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blement parce qu'elle détruit la suie qui s'est déposée dans la terre et les interstices des gazons au début de l'opération. Au bout de trois, quatre ou cinq jours, le feu s'éteint, et aussitôt que la terre est brûlée et que les cendres sont refroidies, on les éparpille sur le terrain écobué, et, peu de temps après, on sème un seigle le plus souvent, et l'on recouvre la graine avec la terre des rigoles que l'on ouvre pour diviser l'emblave en petites planches de 60 à 80 centimètres de largeur environ. On se sert, pour ouvrir ces rigoles, soit d'une bêche ou d'une pelle dans la petite culture, soit, dans la grande culture, d'un buttoir primitif et très-imparfait que les Ardennais nomment croc ou hay. Voilà l'écobuage, tel que nous l'avons vu pratiquer, et dont, par conséquent, nous pouvons parler en connaissance de cause.

En France, il est d'usage, dans la plupart des cantons où l'on écobue, d'enterrer les cendres par un labourage superficiel et de n'ensemencer qu'une quinzaine de jours après. Dans l'Isère, par exemple, les choses se passent ainsi.

L'essentiel, dans la répartition des cendres d'écobuage sur le terrain, c'est de la faire avec beaucoup d'uniformité, c'est de nettoyer à fond les places des fourneaux, afin d'éviter les inégalités de végétation.

Nous condamnons la pratique de l'écobuage dans les terres légères, 1° parce que cette opération ameublit le sol à l'excès; 2° parce que, en détruisant l'humus, elle expose les récoltes à tous les inconvénients de la sécheresse; 3° parce que les engrais végétaux, réduits en cendres, s'usent plus vite que le terreau, se prodiguent à la première récolte, se perdent en partie dans le sous-sol et ne réservent presque rien aux cultures de seconde et de troisième année. Tout compte fait, nous n'établissons aucune distinction entre l'homme qui brûle l'engrais naturel ou végétal des friches et celui qui brûle son fumier pour en semer les cendres sur ses champs. D'un côté comme de l'autre, c'est le gaspillage et la ruine. Cependant, vous trouverez encore, de loin en loin, des personnes favorables à l'écobuage des terres, sans distinction aucune, et donnant pour raison que la première récolte de seigle rembourse parfois le prix d'achat du fonds. Cela était vrai et

| l'est encore sur différents points avec des bruyères estimées de 60 à 80 fr. l'hectare; mais remarquons que cette bonne fortune de marchands de domaines devient de jour en jour plus rare et que l'avantage immédiat est plus apparent que réel à notre point de vue. La question n'est pas de savoir si une première récolte payera le fonds tout en l'épuisant pour de longues années, mais bien de savoir si une bonne série de récoltes soutenues ne le payerait pas plusieurs fois sans l'épuiser. D'ailleurs, gardons-nous de tomber du domaine de l'agriculture bien entendue dans celui du trafiquant d'immeubles. Nous comprenons qu'un marchand de biens se dise: - Voici un hectare; je l'achète à bas prix, à vil prix; je vais l'écobuer, l'ensemencer et en retirer une récolte qui me remboursera mes avances la première année; j'aurai ensuite un mauvais terrain pour bien des années, mais qu'est-ce que cela me fait ? ce qui ne coûte rien est toujours assez bon. De la part d'un cultivateur, nous n'admettons plus cette manière de raisonner. Nous n'avons pas, ce nous semble, intérêt à ruiner notre sol pour rentrer de suite dans nos avances; il nous paraît plus convenable et d'un meilleur exemple d'attendre, s'il le faut, trois ou quatre années pour rentrer dans nos déboursés en améliorant régulièrement, constamment nos terres, de façon à doubler, à tripler dans un bref délai leur valeur réelle ou leur valeur vénale.

Lorsque les friches à mettre en culture appartiennent aux terrains argileux compactes, l'écobuage a moins d'inconvénient que dans les cas précédents; les sels des cendres s'y usent moins vite que dans une terre très-poreuse. Nous ajouterons à cette circonstance atténuante l'avantage que possède l'écobuage de diviser les argiles, de les ameublir, et, pour ces diverses considérations, nous l'accepterons à la rigueur. Cependant, il nous paraîtrait préférable d'assainir ces friches au moyen d'un drainage énergique, de labourer sans écobuer, de remuer le sous-sol avec une charrue fouilleuse, et, avant l'hiver, de fumer avec du fumier long d'écurie, de chauler en même temps et d'ouvrir la rotation par une culture de féveroles ou par un semis de rutabagas ou choux-navets. Nous connaissons quantité (fig. 154, 155 et 156) de maigres pâtis argileux, où ce mode de défrichement obtiendrait un succès rapide et complet. On ajouterait du sable au fumier et à la chaux, que l'opération n'en vaudrait que mieux.

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Dans les friches calcaires, l'écobuage est plus funeste que partout ailleurs; elles ont d'autant plus besoin de leur humus qu'elles sont plus arides. Le plus souvent, même quand ces friches sont très-caillouteuses, on peut opérer le défoncement avec une forte charrue, mais lorsque la pierre s'y rencontre en blocs d'un grand poids, il convient de faire le défonce

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tourbeux, l'assainissement préalable est d'absolue nécessité. Il s'agit donc d'ouvrir des tranchées profondes et nombreuses, de les laisser ouvertes pendant une année, avant de les empierrer et de les recouvrir. Cela fait, on lèvera des gazons de 8 à 10 centimètres d'épaisseur, que l'on brûlera dès qu'ils seront suffisamment secs. On en répandra uniformément les cendres sur la friche; on y ajoutera de 80 à 100 hectolitres de chaux par hectare; on labourera par un temps chaud, et, huit jours après le labourage, l'on hersera dans tous les sens. Par ces moyens, le desséchement du sol aura lieu, l'acidité de la tourbe disparaîtra, l'humus deviendra soluble, la chaux aussi, et l'on pourra, d'entrée de jeu, compter sur une belle récolte d'avoine et même sur deux récoltes successives. En semant dans la seconde avoine un mélange de graines de pré, où devront dominer le vulpin des prés, le dactyle pelotonné, le påturin des prés, l'agrostide traçante, la houlque laineuse et le raygrass d'Angleterre, on obtiendra un fourrage abondant et vigoureux. Quelques personnes recommandent pour le défrichement des tourbières plusieurs labours dans le courant de l'année et la culture des crucifères (colza, navette, navets, rutabagas) en tête de rotation.

Avec les terrains marécageux, mais non tourbeux, la mise en culture exige d'abord un assainissement énergique, par le moyen de rigoles profondes et de canaux de décharge. Dès que la charrue pourra y fonctionner, on devra labourer profondément et à plusieurs reprises, pendant l'été, afin de favoriser le desséchement du sol. On n'écobuera point; on se contentera de répandre une centaine d'hectolitres de chaux sur le marais desséché, de mélanger le mieux possible cette chaux avec la couche arable, à l'aide de hersages croisés; puis on pourra demander en première récolte ou une avoine sujette à la verse, ou des colzas, ou des choux, ou des navets.

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Il est toujours de l'intérêt du cultivateur d'opérer le défrichement des terrains calcaires à l'automne et de couvrir ensuite la défriche d'une couche de fumier de vache que l'on enfouit au printemps. Les cultivateurs qui ne reculent pas devant les sacrifices utiles, feront bien, malgré cette fumure, de semer sur la défriche un sarrasin épais et de l'enterrer en vert au moment de la floraison. Ils pourront ensuite demander à ce terrain un seigle d'abord, puis un trèfle, et après ce trèfle un froment. Un auteur compétent a dit avec raison: Les récoltes « enterrées en vert e fournissent un excellent moyen de féconder le « sol, et généralement il serait avantageux de Nous ferons observer que, dans la plupart des « sacrifier à cet usage les deux premières années, cas, la mise en culture des terrains marécageux « c'est-à-dire les trois ou quatre récoltes qui sui- est une très-lourde entreprise à laquelle ne sau«vent les défrichements. » Cette vérité s'appliqueraient suffire les ressources et les efforts des parsurtout aux terrains calcaires.

Lorsque les champs défrichés sont éloignés de la maison de ferme ou quand les engrais manquent, le mieux est d'établir de suite sur la défriche un pâturage semé dans une avoine.

Ce que nous avons dit du défrichement des bruyères en terre légère s'applique nécessairement aux terrains schisteux et granitiques. En résumé donc, vous mettrez le feu aux tiges des bruyères, vous n'écobuerez point, vous défoncerez avec la charrue, vous roulerez faiblement pour combler les vides et unir un peu le terrain, vous chaulerez et herserez bien dans tous les sens; enfin, au printemps suivant, vous sèmerez une avoine avec un mélange de graines pour pâturage, vous enterrerez le tout avec la herse et roulerez énergiquement. Plus l'avoine sera maigre, sous les climats humides, plus le pâturage sera riche. Sous les climats chauds, il pourrait ne pas en être de même; par conséquent il sera prudent d'y semer l'avoine à raison de 300 litres par hectare.

Lorsque nous avons à défricher des terrains

ticuliers. A défaut de l'initiative de l'administration, les sociétés fortement constituées peuvent seules s'en charger.

Pour terminer, nous dirons un mot du défrichement des forêts. En général, et à de rares exceptions près, les terres boisées sont d'un moindre rapport que les champs et les prairies. Le plus souvent donc les propriétaires ont intérêt à les défricher, et quand rien ne s'y oppose, ils défrichent. L'essentiel dans cette opération, c'est d'extirper les souches des arbres, arbustes et arbrisseaux avec le plus grand soin et le plus complétement possible, puis de défoncer le terrain à une grande profondeur, avec la précaution, bien entendu, de ne point enfouir le terreau et de ne pas ramener à sa place la terre vierge du sous-sol. Le défoncement à la bêche ou à la houe est bien préférable au travail de la charrue; mais la plupart du temps, on se sert de celle-ci, sans même se donner la peine de la faire suivre d'une fouilleuse ou charrue sous-sol.

Plus les forêts sont vieilles et plus l'on s'est op

posé à l'enlèvement des feuilles mortes, plus nécessairement la couche de terreau est épaisse et riche. On peut juger de la qualité du sous-sol par des sondages et même rien qu'à l'aspect des arbres. Où les essences forestières prospèrent, nos récoltes prospéreront; où elles languissent, il y a lieu de rechercher les causes de cette langueur qui tient soit au manque de fond, soit à la compacité du sous-sol qui empêche les racines de se développer, soit enfin à l'imperméabilité de ce même sous-sol où les eaux dormantes deviennent très-nuisibles. Or, signaler le mal, c'est indiquer implicitement le remède.

Les dunes sont des monticules de sable mobile que l'Océan a déposés sur ses bords et que les vents déplacent. Ces monticules analogues à une petite chaine de montagnes, laissent entre eux des vallées de sable. Les vallées s'élargissent d'autant plus qu'elles sont plus éloignées des bords de l'Océan, et que les dunes qui les limitent sont plus basses. Ce sont ces vallées, déjà gagnées par une végétation herbacée, qui ne sont plus la dune et qui ne sont pas la lande, qu'on appelle lettes.

Les dunes et les lettes sont de formation récente. Ces terrains sont encore produits de nos jours sous l'œil même de l'observateur.

Des procédés ingénieux ont été imaginés pour la fixation des dunes et par suite pour la préservation et l'amélioration des lettes.

Leur application ne comporte que d'une ma

Dans les terrains où l'élément calcaire fait défaut, comme dans le schiste et le granit, il convient de répandre sur la défriche de 120 à 150 hectolitres de chaux vive et de l'y enterrer avec la herse. Cette chaux précipite la décompositionnière très-accidentelle et très-circonscrite la prades débris végétaux et s'empare des acides libres, nuisibles à la végétation. D'aucuns écobuent, mais à tort; si le feu détruit l'acidité, il détruit en même temps l'humus, ce qui est fort regrettable. Sur ces défriches de forêt, nous avons vu semer et récolter de beaux seigles plusieurs années de suite.

Dans les terrains calcaires, on obtiendrait également, et sans l'emploi de la chaux, de beaux seigles, puis des pommes de terre, puis des prairies artificielles.

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tique du défrichement, et, par suite, leur description ne peut trouver place sous la rubrique de cet article.

Après la lisière occupée par les dunes et les lettes, se déploie un vaste désert dont le sol se rattache à la formation des terrains tertiaires. Ce désert, qui n'a pas moins de 634 000 hectares, est connu sous le nom de landes de Gascogne.

Ces landes sont devenues depuis quelque temps l'objet de la sollicitude du gouvernement, et, grâce à diverses mesures édictées par celui-ci, la pratique du défrichement tend à s'y généraliser. Au nombre de ces mesures, la plus directe et la plus importante est la loi du 19 juin 1857 qui oblige les communes à assainir, à ensemencer ou planter dans le délai de douze ans la totalité des landes com

mesures, telles que le réseau de routes agricoles concédé à la compagnie du chemin de fer du Midi, ne sont pas impératives, mais elles stimulent utilement les intérêts privés et les animent aussi à la du défrichement.

Dans nos alluvions argileuses, où l'élément calcaire ne fait pas absolument défaut, il est d'usage, sur défriche de forêt, de semer une avoine et de ramener cette céréale à la même place cinq ou six ans et jusqu'à huit ans de suite, sans fụmure bien entendu. En Bourgogne, nous avons été témoin de cette culture déplorable, aussi dé-munales, c'est-à-dire 341 850 hectares. D'autres sastreuse pour le fermier que pour le propriétaire. Il y aurait profit à répandre de la chaux vive ou de la charrée sur ces défriches; cependant, on s'en dispense. Il y aurait profit aussi à les fumer dès la quatrième ou la cinquième année de mise en culture; cela vaudrait mieux que de passer sept ou huit ans à ruiner un terrain qui demande ensuite de dix à quinze ans de soins pour se rétablir. Au lieu de ramener avoine sur avoine, nous croyons que l'on ferait bien de s'en tenir, pour commencer, à une seule avoine; viendrait ensuite un colza ou une navette d'été, puis une avoine claire avec trèfle commun, et sur le trèfle rompu un froment avec une demi-fumure.

Plusieurs auteurs ont jugé à propos de calculer le prix de revient de divers défrichements; on nous permettra de ne pas suivre leur exemple, et voici pourquoi. Alors même que les chiffres seraient d'une exactitude rigoureuse, cette exactitude ne saurait se soutenir longtemps. En moins de quelques années, les prix de main-d'œuvre et les moyens d'exploitation varient parfois de telle sorte que les combinaisons les mieux établies ne conservent bientôt plus qu'une valeur historique. P. JOIGNEAUX.

DÉFRICHEMENT DANS LES LANDES DE GASCOGNE.

On comprend sous la dénomination générique de landes de Gascogne différents terrains, à savoir: les dunes, les lettes, les landes proprement dites.

Le sol des landes est constitué par des sables humifères colorés par de l'oxyde de fer. Le sous-sol est formé par une roche cohérente de sable ferrugineux, impénétrable à l'eau, nommée alios. Au dessous de l'alios il existe des couches d'argile pratique plastique ou de sable blanc.

Les landes sont couvertes d'une végétation spontanée dont la flore est assez riche et varie suivant que le sol est plus ou moins humide. Cette végétation gazonne la surface; elle est dominée par différents arbustes au nombre desquels les ajoncs et les bruyères tiennent la place la plus importante.

Le défrichement a, dans les landes, pour objet de détruire momentanément la végétation spontanée ou de la détruire à jamais.

De là deux modes dans le défrichement, l'un superficiel et incomplet, l'autre plus profond et complet. Le premier mode est adopté quand la lande est destinée à recevoir des pins maritimes; le second, quand on veut la faire entrer dans la rotation des cultures habituelles.

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Si l'on doit défricher à la main, le sol mis ainsi à découvert est attaqué à la faveur d'une houe large, analogue à celle des jardiniers, mais plus lourde et faisant avec le manche un angle moins aigu. Les ouvriers la manoeuvrent obliquement, de droite à gauche, et enlèvent chaque fois une motte de terre qu'ils retournent en la jetant. Le sol est ainsi pelé à une profondeur d'environ 7 centimètres. Les racines des arbustes ne sont pas arrachées, mais tranchées par la boue.

La rapidité du travail dépend de la consistance du sol. Les terrains humides, préférés par les ajoncs et les grandes bruyères, sont plus difficiles à défricher que les autres. En moyenne, un homme peut défricher un hectare en trente jours.

Si l'on veut défricher superficiellement à la charrue, l'incinération préalable des bruyères ou leur abattage à la faveur d'une forte faucille fixée à un manche long, sont indispensables. On attelle ensuite quatre bœufs à une charrue Dombasle dont on règle à volonté l'entrée. Ce défrichement se fait à la façon des labours ordinaires. Quatre bœufs de forte taille et deux hommes, l'un pour conduire les bœufs, l'autre pour diriger la charrue, peuvent défricher un hectare en quatre jours.

Ces défrichements superficiels suffisent quand le sol doit être ensemencé en pins maritimes. Cette essence demande pendant les premières années à être protégée. La végétation spontanée, que le défrichement a troublée mais n'a pas détruite, lui fournit pendant deux ou trois ans l'abri nécessaire à son développement. Vers la quatrième année le pin maritime n'a plus besoin de protection, et s'il a été sené dru, il étouffe par son ombre ou ses débris tout ce qui végète au-dessous de lui. Défrichement profond. Quand la lande doit être employée aux cultures habituelles, le défrichement en est fait avec plus de soin. Il est en général pratiqué de la manière suivante: un premier défrichement superficiel est fait à la houe à main ou à la charrue, suivant les procédés décrits plus haut. Ce défrichement est suivi d'un | hersage. Après ce hersage la charrue reprend le

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Dans aucun cas le défrichement des landes de Gascogne ne doit être profond. Le sous-sol est trèspauvre, et il n'y a nul avantage à le ramener à la surface.

Le défrichement de ces terrains, généralement marécageux, doit être quelquefois complété par des travaux de nivellement et toujours par des fossés d'assainissement.

De petits fossés de 1,33 d'ouverture, de 66 centimètres de profondeur et de 66 centimètres de plafond suffisent.

Dans les grandes exploitations, les fossés intérieursdoivent aboutir à des fossés collecteurs dont l'ouverture varie selon les besoins.

Le plateau des landes n'ayant, en hauteur maxima, que 50 à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer et les pentes étant régulières et peu prononcées, les fossés découverts sont préférables aux drains qui ne trouveraient le plus souvent leur écoulement qu'à des distances fort éloignées.

Le défrichement à la vapeur n'a pas encore été tenté dans les landes. Le défrichement avec des chevaux n'y est pas usité non plus, les chevaux des landes ayant trop peu de puissance et pas assez de docilité pour des travaux qui exigent une traction régulière et considérable. Dr ALIBERT.

CHAPITRE XII.

DES ASSOLEMENTS.

La première question qui se présente à l'es- | prit d'un cultivateur en prenant une ferme déjà ancienne, ou en en établissant une dans une terre encore non cultivée, est relative au système de culture auquel il doit donner la préférence. Nulle n'est plus importante, car sa fortune tout entière dépend de cette détermination qui emporte avec elle le succès ou la ruine; nulle, par conséquent, ne demande une étude plus approfondie et un jugement plus droit, plus de prudence et plus de sagacité. Nous n'avons pas, on le

conçoit, la prétention de donner pour toutes les situations agricoles une formule exacte, positive, de l'ordre suivant lequel les plantes devront se succéder dans le cours d'une rotation culturale, de la proportion exacte qu'il conviendra de donner à chacune d'elles, suivant les conditions si diverses et si multiples dans lesquelles on pourra se trouver placé. Mais, s'il n'est évidemment pas possible d'aborder tous les cas particuliers, il est des principes généraux qui dominent toutes les situations, et dont on ne s'écarte jamais en vain,

car ils sont comme la loi générale et la véritable économie de l'agriculture. Ce sont ces principes économiques, fruits précieux des recherches de la science et des patientes observations de la pratique, que nous allons maintenant exposer avec tous les détails nécessaires à leur parfaite intelligence. Nous devons d'abord donner quelques définitions, afin de bien déterminer le sens dans lequel il convient de prendre des expressions qui se trouveront souvent employées dans ce chapitre.

On entend par rotation, assolement, cours de culture, l'ordre suivant lequel les plantes cultivées se succèdent sur le terrain, pendant une période d'années déterminée, au bout de laquelle on recommence toujours la même succession dans le même ordre.

D'une manière rigoureuse, le mot assolement ne devrait s'appliquer qu'à la division des terres arables d'une ferme en autant de parties égales entre elles qu'il y a d'années dans la rotation tout entière; mais l'usage a rendu ce mot synonyme des mots cours de culture et rotation, qu'il remplace aujourd'hui dans presque tous les traités sur la matière.

Chacune des divisions égales des terres d'une ferme, dont nous venons de parler, porte le nom générique de sole. Dans un assolement il y a donc autant de soles que d'années dans la rotation complète du cours de culture.

Nous allons les étudier en elles-mêmes et comparativement.

La culture intensive procède par le capital. « Or marcher par le capital, dit M. Lecouteux (1), c'est enlever d'assaut toutes les difficultés; c'est improviser la fertilité; c'est ne reculer devant aucune amélioration foncière ou permanente, comme le drainage, l'irrigation, les constructions rurales, les ouvrages d'art ; c'est adopter la stabulation du bétail, proscrire la jachère morte, fumer à hautes doses, provoquer les terres à des récoltes continues; c'est suivre une culture intensive qui, visant au summum, à l'apogée du produit brut, aux récoltes maxima, concentre toutes ses forces de manière à saturer son terrain de travail et de capital. Bref, c'est demander la victoire, c'est demander les gros bénéfices aux gros capitaux.

« Marcher par le temps, c'est faire dominer les forces spontanées de la nature dans la production agricole; c'est fertiliser lentement la terre par le boisement, l'engazonnement, la jachère ou le repos; c'est donner de l'extension à la culture forestière et à la culture pastorale; c'est ne développer que modérément la culture des plantes sarclées et le régime de la nourriture à l'étable, c'est en un mot suivre une culture extensive qui, par opposition à la culture intensive ou concentrée, se contente d'un faible produit brut sur une grande étendue de terre, mais qui, par cela même, n'engage qu'un faible capital par hectare. Bref, c'est éparpiller ses forces au lieu de les concentrer, c'est attendre du temps l'accroissement du capital nécessaire à une culture plus active.

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« Logiquement et abstraction faite de l'influence parfois souveraine du sol et du climat, ce sont les débouchés, les capitaux et la valeur des terres qui déterminent, soit l'adoption exclusive de l'un de ces systèmes de culture, soit l'adoption simultanée des deux, et dans ce dernier cas, leur importance relative. Mais, en général, il est vrai de dire la culture intensive, voilà le but; la culture extensive, voilà le moyen d'y arriver.

Principes économiques des systèmes de culture. - La question des assolements doit être étudiée à notre avis, sous un double point de vue. L'un, ayant trait surtout à l'étendue du domaine, à la nature du sol, et à son état de fertilité, à l'éloignement des terres par rapport au centre d'exploitation, et à leur état de morcellement ou de réunion en un seul tenant, au climat, aux débouchés, aux voies de communication, à l'état moral de la population, à la densité et au prix de la main-d'œuvre, aux droits et servitudes, aux conditions du bail, aux capitaux et à l'intelli- | gence du cultivateur, constitue, pour nous, le « Or, jusqu'à présent, en fait de culture extenpoint de vue économique. C'est celui qu'il faut sive, celle qui est le plus en vogue en France, examiner le premier; de sa solution dépend celle c'est la culture par la jachère. Labourer, voilà du second. L'autre est basé principalement sur notre ambition. Malheureusement, chez nous, le les exigences différentes des végétaux que l'on labourage est trop en avance sur l'engrais; et, vu veut cultiver, en engrais et en travail; c'est en l'insuffisance des capitaux, nous ne rétablirons quelque sorte le côté chimique et physiologique, l'équilibre que par le boisement de nos plus maucelui des assolements proprement dit, c'est-à-dire vaises terres et par le gazonnement de celles qui de l'ordre successif des plantes qui composent peuvent produire de l'herbe, ne serait-ce que de le cours de culture. Il est subordonné au pre-l'herbe à pâturer. Pour beaucoup de pays qui sont mier; mais il repose aussi sur un principe économique d'une importance capitale, celui de la variété des cultures, comme source de bénéfices pour le cultivateur.

C'est l'examen approfondi du premier point de vue qui détermine ce que nous appelons avec MM. Moll et Lecouteux, et les agronomes allemands, le système de culture, c'est-à-dire la méthode générale d'utilisation du sol, du capital, du travail, des relations commerciales, etc.

A ce point de vue, deux grandes méthodes de culture se présentent à l'agriculteur, l'une que l'on désigne sous le nom de culture intensive, l'autre sous celui de culture extensive.

en période forestière et pacagère, le système arable doit donc être réduit, et cette réduction, il faut l'opérer tandis que les terres sont encore à bon marché, tandis que l'excès de la population ne complique pas encore, comme en Irlande et en Écosse, la solution du problème. »

Il est évident, d'après cela, que la culture extensive est celle des pays où la terre abonde et est à bas prix, où les fermes sont vastes, où la fertilité manque, où les bras et le voisinage des grands centres de consommation font défaut. C'est

(1) Principes économiques de la culture améliorante. 2e édit., p. 59. Nous ne saurions trop recommander l'étude de ce livre.

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