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jours prudent de se tenir à la maison quand ils bon feu, de dire : On brûle par devant, mais on attirent l'électricité sur eux. Dans les Ardennes, gèle par derrière. Cela prouve tout simplement et autre part, on assure que les hêtres n'attirent qu'un courant d'air s'établit entre le foyer et l'appoint la foudre; c'est une observation à vérifier.partement. Eh bien, ce qui, dans ces conditions, Si, en temps d'orage, on se tient près de la cheminée, on court plus de danger qu'en s'en éloignant, surtout si la cheminée est élevée, si l'on y brûle du bois vert, et si la suie est humide ainsi que l'air. Sur l'eau, on est plus exposé à la foudre que sur la terre. Enfin, quand on a parcouru le livre de M. Gavarret sur la télégraphie électrique, on reste épouvanté à la pensée des périls que présentent les chemins de fer, au moment des orages, et cependant, jusqu'à ce jour, les voyageurs n'ont pas eu à en souffrir.

se passe en petit, se passe en grand à la surface de la terre. L'air, échauffé sur n'importe quel point du globe, s'élève en raison de sa dilatation et de sa légèreté, et l'air froid reprend sa place, s'échauffe à son tour et monte comme le précédent. C'est ainsi que s'établissent les courants d'air, auxquels on a donné le nom de Vents, comme s'établissent les courants d'eau dans un vase placé sur le feu. Les parties chauffées montent à la surface, tandis que les parties moins chaudes ou tout à fait froides descendent pour remonter à leur tour.

Les mauvais conducteurs de l'électricité sont le Les courants d'air se forment dans tous les sens soufre, le goudron, les résines, le verre, la rouille et vont dans toutes les directions. Près de la surdes métaux, la soie, la porcelaine, le charbon, face du sol, les girouettes nous indiquent les dipourvu qu'il n'ait pas été porté à une haute tem-rections; à de grandes hauteurs dans l'espace, les pérature, car la braise de boulanger est employée nuages nous tiennent lieu de girouettes. pour garnir le pied de la chaîne des paratonnerres. Le charbon des cornues à gaz est également un bon conducteur.

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On a cherché à se préserver de la grêle au moyen de perches fixées au milieu des champs, et terminées soit par de la paille, soit par des pointes en fer. Le succès n'a pas répondu à l'attente.

L'électricité peut décomposer l'eau, les sels, les alcalis, et cette décomposition opérée dans le grand laboratoire de la nature, est certainement utile à la végétation. Nous lui devons des résultats encore inexpliqués; nous lui devons vraisemblablement la formation de l'acide nitrique et de l'ammoniaque dans l'air et dans la terre; et beaucoup de savants se sont demandé si, en électrisant directement le sol ou les récoltes par les moyens artificiels à notre disposition, il ne serait pas possible d'obtenir des résultats inespérés. Nous n'y comptons guère.

Vents.

Supposons deux chambres séparées l'une de l'autre par une porte bien close. L'une de ces chambres est chauffée; l'autre ne l'est pas. Si nous ouvrons la porte et si nous plaçons sur le seuil une chandelle ou une bougie allumée, la flamme s'inclinera vers la chambre chaude, et nous reconnaîtrons de suite, à ce signe, l'existence d'un courant d'air. L'air échauffé, occupant plus d'espace et étant plus léger que l'air de la chambre froide, s'y précipitera et prendra sa place. Si nous plaçons une chandelle ou une bougie devant un foyer, la flamme se dirigera vers la cheminée, parce que l'air froid l'y chassera en allant occuper la place de l'air chaud qui monte et s'en va constamment par le conduit. Il nous arrive souvent, lorsque nous sommes assis en face d'un

Les vents sont froids ou chauds, humides ou secs, selon qu'ils ont passé, avant d'arriver à nous, sur des montagnes refroidies, sur des mers ou des contrées mouillées ou sur des contrées sèches et brûlantes.

- «La vitesse du vent est très-variable, rapporte M. Soubeiran d'après nous ne savons plus quel observateur: un vent à peine sensible parcourt 0,5 en une seconde, un vent modéré 2 mètres, un vent fort 10 mètres, le vent de tempête 22 mètres, l'ouragan 36 mètres, l'ouragan qui renverse les édifices 45 mètres. » Il ajoute, quant à la pression exercée par le vent sur les objets : «Cette pression sur une surface de un pied carré est, pour un vent à peine sensible, de 2 gram., pour un vent frais, de 35 à 60 gram.; pour une forte brise, de 1400 gram. et plus; pour une forte tempête, de près de 6000 gram. : elle dépasse quelquefois 22000 pour les ouragans.»>

Les vents ont leurs avantages et leurs inconvénients. Ils purifient l'atmosphère en mélangeant les couches d'air et en chassant les vapeurs et les miasmes; ils transportent les nuages dans les diverses directions et nous assurent les arrosements sur les divers points de la terre. Ils nous permettent de construire ces moulins à vent qui nous servent à moudre le grain, à fabriquer l'huile, à élever l'eau, etc. Ils fortifient les fibres des plantes; ils favorisent la fécondation en transportant le pollen d'une fleur à l'autre chez les plantes dioïques. Mais aussi, par cela même que le vent fortifie les fibres végétales, il altère la qualité de la filasse de lin et de chanvre qui devient grossière dans toutes les contrées où règnent de grands -vents; il contrarie la culture du houblon en abattant les tuteurs; il infeste les terres en disséminant outre mesure les graines ailées des mauvaises plantes, telles que les graines de chardon, de laiteron, de pissenlit ; il entraîne les sables mouvants et les balaie sur les emblaves; il rompt les plantes à tige molle; il arrête la végétation des plantes les plus robustes en desséchant le sol, en flétrissant les feuilles de ces plantes, en ébranlant par trop les racines. Le vent humide et chaud, trèsfavorable aux plantes fourragères, est très-nuisible en ce qu'il contrarie la fécondation par sa violence.

Rien que d'après les rapides données météorologiques que nous venons d'exposer, il est facile de s'expliquer les différences de situation au milieu desquelles opère le cultivateur, facile de comprendre que nous avons à compter avec les montagnes, avec les bois, avec la nature et la couleur

du terrain, avec le voisinage des eaux, avec les vents dominants, etc. Ce sont ces distinctions qui constituent les climats si variés, souvent à de très-courtes distances.

P. JOIGNEAUX.

CHAPITRE III.

DES TERRAINS.

Maintenant que nous connaissons le milieu aérien dans lequel les plantes développent leurs tiges, arrivons à l'étude des terrains, qui sont le milieu dans lequel elles développent leurs racines. En terme de culture, les terrains constituent cette couche du sol, superficielle et variable dans son épaisseur, qu'attaquent, retournent et divisent nos charrues et nos divers instruments aratoires, pour la soumettre aux influences atmosphériques, à l'action des rayons solaires et la mélanger avec les engrais.

Nous ne nous occuperons pas ici du mode de - formation du sol arable. Nous nous proposons seulement d'étudier les terrains dans leurs rapports immédiats avec la culture, c'est-à-dire au point de vue de leur constitution chimique et surtout de leurs propriétés physiques, double origine de leurs forces végétatives. Une classification géologique des sols arables est malheureusement impossible à cause de l'infinie variété du mélange de leurs éléments constituants. Néanmoins, et bien que nous ne puissions pas l'aborder dans ce livre, nous ne saurions trop recommander l'étude de la Géologie agricole aux agriculteurs qui ont le sage désir de s'instruire solidement de tout ce qui intéresse leur noble profession. Ils en retireront les plus utiles enseignements pour la connaissance du sol d'un domaine ou d'une contrée.

Les éléments, dont le mélange en proportions variées à l'infini constitue les sols arables, se divisent en quatre groupes principaux : le sable, l'argile, le calcaire et l'humus ou terreau.

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argile, calcaire et humus, qui, mélangés en diverses proportions, et suivant que l'un ou l'autre prédomine, ont donné naissance aux quatre grandes classes naturelles des terrains agricoles, universellement adoptées dans la pratique : les terrains sableux, les terrains argileux, les terrains calcaires, et les terrains humifères.

Aucune de ces quatre grandes classes, dont les trois premières sont incomparablement les plus importantes par la quantité de leur masse, ne peut, à elle seule, constituer un sol arable susceptible de fertilité; nous allons, cependant, étudier d'abord séparément les caractères du sable, de l'argile, du calcaire et de l'humus, afin de pouvoir les reconnaître dans les divers terrains sur lesquels opère le cultivateur et dont nous examinerons enfin les principaux groupes.

Sable. Le sable est formé par des fragments d'une des substances les plus abondamment répandues dans l'écorce du globe terrestre, et que les géologues désignent par le nom de quartz (2). A l'état plus ou moins grossier et volumineux, les fragments de quartz prennent le nom de cailloux, de graviers, de galets quand ils ont été roulés par les eaux, et que leurs angles sont émoussés en sorte qu'ils ne présentent plus qu'une surface unie. A l'état de poussière impalpable, ils forment la base des terres sableuses ou siliceuses. Les terres arables prennent la dénomination caractéristique de sableuses ou siliceuses quand elles renferment environ 60 p. 100 de silice. Les eaux des

culture le sable siliceux et le sable calcaire. Mais toutes les fois que nous écrirons seulement le mot sable nous aurons en vue le sable siliceux, appelé aussi quelquefois silice, mais à tort, rigoureusement parlant. Le mot silice emporte avec lui une idée de pureté qui ne convient pas au mot sable.

(2) Les pierres meulières qui servent à faire les meules de nos moulins, et sont employées dans les constructions; les silez avec

A ces quatre éléments principaux, qui sont la base des terrains agricoles, il faut ajouter, en proportions relativement très-faibles et variant aussi à l'infini, de l'air et de l'eau, des phosphates et des carbonates de chaux et de magnésie, du nitrate et du sulfate de chaux ou plâtre, du carbonate, du phosphate et du nitrate d'ammoniaque, des carbonates et du nitrate de soude et de potasse, des lesquels on fait les pierres à fusil et les briquets; les grés, qui silicates de potasse, etc., des oxydes de fer et de manganèse, etc., pour avoir une idée suffisamment exacte des principes constituants des sols arables fertiles. Mais, au point de vue de la division pratique générale des terrains, il faut s'en rapporter seulement aux quatre éléments ci-dessus : Sable (1),

(1) Le mot sable s'emploie souvent d'une manière générale, pour désigner un certain état de division. Ainsi, on distingue en

fournissent les pavés de nos rues et les meules sur lesquelles on aiguise l'acier; tous les sables qui entrent dans la composition des mortiers, des poteries, de tous les verres, depuis le verre à bouteille jusqu'au cristal; les jaspes, employés dans la décoration; les tripolis, qui, d'après les belles recherches de M. Ehrenberg, ne sont

que des enveloppes d'infusoires, appelés Diatomées ou Buccillariées, tellement petites qu'il en faudrait une vingtaine de millions pour peser autant qu'une petite tète d'épingle, elc. Toutes ces substances ne sont que de la silice ou quartz mélangée de que!ques matières étrangères, notamment d'alumine et d'oxyde de fer ou rouille.

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foulon, employée à enlever aux draps l'huile dont on se sert dans leur fabrication, la pierre à détacher sont des argiles. Les ocres sont des argiles riches en oxyde de fer; les marnes, si recherchées, et à juste titre, par le cultivateur, sont aussi des argiles dans lesquelles le carbonate de chaux ou craie mélangé atteint quelquefois de fortes proportions.

Les argiles se distinguent du sable en ce qu'elles forment avec l'eau une pâte liante et plastique, assez tenace pour se laisser allonger dans tous les sens et prendre ainsi toutes les formes. Mais, quand elles ont été calcinées, elles ne peuvent plus se délayer dans l'eau et faire pâte avec

La silice se distingue en ce qu'à l'état de pureté, elle est infusible, inodore et sans saveur, et que, après avoir été desséchée et rougie au feu, elle est insoluble dans l'eau et dans les acides, à l'exception de l'acide fluorhydrique (1). On la sé-elle, et elles contractent même par la cuisson pare d'une terre quelconque par voie de lavage, comme on le verra plus loin. Le sable siliceux rend toujours la terre plus perméable et plus meuble; il facilite l'accès de l'air et l'écoulement des eaux, et, comme l'observe M. Boussingault, son effet utile est plus ou moins marqué, plus ou moins favorable, suivant qu'il s'y trouve en poudre fine, ou sous forme de sable grossier ou de gravier.

Argile. L'argile dérive principalement de deux substances très-complexes dans leur composilion, extrêmement abondantes aussi dans la croûte de notre planète, et désignées, en géologie, sous les noms de feldspath et de mica. Cette espèce de terre est, à l'état de pureté, une combinaison de silice, d'eau et d'alumine, dans laquelle cette dernière entre dans des proportions qui varient de 18 à 30 p. 100, pour 46 à 67 p. 100 de silice et 6 à 9 p. 100 d'eau (2). Mais l'argile qui fait la base des terres argileuses de nos cultures ne possède pas un tel degré de pureté; elle est intimement mélangée à des proportions variables de sable ou de silice libre, de chaux, de carbonate de chaux et de magnésie, d'oxyde de fer et de manganèse, de bitume, de matières organiques et de potasse, à l'état de silicate, dont la quantité peut s'élever jusqu'à 4 p. 100, d'après M. Mitscherlich. A l'état de pureté à peu près complète et en masse plus ou moins considérable, l'argile, qui est tout à fait infertile, forme à la surface de la terre des collines à pente très-douce, ou s'étend, dans la portion superficielle de l'écorce du globe, en couches plus ou moins épaisses sur lesquelles reposent les grandes nappes d'eau souterraines, qui descendent des plateaux élevés ou des montagnes, en s'infiltrant à travers les couches perméables, et que nous allons chercher, pour notre usage, en forant des puits artésiens.

Suivant leur degré de pureté, les argiles servent à fabriquer toutes sortes de poteries, depuis les plus communes jusqu'aux plus belles porcelaines; c'est avec elles qu'on fabrique les briques, les tuiles et les tuyaux de drainage. La terre à

(1) Et si, quoique insoluble à l'état ordinaire, la silice se rencontre dans les organes des plantes et des animaux, c'est qu'elle y est parvenue entrainee par l'eau qui imprègne le sol, à la suite d'une de ces mystérieuses réactions chimiques dont la terre arable est sans cesse le théâtre.

(2) C'est la partie la plus tenace et la plus plastique de la terre

arable.

une telle dureté qu'elles étincellent comme les silex au choc du briquet. Ces terres sont grasses et onctueuses au toucher, elles se laissent polir par l'ongle, et les charrues les détachent en rubans longs et lisses. Elles sont insolubles dans l'eau, comme le sable, mais lorsqu'elles sont bien divisées et délayées dans ce liquide, elles y restent très-longtemps en suspension et le rendent trouble (3). Le fer, la chaux, la potasse, etc., que les argiles renferment, les rendent fusibles à une haute température. Ces terres peuvent absorber jusqu'à 70 p. 100 d'eau qu'elles retiennent avec une trèsgrande puissance. Cette affinité pour l'eau leur donne la propriété de happer à la langue quand elles sont sèches, c'est-à-dire de produire une certaine irritation sur les papilles nerveuses qui tapissent la surface et les bords de cet organe, en absorbant vivement l'humidité qui le recouvre.

Les argiles rendent les sols compactes; elles leur font retenir l'eau, et les rendent lents à se dessécher et à s'aérer après les pluies. Ces pluies les battent, c'est-à-dire tassent fortement leur surface et les rendent d'un accès difficile aux instruments, tandis que la propriété de se contracter sous l'influence de la chaleur et de la sécheresse (retrait) les fait se déchirer, se crevasser, lorsqu'un temps sec succède à quelques jours de fortes pluies. Tous ces phénomènes sont dus à l'alumine et leur intensité augmenté ou diminue comme la proportion de celle-ci. Lorsqu'on dirige sur un morceau d'argile quelques bouffées d'expiration pour l'imprégner d'une chaleur humide, il s'en dégage une odeur particulière qu'on désigne par le nom d'odeur terreuse, et qui se fait sentir en été, dansles champs, après une petite pluie succédant à une période de chaleur.

Les terres sont dites argileuses quand elles renferment plus de 50 p. 100 d'argile.

Calcaire. Le calcaire est formé essentiellement de deux éléments à l'état de combinaison chimique, l'acide carbonique et la chaux.

Tandis que la silice et l'argile, en concourant à former le sol arable, ne jouent, en quelque sorte, presque d'autre rôle que celui d'offrir un point d'appui aux racines des plantes, et de servir d'exci

(3) Tandis que le sable se précipite très-promptement au fond des vases dans lesquels on l'a agité au milieu de l'eau. Ce fait donne, comme nous le verrons plus loin, des moyens fac.les de s parer le sable et l'argile contenus dans un sol qu'on veut examiner.

pient aux matières fertilisantes, le calcaire, tout en remplissant la même fonction mécanique, contribue dans une proportion très-importante à l'alimentation des végétaux que nous cultivons. Sa présence dans les terres de nos fermes est donc de première importance.

Le calcaire est très-abondamment répandu dans la masse solide de notre planète et il forme à sa surface d'imposantes chaînes de montagnes. Suivant les substances auxquelles il est mélangé et les conditions qui ont présidé à sa formation, il a produit les divers marbres qu'emploient la statuaire et l'architecture, l'albâtre dont l'ornementation tire un si grand parti,la craie, qui forme les plaines désolées de la Champagne pouilleuse, les marnes calcaires, qui sont une mine de richesse pour le cultivateur, quand elles sont sagement employées, les pierres lithographiques si précieuses pour le dessinateur, les moellons qui dans certaines localités servent seuls à faire les murailles de nos constructions, les diverses pierres à chaux si utiles à tant de points de vue, les pierres de taille dont l'architecture fait nos ponts, nos aqueducs et nos plus beaux monuments.

C'est à l'état d'extrême division que le calcaire ou carbonate de chaux se rencontre ordinairement dans la terre arable, mais il s'y trouve très-fréquemment sous la forme de sable grossier et même en fragments assez volumineux. A l'état de division impalpable, il est tout à fait impossible de le distinguer à l'œil nu d'avec les autres éléments terreux auxquels il est intimement uni. Comme la silice et l'argile, le calcaire est insoluble dans l'eau pure, mais il se dissout lentement dans l'eau chargée d'acide carbonique qui se rencontre toujours dans les sols en culture, et il forme alors ce qu'on appelle un bicarbonate de chaux; c'est sous cette forme qu'il se trouve dans l'eau des rivières et des sources et qu'il passe dans les organes des plantes. C'est le bicarbonate de chaux dissous dans l'eau qui, par l'évaporation de celle-ci, forme ces belles concrétions qui pendent à la voûte de certaines grottes ; c'est aussi lui qui dans certaines fontaines dites incrustantes se dépose à la surface des objets qu'on y plonge et donne naissance à de trèscurieuses pétrifications.

La présence du calcaire dans le sol arable se reconnaît en ce que si l'on verse quelques gouttes de fort vinaigre ou d'acide chlorhydrique (esprit de sel) sur cette terre humide, il se manifeste une effervescence, c'est-à-dire une espèce de bouillonnement. Nous dirons plus loin comment on accuse sa présence dans les eaux de sources et de rivières et comment on le sépare des autres composants de la terre de nos cultures.

Le rôle mécanique du calcaire dans le sol consiste à le maintenir meuble, à s'opposer au tassement des argiles sous les pluies. Mais il faut surtout ne pas oublier qu'il contribue à l'alimentation des plantes, principalement des trèfles, des luzernes et des sainfoins qui sont la base de nos prairies artificielles.

Une terre prend le nom de terre calcaire lorsque le carbonate de chaux entre pour plus de 50 p. 100 dans sa composition.

Humus. - L'humus est le résidu de la décom

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position lente des végétaux. — Les plantes adventices, qui croissent spontanément dans nos champs. et infestent quelquefois nos cultures, les tiges, les feuilles, les fleurs, les racines et tous les débris végétaux, que les récoltes laissent dans la couche arable ou à sa surface, concourent à le former. De même que la silice, l'argile et le calcaire, l'humus ne peut à lui seul former une terre apte à la culture, mais il est par son association avec ces éléments terreux une des sources les plus importantes de la fertilité du sol arable.

Il faut distinguer deux parties dans l'humus ou terreau, l'une qui est dans un état de décomposition avancée, l'autre qui est à peine désorganisée : la première seule exerce dans les sols une action fertilisante immédiate; elle est de couleur noire, onctueuse au toucher et se dissout dans l'eau chargée de principes alcalins et ammoniacaux qui imprègne la terre de nos champs. Par l'action de l'air et de l'humidité, sous l'influence des labours qui augmentent et changent les surfaces de toutes les particules terreuses exposées au contact de l'atmosphère, la portion encore inerte du terreau entre à son tour en décomposition pour venir remplacer celle qui est passée dans les récoltes et qui se trouve avec elle exportée de nos champs. Il en résulte la nécessité d'entretenir d'humus les terres arables par les fumiers de ferme, les engrais végétaux, etc., afin de maintenir leur fertilité. On comprend facilement l'effet utile de l'humus, puisque, dérivant des plantes qui ont végété dans les terres de nos fermes, il contient nécessairement et leur restitue par sa décomposition les principes dont ces plantes ont besoin. Mais il est un autre point de vue de la nécessité de l'humus dans les sols arables, que nous croyons devoir indiquer. Cette substance, en se désorganisant complétement, produit d'abondantes quantités d'acide carbonique qui a la propriété de dissoudre les sels calcaires, surtout les phosphates de chaux, indispensables à la formation de toutes les graines et à la vie des plantes, et qui sont insolubles dans l'eau ordinaire. L'importance que la pratique agricole attache aux terres qui, bien constituées d'ailleurs, sont riches en humus, se trouve donc parfaitement justifiée par la raison, et nous pouvons, avec Bosc et à peu près tous les agronomes, considérer le terreau comme le principe véritablement actif de toutes les terres arables.

Le terreau doit à sa couleur noire la faculté d'absorber, en la condensant avec énergie, la chaleur dégagée par les rayons solaires, et il retient avec force environ le double de son poids de l'eau que les pluies versent à la terre; aussi sa proportion plus ou moins importante dans les sols de nos fermes exerce-t-elle une grande influence sur leurs propriétés physiques. C'est ainsi qu'il donne de la fraîcheur aux terres sèches et légères et qu'il diminue la compacité des terres fortes argileuses.

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est plus acide.
Nous dirons, d'ailleurs, d'une |
manière générale, que les propriétés douces ou
acides dont jouit le terreau, pour nous servir des
expressions consacrées par la pratique, dépendent
essentiellement des plantes qui lui ont donné
naissance en se décomposant dans le sol. On com-
prendra sans peine que le terreau qui provient de
la décomposition des plantes herbacées soit tout
différent de celui que la chute annuelle des feuil-
les accumule à la surface des terrains couverts par
des forêts de chênes ou d'essences résineuses. Ce
dernier est le moins propre à la végétation des
plantes qui forment la base de nos cultures.

D'après les proportions relatives suivant lesquelles sont mélangés les quatre éléments terreux, que nous venons d'examiner rapidement, on dit que les terres sont sableuses, argileuses, calcaires, humifères; et chacune de ces grandes divisions se subdivise elle-même, suivant qu'elle contient une plus ou moins grande quantité de l'élément terreux qui prédomine dans le mélange.

Dans la pratique, on ne fait guère que deux divisions principales pour les terres arables; ce sont les terres fortes et les terres légères. Cette distinction est surtout fondée sur la difficulté plus ou moins grande avec laquelle ces terres se laissent attaquer par la charrue. Les terres fortes sont celles où prédomine l'argile; les terres légères celles, au contraire, où prédomine le sable calcaire ou siliceux. Cette classification, aussi vieille que le travail de la terre, est la plus générale; elle est établie sur la prépondérance de l'un des deux éléments qui sont, on peut le dire, la base des terres cultivées, l'argile et le sable. Les terres où le calcaire et l'humus l'emportent sur ces deux éléments ne constituent, en effet, que des étendues relativement fort restreintes, et toutes les terres cultivées contiennent des proportions plus ou moins grandes d'humus et de calcaire.

Depuis Thaër et Einhoff, un grand nombre d'auteurs se sont occupés de la classification des terres et ont dressé des tableaux destinés à présenter les principales variétés de sols auxquelles peuvent donner naissance les mélanges divers des quatre grands éléments terreux. Nous ne croyons pas à l'utilité de ces classifications qui varient suivant les auteurs et qui, en effet, ne peuvent, reposer sur aucun caractère sérieux. L'Échelle de Schwerz, qui s'appuie sur les travaux de Thaër, n'a pas plus de valeur agronomique et surtout ne repose pas sur des caractères génériques et spécifiques plus réels que la classification adoptée par M. de Gasparin. Nous ne nous arrêterons donc pas à ces divisions et subdivisions sans importance pratique; nous nous en tiendrons aux quatre grandes classes naturelles tracées par la nature même et acceptées par la pratique depuis qu'il y a un sol cultivable, un cultivateur et une charrue.

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l'eau les délaye et les traverse sans former avec eux une pâte ductile et ils se ressuient rapidement. La fertilité de ces terres dépend, d'ailleurs, considérablement du climat sous lequel elles sont situées dans les climats humides, par exemple, là où il pleut fréquemment et où jamais des hâles prolongés et de violentes insolations ne leur enlèvent presque toute leur humidité, elles sont susceptibles de donner des produits très-abondants en fourrages, en céréales et en racines. C'est ainsi que, en Angleterre, nous trouvons les excellentes terres à froment du Middlesex qui, d'après H. Davy, renferment 60 de sables siliceux et graviers, 24 d'argile, et 11 de calcaire; les sols du Norfolk, si souvent cités pour leurs turneps et leur assolement quadriennal, et qui contiennent jusqu'à 89 de sable siliceux, 3 d'argile, 7 de calcaire; ceux du Worcestershire, où se trouvent peut-être les champs les plus fertiles du Royaume-Uni, dosant 60 p. 100 de sable siliceux, 30 d'argile et 6 de calcaire; ceux de la vallée de Téviot, réputés de trèsbonne qualité pour toutes les cultures, et présentant à l'analyse, 83 p. 100 de sable siliceux, 14 d'argile et à peine 1 de calcaire, et ceux du célèbre comté de Kent, dont quelques-uns des plus renommés pour leurs excellentes houblonnières, sont formés de 66 p. 100 de sable siliceux, 9 d'argile, 13 de calcaire. Citons également une terre des environs de Lille, dans laquelle M. Berthier a trouvé 70 de sable siliceux, 15 d'argile, 2 de calcaire, et qui donnait d'excellents froments et de magnifiques récoltes de colza. Le meilleur sol que la Russie possède pour le froment et les pâturages, la célèbre terre noire de Tchornoizem, qui, vers les monts Ourals, couvre d'immenses étendues, n'est qu'un mélange de sable siliceux et de matières organiques donnant à l'analyse, d'après M. Payen, 6,95 de matières organiques, 11,40 d'alumine (un des éléments de l'argile) et 71,56 de silice.

Sous un climat sec et chaud, ces terres seraient stériles.

Ce qui prouve, en effet, l'influence heureuse de l'eau pour la fertilité des terres aussi chargées de l'élément siliceux que celles que nous venons de citer, c'est que, sous le soleil des tropiques et même de l'équateur, il suffit de donner à des terrains analogues les bienfaits de l'irrigation pour leur faire atteindre le plus haut degré de fécondité. C'est ainsi que des sols irrigués de la plus grande fertilité, pris au Sénégal, ont donné à Laugier, dont les analyses sont appréciées pour leur rigoureuse précision: sable siliceux et silice, 89; alumine, 3; matière organique, 4; calcaire, traces.

Mais il ne faut point oublier que les sols sablonneux sont toujours arides, quand on ne peut pas, dans les climats secs et même tempérés, leur procurer une indispensable fraîcheur par l'irrigation, et c'est malheureusement ce qui arrive dans le plus grand nombre des cas. Alors il ne faut pas attendre d'eux, si la proportion de sable est trèsconsidérable, autre chose que de maigres récoltes de seigle, de sarrasin, de navets, de trèfle incarnat, et quelques légumes de printemps et d'automne.

D'autre part, lorsque, dans les climats pluvieux, les sols sableux reposent sur des sous-sols tout à fait imperméables, il peut en résulter de

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