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facultés germinatives du grain se maintiennent, mieux dans l'enveloppe que dans le grain écossé; quelque soin que nous prenions, il arrive fréquemment, avec les variétés précoces, que les graines de pois sont perforées par un insecte connu sous le nom de bruche: Elles ne sont pas à rejeter pour cela, car tous les germes ne sont pas attaqués; seulement il est prudent de semer plus dru qu'avec des graines intactes. L'Agriculture du Nord nous apprend que, dans l'arrondissement de Dunkerque, il est d'usage de tirer la semence des sols sablonneux de l'intérieur, semence qui résiste à la cuisson, et de s'en servir daus les terrains salés du littoral où elle donne des produits qui cuisent très-bien.

Les pois conservés en gousses dans une pièce convenablement aérée, gardent leurs facultés germinatives pendant trois ans. Les pois écossés se maintiennent très-bieu durant deux années et deviennent plus productifs à cet âge que les pois de la récolte précédente. Il suffit de les humecter avec de l'eau ordinaire, ou mieux avec de l'eau de fumier très-affaiblie, quelques heures avant la plantation, afin d'éveiller le germe engourdi et de hâter la levée. Pour notre compte, nous mettons les pois de l'année dans les maigres terrains où il n'est pas à craindre que les tiges prennent trop de vigueur, et nous accordons la préférence aux pois de deux ans dans les terrains de bonne qualité.

Les souris et les campagnols sont très-friands de la semence de pois. On a donc, à cause de cela, conseillé aux cultivateurs de la soumettre à quelque préparation vénéneuse, avant de l'employer. Ainsi l'on a proposé l'arsenic du commerce (acide arsénieux), la strychnine ou la noix vomique, etc., etc. Nous n'aimons pas que les poisons interviennent directement dans nos cultures, car il est certain que les plantes en absorbent bon gré mal grẻ. Quand nous aurons à traiter de la culture des pois au potager, nous pourrons avoir recours aux substances vénéneuses, mais nous les emploierons de telle façon que les plantes n'auront point à en souffrir.

Semailles des pois. On sème les pois avant l'hiver ou à la sortie de cette saison. Les semis d'automne sont rares toutefois et n'offrent de chances de succès que dans nos contrées méridionales. Néanmoins, on voit de temps en temps, même sous le climat de la Belgique, des planches de pois semées à tout risque et traversant parfois l'hiver heureusement. Le plus ordinairement, dans la grande culture des environs de Paris, on les sème en février, et dans le nord de la France, en mars et avril. Le semis se fait ou en lignes ou par touffes isolées, soit à la houe, soit avec la charrue. Les touffes jettent une ombre assez étendue, maintiennent plus ou moins de fraicheur dans le sol et conviennent par conséquent aux climats chauds et aux terrains secs; la culture en lignes suffisamment écartées est préférable sous les climats pluvieux et dans les terrains frais. Sur quelques points de la Belgique, nous avons vu associer les pois aux pommes de terre et les cultiver en même temps. Dans la pro

vince de Liége, on en forme au milieu des champs des lignes très-bien palissées, et entre ces lignes on cultive des plantes qui ne prennent guère de développement en hauteur, telles que pommes de terre, carottes, choux, betteraves, et même des fèves. Là où les brise-vent sont utiles, on peut en former de fort jolis avec les pois. Il est superflu d'ajouter que les pois ainsi cultivés appartiennent aux variétés à rames, tandis que l'on ne cultive aux environs de Paris et dans le nord de la France que des variétés naines ou ne se développant guère.

Du côté de Dunkerque, on sème de 100 à 120 litres de pois par mesure de 44 ares, toujours en lignes espacées de 32 centimètres environ; des femmes suivent la charrue et laissent tomber les graines dans le sillon à 5 centimètres de distance l'une de l'autre. Quelquefois aussi, on sème à la volée, on recouvre avec la herse et l'on roule ensuite.

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Récolte.

On moissonne les pois ou bien on les arrache le matin avant que la rosée ait tout à fait disparu, et lorsque la moitié des cosses sont bien mûres. C'est ce qui arrive le plus ordinairement en juillet; cependant, dans notre département du Nord, la récolte a rarement lieu avant la mi-août. On dispose les pois en forme de javelles ou brassées qu'on laisse au moins une semaine sur le sol. On les met ensuite en bottes et on les transporte à la ferme. On estime le rapport moyen à une vingtaine d'hectolitres par hectare; mais ce chiffre nous paraît un peu élevé. On se sert du fléau pour battre les pois et du van pour les nettoyer.

Emploi des produits. Les pois sont trèsrecherchés à l'état vert, et il s'en consomme des quantités prodigieuses. A l'état sec, ils sont également recherchés et servent surtout à la préparation de nos purées. Les cosses vertes sont mangées avec avidité par les vaches et les moutons; cependant il est bon de s'en défier, car on leur reproche de tarir le lait. Les fanes constituent un fourrage agréable aux animaux.

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Notre ami et collaborateur M. Delarue nous un aigle ou une colombe; variété un peu moins écrivait dernièrement : «Parmi les denrées élevée que la précédente, à cosse droite, verte ou alimentaires qui contiennent le plus de substance jaunâtre, panachée de violet, à peu près de la lonnutritive, les pois secs tiennent un rang distingué. gueur et de la largeur de celle du soissons nain, L'analyse démontre, à cet égard, leur supériorité au nombre de dix-huit à vingt et un par pied, à même sur les céréales; malheureusement les pois raison de quatre et cinq grains par cosse, grains secs forment un mets d'une saveur peu attrayante, réniformes, réguliers, d'un blanc terne et d'un ce qui en rend l'usage assez limité. Voici un des volume moindre que ceux du précédent; variété moyens qui peuvent contribuer à améliorer cet de seconde saison, assez bonne en sec; aliment et à le faire entrer pour une plus forte 3o Le haricot rond blanc commun; variété ropart dans la consommation des classes peu aisées, buste, féconde, de qualité médiocre, restée naine, auxquelles il offrirait une ressource économique tandis que celle du commerce a été altérée et est importante. Tout le monde sait que les semences devenue grimpante, comme on le voit par le coco riches en fécule subissent, au moment de la ger- | blanc de Celles-sur-Cher, qui a des airs de trèsmination, une réaction intérieure qui convertit proche parenté avec le haricot rond commun de leur fécule en sucre et modifie leur saveur; | l'Ariége; que les graines de céréales deviennent pro- 4° Le haricot blanc des vignes de la Bourgogne, pres à la fabrication de la bière et de l'alcool plus petit que le précédent, d'un blanc moins en passant à l'état de malt. Or, les pois secs peu-clair, peu recherché parce qu'il est peu connu, vent également devenir sucrés par l'opération du mais de l'avis des connaisseurs, bien supérieur en maltage. Il suffit de les faire tremper dans l'eau sec aux soissons; tiède pendant douze à dix-huit heures; au bout de ce temps, on laisse égoutter l'eau; les pois sont mis en tas et abandonnés à eux-mêmes pendant vingt-quatre heures. Alors les germes commencent à se produire ; la radicule perce l'enveloppe du pois et se fait jour au dehors. C'est le moment où la matière sucrée est arrivée à son maximum de développement. Les pois cuits à cet instant de leur germination ont presque la saveur des pois verts; ils sont à la fois plus agréables au goût et plus nourrissants que les pois qui n'ont pas subi cette préparation. » P. J.

HARICOT (PHASEOLUS).

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Classification. Il en est des haricots comme des pois; leur culture en plein champ est trèslimitée. Tantôt on fait cette culture en vue d'une récolte de grains secs; tantôt, et notamment à proximité des grands centres de population, on cultive les haricots pour livrer à la consommation leurs gousses tendres et vertes ou leurs grains verts, nouvellement écossés. Les variétés préférées dans tous les cas sont celles qui ne grimpent pas et que nous qualifions de variétés naines. Ce sont le plus ordinairement :

1o Le haricot de Soissons nain ou gros pied, dont la description a été faite en ces termes par M. Vilmorin - Tige de 0,50 à 0,70; feuille large, fleur blanche; cosse très-droite, verte, devenant jaune à la maturité, légèrement marquée par la saillie des grains, longue de 0,13 à 0,14, large de 0,015 à 0,016, épaisse de 0,010 à 0,011, au nombre de dix-huit à vingt-trois par pied, contenant cinq et six grains; grain blanc, marqué d'une tache jaunâtre sur l'un des côtés du grain contigu à l'ombilic, réniforme, légèrement contourné et irrégulier, long de 0,016, large de 0,010, épais de 0,007, au nombre de 1430 par litre, variété excellente à manger en grain sec et très-productive;

2o Le haricot à l'aigle ou haricot du Saint-Esprit, ou haricot à la religieuse, caractérisé par une panachure qui représente parfois tant bien que mal

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5o Le haricot sabre nain, sans parchemin, à cosse longue, large, arquée sensiblement, contournée parfois; à grains blancs, réniformes, irréguliers, contournés, à peu près du volume des soissons; sujet à se tacher dans les temps pluvieux; passable en vert, très-bon en sec;

6o Le haricot suisse blanc, que nous croyons être le lingot de la Picardie; variété à cosse droite et verte, à grains droits, blancs et parfois carrés à l'un des bouts;

7o Le haricot suisse rouge, à fleurs d'un lilas pâle, à grains de la forme du précédent, mais d'un rouge terne marbré de brun; variété robuste, féconde, un peu trop sujette à s'emporter, bonne en grains verts ou secs;

8o Le haricot de Chartres ou rouge d'Orléans, à tige assez élevée, bien que classé parmi les nains, à fleurs blanches, à grains d'un rouge brun, carré aux extrémités; très-cultivé dans le centre de la France, hâtif et excellent en sec.

9o Le haricot gris de Bagnolet ou suisse gris, à fleur lilas foncé, à cosse longue, verte et marquée de violet ; à grains d'un brun violacé marqué de fauve; très-productif et très-recherché à Paris pour la consommation en vert;

10° Le haricot plein de la flèche, variété de haricot suisse, à fleurs lilas pâle, cultivée dans le Maine, plus petit que le précédent, mais d'un grand produit qui se prolonge longtemps; excellent en cosses vertes;

11o Le haricot suisse ventre de biche; variété très-naine, à fleurs lilas, à grains saillants sous la cosse, hâtive, et recherchée pour ses grains secs, couleur ventre de biche;

12o Le haricot jaune du Canada, à fleurs lilas, à grains arrondis d'un jaune verdâtre; hâtif, prɔductif et bon en grains frais et secs;

13° Le haricot flageolet ou de Laon; variété bien naine, très-hâtive et bonne à toutes fins, en cosses, en grains frais et en grains secs.

Climat. Par cela même que le haricot est originaire des Indes orientales, il est évident que les climats chauds et tempérés doivent lui être agréables. C'est en effet ce que nous constatons. Il

craint le froid, les brusques variations de tempé- | quantité importante; mais cette manière de rairature et les pluies prolongées.

Terres propres à la culture du haricot. En ce qui regarde l'est, le centre, l'ouest et le nord de la France, les terres légères, quelle | que soit d'ailleurs leur nature, sont celles qui conviennent le mieux à cette légumineuse. En | temps pluvieux, les argiles lui seraient funestes. Les cultivateurs de la Flandre française, ceux de Warhem, par exemple, vous diront: Il faut que les racines des haricots se chauffent toujours au soleil. Ceux du Midi vous diront, au contraire : Il faut que les haricots aient toujours le pied frais. C'est pour cela que les argiles calcaires et les argiles sablonneuses y sont préférées. En résumé donc, sous des climats chauds, il convient de rechercher la terre fraîche, tandis que sous des climats plus ou moins frais, il convient de rechercher la terre poreuse ou légère. Aux environs de Paris, les sols sablonneux sont ordinairement avantageux à la culture des haricots; et, en Bourgogne, nos vignobles calcaires, exposés en coteaux, leur conviennent également. Toutefois, il y a lieu de supposer que l'ombrage des ceps remplit un rôle de modérateur, et que sans cet ombrage les haricots ne seraient pas au mieux dans les années de sécheresse soutenue. Les sols très-légers sablonneux ou calcaires, donnent la qualité; les argiles l'altèrent.

Place du haricot dans les assolements. Bosc conseillait d'introduire cette légumineuse dans l'assolement des terres légères et de la placer immédiatement avant le froment, attendu que la culture du haricot demande un engrais copieux et plusieurs sarclages et binages. Le froment serait assuré ainsi d'un terrain bien préparé. Dans le nord de la France, on a remarqué que le haricot réussissait bien après l'avoine et qu'il ne fallait le ramener à la même place que tous les huit ou dix ans. Là, par conséquent, il ne faut pas songer à l'introduire dans un assolement régulier. Quelques cultivateurs sèment le trèfle dans les haricots, après leur avoir donné les façons essentielles. Ce peut être une bonne pratique dans le Nord, mais dans le Midi, elle ne saurait être admise.

Les cultivateurs de la Haute-Garonne tiennent le haricot pour une plante épuisante; ceux de la Bourgogne, de la Flandre et d'ailleurs encore sont d'un avis contraire. Cette dissidence prouve tout simplement que la composition des terrains varie souvent avec les localités, que dans les uns, il y a en abondance ce qui est nécessaire à la vie complète de cette légumineuse, que dans les autres, certains éléments nutritifs ne s'y trouvent pas en quantité considérable.

Engrais qui conviennent au haricot. Il y a deux choses à considérer dans un engrais : l'effet physiologique et l'effet mécanique. Si nous n'avions à nous occuper que de l'effet physiologique, nous dirions que les engrais qui contien nent beaucoup de potasse doivent être préférés, puisque les fanes de la plante en consomment une

sonner pourrait nous conduire à conseiller l'emploi des cendres de bois aussi bien dans les sables que dans les terrains d'une certaine consistance, et les résultats nous donneraient souvent tort. A Dijon, les jardiniers font grand cas de ces cendres de bois et s'en trouvent bien; ici, aux portes de Paris, dans la plaine qui s'étend des fortifications aux coteaux d'Argenteuil, le fumier de vache est, à notre avis, l'engrais par excellence, attendu qu'il est très-aqueux et que nous avons besoin de fraîcheur dans le sable.

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Dans le département du Nord, où les fumiers chauds ne sont pas à craindre, à cause du climat, on se sert de courte-graisse, de tourteaux et de fumier de ferme. Ainsi, du côté de Bailleul et de Merville, dans l'arrondissement d'Hazebrouck, on répand environ 600 kilos de tourteaux par hectare ou 120 hectolitres de courte-graisse; du côté de Warhem, on se contente de 6 000 ou 7 000 kilos de fumier de ferme. Si l'on augmentait la dose, les haricots produiraient trop de fanes et pas assez de gousses.

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D'après l'Agri

Labours préparatoires. culture française, et en ce qui regarde la Flandre, les cultivateurs de Bailleul, Nieppe, Merville et Armentières, piochent deux ou trois fois le sol, à la houe, mais superficiellement, afin d'avoir une terre très-meuble à la surface et ferme dans le fond. Ceux de Warhem déchaument avant l'hiver, labourent à 8 centimètres en mai, et donnent un second labour huit jours après, à la même profondeur. A Picquencourt, dans l'arrondissement de Douai, on déchaume à l'automne et l'on enfouit le fumier avant l'hiver par un labour de 16 à 20 centimètres. Au mois d'avril suivant, on laboure à 8 centimètres; en mai, on laboure de nouveau, et toujours à 8 centimètres, puis on herse et l'on roule. En somme, il est à supposer que les labourages fréquents et superficiels s'appliquent à des terres argileuses assez consistantes, tandis que les labourages profonds, suivis de façons superficielles et d'un coup de rouleau, s'appliquent à des terres légères.

Choix et préparation des semences. Le plus ordinairement, on prend la graine de semence dans le tas commun et sans y regarder. Selon nous, le cultivateur devrait, pendant le cours de la végétation, marquer les pieds bien chargés de gousses, les laisser mûrir complétement en place, les arracher par un temps sec, les suspendre par bottes dans un lieu sec et bien aéré, sous un hangar, par exemple, ou dans une grange, et ne les battre qu'au moment de la plantation. La semence, tirée de pieds très-productifs, produit nécessairement beaucoup; la semence gardée en cosse jusqu'au moment de la plantation, conserve plus de vigueur, lève mieux, et est par conséquent moins sujette à la pourriture que la semence écossée et gardée en sacs. Dans le cas, cependant, où l'on n'en aurait pas d'autre que celle-ci à sa disposition, il ne faudrait point la dédaigner.

Lorsque le temps est au beau fixe et que la

terre est fort sèche, il nous arrive, dans la petite culture, de mettre nos graines de haricots dans l'eau pendant une demi-heure, afin d'éveiller leurs facultés germinatives; mais en grande culture, on se dispense de toute préparation, et peutêtre n'a-t-on pas tort. Si, malgré les indications barométriques, des pluies inattendues survenaient après la plantation des haricots, les graines humides seraient plus exposées à la pourriture que les graines sèches.

La semence de deux ans, même dépouillée de la cosse, est bonne encore pour la plantation, pourvu qu'elle n'ait pas été conservée en lieu trop chaud ou trop humide. Celle qui n'a pas été écossée ne laisse aucun doute sur sa faculté de germer au bout de deux ans. Souvent, on la préfère à la graine nouvelle, parce qu'elle est trèsproductive; mais n'oubliez pas que les plantes de semence vieille sont moins robustes que les plantes de semence nouvelle.

Les chercheurs de variétés doivent toujours se servir de graine vieille ou affaiblie.

Semailles du haricot. On ne sème ou plutôt on ne plante les haricots que lorsque les gelées du printemps ne sont plus à craindre, c'està-dire à partir de la fin d'avril jusqu'au 20 mai, | aussi bien dans le midi que dans le nord de la France. La plantation se fait par lignes, grain à grain, ou par touffes. Sous les climats humides ou dans les terrains frais, la méthode d'ensemencement en lignes doit être adoptée, parce qu'elle favorise la circulation de l'air et par conséquent l'évaporation de l'eau en excès. Sous les climats chauds et dans les terrains secs, les touffes valent mieux que les lignes, parce qu'elles jettent plus d'ombre sur le sol et conservent mieux l'humidité.

Les haricots sont très-sujets à la pourriture. Quand des pluies continuelles, accompagnées d'un refroidissement de l'atmosphère, surviennent après la plantation; ou bien quand la graine est trop enterrée en sol frais; ou bien encore, quand l'âge de la semence apporte du retard à la germination, la pourriture est à craindre. Les cultivateurs bourguignons n'ont donc pas tort de dire, dans les argiles surtout, que les haricots en terre doivent voir le dos de celui qui les a plantés; les cultivateurs de la Flandre n'ont donc pas tort non plus d'avancer que les racines du haricot doivent se chauffer au soleil. Il est clair, d'après cela, que la graine de cette légumineuse ne demande qu'une mince couverture, au moins dans les terrains frais et sous les climats humides. Dans le Midi, il convient nécessairement de l'enterrer plus que dans le Nord, afin de maintenir autour d'elle la fraîcheur indispensable à la ger

mination.

Les cultivateurs de la Frandre font la plantation en lignes ou par très-petites touffes. Ils tracent, à cet effet, au rayonneur ou à la charrue, des rigoles de 3 à 5 centimètres de profondeur, à 30 ou 40 centimètres de distance l'une de l'autre. Tantôt les graines sont déposées une à une dans les lignes; tantôt on en jette trois ou quatre à 32 centimètres de distance environ et l'on re

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Récolte.

Dans le Nord, nous arrachons les haricots de champs dans la seconde quinzaine d'août et en septembre. Nous les mettons par petites bottes que nous rentrons de suite ou que nous laissons quelques jours sur le sol, lorsque la maturité n'est pas complète. Dans les vignes de la Bourgogne, on les place les racines en l'air audessus des échalas; sur certains points de la Flandre, on range les bottes en petites meules, autour d'un pieu, et les gousses en dehors, et on les laisse aux champs pendant quelques semaines. Quand le temps menace, on rentre les haricots à la ferme et on les conserve dans les lieux les plus aérés. Sans cette précaution, les graines plus ou moins sèches pourraient se tacher, et la récolte serait compromise. Un rendement de 30 à 35 hectolitres par hectare est considéré comme très-satisfaisant; souvent on se contente à moins.

Permettez-nous de laisser un moment la plume à notre collaborateur M. Pons-Tande, qui va nous entretenir de la culture des haricots dans le Midi. P. JOIGNEAUX.

La

Culture des haricots dans le Midi. culture champêtre des haricots dans le Midi est circonscrite dans quelques terres privilégiées; les produits qu'elle y donne sont trop importants pour que nous nous contentions du peu de mots que nous en avons dits dans notre notice sur la culture du maïs, où, ne la considérant que comme culture intercalée à cette céréale, nous ne pouvions lui consacrer que des détails incomplets.

L'importance de sa production, dans certains sols spéciaux, et le rang privilégié que ce précieux grain légumineux occupe dans le régime alimentaire des populations ouvrières du Midi, consti

tuent une véritable richesse; donc il nous paralt utile d'en indiquer les règles de culture.

Les variétés de haricots sont nombreuses, cependant la culture en plein champ excluant rigoureusement les espèces grimpantes et celles trop délicates réservées aux jardins potagers, leur nombre réduit aux variétés à tige basse (naines) se trouve ainsi fixé au nombre de trois qui sont: 1° Le haricot blanc rond qui porte à Paris le même nom et celui de haricot commun de Cellessur-Cher. Ce haricot, généralement cultivé sur toutes les terres fraîches et friables du pied des Pyrénées, donne des produits considérables et surtout de qualité supérieure dans les environs de Pamiers (Ariége).

2o Le haricot blanc long, qui ne répond pas à son nom par la forme du grain, aussi délicat et peut-être plus productif que le premier, est cependant moins estimé dans la culture champêtre à cause de la disposition de sa tige à grimper.

3o Le haricot parisien, d'une blancheur plus éclatante que dans les deux premiers, plus gros et de forme cylindrique, est plus rustique, mais d'une saveur moins délicate; c'est votre suisse blanc ou lingot de là Picardie.

Les haricots aiment la chaleur atmosphérique et la fraîcheur du sol: ces deux qualités, qui semblent s'exclure le plus souvent, se trouvent réunies dans certaines terres sablo-calcaires situées au fond des riches vallées sous-pyrénéennes.

La commune de Bonac près Pamiers (Ariége), présente, sur la plus grande partie de sa surface, cette heureuse combinaison d'un sol friable et substantiel à la fois, dans lequel une provision d'humus et de fertilité acquise entretiennent toujours la fraîcheur que le soleil du Midi ne peut altérer.

Les labours profonds et multipliés, les fumures énergiques peuvent compléter l'aptitude de la terre à cette production spéciale, mais sont impuissants si une partie des qualités physiques dont nous avons parlé n'existent naturellement en germe dans le sol.

La première végétation des haricots est encore plus frêle et plus délicate que celle du maïs; aussi les précautions que nous avons indiquées pour protéger son enfance contre les vents et les pluies trop violents sont-elles pratiquées avec encore plus de soin pour les semis de haricots.

Les billons formant les lignes d'ensemencement ont une moindre largeur que dans les maïs; les grains sont plantés à la main sur le revers du billon, par touffes de trois ou quatre grains, à 30 centimètres de distance dans les lignes. Les derniers jours de mai sont l'époque la plus convenable à la plantation des haricots.

A peine sortis de terre, les haricots exigent un premier sarclage qui est suivi d'un second quinze ou vingt jours après.

Lorsque les circonstances atmosphériques sont favorables, la végétation des haricots s'accomplit rapidement; semés à la fin de mai, leur maturité peut être achevée vers le 15 août; mais le plus souvent les grandes sécheresses estivales imposent un temps d'arrêt pendant lequel les touffes se flétrissent, laissent toniber leurs fleurs et leurs

trop jeunes fruits. Une pluie survenue à propos ranime la plante, qui, fleurissant de nouveau, donne des gousses plus tardives et par cela même plus assurées d'arriver à bonne maturité.

La cueillette des haricots n'est donc pas une opération pouvant être exécutée en une fois seulement; elle se divise en plusieurs cueillettes partielles faites du 15 août au 15 septembre.

La très-grande fragilité de cette culture rend l'appréciation de son rendement très-difficile; cependant, lorsqu'elle est faite sur des terres arrivées à un degré assez avancé de fertilité, les produits toujours rémunérateurs atteignent souvent des chiffres relativement élevés pour des cultures champêtres. La récolte de 1860, que nous devons classer au-dessus d'une récolte moyenne, a donné, dans les terres spéciales dont nous avons parlé, 30 hectolitres à l'hectare.

Le prix de 30 francs l'hectolitre, qui est encore le taux du marché actuel, établit un revenu net de 700 francs par hectare pour l'année 1860.

Malgré l'éloquence d'un pareil résultat, la culture isolée et champêtre des haricots sera encore pendant longtemps, dans le Midi, limitée aux proportions d'une culture potagère. La rareté du sol spécial, les soins minutieux qu'elle réclame dans un moment de l'année où les travaux de la grande culture redoublent d'activité, seront les causes permanentes de son peu de développeL. PONS-TANDE.

ment.

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Classification. Nous ne voulons traiter, dans ce chapitre des légumineuses farineuses, que de celles employées habituellement ou accidentellement à la nourriture de l'homme aussi bien qu'à celle des animaux; nous classerons les autres parmi les plantes fourragères. Ceci bien entendu, continuons par la lentille et nous finirons par les fèves. A ce titre, nous ne cultivons que la lentille commune ou grosse lentille blonde et une variété de celle-ci (ervum lens minor) que nous nommons lentille rouge ou lentille à la reine. La

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Grosse Fig. 238.- Petite letille.

lentille.

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graine de cette dernière est plus petite que celle de la précédente, plus bombée, de couleur rouge,

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