. Thiébaut de Berneaud, la manière de faire cette préparation, inconnue en France: «L'on met à bouillir les racines, coupées en petits morceaux, jusqu'à ce qu'elles s'écrasent entre les doigts, et l'on a soin de les remuer souvent, pour qu'elles ne brûlent point. On les broie ensuite pour en exprimer le suc, qu'on remet à bouillir encore avec d'autres panais également coupés en petites fractions; on évapore le jus, on écume, et, après quatorze à seize heures de cuisson, la liqueur prend la consistance d'un sirop épais. On retire alors de dessus le feu. » Comme on le voit, il s'agit tout simplement d'un sirop de panais, préparé comme le sirop de carotte dont nous avons parlé et comme le sirop de betterave.

Avec des panais et des cônes de houblon que l'on fait bouillir ensemble, et dont la décoction subit ensuite un certain degré de fermentation, on fabrique une contrefaçon de bière dont se contentent, faute de mieux, les pauvres gens de certaines contrées du Nord. P. J.

NAVET (BRASSICA NAPUS).

Classification. - Le navet est une plante de la famille des Crucifères et une espèce du genre chou; voilà tout ce que nous avons à emprunter aux botanistes. C'est à nous de sortir, comme nous l'entendrons, de l'incroyable confusion dans laquelle les vieux maîtres nous ont jetés, et dont les maîtres de ce temps-ci n'ont pas essayé de nous tirer. Si, pour quelques personnes et pour quelques contrées, le navet est un navet et pas autre chose, il n'en est pas moins vrai qu'en Bourgogne, en Auvergne et dans le Limousin, les navets sont des raves, et que les raves de ces pays-là ne sont

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d'hiver, des radis de Chine blancs, jaunes, roses, gris ou noirs, pour les autres ils ne sont que les racines de cochléaria ou cran de Bretagne. La confusion est complète, déplorable; c'est le langage de la tour de Babel; si les mots se ressemblent, les objets qu'ils représentent ne se ressemblent pas. Il est donc grandement à désirer que l'on se concerte et que l'on s'entende.

Parmi les racines de la famille des Crucifères, il existe, pour nous praticiens, trois catégories parfaitement distinctes: 1o Les RADIS, dont la saveur piquante est très-caractéristique et qui ne servent, à l'état cru, qu'à la consommation de l'homme; 2° les NAVETS, d'une saveur plus ou moins douce, sucrée et même fade, quand ils ont été semés en terre convenable et en temps voulu, et qui servent en même temps, crus et cuits, à la consommation de l'homme et des animaux ; 3° les CHOUX-NAVETS OU RUTABAGAS qui servent aux mêmes usages que les précédents, mais qui en diffèrent par un feuillage très-voisin de celui du colza, tandis que le feuillage des navets est voisin de celui de la navette; par la facilité avec laquelle ils se prêtent au repiquage, tandis que les navets supportent très-difficilement la transplantation; par la saveur qui n'a point la délicatesse de celle du navet; par la forme allongée de leur collet, et enfin par la propriété qu'ils possèdent de se con

server plus facilement que les navets (fig. 271). | copistes inintelligents qui nous offrent toujours les De deux choses, l'une ou chacun se recon- cultures de la Grande-Bretagne à titre de modèles naîtra dans cette classification, et qui nous disent à tout propos : Faites des navets, ou nous jouerons de malheur. mériteraient bien qu'on leur répondit : - FaitesNous n'avons pas, en cé mo- nous donc partout d'abord le climat des navets, ment, à parler des radis, qui ce que, bien entendu, nous ne souhaitons pas. En sont du domaine de la culture France, les côtes de la Bretagne et de la Normanpotagère; mais les navets et les die, les départements du Nord et des Ardennes, rutabagas nous appartiennent, quelques parties élevées du centre et de l'est sont sinon en totalité, au moins en propres à la culture du navet; mais à mesure partie. Commençons donc par que l'on se rapproche des.contrées méridionales, les navets. il n'y faut plus songer; la chaleur et la sécheresse lui sont défavorables. En revanche, il est peu sensible au froid, et certaines variétés passent l'hiver en place, sans beaucoup souffrir, lorsqu'elles ont été semées tardivement et qu'elles n'ont pu atteindre leur développement complet à l'automne. Les racines n'ayant pas eu leur vie pleine, résistent aux rigueurs du temps comme pour saisir ce qui leur manque, tandis que les racines entièrement développées n'ont plus qu'à se décomposer, à retourner d'où elles sortent et ne présentent par conséquent pas de résistance aux intempéries. Celles-là ont vécu.

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Bosc les distinguait en navets proprement dits et en raves. Pour lui, les navets avaient la racine allongée (fig. 270), tandis que les raves avaient la racine courte (fig. 268 et 269). A ce Fig. 271. Chou-navet. compte, les navets plats, les navets de Finlande, boule-d'or, balle de neige ou hâtif d'Angleterre, rond d'Écosse et même le navet des Sablons étaient des raves; pour nous ce sont des navets, rien que des navets. Bosc disait que la chair des navets est ferme, tandis que celle des raves est tendre. Or, à ce compte encore, le navet des Vertus, qui est long, deviendrait une rave ainsi que le navet du Palatinat; et nos raves longues, tendres, blanches et rouges de la Bourgogne deviendraient des navets. C'est insoutenable. A nos yeux, nous ne saurions trop le répéter, il n'y a, dans cette catégorie, que des navets, pas autre chose, et ces navets sont tantôt longs, tantôt courts, tantôt à chair tendre ou demi-tendre, tantôt à chair serrée ou sèche.

Nous laissons nécessairement de côté les races de navets exclusivement propres à la cuisine, car nous ne voulons pas empiéter sur le potager, et nous abordons de suite les races cultivées pour le bétail et parmi lesquelles nous en comptons que la cuisine n'exclut pas toujours.

Ces races sont hâtives, comme les navets blancs et rouges plats et la balle de neige des Anglais; ou bien elles sont plus ou moins tardives, comme le navet boule-d'or, le navet jaune d'Angleterre, le navet de Norfolk, à collet vert ou rose, le navet bouteille des Flandres, que nous croyons être la variété marteau du navet des Vertus; comme le navet long du Palatinat, le navet long ou rond d'Écosse, et la rave du Limousin. Les navets plats sont les turneps des Anglais; toutefois, il est à remarquer que sous ce nom de turneps, beaucoup d'Anglais confondent tous les navets indistinctement et même les rutabagas.

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Les variétés ou races hâtives sont celles qui se conservent le moins longtemps, qui sont sujettes à se caverner, à devenir creuses, et qu'il faut consommer à l'entrée de l'hiver; les variétés tardives sont à préférer, et, entre autres, le navet rond d'Écosse, à chair ferme comme celle du rutabaga, auquel il ressemble beaucoup, et qui se conserve mieux que tous les autres.

Climat. Le navet affectionne les climats humides et brumeux, et c'est pour cela qu'il constitue l'une des richesses de l'Angleterre, de l'Ecosse et des îles de Jersey et de Guernesey. Les

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Engrais qui conviennent aux navets. - Le plus ordinairement, le navet ne reçoit pas de fumure directe; il est obligé de se contenter de ce que la première récolte lui a laissé. Cependant, il y aurait profit à ne pas le rationner aussi rigoureusement. Il s'accommode de tous les engrais, mais il affectionne particulièrement le fumier de mouton, les chiffons de laine, les matières fécales, les os pulvérisés, le noir des raffineries, le purin des citernes où l'on a fait décomposer des cadavres d'animaux et les engrais fabriqués avec des débris de poissons. On ajouterait un peu de sel marin à ces divers fumiers qu'ils n'en agiraient que mieux.

Labours préparatoires. — Aussitôt que l'on a terminé la récolte de l'escourgeon ou du seigle, il faut déchaumer, c'est-à-dire labourer légèrement, afin de ne pas donner le temps aux mauvaises herbes de se dessécher, et à la surface du sol de se ressuyer. La fraîcheur qui reste et qu'entretiennent les mauvaises herbes enfouies, est on ne peut plus favorable à la levée. Cela est si bien

fragments de miroir suspendus deux à deux à des fils, s'entre-choquant lorsque l'air est en mouvement, ou lançant des reflets lorsque le soleil luit.

Au fur et à mesure que les graines mûrissent, on les coupe pour les rentrer. Si l'on attendait un peu trop longtemps, les siliques s'ouvriraient, et la meilleure semence se perdrait.

Par cela même que la graine de navet se conserve excellente pendant trois années au moins, il n'est pas nécessaire de mettre à semence plusieurs

établi que, dans certaines localités des Flandres belges, alors que l'on n'est pas en mesure de semer les navets de suite après la récolte, on ne manque point de herser les éteules. On ne se rend pas compte de l'opération; on sait seulement qu'elle est bonne et que la culture dérobée du navet réussit mieux sur les éteules hersées que sur celles auxquelles on ne touche pas pendant huit ou quinze jours. Selon nous, les dents de la herse recouvrent toujours d'un peu de terre une partie d'éteule et de mauvaises herbes qui se dessèchent ainsi plus lentement qu'à découvert. L'importance du dé-variétés dans une même année, et de s'exposer à chaumage immédiat est tellement admise que, très-souvent, l'on n'attend pas que les gerbes soient enlevées pour mettre la charrue dans le champ. Dès que le labour est exécuté, il devient urgent de bien herser, afin d'émietter la terre le mieux possible, de combler de suite les vides et d'empêcher l'air et le soleil de trop dessécher la couche arable. Cette précaution est surtout essentielle dans les terres légères; dans les terres riches et consistantes, elle l'est beaucoup moins.

Quand on veut semer des navets sur un trèfle incarnat, on fauche celui-ci de bonne heure; on donne deux labours préparatoires à quelques semaines d'intervalle, puis une légère fumure avant de semer.

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Choix des semences. En fait de semences, nous ne saurions redire trop souvent qu'on ne peut répondre que de celles que l'on a faites. Apprenons donc à fabriquer notre graine de navets. Dans l'Art de produire les bonnes graines, nous avons traité la question en ces termes :

« Il n'y a pas à compter sur la conservation des navets tendres en cave pour les transplanter à la sortie de l'hiver. Ils se maintiennent mieux en plein champ, soit en place et recouverts d'une forte couche de terre, à l'imitation de la pratique flamande, soit enterrés dans des rigoles de 50 centimètres de profondeur environ. Quant au navet dur d'Écosse, on peut très-bien lui faire passer l'hiver en tas, au beau milieu de la cour de la ferme avec certaines précautions nécessaires.

A la sortie de l'hiver, on découvre les racines et on les transplante. Durant la végétation, on doit supprimer les pousses tardives et chétives; on ne conserve que les branches principales partant de la tige, et l'on arrose en temps de sécheresse.

Avec ces porte-graines, les pucerons, les altises et les petits oiseaux sont à craindre. Quant aux pucerons, on s'en défait avec de l'eau salée ; quant aux altises qui s'attachent aux fleurs, on pourrait les éloigner avec de fréquents et légers arrosages; mais l'eau aurait, sans aucun doute, des inconvénients pour la fécondation. Il vaut donc mieux agiter de temps en temps les tiges florales avec la main, troubler le plus possible le repos des insec-| tes, et les forcer ainsi à déserter. On préservera les graines de l'atteinte des oiseaux, soit avec des filets, soit avec des épouvantails quelconques. Ceux-ci enveloppent les porte-graines à trois places différentes avec du cordon rouge; ceux-là se servent de mannequins, de vieux chapeaux effondrés, de vieux rubans qui s'agitent à l'air, de petits moulins à vent, d'oiseaux de proie empaillés, de

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des croisements difficiles à éviter. Rien n'empêche de planter une année des porte-graines du navet d'Écosse; une autre année, des porte-graines de rave du Limousin; une troisième année, des porte-graines du navet de Norfolk ou de toute autre variété.

Dans le cas où l'on tiendrait à multiplier le nombre de ces variétés, on ferait bien de s'entendre avec des amis ou des voisins qui cultiveraient des semenceaux d'une sorte, tandis que vous ou moi, nous pourrions en cultiver d'une autre sorte. Il n'y aurait plus ensuite qu'à faire des échanges. Malheureusement, plutôt que de vivre en bon accord dans nos campagnes, et de produire partout la semence dont on a besoin, on vit chez soi et uniquement pour soi; puis on achète à beaux deniers comptants, à droite et à gauche, au hasard, au premier venu, des graines dont personne ne saurait répondre, pas même celui qui les vend.

Semailles du navet. - On sème les premiers navets, par un temps couvert ou pluvieux, vers le 15 juin au plus tôt, et on continue les semis jusqu'au mois d'août. Si l'on commençait avant la seconde quinzaine de juin, les jeunes plantes seraient exposées à être dévorées par les altises, au moment de la levée, ou seraient sujettes à monter à fleur. On ne gagne rien à contrarier la nature: or, la nature ne sème ses navets qu'au mois de juillet, à l'époque de la maturité complète des siliques. Donc, semer en juin, c'est déjà s'y prendre un peu avant l'heure fixée.

Le plus ordinairement, on sème les navets à la volée, à raison de 3 à 4 litres ou de 2 à 3 kilogr. par hectare; on enterre avec la herse à dents de bois, et l'on roule vigoureusement dans les terres légères, afin de maintenir la fraîcheur à la surface. En temps de pluie, ou mieux quand une pluie survient de suite après le semis, il n'est nécessaire ni de recouvrir la graine, ni de rouler le champ: l'eau se charge de la besogne.

Soins à donner au havet pendant sa végétation.-Quand les navets ont cinq ou six feuilles, on les sarcle, on les éclaircit, et l'on se trouve bien, après cela, de les arroser avec de l'engrais liquide. Les Flamands se servent de la herse pour sarcler et éclaircir. Ils hersent dans tous les sens, sans regarder derrière eux, car, s'ils y regardaient, peut-être seraient-ils effrayés de la besogne. Il semble, après le passage de l'instrument, que le ravage est complet, qu'il ne reste rien. Cependant, il n'y a pas lieu de s'inquiéter; il reste toujours assez de navets. S'il s'agissait de navets destinés à

Maladies du navet.

passer l'hiver et à servir de fourrage au prin- | 30 centimètres. Nous connaissons ce procédé pour temps, il ne faudrait pas herser de la sorte, attendu | l'avoir pratiqué, et le tenons pour excellent. Une que, dans ce cas particulier, on recherche la méthode, excellente aussi, et que l'on ne peut feuille plutôt que la racine, et que l'on perdrait trop recommander pour la conservation des navets beaucoup à trop éclaircir. ronds d'Écosse, notamment, consiste à les empiler dans la cour même de la ferme, comme on empile des boulets de canon. On recouvre avec de la paille, des gazons et de la terre par-dessus. Dans le cas où le froid serait d'une rigueur extrême, on pourrait compléter la couverture avec du fumier long, qui gèlerait aussitôt et formerait glacière. L'essentiel, c'est de bien exposer la conserve de navets à tous les vents, de ne pas la mettre sous un hangar, quand même ce hangar serait ouvert sur les côtés, de ne pas non plus adosser le tas à un

Lorsque les navets sont trop épais, il arrive souvent que leurs feuilles jaunissent et prennent une teinte rougeâtre sur les bords. La végétation de la plante s'arrête, et parfois la moisissure attaque les racines. C'est la seule maladie que nous ayons eu l'occasion de constater. Le navet n'a sérieusement à souffrir que des altises (tiquets ou puces de terre), des limaces, | des escargots ou hélices, des chenilles de la pié- | ride (papillon blanc du chou), de la larve noire d'une tenthrède (fausse chenille), des pucerons verdâtres ou aphis, des larves de hannetons ou vers blancs, et d'un autre petit ver blanc, provenant d'un œuf déposé sur ou dans la racine par la mouche des racines. Cette dernière larve nous a causé de grands dégâts en 1861, et s'est attaquée au navet noir d'Alsace, l'un des plus sucrés, de préférence aux autres variétés. Nous ferons observer que les insectes sont d'autant plus à craindre que la plante souffre davantage, soit d'une chaleur excessive, soit de la nature du terrain. Dans les terres fortes, pendant les années pluvieuses; dans les terres très-sablonneuses, pendant les années de sécheresse excessive, on rencontre une quantité considérable de navets véreux.

Récolte. — On doit arracher les navets avec la fourche ou à la main, vers la fin d'octobre ou dans les premiers jours de novembre, après les premières gelées, ou mieux avant les gelées, toujours par un temps sec. En Angleterre, le pays par excellence des navets, le cultivateur n'est satisfait qu'à la condition d'obtenir de 40 à 50 000 kilogr. par hectare. Ici, nous sommes plus faciles à contenter. En culture dérobée, la moitié de ce chiffre nous semble très-acceptable; en culture spéciale, dans une terre bien préparée par les labours et bien fumée, nous ne dépassons guère les 30 000 kilogr. L'hectolitre de navets pèse de 48 à 50 kilogr.

Conservation du navet. Assez souvent, on met les navets en silos pour les conserver; mais il est rare qu'ils n'y pourrissent pas. En cave, quelque précaution que l'on prenne, il n'est pas facile non plus de les bien conserver. M. de Dombasle a conseillé de placer les racines l'une à côté de l'autre en plein air, sans les empiler, après avoir enlevé les feuilles, bien entendu, et de recouvrir ces racines de grande paille; il assure que cette couverture suffit pour les protéger contre la gelée. Nous croyons qu'elle ne suffirait pas du tout. Dans la province d'Anvers, on se dispense quelquefois d'arracher les navets entièrement; on se contente d'en enlever quelques bandes de loin en loin, afin de rejeter la terre de ces bandes sur les navets restants, après les avoir recouverts avec leurs feuilles. Certains cultivateurs ouvrent des rigoles profondes avec la charrue, mettent dans ces rigoles les racines arrachées et dépouillées de leurs feuilles, et les recouvrent d'une couche de terre de 25 à

mur.

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Emploi du navet. La plupart des navets n'étant pas de longue durée, ceux principalement à chair tendre, et que l'on a semés de bonne heure, on s'en sert avant toute autre racine, pour l'alimentation hivernale des vaches. Ce n'est pas une nourriture de première qualité. On assure qu'il ne faut pas moins de 250 kilos de navets pour remplacer 50 kilos de foin. Les navets font rendre beaucoup de lait aux vaches, mais ils lui communiquent une saveur désagréable, en sorte que, pour prévenir cette saveur, il est prudent de varier l'alimentation ou d'administrer les racines en mélange avec d'autres fourrages. On assure que les navets jaunes ou à chair jaunâtre jouissent de la propriété de colorer agréablement le beurre des bêtes qui s'en nourrissent. Nous nous faisons en ceci l'écho d'un bruit très-répandu en Angleterre; mais nous ne garantissons pas l'exactitude du fait rapporté.

Les feuilles du navet sont consommées à l'étable comme les racines. Très-souvent, en Belgique, les feuilles de navets de champ, qui ont passé l'hiver en place, sont récoltées au printemps suivant, et utilisées, comme les feuilles de choux, pour la nourriture de l'homme.

En temps et lieu, nous aurons à entretenir nos lecteurs de l'usage des navets comme fourrage artificiel précoce, de la préparation du sirop de navets, et de la fabrication du navet aigre, comme auxiliaire de la choucroûte en Alsace et en Lorraine. P. J.

CHOUX-NAVETS ET RUTA BAGAS (espèce de BRASSICA
CAMPESTRIS).

Classification. Les choux-navets des botanistes ne sont pas les choux-navets des cultivateurs; il n'y a donc pas moyen de nous entendre avec eux. Les botanistes appellent choux-navets ce que nous appelons navet et navette, deux plantes qui se ressemblent par les feuilles, les fleurs et les siliques, mais qui diffèrent l'une de l'autre en ce que le navet est bisannuel, a des racines charnues, volumineuses, et que la navette est annuelle et a des racines ordinaires. Les cultivateurs appellent choux-navets et rutabagas des plantes qui s'accommodent très-bien du repiquage, tandis que le na

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