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Ce second et dernier travail de culture s'exécute avec la charrue à double versoir (le buttoir). Le sol est alors uni par le premier sarclage, la tige est forte et élevée, les lignes espacées de 0,80 permettent la fonction énergique de l'instrument. C'est ordinairement un cheval qui est attelé au buttoir. Marchant dans les lignes avec plus de légèreté que les boeufs, il accomplit le travail plus vite et avec moins de dégâts; des ouvriers, suivant les lignes buttées, relèvent les plants inclinés, déchaussent ceux qui sont trop couverts, chaússent ceux qui ne le sont pas assez, arrachent les herbes qui peuvent encore se rencontrer, complètent enfin le travail de la charrue.

A la fin du mois d'août, l'épi du maïs est nonseulement fécondé, mais il est même définitivement formé; ses grains sont en lait ou en pâte plus ou moins consistante, il ne demande que le soleil pour mûrir. On procède alors à l'écimage des épis mâles, dont la présence sur la plante n'a plus d'utilité. Cette opération, tout en débarrassant la tige de maïs d'un ombrage incommode, procure en même temps un excellent fourrage vert.

Dans le milieu du mois d'octobre, les feuilles' de la tige et celles qui enveloppent l'épi sont sèches; celui-ci abandonne sa position vertica le et se courbe vers le sol, les grains sort durs et résistants à l'impression de l'ongle; le moment de la cueillette est enfin arrivé.

Coupé à la base de sa tige, le maïs est chargé sur des charrettes et transporté à la ferme où le dépouillement des épis se fait immédiatement. Les tiges de maïs, mises en meules coniques dans les cours de la ferme, sont conservées pour la nourriture d'hiver des bœufs de travail; les épis transportés dans les magasins et étendus en couches très-minces achèvent ainsi leur entière dessiccation.

L'égrenage du maïs était, il y a quelques années encore, fait à la main par des femmes ou des vieillards qui recevaient 25 ou 30 centimes par hectolitre de grains égrenés. Cette opération lente et relativement dispendieuse est aujourd'hui simplifiée par l'usage de l'égrenoir à mais, petite machine solidement établie et du prixmodique de 60 fr. Avec un pareil outil, un homme et un enfant peuvent facilement égrener 25 ou 30 hectolitres de maïs dans un travail de huit heures. La description des égrenoirs à maïs a été trop souvent faite dans ces derniers temps pour que nous y revenions ici.

Fig. 197.-Égrenoir de carolis.

La production du maïs peut facilement varier du simple au quadruple, suivant le degré d'oppor

tunité et de perfection apporté aux travaux d'ensemencement et d'entretien; on peut cependant l'apprécier à 24 hectolitres à l'hectare. Les tiges, réunies à l'écimage des épis mâles, présentent un volume de 4 000 à 5 000 kilos.

Ainsi que nous les avons décrits et qu'il convient d'ailleurs de les exécuter, les travaux de culture du maïs sont longs et coûteux; ils sont généralement donnés à l'entreprise à des ouvriers qui reçoivent le septième de la récolte en grains dans les bonnes terres et le sixième dans celles de qualité inférieure; cependant il n'est pas rare de les voir faire à la journée; ils donnent lieu alors à des dépenses que nous évaluons à la somme de 34 fr. par hectare, ainsi que nous l'établissons par le tableau détaillé ci-dessous.

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fer sarclage, buttage, 8 journées à 1 fr. 50, ci...... 2 journées à 1 fr. 50, ci...... Écimage des tiges, 2 journées à 1 fr. 50, ci....... Coupe du mais et chargement, 4 journées à 1 fr. 50, ci. Dépouillement et transport du maïs aux magasins, 10 journées de femme à 1 fr. l'une, ci.......

12 fr. 3

3

6

10 TOTAL.......... 31 fr.

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1

2

88 fr.

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composés, il nous a paru injuste d'attribuer entièrement à sa culture une dépense dont elle ne tire pas tous les profits. Nous croyons rester audessous de la vérité en établissant une compensation avec les tiges de maïs dont nous n'avons pas, à dessein, estimé la valeur.

Pour être absolument complet, nous ne devons pas oublier un des produits du maïs, le papeton, ce cylindre ligneux qui porte les graines de maïs, et qui après l'égrenage est un excellent combustible. Ce modeste produit, dont nous n'avons pas parlé dans notre compte de culture, était considéré, alors que l'égrenage du maïs à la main coûtait 25 ou 30 centimes l'hectolitre, comme devant payer cette opération; depuis l'introduction des égrenoirs, le papeton est à peu près un produit net.

Ce rendement doit être réduit à 5 ou 6 hectolitres dans les conditions ordinaires de la grande culture.

Les petits cultivateurs intercalent aussi quelquefois des semences de citrouilles dans leur champ de maïs; ils obtiennent ainsi quelques produits de qualité très-inférieure qui sont cependant consommés par les porcs et les vaches laitières.

Placé sur une tige élevée, enveloppé de plusieurs couches de feuilles, l'épi de maïs défie ainsi le ravage des insectes et des rongeurs; son grain, trop gros et fortement implanté dans le papeton, est respecté par les oiseaux. A part les légères atteintes d'un ver qui prend naissance dans l'intérieur de l'épi, pendant les grandes sécheresses, on peut dire que le maïs n'a point Lorsque les terres à maïs sont arrivées à un état d'ennemis sérieux parmi les animaux. Il n'en de fertilité très-avancé, par des fumures consi- est pas de même d'un parasite végétal, le chardérables, par des labours multipliés et profonds; bon (fig. 198), qui s'implante tantôt à la tige, lorsque d'ailleurs leur tantôt à l'aisselle des feuilles, et le plus souvent composition naturelle à l'épi. Cette incommode végétation, de la grosseur est riche et friable, il d'un pois lorsque l'œil la découvre, se développe est possible et avanta- avec une incroyable rapidité et en peu de jours geux d'associer la cul-envabit entièrement les feuilles qui recouvrent ture des haricots à celle l'épi; celui-ci, dénudé et n'arrivant pas à matudu maïs. Le grand es- rité, est toujours mis au rebut. Les chaulages des pacement qu'on donne grains de semence et l'emploi de tout autre moyen aux tiges laisse assez de dont l'efficacité est incontestable dans les affecterrain découvert pour tions analogues du froment, sont de nul effet permettre à cette lé- pour le maïs; l'extirpation est encore le seul gumineuse d'y accom- remède connu. L. PONS-TANDE. plir son entier développement. Intercalés dans les lignes de maïs, les haricots donnent souvent des produits supérieurs à ceux de leur culture isolée; cela s'explique par la fraîcheur qu'entretient toujours dans le sol l'ombrage des feuilles, et par la faculté qu'ils ont de pouvoir grimper le long des tiges.

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On sème les haricots à la main, par petites touffes de 4 à 5 grains, espacées de 1,50 à 2m, dans la ligne même du maïs, mais un peu audessus, de manière à ce qu'après la naissance, la ligne de maïs se trouvant à la partie inférieure du sillon, celle des touffes de haricots se trouve placée 3 ou 4 centimètres plus haut. Les buttages que reçoit le maïs exigent cette précaution qui fait que les deux plantes sont à peu près sur le même plan après les travaux de culture.

Fig. 198. Épi femelle de maïs, complétement déformé par le charbon.

SARRASIN (FAGOPYRUM)

Il n'existe qu'une espèce de sarrasin : c'est le polygonum fagopyrum de Linnée, que nous cultivons sous le nom de blé noir dans le centre de la France, de millet carré sur certains points du Midi, de bucaille dans la Picardie, de boquette ou bouquette dans quelques localités du nord de la France et de la Belgique. Cette espèce a produit une variété appelée sarrasin de Tartarie (fagopyrum tataricum), qui ne se distingue réellement bien du type qu'à l'inspection de la graine. La capsule de la graine est lisse dans le sarrasin ordinaire, tandis que dans le sarrasin de Tartarie les angles sont dentés ou échancrés. Ce der

nier est plus robuste, mais Fig. 199.-Sarrasin commun. d'un moindre rapport que

La production des haricots intercalés au maïs, arrive à 12 ou 15 hectolitres à l'hectare, dans les terres de premier choix, où des cultures inten-être de qualité inférieure. gives de longue date ont accumulé une richesse qui ne se trouve que dans les terres potagères.

le sarrasin ordinaire. Ses produits passent pour

Climat. Le sarrasin redoute le froid, la

grande chaleur, les vents desséchants, et les variations brusques de température. On ne peut donc répondre du succès de sa culture ni dans le Nord ni dans le Midi. Ce succès n'est assuré que dans la Bretagne, où le climat doux, uniforme, convenablement humide, est très-favorable au sarrasin. Quoi qu'il en soit, on cultive cette plante dans tous nos pays pauvres, sans distinction de climat. Si l'on réussit, tant mieux; si l'on échoue, tant pis; en un mot, on court les chances.

Terres propres à la culture du sarrasin. - Tous les terrains pauvres et légers conviennent à cette plante. Elle donne des produits abondants dans les maigres défriches de nos départements de l'Ouest, dans les sols granitiques du Morvan, dans les argiles sablonneuses du Midi, dans le calcaire du centre de la France, dans les plus pauvres terrains de la Picardie, dans les sables des Flandres et des Campines belges, dans le schiste du Luxembourg. Les terres compactes et humides lui sont désavantageuses. Les terres riches pousseraient trop au développement des tiges et des feuilles, diminueraient la production des graines et retarderaient la maturité outre

mesure.

Place du sarrasin dans les assolements. - Le sarrasin n'est pas difficile sous ce rapport; on peut le placer avant ou après toute espèce de récolte. Quand le climat le permet, on le sème en récolte dérobée, après les vesces, le seigle, le colza ou la navette. On le sème tantôt en première, tantôt en seconde récolte sur défrichement; on le sème aussi très-souvent dans l'unique but d'y mêler de la graine de fourrages artificiels, trèfle, sainfoin ou luzerne, qui réussissent plus sûrement avec le sarrasin qu'avec l'orge et l'avoine.

Engrais qui conviennent au sarrasin. Le sarrasin ne reçoit presque jamais de fumure directe; on l'oblige à se contenter de ce que la récolte précédente a laissé dans le sol. Cependant les Campinois le fument et s'en trouvent bien. Ils se servent, à cet effet, ou de purin, ou d'un compost préparé avec de l'argile sablonneuse et de la chaux. Ne perdons pas de vue qu'ils ont affaire à des terrains siliceux. S'il s'agissait de terrains calcaires, le compost à la chaux ne serait pas à recommander, et, dans cette circonstance, nous préférerions le vieux laitier de hauts-fourneaux, arrosé, à diverses reprises, avec de l'eau de fumier. Les cendres de bois ou de tourbe donnent d'excellents résultats dans la culture du sarrasin. On a cru remarquer que le sarrasin peut consommer autant de fumier que l'avoine, c'est-à-dire 600 kilog. par 100 kilog. de produits.

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graines de sarrasin sont loin de se valoir toutes, parce que la maturation se fait très-irrégulièrement. Un cultivateur qui comprendrait bien ses intérêts, devrait, au moment de la récolte, s'approvisionner de graines mûres; le temps qu'il dépenserait à faire ce triage, ne serait certes pas du temps perdu. Malheureusement, on ne prend point cette peine, et la semence que l'on emploie d'ordinaire se compose d'une moitié de graines qui ont mûri sur pied ou à peu près, et d'une moitié de graines, ou imparfaitement développées, ou mûries en bottes, et par conséquent plus ou moins défectueuses. Cette semence n'est soumise à aucune préparation. Nous croyons cependant que les cultivateurs se trouveraient bien de l'arroser avec de l'eau de fumier et de la rouler dans les cendres pour la ressuyer avant de s'en servir.

Semailles du sarrasin. Par cela même que les brusques variations de température et les plus faibles gelées du printemps sont très-nuisibles au sarrasin, on ne le sème ordinairement qu'à partir du 15 mai, souvent en juin et parfois en juillet et août dans les climats chauds. On l'enterre légèrement avec une herse, et lorsque le temps est à la sécheresse, on doit le rouler; la quantité de semence employée par hectare est très-variable; on ne dépasse jamais 100 litres, et l'on descend dans certaines contrées à 25 litres. La bonne moyenne est de 45 à 50 litres. Dans le Midi et les terrains très-secs, on doit semer dru afin d'ombrager le sol et de prévenir une trop forte évaporation d'humidité; mais lorsque l'on a affaire à des sols un peu frais et à des climats se rapprochant du nord, il faut semer clair. Les tiges prennent ainsi de la force; les rameaux se développent bien et le produit a plus de valeur qu'avec un semis serré, Le semis clair est de rigueur enfin toutes les fois que l'on adjoint au sarrasin une récolte fourragère. Nous n'avons parlé jusqu'ici, bien entendu, que de la culture du sarrasin en vue de la graine. S'il s'agissait de semer un sarrasin pour fourrage ou pour l'enfouir en vert, il est évident que l'on devrait toujours et partout répandre de 80 à 100 litres de graines par hectare.

Le sarrasin n'exige pas de soins d'entretien pendant le cours de sa végétation, car il s'oppose parfaitement à celle des mauvaises herbes. Nous ne lui connaissons pas de maladies sérieuses. Il ne redoute que les années pluvieuses qui le font filer, et les coups de vent qui, dans cet état, le couchent facilement.

Récolte. On récolte d'habitude le sarrasin en septembre, souvent même en octobre, lorsque la moitié des graines environ sont mûres; et l'on en forme des bottes que l'on place debout sur les champs pour que la maturation s'achève et que les tiges se dessèchent. Dans les bonnes années, on estime le rendement à 30 hectolitres par hec tare; mais une récolte de 20 à 25 hectolitres doit être considérée comme très-satisfaisante. La France produit à peu près autant de sarrasin que Les de maïs; mais on le consomme principalement

Labours préparatoires. Il est rare que l'on se mette en frais de labourage avec le sarrasin. Dans la plupart des cas, un seul labour suffit; cependant, si le terrain accusait quelque consistance, il y aurait profit à en donner deux.

Choix et préparation des semences.

dans les pays de production, tels que la Bretagne, la Sologne et le Morvan. L'hectolitre de sarrasin ordinaire pèse environ 60 kil. Le sarrasin de Tartarie a moins de poids. P. J.

RIZ (ORYZA SATIVA).

Le riz commun est la seule espèce que nous cultivions en France. Cette espèce a produit plusieurs variétés, parmi lesquelles nous signalons le riz sans barbes qui diffère du type par l'absence de l'arête qui surmonte les grains de ce dernier, et le riz impérial, que les Chinois affectionnent en raison de sa précocité et de l'abondance de ses produits. Nous ne dirons rien du riz sec ou de montagne, variété ou espèce, nous ne savons au juste, très-recommandée à diverses reprises, comme n'exigeant point d'irrigation; mais on avait oublié de remarquer que dans les montagnes de la Cochinchine et de Madagascar, où ce riz prospère, il tombe beaucoup d'eau de pluie à l'époque de sa végétation. Les conditions climatériques n'étant pas les mêmes chez nous, les essais de culture, faits avec le riz sec, devaient échouer nécessairement. C'est ce qui est arrivé.

Fig. 200.

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commun.

Riz

Climat. - Les climats chauds sont les seuls qui conviennent au riz; aussi ne le rencontre-t-on, en Europe, que dans certaines contrées de l'Espagne, de l'Italie et du midi de la France. Il exige une exposition chaude et des plaines parfaitement découvertes; il redoute le voisinage des haies et des arbres, à cause de l'ombre qu'ils projettent et aussi à cause des petits oiseaux qu'ils attirent, au grand préjudice des rizières.

Terres propres à la culture du riz. Cette graminée n'est pas très-difficile quant aux terrains. Ceux qui sont substantiels et frais, passent, ainsi que les terrains salés, pour valoir mieux que tous les autres; mais il n'est pas rare de voir transformer en rizières des sols trèsmédiocres et non salés. L'important dans cette affaire, c'est que le riz trouve dans les eaux d'irrigation les éléments de vie qui ne seraient pas dans la terre médiocre. Il importe aussi que la terre choisie pour établir une rizière offre une pente bien douce, afin de faciliter au besoin l'écoule ment des eaux.

Place du riz dans les assolements.

Cette plante réussit parfaitement après un maïs,

un froment, un seigle et même un trèfle; mais il est d'usage de la ramener deux, trois et quatre fois de suite à la même place. Le rapport s'amoindrit dans ce cas, mais les frais ne sont pas aussi élevés qu'avec la méthode alterne qui amène des démolitions et reconstructions de digues très-fréquentes.

-

Engrais qui conviennent au riz. Le riz est une plante aquatique; il prend sa nourriture dans la terre et dans l'eau. Le fumier de cheval dans les terrains frais et le fumier de vache dans les terrains secs sont favorables à sa culture. Quant à l'eau destinée à inonder la terre fumée, la meilleure est celle qui apporte avec elle le plus de matières fertilisantes. L'eau de rivière et d'étang est préférée à celle des puits et des sources, parce qu'elle est plus riche, plus aérée et d'une température plus douce. Cependant, il suffit, pour tirer parti des eaux de source, de les amener dans un vaste réservoir où l'on a déposé des engrais, et de les y laisser séjourner quelques jours avant de s'en servir.

Labours et dispositions préparatoires. Les champs destinés au riz doivent recevoir un ou deux labours au printemps, labours plutôt légers que profonds, surtout lorsque l'on a affaire à un sol de médiocre valeur. Cela fait, on divise la rizière en un certain nombre de compartiments, au moyen de digues ou ohaussées de 66 centimètres environ de hauteur sur 16 de largeur à la partie élevée de la rizière, et de 60 centimètres de hauteur au bas de la rizière. Moins la pente du terrain est sensible, moins il faut de chaussées; plus, au contraire, elle est accusée, plus les chaussées doivent être multipliées. Il va sans dire que des ouvertures sont pratiquées dans les digues transversales, afin d'inonder et de dessécher à volonté. Les compartiments des rizières ont ordinairement de 5 à 7 mètres de côté; il y aurait de l'inconvénient à leur donner plus de surface, même quand le terrain le permettrait, car les coups de vent auraient trop de prise et les vagues soulevées déracineraient les plantes. Voici au reste un modèle de rizière qui rendra nos explications plus intelligibles. Les prises d'eau sont établies (fig. 201) aux points C et E; les ouvertures de décharge sont en F. Il va sans dire que c'est un plan d'amateur. Les rizières sont, en général, loin de présenter cette régularité.

Choix et préparation des semences. Les graines qui proviennent d'une culture alterne sont préférables à celles qui sont fatiguées par un retour trop fréquent du riz à la même place. Dans les années défavorables, nous avons intérêt à tirer notre semence de contrées plus chaudes que les nôtres. La graine qui nous vient d'une rizière neuve est meilleure pour la production que la graine d'une vieille rizière. La seule préparation, nécessaire au riz des emence, consiste à le plonger dans l'eau, avec sa balle bien entendu, et à l'y laisser plusieurs jours, afin de le ramollir, de le gonfler, de lui donner du poids et de favoriser sa germination.

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ancienne, afin de donner le temps au soleil de réchauffer le terrain qui a été fréquemment inondé. La quantité de graines employées est d'environ 200 litres par hectare. Tantôt, on répand cette graine à la volée sans l'enterrer, ou bien on l'enterre soit avec une herse, soit avec une lourde planche traînée par un cheval, planche qui recouvre et nivelle en même temps; puis on amène de 5 à 8 centimètres d'eau sur le semis. Tantôt, on commence par inonder, et le semeur répand la graine en marchant dans l'eau derrière le cheval qui traîne la planche à niveler. Deux ou trois jours après le semis, on enlève presque toute l'eau de la rizière, afin de réchauffer l'emblave et de hâter la germination; puis, aussitôt que la plante lève, on rend de l'eau pour empêcher la température du sol de trop s'élever.

tation.

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Soins à donner au riz pendant sa végéAu fur et à mesure que le riz se développe, on élève le niveau de l'eau, de façon à ne le laisser dépasser que par l'extrémité des feuilles, et l'on ne s'arrête qu'à une hauteur de 12 ou 15 centimètres. Cependant, dans le cas où la température serait froide, ainsi que l'eau employée, il serait prudent de tenir le niveau assez bas, de ne pas donner trop d'épaisseur à la nappe d'eau, afin de pouvoir la réchauffer plus aisément au soleil. Quelquefois aussi, il devient nécessaire d'abaisser le niveau pour prévenir les désastres qu'occasionneraient les vents violents, en soulevant les vagues; mais, aussitôt le calme rétabli, on élève le niveau de l'inondation. Enfin, dans certains cas,

lorsque des insectes aquatiques, comme l'apus cancriformis et le nepa cinerea, attaquent sérieusement les jeunes plantes de riz, l'on se voit obligé de mettre la rizière à sec pour s'en défaire. Le riz souffre beaucoup de l'opération, mais entre deux maux, on doit choisir le moindre.

Les rizières n'échappent point à l'invasion des mauvaises herbes, et la plus détestable, dans le nombre, est une sorte de panic, vulgairement appelé pied-de-coq et désigné par les botanistes sous le nom de panicum crus galli. Cette plante multiplie beaucoup, ressemble au riz par ses feuilles et nuit gravement à la récolte. Il s'agit donc de procéder au sarclage quelques jours avant que les tuyaux du riz paraissent. Ce travail se fait dans l'eau et devient coûteux à cause des inconvénients et des difficultés qu'il présente.

- « A l'époque de la végétation où les tiges du riz vont s'élancer, écrit M. de Gasparin, on le voit quelquefois languir et jaunir; alors on lui retire l'eau et on lui rend sa vigueur par l'action immédiate du soleil. D'autres fois, il surabonde en feuilles qui prennent une grande élévation et une couleur vert foncé. Les agriculteurs ne sont pas d'accord sur le traitement qu'il faut appliquer à cet excès de végétation herbacée dont l'effet est de compromettre la formation de la graine; les uns donnent un cours plus rapide à l'eau, pour qu'elle n'ait pas le temps de se réchauffer; d'autres, au contraire, arrêtent sa circulation, pour qu'elle se réchauffe fortement et affaiblisse les plantes. II est probable que les situations diverses recommandent l'un ou l'autre de ces moyens.

« Ce moment passé, et si l'on jouit d'un courant d'eau non interrompu, continue M. de Gasparin, il faut tenir l'inondation à toute sa hauteur par une introduction régulière et soutenue. Dans certains lieux on ne jouit de l'eau que par tours de six, huit, dix jours; il faut alors inonder la rizière dans ces intervalles, et ensuite fermer les issues pour arrêter l'eau dans les carrés le plus longtemps possible. L'expérience enseigne que le riz se maintient et croît bien, quoique baigné seulement par des irrigations périodiques et quoique la rizière reste à sec pendant cinq, six et huit jours d'une irrigation à l'autre, surtout si le terrain est argileux et tenace.

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« Avant que le riz ne forme ses panicules, si l'on voit le champ se regarnir de panics pied-decoq, il est encore temps de s'en débarrasser. A cet effet, on fait passer le long des sillons des hommes et des femmes qui, avec des faucilles, coupent au niveau des tiges de riz les tiges dominantes de ce panis, en ayant soin de ne pas fouler les pieds de riz qui se rompent facilement et ne se rétabliraient plus. »

Quand vient la maturité caractérisée par la couleur jaunâtre des panicules, on enlève l'eau pour

faciliter la récolte.

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