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la précocité relative de la récolte méridionale qui permet au cultivateur de se servir du beau soleil du mois d'août, comme auxiliaire à ses travaux de battage.

Trois modes d'égrenage sont encore employés dans la culture du Midi :

1o Le battage au fléau;

2o Le dépiquage par le piétinement des chevaux;

3o L'égrenage par la pression d'un rouleau en pierre, attelé de bœufs ou de chevaux.

Le battage au fléau est encore le plus ancien système et le plus généralement répandu dans la petite culture; cette pratique, connue de tout le monde, est jugée et généralement condamnée dans les grandes exploitations, à raison de sa lenteur, de l'imperfection du travail et du grand déploiement de forces qu'elle exige de la part des ouvriers.

Le dépiquage par le piétinement des chevaux est plus expéditif; s'il réclame moins de forces, il assujettit les chevaux à un travail excessif et ruineux pour leurs membres, ainsi qu'il sera facile d'en juger par les détails de ce procédé d'égrenage.

Les gerbes (1) sont placées sur l'aire à dépiquer, droites et liées, fortement pressées les unes contre les autres et en nombre proportionné à celui des chevaux (200 par tête de cheval).

On donne le nom de môlée à cette réunion de gerbes ainsi disposées et celui d'équatade à la troupe de chevaux.

Une môlée est bien faite, lorsque les gerbes perpendiculairement assises sur leur base sont trèsadhérentes les unes aux autres, leurs épis regardant le ciel et formant une surface sur laquelle les chevaux doivent dépiquer; sa forme doit être ronde ou ovale.

La construction de la môlée qui est le premier travail de la journée, est sous la direction du conducteur des chevaux (l'équassié).

Celui-ci ne permet pas que les gerbes à liens trop relâchés ou entièrement déliées, soient placées dans l'intérieur de la môlée, elles sont mises à part et servent à entourer les bords extérieurs, de manière à y former un talus qui permet aux chevaux de grimper sur ce singulier hippodrome. On comprend combien doivent être pénibles les premiers pas que font les chevaux sur un pareil terrain. En effet, accouplés deux par deux et tenus à la longe du bridon par le conducteur, ces pauvres animaux s'enfoncent d'abord de toute la longueur de leurs membres et ne parviennent qu'avec des efforts inouïs à se créer un peu de sûreté sous leurs pas. Il faut toute l'ardeur et la souplesse des races chevalines du Midi, réunies à la très-grande douceur de leur caractère, pour l'accomplissement de ce barbare travail.

Cependant après quelques tours, les gerbes de la môlée ayant fait leur tassement complet, l'équatade peut prendre l'allure du trot: elle décrit

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rence intérieure, sont les différents centres où se place le conducteur pour prendre les épis dans tous les sens. Les lignes pointillées marquent les diverses pistes parcourues par les chevaux.

Le véritable talent de l'équassié ne consiste pas seulement à établir et maintenir l'ordre et la discipline dans sa troupe de chevaux, à prévenir les coups de pieds ou les enchevêtrements, mais aussi à piétiner toute la surface d'une manière homogène, soit en déplaçant à propos son centre, soit en ordonnant d'apporter sur les parties de la môlée où le passage des chevaux est plus fréquent, les pailles qui auraient été peu atteintes.

Après 3 heures de ce dur et pénible travail, les chevaux ont terminé leur tâche du matin; ils vont alors prendre leur repas, laissant le champ libre aux ouvriers.

L'aspect de la môlée est alors changé; les gerbes étant aplaties, la hauteur a diminué, les épis de la surface sont égrenés, ceux de l'intérieur sont plus ou moins maltraités. Prenant ces gerbes à moitié battues, les ouvriers vont un peu plus loin, dans l'aire, les disposer en une seconde môlée pour terminer l'opération.

Dans cette seconde construction, les gerbes sont déliées et placées les unes contre les autres, dans une position moins perpendiculaire, présentant cependant leurs épis au soleil. Ainsi disposée, la môlée du soir occupe une surface double de celle du matin.

Les chevaux ayant terminé leur repas, remontent à midi et continuent sur cette seconde môlée les évolutions ainsi que nous les avons décrites. Les ouvriers, sur l'ordre de l'équassié, enlèvent successivement les couches de pailles entièrement battues, amincissent ainsi la môlée et finissent enfin par la faire disparaître.

Si le travail a été bien dirigé, si les ouvriers et les chevaux ont été en nombre suffisant, si surtout la journée a été belle, le battage est terminé à trois

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TOTAL des frais........ 43 fr. produit en hectolitres. (48 hect.

Il y a vingt ans à peine que le dépiquage était la règle généralement adoptée par la grande et la moyenne culture du Midi; ce procédé tend cependant à disparaître aujourd'hui; nous devons expliquer les causes de cet abandon.

L'imperfection du travail se présente comme la première.

En effet, le grain entièrement détaché de l'épi n'arrive pas toujours au magasin, il est souvent enveloppé dans les pailles et entraîné avec elles.

Les pelures successives, dont nous avons parlé, ne se font pas toujours avec les précautions nécessaires; l'ouvrier ne se borne pas à enlever la paille 'morte, il attaque souvent les couches vives où le battage est encore incomplet. La surveillance du cultivateur est d'ailleurs impossible dans ce pêlemêle d'ouvriers et de chevaux.

La paille trop brisée perd la moitié de son volume, elle devient un excipient trop spongieux pour les fumiers, sa qualité pour la consommation du bétail est également altérée par les urines et les crottins de l'équatade.

Le grain recueilli sous la môlée n'est plus, comme dans le battage au fléau, associé seulement avec ses balles, il s'y rencontre une infinité de fragments de pailles qui compliquent singulièrement l'opération du vannage.

Enfin, le dépiquage est une véritable torture pour les chevaux : la partie inférieure de leurs membres, froissant continuellement la paille et la barbe des épis, s'épile, après quelques jours de ce rude travail; les boulets s'engorgent et s'écorchent: il est vraiment pénible de voir le piteux état de ces animaux lorsqu'ils descendent de la môlée, blancs de poussière et de sueur, marquant leurs traces par le sang de leurs blessures.

A ces motifs bien suffisants sans doute pour expliquer et justifier l'abandon presque général de cette barbare pratique, nous devons ajouter la dernière et la plus puissante considération : c'est qu'il n'y a plus de chevaux légers dans le Midi.

Ces admirables races si rapprochées de la perfection, qu'on trouvait il y a cinquante ans à peine, dans les départements sous pyrénéens, ont entièrement disparu. Il n'entre pas dans notre cadre d'indiquer les causes si diverses de leur disparition; nous constatons seulement un fait regrettable, non certainement parce que les dépiqueurs ne peuvent plus former leurs équatades, mais parce que nous y voyons l'anéantissement d'une richesse que les plus grands efforts auront de la peine à reconstituer.

Fig. 221. - Rouleau.

et de forme conique tronquée; la longueur et la hauteur qui constituent la puissance de cette machine varient à l'infini. Dans les grandes exploitations, les rouleaux ont i mètre de longueur sur une hauteur de 1,20 à la grande base et 1,15 à la petite; leur poids est de 2,000 kilos environ. (Voir la figure ci-dessus.)

Le rouleau est enchâssé dans un cadre en bois dur au moyen de deux tourillons en fer cimentés au centre des deux circonférences et formant essieux. Des crocs ou des palonniers fixés sur la traverse antérieure du rouleau servent à l'attelage des chevaux.

L'aire à battre au rouleau doit être exactement unie et de forme circulaire; sa surface doit présenter un développement proportionné au nombre de gerbes à battre dans la journée (1,50 par gerbe).

Les gerbes sont étendues sur l'aire à une épaisseur de 0,16 environ, les épis en dessus, ayant leurs arêtes dirigées du côté opposé à celui de la marche du rouleau, de manière à être pressées à rebrousse-poil.

Trois chevaux attelés au rouleau et tenus par une longe attachée à un piquet fixé au centre de l'aire, marchent de droite à gauche, et décrivent une spirale commandée par l'enroulement de la longe autour du piquet. Partant du plus grand cercle, ils se rapprochent ainsi du centre de l'aire; et, arrivés au point où la circonférence à parcourir étant trop petite, leurs mouvements seraient gênés, le piquet est retourné de haut en bas, et la longe, se déroulant, imprime à l'attelage un mouvement inverse (fig. 222.)

Cette manœuvre est généralement suivie; cependant il n'est pas rare de voir adopter, pour le rouleau, la marche du dépiquage. Le conducteur placé sur l'aire et tenant son attelage par la longe le dirige dans toute la surface ainsi que nous l'avons indiqué.

Les premiers tours exigent de la part des chevaux une force de tirage qui diminue par le tassement

de la couche de paille; aussi les débuts se font-ils | accidents de la malveillance et aux ravages des au pas; mais dès qu'il est possible de prendre le

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trot, la rapidité de l'allure imprime des secousses qui combinées au piétinement des chevaux, contribuent à la célérité et à la perfection du travail. Ainsi roulée de 7 à 10 heures du matin, la môlée est retournée pour recevoir encore, le soir, un second roulage de 3 heures qui, réuni au travail des ouvriers, termine l'opération.

Trois chevaux et huit ouvriers battent ainsi 800 grosses gerbes par jour sur une aire de 40 mètres de diamètre. Le prix de revient de l'hectolitre est un peu plus élevé que dans le dépiquage, ainsi que l'établit le compte ci-dessous.

Battage de 800 gerbes de blé au rouleau.

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On voit souvent dans la grande culture, deux rouleaux, et par conséquent deux attelages, marcher simultanément, soit en se suivant, soit en étant séparés par quelques largeurs de rouleau. Le résultat du travail est ainsi doublé, mais les conditions économiques ne changent pas puisqu'il faut un double personnel en hommes et en chevaux.

Telles sont les règles générales adoptées dans le battage au rouleau. Il arrive cependant que des circonstances particulières en déterminent la modification; la surface de l'aire, qu'il n'est pas toujours possible d'obtenir aussi grande que nous l'avons indiqué (40 mètres de diamètre), ne permet pas au cultivateur d'étendre ses gerbes, pour toute la journée; obligé de fractionner son opération, le prix de revient du battage de l'hectolitre se trouve augmenté de quelques centimes.

Les bœufs qui, souvent aussi, sont attelés alternativement avec les chevaux, occasionnent des lenteurs dont l'influence agit sur les résultats..

Le battage en plein air, aux mois d'août et de septembre, sera encore longtemps la pratique généralement employée dans le Midi. L'absence de locaux pour remiser les gerbes, la régularité du climat, les échéances des fermages fixées ordinairement en novembre, le besoin de connaître le produit de la récolte, celui de la soustraire aux

rongeurs, sont autant de considérations qui justifient ce système. Cependant, lorsque l'on voit la population agricole du Midi abandonner, à ce moment de l'année, les labours, les sarclages, les déchaumages, négliger la série des travaux et des scins que réclame encore la vigne et se livrer exclusivement à une occupation qui pourrait être ajournée à des temps de chômage, on ne peut s'empêcher de désirer la réforme radicale d'un semblable système.

Les machines à battre sont aujourd'hui assez perfectionnées, et leur introduction se fait assez rapidement dans le Midi pour faire espérer que cette révolution dans les habitudes culturales, s'opérera dans peu d'années. L. PONS-TANDE.

De l'égrenage des céréales dans le Centre et le Nord. Cette opération qui, on le sait, a pour but de séparer le grain de la paille des céréales, est une des plus importantes de toute l'économie rurale. Le battage a une influence que bien des gens sont loin de soupçonner, non-seulement sur le revenu d'une exploitation, mais sur le revenu de la France et sur le prix du pain qui s'y consomme.

En effet, la France récolte tous les ans environ 200 millions d'hectolitres de grain tant en blé qu'en seigle, orge et avoine, etc., représentés par 3 milliards de gerbes, au moins.

Le battage de ces grains occasionne une maind'œuvre qui peut varier de 1 à 2 francs l'hectolitre, d'où peut résulter une différence de 200 millions. En outre, entre un battage bien fait et un battage mal fait, il peut y avoir 7 p. 100 de différence dans le rendement : total, 14 millions d'hectolitres, valant 12 francs l'un, en moyenne, ce qui constitue, on le voit, une affaire de plus de 160 millions.

Ce fait prouve que rien n'est petit en agriculture, et que la moindre question de main-d'œuvre, quand il s'agit de céréales, y prend d'emblée les proportions d'un grand intérêt public.

Si le battage prend un si grand rôle dans l'économie publique, il est encore plus digne de l'attention du cultivateur.

Il doit se préoccuper de tel ou tel mode de battage, non-seulement, à raison du prix de main-d'œuvre et du rendement, mais de plus, suivant le résultat qu'il en attend pour la qualité de son grain, pour son aptitude à la conservation, pour la qualité de la paille; il doit surtout s'en préoccuper en vue de l'exécuter à une époque où les bras de ses serviteurs et la force de ses chevaux n'ont pas de travail plus urgent à lui donner. Cette question du moment convenable, pour le battage, et du temps qu'il doit durer, est aussi importante pour le cultivateur que les deux questions du rendement et du prix de revient.

Ces questions tracent donc à notre sujet la division naturelle que voici: 1° A quelle époque faut-il battre? 2° Quel moyen de battage faut-i adopter?

1o La meilleure époque du battage est manifestement celle où la main-d'œuvre coûte le moins. Mais dans le coût de la main-d'œuvre, il importe

de faire entrer le retard que le battage peut faire et séparée de la balle et du grain. Dès que la subir à d'autres opérations urgentes, et la perte | paille est enlevée, on sépare les épillets qui se trouvent à la surface du grain en les effleurant qui peut provenir de ce retard. Ainsi, par exemavec un balai de bouleau large de 1 mètre et ple, lorsque, pour battre ses céréales au mois d'août, un fermier néglige ses déchaumages, se épais de 2 à 3 centimètres. Lorsqu'il ne reste prive de quelques récoltes dérobées ou secondes plus que le grain, on le couvre d'une nouvelle récoltes d'automne, lorsqu'il laisse en jachères des airée. Le grain des six airées est ramassé en une seule fois à la fin de la journée. Le battage en éteules, que les derniers rayons d'été et d'automne auraient chauffées si elles avaient été défoncées, grange se fait de la même manière, mais l'égreil aggrave la dépense de battage de toute la perte nage s'y opère plus difficilement par les temps froids et humides que sous les rayons ardents que lui cause cette inaction. du soleil d'août.

Or, il est peu d'époques de l'année où les terres arables réclament plus de bras et de chevaux que la période qui suit immédiatement la moisson. Quiconque sait apprécier le mérite d'un prompt déchaumage, et la valeur des secondes récoltes, comprendra que le mois d'août serait beaucoup mieux employé à ces travaux qu'à ceux du battage, et que la meilleure saison pour battre, c'est celle où les travaux extérieurs sont empêchés par le temps ou peuvent être retardés sans préjudice pour le sol. C'est-à-dire que la meilleure époque pour battre les céréales économiquement, ce sont les jours d'hiver, alors que le mauvais temps retient les gens et les animaux de travail au logis. Alors, en effet, il n'est aucun emploi aussi fructueux de leur temps et de leurs bras. A toute autre époque, le battage ne s'opère qu'aux dépens d'un autre travail dont le retard n'est point exempt de préjudice.

2o Quels modes d'égrenage faut-il adopter? Il y en a trois en France : 1° le dépiquage; 2o le battage au fléau; 3o le battage mécanique.

1o Le dépiquage en usage dans le Midi s'opère au moyen d'un rouleau qu'un cheval traîne autour de l'aire, ou au moyen du pied des chevaux, bœufs, ou mulets qui foulent le blé en se promenant dessus, jusqu'à égrenage plus ou moins complet. Cette opération a besoin d'un soleil ardent d'août pour être bien faite; elle donne des résultats qui laissent beaucoup à désirer. Nous n'avons pas à nous en occuper d'ailleurs, puisqu'il en a été parlé tout à l'heure en tête de ce chapitre.

2o Battage au fléau. Ce mode d'égrenage était, il y a vingt ans, le seul employé dans le centre et le nord de la France et même de l'Europe. Aujourd'hui la mécanique a remplacé le fléau dans la moitié au moins des exploitations rurales. Nous espérons que dans dix ans, le fléau ne sera plus qu'un ustensile historique.

En attendant, voici un aperçu de ce mode d'opérer, et du résultat qui en provient.

Lorsqu'on bat en été sur une aire extérieure, les rayons du soleil facilitent beaucoup l'égrenage. Alors on a soin d'abord de rendre ferme et uni le sol de l'aire. On y étend les gerbes par couches successives de 20 à 25 centimètres. La première pose sur une couche transversale comme sur un oreiller; les batteurs la parcourent en frappant successivement et en cadence régulière toute la surface de l'airée sans laisser de place non battue. Après cette première battue, on retourne les couches en les saisissant entre les deux dents d'une fourche, puis l'airée est retournée une seconde fois. Ensuite la paille battue est secouée avec soin,

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Maintenant essayons d'évaluer la dépense et le produit du battage au fléau.

On estime qu'un fléau léger pesant 1 kil. et demi, à batte de 70 centimètres, doit frapper 150 coups pour égrener une gerbe de 8 à 9 kil. La journée d'été d'un batteur doit donner 550 kil. de paille, et près de 2 hectolitres et demi de grain. On doit compter une perte de 7 p. 100 tant en grain resté dans la paille, qu'en grain qui entrera dans le sol.

En hiver, dans une journée de 10 heures, il faut compter sur une diminution d'un tiers dans le rendement.

M. Darblay a calculé qu'un bon batteur débite en un jour 80 gerbes de 8 à 9 kil. rendant 3 hectolitres de grain par cent de gerbes, soit 240 litres En évade blé par jour et 150 kil. de paille. luant à 2 fr. 50 la journée du batteur, on obtient le chiffre de 1 fr. pour frais de battage de chaque hectolitre de blé. N'oublions pas d'ajouter à cette dépense une perte de 7 p. 100 sur le grain.

3° Battage à la mécanique. · Depuis dix ans, ce mode de battage gagne chaque année du terrain sur celui que nous venons de décrire, et ne tardera pas à le remplacer tout-à-fait. Chaque année voit se multiplier le nombre des constructeurs de batteuses. Ces engins reçoivent de continuels perfectionnements, soit dans leurs dispositions essentielles, soit dans les moteurs qui les font fonctionner. Les batteuses varient de prix depuis 200 fr. jusqu'à 4 000 francs. Les unes sont mobiles, c'està-dire se transportent de ferme en ferme sur un chariot; les autres sont fixes, et attachées à une seule exploitation. Les unes se meuvent avec la machine à vapeur, les autres avec des manéges de un à quatre chevaux, suivant leur puissance. Leur débit est nécessairement en raison de leur volume, et de la puissance du moteur qu'on leur applique, ainsi que nous le verrons plus loin.

Toutes les batteuses, malgré leur diversité de systèmes, reposent sur un mode uniforme d'opération qui consiste à introduire les épis et les tiges entre un volant composé de six à douze ailes garnies de lames de fer larges de 1 centimètre, tournant à grande vitesse, et un tambour immobile garni de lames pareilles. L'arbre tournant s'appelle batteur, et le tambour fixe s'appelle contrebatteur. L'espace compris entre l'un et l'autre est à peine de 1 centimètre. En passant entre ces deux pièces, les épis sont froissés avec une énergie et une célérité proportionnées à la rapidité du mouvement imprimé au batteur par la force motrice. L'épi qui vient d'être froissé entre le batteur et le contre-batteur est saisi par un ventilateur

qui sépare la balle de la paille : celle-ci est rejetée en avant et évacuée par un tablier incliné en dehors, tandis que le grain avec sa balle tombe ou à terre sous la machine, ou dans un tarare, si la machine est munie de ce second instrument. En effet, il y a des batteuses qui font le vannage; celles-là sont montées sur un bâti assez élevé pour placer le tarare au-dessous de la batteuse. Une poulie de renvoi communique au tarare le mouvement imprimé à la batteuse par le manége ou la locomobile.

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Les batteuses mécaniques traitent le blé de deux manières : les unes battent en travers, c'est-❘ à-dire que le blé y est introduit dans toute sa longueur; les autres le battent en bout, c'est-à-dire qu'on introduit les tiges par l'épi. - Les premières laissent la paille presque intacte, les secondes l'écrasent plus ou moins. Néanmoins, nous avons vu au dernier concours de Châlons une machine dont le contre-batteur est mobile; il subit un mouvement en sens inverse à celui du batteur et quatre fois moins rapide. Au moyen de cette combinaison l'inventeur prétendait que sa batteuse laissait la paille aussi intacte que les machines battant en travers. Quelques gerbes battues par cette machine devant nous semblèrent justifier cette prétention. On nous demande quel est le meilleur des deux systèmes. Nous répondons sans hésiter que pour le cultivateur qui donne la paille en litière aux bestiaux, nous préférons la batteuse en bout. La paille un peu hachée épongera beaucoup mieux les déjections du bétail que la paille intacte. Si la paille est destinée à être employée comme fourrage, nous la préférons encore un peu hachée, pourvu que sa mise en consommation ne

tarde pas trop ; car la paille hachée mise en meules, exposée un certain laps de temps au grand air, subirait nécessairement quelque détérioration. La batteuse en travers convient principalement aux cultivateurs qui vendent leurs pailles, c'està-dire à ceux qui sont voisins des grandes villes, et qui peuvent remplacer la paille par des engrais commerciaux. Il s'ensuit que les batteuses en bout devraient être plus généralement adoptées que les batteuses en travers.

Maintenant, est-il réellement nécessaire d'offrir à nos lecteurs une description des principaux modèles de batteuses mécaniques des deux systèmes? Franchement, nous ne le pensons pas. Il n'est pas de concours régional ni de concours de comices, où ces engins ne figurent et ne soient mis à l'épreuve chaque année. Constatons seulement quelles sont les batteuses qui ont le plus de vogue aujourd'hui, en attendant celles qui peuvent les supplanter demain dans la faveur publique.

1° Parmi les petites batteuses nous ne pouvons mentionner les batteuses à bras, ou à manivelle, qui n'ont pas eu et ne pouvaient avoir de succès dans le monde agricole. En effet, à quoi bon remplacer le batteur au fléau par un batteur à la manivelle? L'utilité du battage mécanique tient à deux points: faire plus vite et mieux qu'avec les bras. D'ailleurs le moindre cultivateur a toujours des animaux de travail à son service.

2o Les petites batteuses à manége. Nous en connaissons depuis le prix de 400 francs, manége compris, jusqu'à 1 200 francs. L'auteur de ces lignes a usé pour son compte dans plusieurs exploitations des batteuses fixes de M. Legendre, qui ne coûtent que 400 francs, manége compris, et

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