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vitriolage, attendu que le sulfate de cuivre est le vitriol bleu. Sur tous les points de la France, on pratique le vitriolage, mais il est peut-être plus commun dans le département de l'Isère que partout ailleurs. Les uns portent la dose de sulfate de cuivre à 500 grammes dissous dans 100 litres d'eau pour le vitriolage de 3 hectolitres et demi de froment. On verse le liquide sur le grain et l'on remue avec des pelles. Les autres, au lieu de procéder par aspersion, procèdent par immersion, autrement dit plongent la semence dans l'eau, l'y agitent et enlèvent les grains de mauvaise qualité qui surnagent. Dans le canton de Crémieux, au rapport de l'Agriculture française, on fait dissoudre le sulfate de cuivre dans de l'eau bouillante, à raison de 3 kil. et demi par 60 litres de semence; puis on asperge le tas avec un balai et l'on remue avec des pelles. Cette portion de vitriol nous semble excessive. Quelques cultivateurs jettent la semence dans un baquet d'eau vitriolée, la lavent bien et la ressuient après cela avec de la poussière de chaux éteinte.

Dans quelques localités, l'arsenic du commerce ou acide arsénieux des chimistes, sert aussi à la préparation de la semence de froment. Et ce n'est pas d'aujourd'hui que cet abominable moyen est mis en œuvre. Il y aura bientôt un siècle que Duhamel écrivait : «Plusieurs fermiers ont employé dans différentes provinces, une solution d'arsenic pour préparer leurs semences. On s'est plaint de toutes parts des accidents qui en résultaient. Un médecin, entre autres, a fait imprimer dans les journaux une dissertation pour prouver qu'il était très-important de défendre l'usage de cette liqueur empoisonnée. Il y rapporte tous les accidents qui sont arrivés aux semeurs et aux ouvriers qui travaillaient à cette préparation des semences et dont il a été témoin. » Eh bien, les meilleures raisons n'ont point prévalu contre le poison. Aujourd'hui encore, il y a des cultivateurs qui font dissoudre dans de l'eau de chaux un kil. de sel de cuisine, UN DEMI-KILOGR. d'arsenic et qui en arrosent 4 ou 5 hectolitres de semence.

Les cultivateurs les plus raisonnables, à notre avis, sont ceux qui préparent leur semence dans un bain composé d'un tiers d'eau de chaux et deux tiers d'urine de vache ou bien encore d'un tiers d'eau de chaux, d'un tiers d'urine affaiblie et d'un tiers d'eau de fumier.

Semailles du froment. L'époque des semailles est subordonnée au climat et à la nature du terrain. Sous ce rapport, l'usage dans chaque localité est le meilleur guide que l'on puisse suivre, car il est en quelque sorte le résultat d'expériences séculaires. Lorsqu'il s'agit de froment d'automne ou d'hiver, on le sème, dans le midi de la France, à partir de la première quinzaine d'octobre jusqu'à la fin de novembre; dans l'est, du 15 au 20 septembre jusqu'à la fin d'octobre; dans le nord, à partir de la Toussaint. Lorsqu'il s'agit de 'froment de mars ou de printemps, on le sème partout le plus tôt possible

après la sortie de l'hiver, soit pour remplacer des froments d'automne compromis, soit pour d'autres raisons.

La quantité de semence employée par hectare est très-variable. Dans les terres fortes et d'un ameublissement difficile, on répand jusqu'à 2 hectolitres 50 litres de graines; dans les terres légères ou bien ameublies, on se contente de 2 hectolitres. Plus le sol est riche, moins il faut de semence, car il y a lieu de compter sur le tallage pour garnir les vides. On dit qu'une plante talle ou troche, quand, au lieu d'une seule tige, elle en donne plusieurs. Avec les semis de froment de mars, il n'y a pas à compter sur le tallage; donc il faut employer plus de semence qu'à l'automne.

Les semis de froment se font soit à la volée et à main d'homme, soit en lignes au moyen de semoirs mécaniques qui économisent environ un tiers de graine. Jusqu'à ce moment, le semis à la volée, qui a le mérite d'être expéditif, mais l'inconvénient de n'être pas à la portée de tout le monde, a prévalu parce que les semoirs n'étaient pas irréprochables, mais les perfectionnements apportés d'année en année à ces instruments, leur assurent l'avenir, quant aux terrains qui n'exigent pas un semis dru ou serré. Nous avons pour la petite culture des semoirs à brouette qui fonctionnent assez bien, et pour la grande culture des semoirs à cheval, sinon parfaits, au moins qui approchent de la perfection. Nous avons vu à l'œuvre plusieurs de ces instruments, et dans le nombre nous avons surtout remarqué celui de M. Jacquet Robillard, constructeur à Arras. Il réunit la précision à la simplicité et à un prix raisonnable. (Fig. 173.)

On s'accorde généralement à dire le plus grand bien du petit semoir de M. Calloch, constructeur breton. Ce semoir fait partie de la collection du Conservatoire des arts et métiers.

Les semoirs enterrent la graine en même temps qu'ils la distribuent; mais quand il s'agit des semis à la volée, on enterre cette graine avec la herse le plus ordinairement, quelquefois aussi avec la charrue, par un labourage très-superficiel, ou avec l'extirpateur, ou bien enfin, comme les

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terres légères, il y a profit à semer sur vieux la- | vendait en bon état. Double profit par consébour, autrement dit à attendre que le sol remué quent: limaces détruites et argent gagné.

Fig. 173.- Semoir Jacquet Robillard.

se soit tassé de lui-même. Quand on n'a pas le temps d'attendre ce tassement naturel, il est prudent de comprimer la terre remuée au moyen d'un rouleau, soit avant de procéder au semis, soit après que le semis a été fait. Un sol trop ameubli dérange la graine en se tassant, se dessèche trop vite à l'air et au soleil, et nuit par conséquent à la germination. Les argiles fortes n'offrent pas ces inconvénients.

La profondeur à laquelle la semence de froment ou toute autre doit être enterrée, varie nécessairement avec les terrains et les climats. Dans les terres légères il convient de recouvrir plus que dans les terres fortes, dans les terres maigres plus que dans les terres riches en humus, dans les climats chauds et secs plus que dans les climats humides. L'essentiel, c'est d'assurer à la semence l'air et la fraîcheur indispensables à la germination, et de la préserver en même temps des rayons trop ardents du soleil.

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Soins à donner au froment pendant sa végétation. Nous prenons la liberté de reproduire ici les conseils que nous avons donnés dans le Dictionnaire d'agriculture pratique : « Aussitôt les semailles achevées, le cultivateur doit s'occuper des rigoles d'écoulement et des fossés de décharge, les nettoyer et les entretenir en bon état pour que les eaux ne puissent jamais séjourner sur les emblaves.

«Lorsque l'automne est pluvieux et doux, les limaces sont à craindre. Au lieu de se lamenter et de rester les bras croisés devant l'ennemi, il y a deux partis à prendre : l'un bien connu, qui consiste à saupoudrer les récoltes avec de la chaux éteinte; l'autre, plus efficace, mais à peu près ignoré, consiste à faire manger les limaces par des dindons. Nous avons vu mettre ce moyen en pratique chez un ancien fermier des environs de Dijon, M. Loison. Tous les ans, il achetait un troupeau de dindons maigres, au moment où les limaces pullulaient dans ses terres argileuses, et au bout de trois semaines ou un mois, il les re

« A la sortie de l'hiver, il est très-utile de passer le rouleau sur les froments semés en terre légère, afin de tasser cette terre soulevée et de rechausser les racines des plantes. Dans les terres fortes, une pareille opération serait nuisible; mais un coup de herse est avantageux. A cette époque, c'est-à-dire au moment où la végétation va repartir, il est très-utile encore d'arroser les emblaves avec des urines étendues d'eau.

A propos d'arrosage, nous ferons observer que dans certaines contrées du midi de la France, où la sécheresse amènerait des temps d'arrêt prolongé, il devient nécessaire d'irriguer les froments à diverses reprises.

Quand l'hiver a fait des vides sur un champ de froment, on doit regarnir ces vides par le repiquage, comme cela se pratique en Belgique, notamment dans l'arrondissement de Tournai, ou bien semer sur les lacunes un froment de mars des plus hâtifs, comme cela se pratique plus généralement. Quand les plantes souffrent sur l'ensemble de l'emblave, on doit les relancer avec du fumier de ferme en couverture ou avec des engrais pulvérulents de bonne qualité que l'on répand par un temps couvert ou humide.

S'il arrivait, au contraire, que le froment eût trop de vigueur au printemps et promit plus de paille que de grain, il conviendrait de rogner l'extrémité des feuilles, ou de rouler pour entraver la marche de la végétation. Dans certaines contrées, on livre ces récoltes fougueuses à un pâturage superficiel. Ainsi, dans la province de Liége (Belgique), aux environs de Waremmes, nous avons vu des porcs pâturer parmi les froments; mais nous nous empressons d'ajouter que cette méthode était condamnée par les cultivateurs intelligents.

En mai ou en juin, selon les pays, il devient nécessaire de protéger les froments contre les mauvaises herbes dont nous aurons l'occasion de vous entretenir plus tard en détail. Ce sont ordinairement les femmes et les enfants qui se livrent à ce travail. Ils se servent, à cet effet, ou de couteaux allongés pour couper les herbes entre deux terres ou de tenailles en bois (moettes) pour les arracher. Les mauvaises herbes en question sont les cirses, les chardons, les patiences, renouées, liserons, vesces, chiendent, renoncules, folle avoine, coquelicots, nielle, ivraie, bluet, moutarde des champs, radis sauvage, mélampyre, chrysanthème des moissons, camomille, tussilage pasd'âne, laiteron des champs, etc., etc. Il va sans dire qu'on ne réussit pas à les détruire toutes, mais c'est beaucoup déjà que de les tourmenter ou de les empêcher de fleurir.

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Nous connaissons des cultivateurs d'élite qui ne se contentent pas de sarcler le froment et qui le binent comme s'il s'agissait d'une culture sarclée ordinaire. Ces cultivateurs sont très-rares.

Fig. 174. Moettes.

Lorsque le grain est formé et sur le point de mûrir, les rosées de la nuit peuvent avoir des inconvénients, surtout si, dans la journée qui suit, le temps est calme et le soleil brûlant. L'effet de la chaleur sur l'épi mouillé amène sou vent le retrait du grain, et nous ne pouvons plus compter que sur une récolte chétive. Que fait-on pour empêcher cet accident? Des vœux. C'est fort bien sans doute, mais nous voudrions que l'on fit encore autre chose. Dans quelques rares exploitations, il est d'usage, en pareil cas, de corder le froment. Des enfants se rendent avant le lever du soleil dans les champs de froment, saisissent un long cordeau par les deux bouts et le promènent au niveau des épis qui se couchent au passage du cordeau et se redressent ensuite. Cette secousse suffit pour abattre le gros de la rosée et prévenir le retrait. Cette opération est très-expéditive et très-peu coûteuse. On la renouvelle pendant huit ou quinze jours, lorsque le ciel n'est pas couvert ou lorsqu'il ne fait pas de vent.

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dement est très-variable. Si nous avons des terres qui ne rapportent que 9 ou 10 hectolitres à l'hectare, nous en avons, en retour, qui rendent au delà de 30 hectolitres. Quand on arrive à 20 hectolitres, il n'y a pas à se plaindre; quand on arrive à 25, il faut se réjouir. Nous reviendrons sur ce sujet en traitant de la moisson des céréales en général. Pour le moment, nous nous bornons à constater un fait, c'est que la production du froment en France va toujours en augmentant. Il résulte des documents officiels que les 4 683 788 hectares cultivés en froment en 1820, ont rendu 54 347 720 hectolitres, tandis que les 6 543 530 hectares cultivés en 1857 ont atteint le chiffre de 110 426 462 hectolitres. Ainsi, la moyenne par hectare en 1820, était de 9 hectolitres 46 litres de froment, tandis qu'elle était de 16 hectolitres 75 litres en 1857. Voilà des chiffres qui affirment le progrès.

Le poids de l'hectolitre de froment varie ordinairement entre 75 et 80 kilogrammes.

Nous ne voulons pas qu'on puisse nous reprocher de sacrifier les cultures du Midi à celles du

Nord, et, pour éviter ce reproche, nous cédons un moment la plume à notre ami et collaborateur M. Pons-Tande qui traitera de la culture des cé

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Aptitude du sol et du climat du Midi à la production des céréales. La principale activité agricole de la grande zone du midi de la France est encore dirigée du côté de la production des céréales: cela s'explique sous un climat où l'action de la chaleur et de l'humidité constitue les éléments nécessaires à leur complet développement.

Maladies du froment. Les maladies à redouter pour le froment, sont la pourriture du collet ou mal de pied dans les terrains trop mouillés; la carie qui attaque l'intérieur du grain et Toutefois, nous ne serions pas dans la vérité si répand une odeur détestable; le nous caractérisions d'une manière trop absolue miellat, sorte de sueur visqueuse qui l'aptitude culturale de cette vaste région, par la sort des feuilles, des tiges et des fruits production spéciale des céréales. Les magnifiques d'un grand nombre de plantes; la vignobles des coteaux bien exposés ou des plaines rouille, l'ergot parfois et le charbon. graveleuses, les prairies naturelles des vallées sousLes plus dangereuses et les plus Pyrénéennes, les cultures de plantes fourragères communes sont la carie et la pour-occupant partout des surfaces de plus en plus riture. Si l'on prenait pour fabriquer étendues, indiquent assez que le sol et le climat du la semence les précautions que nous Midi n'ont rien d'absolument exclusif, qu'ils se avons indiquées, et si, en outre, après prêtent à la généralisation des cultures, tout en fales avoir prises, on lavait parfaite- vorisant particulièrement celle des céréales qui est ment cette graine, on n'aurait pas à encore dominante dans ces contrées. se plaindre souvent de la carie. Si, d'un autre côté, on avait soin d'assainir convenablement les terres consacrées à la culture du froment, la pourriture, qui provient de l'action de l'eau stagnante sur les racines, n'aurait plus de raison pour se reproduire.

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Récolte du froment. La récolte du froment a lieu vers la fin de juin ou au commencement de juillet, dans le midi de la France; vers la fin de juillet et au commencement d'août dans le Centre; quinze jours ou trois semaines plus tard dans le nord et dans les Flandres belges. Le ren

Nature du sol convenable au froment. Le froment, la plus précieuse de toutes les céréales, est aussi celle qui occupe le premier rang dans la culture méridionale.

La terre argilo-sableuse, possédant plus que toutes les autres cet état moyen de consistance et de. friabilité qui favorise si bien la pénétration de la chaleur solaire et l'absorption de l'humidité, est celle que le froment semble préférer; mais comme il donne aussi d'excellents produits sur des sols compactes, on peut dire qu'il s'accommode de toutes les natures de terres et que la richesse de sa production ne dépend que de la complète application des règles de bonne culture.

Place du froment dans les assolements.

La jachère entre encore dans la généralité des assolements du Midi; quelques cultivateurs aidés d'un capital suffisant ou par la fécondité exceptionnelle de leurs terres, ont pu la supprimer; mais ce ne sont là que des faits particuliers. La jachère marque la place réservée au froment. Il ne peut point la trouver en succédant aux cultures sarclées des plantes oléagineuses ou industrielles qui n'occupent que des surfaces insignifiantes encore, dans le Midi, où le maïs, à peu près seul maître de la terre sarclée et n'arrivant à maturité que dans les premiers jours d'octobre, ne peut offrir aux semences de froment qu'une terre tassée et souvent envahie par des végétaux parasites.

La rupture des prairies temporaires de trèfle ou sainfoin qui, faite après le prélèvement de la première coupe et suivie de plusieurs labours d'été, crée partout ailleurs le milieu le plus convenable au froment, présente, dans le Midi, l'inconvénient de déterminer une végétation hivernale trop luxuriante: la plante y acquiert, sous l'influence des pluies du printemps, un développement considérable qui, après avoir fait naître les plus brillantes espérances, n'aboutit le plus souvent qu'à l'émission de tiges pléthoriques, manquant de nerf dans leurs parties ligneuses, ne pouvant pas soutenir le poids des épis et s'affaissant à la première pluie.

Succédant à la jachère, dans l'assolement triennal du Midi, le froment occupe ainsi la meilleure place. La terre, en effet, labourée plusieurs fois pendant cette année de repos, se trouve nettoyée et ameublie; quelle que soit sa nature, le succès de la récolte y est assuré si la puissante intervention des engrais vient compléter l'œuvre de la culture.

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tion, il devient rustique et parfaitement approprié au pays. Son rendement est bon et sa qualité est toujours supérieure.

Le blé d'abondance a l'épi également jaune, moins doré que le précédent, plus barbu et plus long à cause du plus grand écartement de ses épillets. Son grain est long et d'un rouge moins vif que celui du Roussillon auquel il est inférieur en poids. Sa culture est très-répandue dans les localités voisines des Pyrénées où sa grande rusticité le fait admettre de préférence à tout autre.

La bladette n'a point de barbes à son épi, dont la couleur est blanchâtre et la forme plus ramassée. Son grain rond et pâle est très-riche en amidon; il est recherché par le commerce de la meunerie à cause de la blancheur de sa farine; aussi, malgré l'infériorité relative de son poids qui ne dépasse pas 75 kilog., est-il généralement plus payé que les autres variétés. La paille de la bladette est fragile et disposée à prendre la rouille dans les lieux bas et humides.

Le blé mitadin est aussi nommé gros blé à cause de la grosseur de ses épis et de ses grains. Moins fin que toutes les variétés précédentes, le blé mitadin n'a qu'un mérite que lui donnent la grosseur et l'énergie de sa paille : c'est de résister à la verse. Cependant le grand développement de son feuillage le dispose à se charger de l'humidité froide des rosées qui rendent sa maturation longue et pénible.

Choix et préparation des semences. · La belle conformation du grain, son entière maturité et sa très-grande netteté, sont les qualités exigées dans les froments de semence. Cependant la grande répugnance du cultivateur à semer de vieux grain l'expose à la violation des principes posés. Au moment même où nous écrivons ces lignes (20 avril 1861) nous voyons des champs privés de la moitié de leurs tiges, parce que les semailles y ont été faites avec des froments de l'année, dont la maturité a été incomplète, même sous le climat du Midi.

La préparation des froments de semence était, il y a quelques années encore, une opération toujours imparfaite; leur épuration laissait toujours à désirer malgré les nombreux criblages; les cultivateurs soigneux en étaient réduits à faire trier le blé, grain par grain, sur une table; aussi l'invention des trieurs mécaniques a-t-elle été acceptée avec empressement. Nous voyons aujourd'hui, aux approches des semailles, de petits industriels ruraux circuler de ferme en ferme avec un appareil d'épuration, appropriant ainsi, pour une modique rétribution, les semences de contrées entières.

Le chaulage et le vitriolage, dans le but de prévenir la carie et le charbon, sont des précautions généralement prises.

Les froments de mars sont inconnus dans le Midi à cause des chaleurs printanières qui viendraient surprendre leur trop tendre végétation; les semences d'automne sont les seules admises.

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leur qualité et les variations des saisons apportent des modifications dans le choix du moment le plus favorable aux semailles, comme aussi dans la quantité de grains à répandre sur une surface donnée. Cependant, l'époque comprise entre le 15 octobre et le 15 novembre est généralement considérée comme la meilleure pour les semailles de froment. Les terres se trouvent alors dans les conditions d'humidité et de température les plus convenables à une prompte germination ; les semis plus précoces, exposés à prendre un développement automnal qui est toujours détruit par les rigueurs de l'hiver, prélèvent ainsi une inutile contribution sur la richesse du sol. Avec les semis tardifs, la germination des froments coïncide avec l'arrivée des gelées les plus intenses qui peuvent les détruire, s'ils ne sont protégés par une couche de neige.

L'usage des semoirs est une très-rare exception, dans le Midi; le grain est répandu à la volée, à raison de 2 hectolitres à l'hectare. L'araire du pays, dont le versoir ordinaire a été remplacé par un plus petit modèle, est l'instrument adopté pour couvrir les semences et former les billons, dans les terres exposées à l'humidité.

Le plombage du sol, après les semailles, est absolument négligé dans le Midi; le cultivateur semble même ne point se douter de toute l'importance d'une opération qui a pour but de faire adhérer de tous côtés le grain à la terre, d'empêcher les radicules de pousser dans le vide et de concentrer la fraîcheur dans la couche arable c'est là une déplorable lacune dans les pratiques agricoles; les effets en sont désastreux avec les sécheresses automnales.

Soins donnés aux froments sur pied. Les soins que reçoivent les froments pendant leur végétation, sont bornés à quelques sarclages faits dans le mois d'avril par des femmes qui se tenant dans les rigoles des billons, arrachent les mauvaises herbes à droite ou à gauche, soit avec les mains, soit à l'aide d'un sarcloir. Les roulages et les hersages sont peu pratiqués : ces deux opérations perdent, en effet, de leur importance, dans une contrée où la fréquence des pluies printanières opérant le tassement des terres soulevées par les gelées, les effets du déchaussement ne sont point à redouter. Les travaux préparatoires aux semailles du maïs réclamant d'ailleurs, au mois de mars, toute l'activité des attelages, il en résulte un peu de négligence pour les travaux dont l'utilité n'est pas incontestablement reconnue.

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quelles la plante perd sa couleur foncée et prend une teinte pâle qui est l'indice de la souffrance. La rouille qui, sous forme de taches rouges plus ou moins multipliées sur la tige du froment, entrave profondément sa végétation et altère la qualité de la paille, au point d'en faire un véritable poison pour les animaux, est aussi une maladie du froment qu'il faut attribuer à la défectuosité du climat, puisque nous ne la voyons se produire qu'après un abaissement subit de température ou avec les brouillards froids et humides.

Si le cultivateur est impuissant en présence de ces deux maladies du froment que le climat lui impose, il n'en est pas de même pour la carie et le charbon qui sont aujourd'hui, selon nous, combattus avec succès par le vitriolage ou le chaulage des grains de semence.

Mais la plus grave affection des blés du Midi, est celle qu'ils reçoivent de l'effet des rosées froides du mois de juin, alors que l'épi recouvert, le matin, d'une humidité presque glacée, se trouve brusquement exposé au soleil brûlant de la saison. Cette rapide transition, mortelle pour les tendres grains, constitue la maladie la plus terrible. Dans quelques localités voisines des Pyrénées où les désastres de cette nature se produisent avec plus de fréquence et d'intensité, on parvient à l'en garantir au moyen d'un procédé simple et ingénieux qui consiste à secouer les récoltes, de très-grand matin, avec une corde de 40 mètres de long, tendue aux deux extrémités par deux hommes qui, marchant de front dans le champ de blé, et tenant la corde à un niveau inférieur à celui des épis, forcent ainsi toutes les tiges à s'abaisser et à se dégager de la rosée par le brusque mouvement qu'elles font pour reprendre leur position verticale.

Le cordage des blés, malgré les grandes pertes qu'il prévient, est une opération rebutante à cause des dangers auxquels elle expose la santé des ouvriers couverts de la froide et insalubre humidité du matin; cependant, l'invention des tissus imperméables permet, aujourd'hui, de concilier la question d'humanité avec celle des intérêts.

Maturité du froment. — Signes auxquels on la reconnaît. Aux approches de sa maturité, la tige du froment perd sa couleur vert foncé pour prendre une teinte dorée qui est le signe de la mort végétale; c'est dans les derniers jours de juin qu'arrive cette transformation. Quoique le grain ne soit, alors, qu'à l'état de pâte compacte, il devient urgent de le soustraire aux accidents de la température; sa dernière maturation doit s'accomplir en dehors de l'action végétale.

Production du froment. On s'accorde généralement à fixer la production du froment, dans le Midi, à 15 hectolitres à l'hectare. Ce chiffre, tout réduit qu'il est, peut encore paraître exagéré pour une grande partie de pauvres terres où la semence se quadruple à peine; mais comme il s'élève souvent à 20, 25 et 30 hectolitres dans les sols riches et avancés en culture, on est à peu près d'accord de l'accepter comme le taux moyen de la production du froment dans la zone du sudL. PONS-TANDE.

ouest.

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