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terrée. La carotte translucide n'est qu'une sous-, dans le nord de la France, dans les Vosges, en variété de celle de Breteuil. Alsace, en Belgique, etc., mieux que dans les pays chauds.

Parmi les carottes jaunes, nous remarquons d'abord la variété jaune d'Achicourt, qui a tiré son nom d'un gros village du Pas-de-Calais, variété volumineuse, allongée, ne sortant pas ou sortant très-peu de terre (fig. 261); puis la carotte jaune à collet verl, longue aussi, moins volumineuse et plus découverte que la précédente. Nous avons encore une carotte jaune, dite de Saalfeld, qui ne diffère pas essentiellement de la jaune à collet vert; une carotte jaune courte qui dérive certainement de la blanche des Vosges, et enfin une carotte jaune longue d'Alsace, intermédiaire entre les jaunes et les rouges longues quant à la couleur.

Parmi les carottes rouges, nous connaissons la grosse rouge à collet vert des Flandres, volumineuse, longue et enterrée; la variété d'Altringham de moindre diamètre, plus régulièrement cylindrique, plus allongée, de bonne qualité (fig. 262); la rouge longue de M. Vilmorin, qui ressemble beaucoup à la précédente, et toutes ces carottes, plus ou moins rouges, plus ou moins jaunes, qui n'ont pas de noms, que l'on désigne presque partout sous l'appellation vague de carottes

Fig. 261.

Fig. 262. Carotte Carotte d'Achicourt. d'Altringham.

du pays.

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Parmi toutes ces variétés, les unes ne conviennent réellement qu'au bétail, tandis que les autres peuvent en même temps servir aux préparations culinaires. Ces dernières, plus savoureuses, plus riches que les premières, doivent leur être préférées, même pour les animaux. Ce sont, par ordre de qualité la carotte d'Altringham, d'origine anglaise, et déjà répandue dans les exploitations du Brabant; la carotte jaune d'Achicourt; la carotte de Nonceveux parmi les rouges communes de pays, et la rouge à collet vert des Flandres. Mathieu de Dombasle a fait de la blanché des Vosges, que les Anglais nomment à tort carotte belge, un éloge ravissant que nous ne nous expli- | quons pas. Pour nous qui cependant croyons bien la connaître, la variété en question est supérieure sans doute à celle de Breteuil, mais, malgré la meilleure volonté du monde, nous ne saurions l'admettre au nombre des carottes de table. Climat. La carotte se plaît sous les climats tempérés, plus humides que secs; le froid ne lui convient pas, mais elle le supporterait encore plus aisément qu'une chaleur intense et prolongée. D'après cela, il est clair qu'elle doit prospérer I

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Terres propres à la culture de la carotte.

Toutes les terres, pourvu qu'elles soient riches naturellement, ou enrichies par des fumures profondes, bien ameublies, assez fraîches et un peu ombragées à l'exposition du midi, conviennent parfaitement à la carotte. Ceci revient à dire que cette plante est difficile, et, en effet, elle l'est quand on exige d'elle de beaux produits. Dans les sols légers, elle réussit toujours, à la condition de ne pas manquer de fraîcheur; dans les sols consistants, elle réussit toujours aussi, mais sous la condition d'un ameublissement convenable. On a affirmé que les sols où il se rencontre de la pierraille étaient tout à fait antipathiques à la carotte, que ses racines y devenaient fourchues. C'est une erreur d'appréciation. Nous avons, durant de longues années, cultivé cette plante dans les terres pierreuses de l'Ardenne, et constamment nous avons obtenu des racines d'une régularité irréprochable. La pierraille, comme le fumier long, n'a d'autre inconvénient que de tenir la terre soulevée, de favoriser outre mesure l'évaporation de l'humidité de la couche arable et de forcer ainsi les racines à se diviser, à se multiplier pour aller chercher dans toutes les directions l'eau qui manque. Toutes les fois que vous tasserez énergiquement un sol pierreux et qu'après le semis vous y étendrez du fumier en couverture, afin d'y entretenir une fraîcheur suffisante, les carottes ne se déformeront pas. Nous l'affirmons parce que nous en avons les preuves par devers nous.

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Place de la carotte dans les assolements. Cette racine réussit après toutes les plantes; mais comme sa culture est plus facile dans une terre propre que dans une terre salie par les mauvaises herbes, on a conseillé de la semer à la suite d'une récolte sarclée, des pommes de terre, par exemple. Selon nous, sa véritable place est en tête d'un assolement. Supposons qu'une céréale ait terminé la rotation; on doit, aussitôt la moisson faite, déchaumer très-superficiellement avec l'extirpateur ou avec la charrue à roulettes, afin d'obliger les mauvaises graines à germer promptement. Dès que les plantes adventices se montrent, on les fait pâturer, ou bien on les détruit à coups de herse. Cette préparation, suivie d'un labour, dont nous parlerons tout à l'heure, autorise la culture de la carotte. Assez souvent, lorsque le climat n'est pas précisément rude, même dans les riches provinces de la Belgique et dans la Campine, on associe la carotte à d'autres plantes; on la sème à titre de récolte dérobée. Le plus généralement, on répand la graine parmi les colzas et les seigles; on pourrait aussi la répandre dans le lin.

On a dit que la carotte peut revenir souvent sur elle-même sans inconvénient. C'est une erreur. Vous pourrez, au début, obtenir coup sur coup trois et même quatre récoltes de carottes à la même place, sans remarquer de diminution appré

ciable dans les produits, mais ensuite la terre | refusera le service pendant une longue série d'années. Certains cultivateurs ont voulu faire alterner la culture de la carotte avec celle du froment dans de riches terrains; ils ont réussi d'abord, mais le succès n'a pas duré aussi longtemps qu'on l'avait espéré. Il est prudent de ne ramener cette plante sur elle-même que tous les quatre ou cinq ans au plus tôt.

Engrais qui conviennent à la carotte. Les engrais que la carotte préfère sont : le fumier de vache consumé, le purin mêlé de matières fécales, et le sel de cuisine. On a remarqué que les plus belles carottes viennent dans les terres imprégnées de sel genime. Ainsi, il y aurait de l'avantage dans tous les cas à saler les engrais que, l'on destine aux carottes. Le sacrifice ne serait pas lourd. Nous pensons qu'une fumure en vert avec addition d'engrais de ferme, le tout enterré avant l'hiver, dans des terres légères, serait d'un bon effet. Le fumier long, enfoui au moment des semailles, donne de détestables résultats.

Dans les terres

Labours préparatoires. qui n'offrent pas beaucoup de consistance, deux labours suffisent, en sus du déchaumage. Le labour d'automne doit être profond, et il convient d'en profiter pour enfouir le fumier, afin qu'il ait le temps de pourrir et d'enrichir le sous-sol. Cette pratique est la meilleure que nous connaissions; c'est celle qui, avec les carottes longues, donne toujours les produits extraordinaires. Le second labour doit être moins profond que le précédent. On l'exécute vers la fin de février ou au commencement de mars, lorsque le climat le permet, et souvent en avril, parce qu'on ne peut faire autrement, en allant vers le nord ou en se plaçant dans des contrées élevées. L'essentiel, dans l'un et l'autre cas, c'est de faire ce labour quelques jours avant les semailles, surtout en terre légère, et de herser de suite pour bien niveler et conserver la fraîcheur. En terre consistante, il n'y a pas d'inconvénient à labourer quarante-huit heures ou vingt-quatre heures seulement avant de semer.

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Choix des semences. On s'accorde à reconnaître que la graine récoltée dans un jardin ne vaut pas, pour les semis de la grande culture, la graine récoltée dans une bonne terre des champs. Comme on ne peut réellement répondre que de la semence que l'on a faite soi-même, nous allons indiquer le moyen de la faire.

Au moment de l'arrachage des racines, on met de côté un certain nombre d'exemplaires d'un volume moyen, bien conformés, bien lisses et exempts de chevelu. On coupe les fanes à 2 ou 3 centimètres du collet; on les laisse à terre le temps de se ressuyer, puis on les transporte dans la cave ou au cellier. Là, on en forme des lits que l'on recouvre de sable fin ou de terre fine. Vers la fin de l'hiver, on les relève et on les empile le collet en regard d'une ouverture, pour que les germes verdissent en se développant. Aussitôt que la terre est en état d'être labourée, on ouvre des fosses à 60 centimètres environ l'une de

l'autre ; on y jette une pelletée de bonne terre mêlée de râclures de fumier; on ouvre un trou au milieu avec le plantoir et l'on y place chaque racine à la profondeur qu'elle occupait avant d'avoir été arrachée. On arrose au besoin. Lorsque les porte-graines ont de 40 à 50 centimètres de hauteur, on les accole à un tuteur, afin de les protéger contre les coups de vent, mais avec la précaution de tenir la ligature très-lâche. Les cultivateurs soigneux ne conservent pas indistinctement toutes les ombelles qui se préparent à fleurir; ils suppriment les petites, celles qui poussent tardivement ou sur des rameaux secondaires; ils ne gardent que les ombelles placées à l'extrémité de la tige et aux extrémités des branches qui s'insèrent directement sur cette tige.

Dès que la floraison commence, on arrose, à moins que la terre ne soit suffisamment humide, puis on laisse aller les choses. Quand la semence brunit et se soulève pour se détacher, on la récolte, et au bout de quarante-huit heures de séjour au grenier ou dans une chambre bien sèche, on la renferme dans des sacs de toile claire que l'on suspend à une poutre ou à une poutrelle de l'habitation.

Les maraîchers de Paris s'y prennent autrement. Ils sèment de la graine de carotte vers le mois d'août, couvrent les jeunes plantes avec des feuilles sèches pour les aider à passer l'hiver, les découvrent dès que les fortes gelées ne sont plus à craindre, les arrachent vers la fin de février ou au commencement de mars, font un choix parmi les petites racines et transplantent les mieux conformées pour en avoir de la graine au mois d'août suivant. Il faut croire que cette méthode est acceptable, puisqu'on l'applique tous les ans ; cependant elle nous donne de l'inquiétude pour l'avenir; il nous en coûte d'admettre que les petits d'une racine qui n'arrive pas à son complet développement soient irréprochables. En principe donc, nous lui préférons le premier procédé ; il ne nous paraît pas prudent de demander à une plante de onze mois environ des héritiers que, selon les lois de la nature, elle ne donne sains et forts qu'au bout de dix-sept ou dix-huit mois. On n'est pas une plante bisannuelle pour rien. On ne veut pas de la semence d'une carotte qui s'est emportée la première année, et l'on a raison, car c'est une plante malade, une mère de cinq mois. La semence d'une carotte de onze mois vaut mieux sans doute; mais l'âge n'y est pas non plus, et vous verrez que ce sera tôt ou tard une cause reconnue de la dégénération de l'espèce. Tenons-nous-en donc, comme les anciens, à la graine de dix-sept mois; elle est plus robuste, convient mieux aux champs et se conserve en sac trois ou quatre ans, tandis que l'autre agonise au bout de deux ans.

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afin de dégourdir les facultés germinatives et de hâter la levée. Des individus qui se prétendent connaisseurs assurent qu'à première vue et en s'aidant de l'odorat, on peut distinguer la semence défectueuse de la carotte de la semence de choix. Nous n'en croyons rien pour notre compte. La graine irréprochable est celle qui a été produite. par une tige ou une branche mère vigoureuse, qui a mûri complétement sur pied, qui se soulevait au moment de la récolte. Comment le saurezvous, si vous ne l'avez pas vu? Il n'y a pas de préparation qui puisse empêcher les graines de carotte de donner des plantes qui filent ou s'emportent la première année. Lorsque ce cas se présente, et il se présente souvent, on peut affirmer en toute certitude ou que la graine a été produite par des pieds trop jeunes, ou que l'année a été très-contraire à la grenaison, ou que les rameaux secondaires ont fourni leur contingent, ou encore que la graine n'a pas complétement mûri sur pied, ou enfin que le terrain ne convient pas plus que la température. Voilà les seules bonnes raisons à donner. Avec de la graine de choix, récoltée de la manière que nous indiquons, il n'y a pas à craindre que les plantes filent.

Semailles de la carotte. L'époque des semailles, en grande culture, commence vers la fin de février et finit ordinairement avec le mois d'avril. Dans les terres sablonneuses de la Campine anversoise, quelques cultivateurs sèment la carotte avant l'hiver, parmi les seigles et les colzas, tandis que la plupart la sèment immédiatement après les fortes gelées et autant que possible sur une dernière neige près de fondre. On sème donc la carotte, tantôt en récolte principale, tantôt en récolte dérobée. Mais comment la sème-t-on ? En récolte dérobée, on ne peut la semer qu'à la volée, à raison de 5 kilos au plus par hectare, tandis qu'en récolte principale, il y a de l'avantage à la semer en lignes distantes de 0,40 l'une de l'autre, si les façons doivent être données à la main, et de 0,60, si l'on doit, pour ces façons, employer la houe à cheval. Le semis en lignes, que nous conseillons tout particulièrement, parce qu'il supprime une grande partie des frais et des difficultés de sarclage, éclaircissage et binage, s'exécute avec le rayonneur qui trace les rigoles et le semoir à main qui dépose la graine dans les rigoles tracées. A défaut du semoir, cependant, on peut se servir de la main, mais dans ce cas, et principalement en terre légère, il est bon de faire passer une brouette dans chaque rigole pour que la roue en raffermisse le fond, comme fait la roue du semoir. Autrement, la levée se ferait incomplétement et irrégulièrement. Il est bon aussi de passer le rouleau sur les lignes. En terre compacte, cette précaution n'est pas de rigueur.

Par cela même que la levée de la carotte se fait attendre quinze jours, trois semaines et parfois plus, les mauvaises herbes ont de la marge pour envahir le terrain avant cette levée, et la confusion est à craindre. Pour la prévenir, il suffit d'associer à la graine de carotte qui germe lentement, de la graine de colza, de navette ou de

laitue qui germe vite. Lorsque les mauvaises herbes se montrent, les lignes de carottes se trouvent déjà jalonnées par de jeunes colzas, de jeunes navettes ou de jeunes laitues, de façon que rien ne s'oppose plus au sarclage.

Soins à donner à la carotte pendant sa végétation. Quand les carottes sont associées à une récolte principale, on attend que celle-ci soit enlevée pour les herser dans tous les sens et les débarrasser des souches du colza ou des éteules du seigle; un peu plus tard, on les bine. Quand on a semé les carottes en récolte principale et à la volée, le sarclage offre de grandes difficultés; mais en lignes, c'est différent. Aussitôt que les carottes sont bien levées et faciles à distinguer des autres herbes, on nettoie avec une râtissoire ou une serfouette les deux côtés de chaque ligne, après quoi on fait passer la houe à cheval. Il ne reste plus qu'à sarcler et à éclaircir à la main sur chaque ligne, et ce travail s'exécute rapidement. Il est rare que l'on éclaircisse assez. Vers la fin de mars ou en juin, selon les climats, on sarcle encore, puis on bine quinze jours plus tard. En ce moment, par un temps couvert, s'il y avait possibilité d'arroser avec du purin affaibli, les choses n'iraient que mieux.

Permettez-nous, à présent, de vous signaler une opération que l'on ne fait pas, mais que l'on pourrait avoir intérêt à faire. Nous voulons parler du buttage des carottes découvertes. Si les racines qui sortent de terre en partie ont le mérite de convenir aux sols sans profondeur, elles ont, en retour, le défaut de perdre une partie de leurs qualités et de ne pas valoir les racines tout à fait enterrées. En les buttant, on maintiendrait le mérite tout en corrigeant le défaut.

De loin en loin, on rencontre des ménagères qui s'approvisionnent de fourrage vert où elles peuvent, et qui ne ménagent pas plus les carottes que les choux et les betteraves. Cette suppression. d'une partie des fanes est regrettable, attendu qu'elle contrarie le développement des racines, et qu'en s'imaginant gagner 5 centimes, on en perd peut-être en réalité plus de 10.

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Maladies de la carotte. Nous ne lui connaissons aucune affection inquiétante pour le cultivateur. Dans les terres très-fraîches, la pourriture peut se déclarer en temps humide; le défaut de pluie, pendant plusieurs semaines consécutives, peut, dans les terres légères, abattre les fanes, ramollir les racines, suspendre complétement la végétation; l'excès de nourriture peut crevasser les carottes arrivées à leur entière grosseur; et alors le cœur de la racine devient ligneux et impropre à la consommation. Nous constaterons aussi que les graines d'un an, de provenance équivoque, donnent souvent des produits sujets à filer, à s'emporter, à se mettre à fleur la première année, parce qu'elles sont nées la plupart avant terme ou qu'elles sont malades de naissance. Quand on attend la seconde année pour les semer, les produits ne sont plus exposés à filer, par cette excellente raison que les graines en question n'ont pas la force d'arriver à la seconde année. Elles meurent dans le sac; les produits qui ne

filent pas ne viennent donc pas d'elles; ils viennent des graines plus robustes qui se trouvaient en leur compagnie et qui ont résisté. Les limaces et les rats sont plus à craindre que les maladies pour les cultivateurs de carottes. Nous y reviendrons à l'occasion des animaux nuisibles en général.

Récolte. On procède à l'arrachage des carottes vers la fin de septembre et dans la première quinzaine d'octobre. On se sert de houes à deux dents, de bêches ou de fourches en fer. A la rigueur, on peut encore employer la charrue. Le rendement par hectare est très-variable et s'échelonne entre 20 000 et 40 000 kilos. Quelques personnes estiment qu'il y a plus de poids à attendre d'un semis dru que d'un semis en lignes, avec 0m,12 ou 0,15 d'espace entre les plantes sur la ligne. Nous n'avons pas qualité pour décider la question. Nous nous bornons à dire que les semis drus ont le gros inconvénient de dessécher le terrain très-vite, et il nous semble que dans les années un peu sèches, les semis clairs devraient produire plus.

Il faut, comme pour les pommes de terre, comme pour toutes les racines charnues, une belle journée pour l'arrachage. A mesure que l'on extrait les carottes, on les débarrasse de leurs fanes, non pas avec un couteau, comme s'il s'agissait de ménager des porte-graines, mais avec la main. On les rompt tout simplement, puis on les laisse quelques heures sur le terrain avant de les

rentrer.

Conservation de la carotte. Des cultivaleurs flamands se contentent d'ouvrir des sillons profonds avec la charrue, d'y mettre les racines et de recouvrir de 0m,30 à 0m,40 de terre; mais le plus fréquemment on les met en silos ordinaires comme la pomme de terre, ou bien au cellier et en cave. Là, on les dispose, à la manière du bois de corde, sur deux rangs, les collets en dehors et l'extrémité des racines en dedans, en ayant soin de ne pas les adosser aux murs et de les exposer à des courants d'air, toutes les fois que la température n'est pas trop basse, et qu'une forte gelée n'est pas à craindre. Plus il y a de vides dans les cordes de carottes et plus l'air est renouvelé, mieux les racines se conservent. Quand on les jette pêle-mêle dans une cave, sans aucune précaution, elles s'échauffent vite et pourrissent vite aussi.

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La carotte est d'une Emploi de la carotte. grande ressource pour l'alimentation des hommes et des animaux. Mathieu de Dombasle a dit d'elle: « Il y a très-peu de récoltes qui surpassent la valeur de celle-ci dans leur application à la nourriture des bestiaux. On peut calculer qu'en général un terrain donné produit, en carottes, une récolte de moitié plus considérable en poids qu'une récolte de pommes de terre, et double en volume. La carotte est un des aliments les plus sains qu'on puisse donner à toute espèce de bétail.

« C'est la racine qui convient le mieux, en particulier, à l'entretien des chevaux, et un sup

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paille hachée, forme une excellente nourriture pour les moutons, quand surtout on l'assaisonne d'un peu de sel marin. C'est également une bonne nourriture pour les vaches. Elle passe pour communiquer une couleur jaune au beurre, mais il est à remarquer que le lait des vaches qui sont soumises presque exclusivement à ce régime, pendant plusieurs jours, emprunte à la carotte sa saveur sui generis. Il convient donc de varier les vivres.

Les fanes de carottes, rompues au moment de l'arrachage, sont mangées avec avidité par les vaches, plus ordinairement à l'étable que sur place.

Le jus de carotte, soumis à la fermentation, donne une grande quantité d'eau-de-vie, que l'on dit d'assez bonne qualité.

Dans le nord de la France, et surtout en Belgique, on fabrique un sirop de carotte, désigné dans ce dernier pays sous le nom de poiré. Il est trèsrecherché de la population ouvrière, parce qu'on le vend à bas prix, et qu'il remplace le beurre, tant bien que mal, sur les tartines. Nous disons tant bien que mal, parce que le sirop n'a point et

PANAIS (PASTINACA SATIVA).

P. J.

Classification. Le panais appartient à la même famille que la carotte. Celui que nous cultivons descend du panais sauvage, que l'on rencontre assez souvent dans nos prés frais et ombragés. Nous ne connaissons que deux variétés de panais : le panais long et le panais rond. Le panais

ne saurait avoir d'aussi bons résultats que le beurre | dont personne n'est dupe et qui n'est pas nuisible, et les graisses dans les contrées du nord. Ce poiré heureusement, mais enfin c'est une fraude. de carottes ou de betteraves, qui coûte chez le marchand, de 30 à 35 centimes le demi-kilogr., ne revient parfois qu'à 15 centimes au fabricant. Sa préparation n'exige ni un outillage coûteux, ni beaucoup de peine; elle est véritablement à la portée de tout le monde. Nous avons été témoin de ce travail dans une ferme des environs de Bouillon. Là, on agissait sur quatre-vingts litres de carottes à la fois; on les coupait en deux ou en trois parties, et on les faisait cuire avec quinze litres d'eau. Cette cuisson durait de deux à trois heures. La cuisson terminée, on pressait de suite la pulpe chaude, parce qu'on en obtient plus de jus qu'après le refroidissement. Les quatre-vingts litres de carottes donnaient vingt-cinq litres de jus, que l'on versait dans un chaudron en fer ou en cuivre, à volonté, et que l'on mettait sur le feu. Dès que le jus commençait à bouillir, on modérait le feu, que l'on continuait d'entretenir doucement pendant dix ou douze heures; après quoi le jus se trouvait réduit à l'état de sirop.

Dans la ferme dont nous parlons, il n'y avait pas à compter, il est vrai, sur la vente des carottes : on les estimait donc en raison de leur valeur alimentaire présumée, c'est-à-dire au tiers de la valeur du foin de pré. Or, en portant les 500 kil. de foin au prix moyen d'alors (20 fr.), on arrivait à produire du sirop qui ne coûtait pas plus de 10 centimes le demi-kilogr., non compris, bien entendu, le chauffage et la main-d'œuvre.

Pour le chauffage d'une chaudronnée de quatrevingts litres, qui rendait 12 kilos et demi de sirop, il fallait cinq fagots ordinaires, évalués dans le pays à 12 fr. le cent. Sur ces cinq fagots, deux servaient à faire cuire les carottes, et trois à réduire le jus.

Quant à la pulpe provenant de la pressée, on la donnait de suite aux vaches avant qu'elle fût refroidie. 200 kilos de carottes rendent 1 mètre cube de pulpe.

Cinq kilos de carottes produisent toujours au moins un demi-kilo de sirop. Pour rendre le sirop de carottes plus agréable, on peut ajouter, après six heures d'ébullition de ce sirop, une certaine quantité de pommes pelées, coupées par quartiers, et dépouillées de leurs pepins.

Toutes les carottes, indistinctement, peuvent être employées dans le cas particulier; cependant nous ferons observer que les carottes fourragères blanches donnent un sirop inférieur à celui des rouges, et que ces dernières obtiennent ordinairement la préférence.

La presse nécessaire pour la fabrication du sirop de carottes n'est pas coûteuse; elle se compose d'un tablier ou matis, et d'un cadre. La pressée peut se faire au moyen d'une vis ou, plus économiquement, à l'aide d'un simple levier. Le fermier des environs de Bouillon estimait à 3 francs le bois employé pour le tablier et le cadre, à 3 francs le fer qui reliait le tablier et le cadre, et å 4 francs le levier tout posé. Total: 10 francs.

Pour en finir avec les usages de la carotte, nous ajouterons que le jus de cette racine est employé pour la coloration du beurre. C'est une fraude

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