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Fassage, il en résulte pour chaque cheval une surface de 7 mètres carrés ; et si l'étable a 4 mètres de hauteur, le cube affecté à chaque cheval est de 28 mètres. » Ainsi donc, autant de chevaux, autant de 28 mètres cubes, auxquels on ajoute une place pour les harnais et une place pour le lit du garçon d'écurie. Lorsque les chevaux sont placés sur un seul rang, et c'est le cas le plus ordinaire, on peut accrocher les harnais derrière chaque cheval; mais, pour cela, il faut avoir soin de porter à 4,60 la largeur de l'écurie, au lieu de 4 mètres seulement.

Le plus souvent, dans nos villages, on n'établit pas de séparation entre les chevaux, ou bien l'on se contente de simples traverses mobiles, soutenues à leurs extrémités par des cordes. Il serait à désirer, pour le repos des bêtes et la tranquillité du fermier, qu'il y eût autant de stalles pleines que de chevaux. M. de Gasparin fixe à 2,80 la longueur de ces stalles à partir du mur, à 2 mètres leur élévation près de la mangeoire, élévation qui va en diminuant jusqu'à 1,20. Le même agronome conseille de placer le râtelier à 1,40 du sol et la mangeoire à 1 mètre.

L'écurie doit présenter, dans le sens de sa largeur et de sa longueur, une pente très-douce qui permette aux urines de se rendre dans une rigole couverte, et de là dans un puisard ouvert en dehors du bâtiment.

Étables à vaches. Les boufs et les vaches se contentent de 24 mètres cubes d'air, chiffre que l'on obtient, avec 1,50 de largeur, 4 mètres de longueur et 4 mètres de hauteur. Il est évident que si les planchers avaient moins de 4 mètres, on devrait augmenter la largeur ou la longueur des places pour arriver au cube d'air indiqué. Si l'on avait affaire à des bêtes d'engraissement, la largeur de 1,50 ne suffirait pas ; il faudrait la porter à 1,75 ou à 1,80 et diviser l'étable en stalles ou boxes. Pour les veaux, il faut compter sur une largeur de 0,75 centimètres.

Dans la plupart des localités, les étables ne diffèrent en rien des écuries, si ce n'est que la mangeoire est placée à 0,90 au lieu de l'être à 1 mètre, et que la crèche s'appuie sur la mangeoire au lieu d'en être séparée par un intervalle de quelques centimètres. Comme dans l'écurie, le sol de l'étable doit offrir une pente douce, et les urines que n'éponge point la litière, doivent être reçues dans une rigole qui les conduit à la citerne. Les étables, disposées en forme d'écurie, ne sont pas des modèles ; il y a mieux certainement, et il convient de chercher le mieux.

Nous devons aux Allemands, aux Belges et aux Anglais les perfectionnements introduits dans la construction des étables. Les Anglais ont peutêtre même poussé les perfectionnements au delà des limites raisonnables, en logeant tous les animaux de l'espèce bovine dans des stalles séparées. Cette méthode coûteuse ne nous paraît utile ni aux vaches laitières, ni aux bœufs de travail; nous ne l'admettons que pour les bêtes soumises à l'engraissement, qui profitent d'autant mieux qu'on leur assure un repos plus complet.

Nous connaissons les étables de la Campine et

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des Flandres belges, et nous les tenons pour remarquables. Les étables campinoises, dont nous avons figuré la coupe au chapitre des Engrais, présentent de vastes dimensions, parce qu'il est d'usage d'y entrer avec des charrettes et des chariots toutes les fois que le moment est venu d'enlever le fumier conservé derrière les bêtes pendant plusieurs mois. Les deux larges portes d'entrée et de sortie, qui se font face, donnent de l'air abondamment et empêchent la litière en fermentation de nuire à la santé des animaux, au moins d'une manière sensible. Il n'existe, dans ces étables, ni crèche, ni mangeoire disposées comme la plupart des nôtres. Quand l'étable est simple ou à un seul rang, une plate-forme de 0,70 centimètres de hauteur s'élève contre le mur, devant les animaux et communique assez habituellement par une porte avec la cuisine du fermier. On jette la nourriture verte ou sèche sur cette plate-forme, ou bien l'on y porte la nourriture cuite avec des auges qui sont enlevées et lavées après le repas. Dans quelques étables modernes, on ménage une rigole de pierre au bord de la plate-forme pour y verser les aliments cuits, plus ou moins liquides. Quand l'étable est double ou à deux rangs de bêtes, on donne plus de largeur à la plate-forme qui doit recevoir les vivres de chaque côté et laisser un passage au milieu pour les gens de la ferme ; cette disposition a le très-grand mérite de faciliter le

service.

Dans les étables flamandes, où le fumier ne séjourne pas longtemps sous les bêtes, les dimensions sont ordinaires et le prix de construction est par conséquent beaucoup moins élevé que pour celles de la Campine. Nous y avons vu des platesformes pour le service de la nourriture; mais nous y avons rencontré aussi des dispositions différentes de celles-ci, notamment à Vracène, dans la ferme de M. Parrin. Imaginez une longue et vaste grange. A gauche sont les étables, à droite les écuries. Des cloisons vous séparent des unes et des autres, et il n'est pas nécessaire d'y entrer pour donner la nourriture aux bêtes. Une voiture arrive dans la grange, y verse le fourrage vert, par exemple, et il suffit de lever des couvercles et de remplir les auges. Et de même pour les chevaux que pour les vaches. S'agit-il de nourriture mouillée, de boissons? Chaque bête a son bac particulier, son bac mobile, qu'on enlève après le repas et qu'on rince soigneusement. Toutes ces dispositions sont d'une simplicité charmante et n'ont pas coûté cher. Les étables flamandes de MM. Ver-· tongen, sous Raevels, ont été copiées sur celles de M. Parrin.

Trop souvent les planchers des écuries et des étables sont fort négligés; on se contente de placer des perches en travers des poutres ou poutrelles et de charger ces perches de fourrage sec. Cette pratique est blâmable. Elle favorise la multiplication des toiles d'araignées; elle accumule la poussière; elle contribue à l'altération du foin qui reçoit les émanations des animaux; enfin, elle nuit au fumier, qui reçoit quantité de graines plus ou moins salissantes. Ces inconvénients ne sont pas ignorés de tous les cultivateurs, et nous en connaissons, même dans les localités

les plus arriérées, qui, pour les prévenir en partie, étendent des plaques de gazon sur les perches. C'est la ressource des pauvres, et nous ne la dédaignons pas. Les planches sont chères, quand on les veut bonnes et de longue durée. Donc ceux qui ne sont pas en mesure de s'imposer un sacrifice de cette nature, ont raison de recourir au gazonnage. Toutefois, nous pensons qu'il y aurait moyen de faire mieux et à des conditions tout aussi faciles. Ce moyen consiste à établir des planchers avec des rondins de bois de corde roulés dans un mortier de terre glaise et de foin. En serrant l'un contre l'autre ces rondins enduits de mortier, on obtient un solide plancher que l'on recouvre d'argile pétrie, de manière à former une sorte d'aire de grange qui ne laisse passer ni poussière ni graines. On peut l'enduire de même en dessous, le blanchir à la chaux et imiter le plafonnage. Nous conseillons fortement ce mode économique de planchéiage, parce que nous en connaissons très-bien les avantages.

Bergeries. — Tessier, dont le nom fera toujours autorité, car il rappelle un observateur habile et un homme de conscience, a écrit ce qui suit dans le Dictionnaire de Déterville : — « Les dimensions d'une bergerie sont subordonnées au nombre des bêtes à laine qu'elle doit contenir. Elles doivent être calculées suivant la position des crèches, de manière que toutes les bêtes à laine puissent en même temps y prendre aisément leur nourriture et sans qu'il y ait de terrain perdu ou de non occupé. Nous disons suivant la position des crèches, car on ne les place pas de la même manière dans toutes les bergeries, et cette différence en apporte nécessairement dans leurs dimensions.

«Par exemple, dans les bergeries qui ont peu de largeur, on fixe les râteliers le long de leurs murs de côtières, ou on les place dos à dos au milieu et dans le même sens; lorsqu'elles ne peuvent avoir que deux rangs de crèches, ou un double rang, on les appelle quelquefois bergeries simples. Mais lorsqu'elles sont assez larges pour y placer un plus grand nombre de rangs de crèches, on les dispose tantôt dans le sens de leur longueur, tantôt dans celui de leur largeur; alors, quelle qu'en soit la disposition, on les nomme bergeries doubles.

« Nous pensons que la position la plus économique des crèches dans les bergeries est celle dans le sens de leur longueur, parce qu'il y a beaucoup moins de terrain perdu en communications intérieures, et qu'alors sur la même surface, il tiendrait plus de moutons, et aussi parce que les crèches placées dans le sens de la largeur des bergeries, en multipliant les communications, rendent leur service plus commode.

« Quoi qu'il en soit, voici les données dont on se sert pour déterminer les dimensions des bergeries.

L'expérience apprend qu'une bête à laine, en mangeant à la crèche, y tient une place d'environ 4 décimètres, suivant sa grosseur. En multipliant cette dimension autant de fois qu'il doit y avoir de bêtes à laine dans la bergerie, on connaîtra la longueur développée qu'il faudra

donner aux crèches pour que chacune puisse y trouver sa place.

« D'un autre côté, les crèches, y compris les râteliers, présentent ordinairement une largeur d'un demi-mètre et la longueur moyenne d'une bête à laine est d'environ un mètre et demi.

« Ainsi, en supposant que l'on doive placer les crèches dans le sens de la longueur d'une bergerie, et en additionnant la largeur du nombre de crèches et la longueur du nombre de bêtes à laine qui pourront tenir dans la largeur de la bergerie, on trouvera définitivement pour sa largeur totale, savoir, pour celle d'une bergerie à deux rangs de crèches et deux longueurs de moutons, 4 mètres ; pour celle à quatre rangs de crèches, 8 mètres; pour celle à six rangs de crèches (deux doubles et deux simples), 12 mètres.

« La largeur d'une bergerie étant ainsi déterminée, et la longueur développée qu'il faudra donner aux crèches étant connue par le nombre de moutons que la bergerie doit contenir, il sera facile d'en calculer la longueur définitive.

«Par des calculs analogues, on déterminerait aussi aisément ses dimensions si l'on devait placer la crèche dans le sens de la largeur de la bergerie.

« Quant à la hauteur, sous planchers ou sous voûtes, qu'il faut donner à ces logements, elle doit être au moins de 4 mètres pour les bergeries d'hivernage et de 3 mètres pour les bergeries supplémentaires. »

« D'après les écrits de M. Tessier, ajoute M. de Gasparin, l'emplacement à donner à chaque tête de l'espèce ovine doit être de 1 mètre carré pour chaque brebis ou mouton, et 0,75 pour un agneau. Si l'on suppose la largeur de la bergerie de 8 mètres, le troupeau composé de 150 brebis et de 50 agneaux, la longueur du bâtiment sera de 23 mètres à peu près. »

Bien que l'on recommande de placer les bergeries à l'exposition du midi, afin d'éviter les brusques variations de température, il n'en est pas moins vrai que les moutons souffrent beaucoup de la chaleur et qu'il est nécessaire de prendre des mesures pour renouveler fréquemment l'air des bergeries. Daus les fermes bien tenues, les ouvertures sont nombreuses, uniquement en vue du renouvellement de l'air.

Nous avons vu une bergerie entièrement construite en planches et à claire voie, sous le climat des Flandres belges, mais nous doutons que l'essai trouve beaucoup d'imitateurs. Le séjour de nos races croisées et plus ou moins délicates, dans ce logement, doit être pénible en hiver. Nous n'avons pas affaire à ces races robustes de l'Écosse, aux cheviots, par exemple, qui passent ordinairement la rude saison en plein air.

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nager, à la base du mur, une rigole pour l'écou-, à quoi s'en tenir sur les dimensions nécessaires. lement des urines, qui sont très-abondantes. Enfin, les dispositions doivent être prises de façon que l'auge soit enchâssée dans le mur et que la nourriture puisse être donnée du dehors.

Poulailler.

Une pièce qui aurait 4,50 de longueur dans œuvre sur 4 mètres de largeur, ou qui aurait 6,50 de longueur sur 3 mètres de largeur, pourrait contenir une centaine de poules. Mais, d'après M. Ch. Jacques, il ne faut pas mettre plus de 30 à 50 poules dans le même poulailler. « Si l'on en veut entretenir davantage, dit-il, il vaut mieux avoir plusieurs logements moyens qu'un très-grand, et les placer aussi loin que possible les uns des autres, afin que les poules prennent l'ha- | bitude de rentrer chacune dans leur demeure. »> Selon le même écrivain, le poulailler ne doit jamais être exposé au midi; le levant est l'exposition la plus favorable. Il demande qu'on laisse, dans la partie la plus élevée de l'un des murs, au levant ou au couchant, une ouverture grillée, large et basse, avec un volet plein à charnière qui servirait à donner plus ou moins d'air. On abaisserait ce volet en été et en hiver, pendant les journées douces. M. Malézieux conseille aussi l'exposition du poulailler au levant et pense que du moment où une température de 16 à 18° est très-convenable à la volaille, il est bon d'adosser le poulailler à un four ou à une cuisine. De Perthuis écrivait au commencement de ce siècle: - « Si un poulailler est trop froid, les poules n'y pondent point; s'il est trop chaud ou trop humide, elles y sont expo- | sées à des maladies ou à des rhumatismes; et si ses murs ne sont pas recrépis avec soin, si son sol n'est pas exactement carrelé, les rats, les souris et les insectes s'y nichent, troublent le sommeil des poules et les empêchent de prospérer, etc.

« Les poulaillers doivent donc être construits aussi sainement que les logements des autres animaux domestiques, et être entretenus avec une propreté particulière. »

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Clapier. L'éducation du lapin domestique n'est pas à dédaigner; disons donc quelques mots de la construction du clapier. M. Malézieux recommande de l'exposer au levant ou au midi, de l'entourer de murs de 1,50 à 2 mètres de fondation, de le couvrir d'un toit qui le mette à l'abri des injures de l'air, de le protéger contre les fouines, les chats et les renards et d'aérer au moyen de fenêtres grillées. Un clapier de 12 à 15 mètres de long sur 4 ou 5 mètres de large, peut contenir de 20 à 24 loges, dont deux destinées aux mâles et deux autres, doubles des premières, destinées aux jeunes lapins de cinq à six semaines. Les loges ordinaires ont de 0,75 à 1 mètre en tous sens. On peut en augmenter le nombre en les superposant par étages.

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Dandolo demande 52 mètres par 30 grammes de graine de vers et pour une éducation de 600 grammes; 62 mètres par 30 grammes et pour une éducation de 150 grammes.

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Gerbier. Dans les contrées où les cultivateurs mettent leurs gerbes en grange, au lieu de les mettre en meules, ou bien encore au lieu de procéder au battage sur le terrain, comme dans le midi de la France, il est bon, avant de bâtir, de se rendre compte de la place qu'occuperont les gerbes. Or, il résulte des expériences de Block qu'un mètre cube renferme une moyenne de 100 kilog. de gerbes de céréales, ce qui donne par hectolitre de grains à peu près 2,67 cubes. Du moment donc où l'on sait combien on cultivera d'hectares en céréales et combien l'hectare rapportera en moyenne, il devient facile de connaître la capacité à donner au gerbier.

Fenils ou greniers à fourrages. Nous supposons toujours que l'usage des meules n'est pas adopté dans la localité et que les fenils doivent contenir toute la provision nécessaire aux animaux de la ferme. Partant de là, nous faisons observer que 100 kilogrammes de fourrage entrent dans un mètre cube. Or, en admettant avec M. de Gasparin qu'il faille 12,50 de fourrage par tête de cheval et par jour, il faudra pour chaque cheval environ 45 mètres cubes de fourrage par année, et par conséquent autant de 45 mètres qu'il y aura de chevaux.

Il s'agit, après cela, de régler le compte des boeufs ou vaches qui, s'ils étaient nourris toute l'année à l'étable, consommeraient autant de fourrage que les chevaux, mais qui, en raison du påturage, en consomment ordinairement moitié moins, c'est-à-dire environ 22 mètres cubes par tête et par année. Puis viennent les moutons qui, d'après M. de Dombasle, consomment à la bergerie, par tête et par jour, en moyenne, 1,40; mais il est à remarquer que les moutons vivent tout au plus six mois de l'année à la bergerie, et que, pendant ces six mois, on ne les nourrit pas toujours au fourrage sec, en sorte que. chaque mouton n'exige peut-être guère plus de 1,50 cubes.

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sur quelques-uns de ces matériaux, mais nous devons déclarer en toute humilité qu'en ce qui touche le choix des pierres à bâtir les plus habiles peuvent s'y tromper. Et, pour notre compte, si nous avions à nous déclarer sur ce point dans un pays inconnu, nous aurions plus de confiance dans le plus infime des paysans de l'endroit qu'en un géologue, un minéralogiste ou un chimiste.

Les pierres à bâtir qui, à Paris et dans le rayon de Paris, sont désignées sous le nom de moellons, diffèrent d'aspect et de nature selon l'état géologique des contrées. On se sert de calcaire, de grès, de basalte, de granit, de schiste, de pierres meulières, etc. Seulement, il y a du choix dans ces diverses pierres. Pour chaque sorte, nous en connaissons d'excellentes et de détestables; celles d'une carrière valent plus ou valent moins que celles d'une autre carrière qui la touche; dans une même carrière, nous avons des parties qui ne se valent pas non plus indistinctement. Nous avons des calcaires qui craignent la gelée, et d'autres qui ne la craignent pas; le moellon calcaire de Paris ne ressemble guère au moellon calcaire de certaines localités de la Bourgogne, et celui-ci ne ressemble guère au moellon calcaire du Nord. Nous avons des grès durs et des grès doux ; des granits qui se désagrégent et d'autres qui résistent des siècles; des schistes qui tombent en pâte et des schistes qui durcissent à l'air.

moins hydrauliques, la chaux maigre et la chaux grasse. Les premières sont précieuses pour les fondations et les parties humides; mais les frais de fabrication en élèvent beaucoup le prix de vente, de façon que nous restreignons leur emploi le plus possible. Nous nous en servons pour les caves, les fondations, les citernes, les parties de murs exposées au contact de l'eau, ou les parties de murs attenantes au sol. La chaux maigre, lorsqu'elle se rapproche un peu des chaux hydrauliques, n'est point à dédaigner, mais lorsqu'elle renferme du carbonate de magnésie et quelquefois du gypse en proportions notables, il faut s'attendre à des inconvénients; elle trompe d'abord, mais, au bout de quelques années, elle se désagrége ou quitte la pierre. La chaux grasse lui est grandement préférable quand on l'associe à du sable de choix, et qu'on la gâche habilement.

Les chaux hydrauliques, avec lesquelles on prépare du mortier, exigent moins de sable et du sable moins pur que la chaux grasse, par cette raison bien simple qu'elles renferment une quantité importante de silice pure, tandis qu'il n'en est pas de même avec la chaux grasse. Pour celleci donc, on doit veiller à ce que le sable employé no laisse rien ou fort peu de chose à désirer. In sable qui ne salit point les mains lorsqu'il est humide et qui produit sur la peau l'effet du verre pilé, est ordinairement très-estimé ; le sable de ri- « On doit, dit M. de Gasparin, se méfier des vière est presque toujours supérieur au sable de pierres à cassure terne, exhalant sous le souffle carrière. Souvent on ajoute à la chaux grasse et une odeur d'argile; des calcaires dolomitiques; au sable de la brique pilée et tamisée. C'est le des calcaires qui fournissent une chaux maigre ou moyen de fabriquer un excellent mortier. Il imune chaux hydraulique ; des calcaires d'eau douce porte de couler ou éteindre la chaux vive le plus en général, des grès tendres, des granits et des tôt possible et de préparer le mortier grosso modo schistes friables. » Nous ferons observer cepen- quelque temps avant de s'en servir. On le gâche dant que la règle comporte des exceptions. Ainsi une seconde fois au moment de l'emploi, et de nous connaissons des grès roses relativement tenmanière à ce qu'on n'aperçoive pas de grumeaux dres au sortir de la carrière, faciles à travailler, de chaux dans le mélange. En ceci, les meules à à tailler pendant quelques mois et qui, durcissant broyer font de meilleure besogne que la main du ensuite à l'air, sont préférables aux grès durs. A maçon. Plus la division est complète et moins on l'appui de notre assertion, nous pouvons mention-verse d'eau pour gâcher, plus le mortier approche ner les pierres qui servent à l'entretien de la belle église de Saint-Hubert (Belgique).

La qualité des briques dépend de la nature de la terre employée pour les fabriquer et du degré de cuisson. On reconnaît que la cuisson a été convenable quand les briques rendent un son clair. On croit généralement que les meilleures argiles pour la brique sont celles qui renferment le quart ou le tiers de leur poids de carbonate de chaux. L'observation peut être juste; cependant, nous avons rencontré dans les terrains schisteux des argiles qui ne contiennent pas de carbonate de chaux et qui, néanmoins, servent souvent à fabriquer d'excellentes briques; dans les situations humides, il nous paraît toujours convenable de placer les constructions en briques sur des assises en pierre. Les bons mortiers sont aussi précieux que les bonnes pierres et les bonnes briques. Ils ont souvent le mérite de rendre solides et durables des constructions faites avec des pierres de mauvaise qualité. La valeur des mortiers dépend de la valeur de la chaux, du sable et du mode de préparation auquel on les soumet. Nous distinguons plusieurs sortes de chaux qui sont : les chaux plus ou

de la perfection.

En ce qui regarde le plâtre, nous nous bornerons à dire que le meilleur provient des pierres les plus dures et les moins faciles à cuire, et que le plâtre qui a été exposé à l'air pendant un certain temps ou à la pluie, ou aux brouillards, doit être rebuté. Il n'a toutes ses qualités qu'au sortir de dessous la meule.

En traitant de la sylviculture, le Livre de la Ferme s'occupera nécessairement des qualités propres aux diverses essences forestières. Les bois de charpente ne seront donc pas oubliés.

Nous terminerons ce chapitre par quelques mots sur les couvertures. On couvre les habitations avec des pierres minces, avec du chaume de seigle ou des graminées de forêts, avec des tuiles creuses, des tuiles plates, avec des planches, avec des lames de zinc, et enfin avec des ardoises de dimensions variables. Les couvertures en pierres minces sont communes encore sur quelques points de nos localités montagneuses. Elles ont eu leur raison d'être, alors que la pierre à bâtir tirée sur place, ne coûtait guère et que les bois de charpente provenaient de l'affouage. On pouvait, à peu

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de frais, construire des murs épais, multiplier les grosses poutres et soutenir des poids énormes. Aujourd'hui, la situation n'est plus la même ; le prix des bois de charpente est élevé partout, et il ne faut plus songer aux toitures en pierres qui, d'ailleurs, ne permettent pas d'élever les murs à une hauteur raisonnable et de faire des toits à pente rapide. Il n'y a plus à s'en occuper que pour mémoire.

autres, ont, en outre, le défaut de ne pas préser ver nos greniers des rigueurs de l'hiver. Mais les situations commandent, et nous serions fort en peine, dans un grand nombre de contrées, de substituer à ce mode de couverture un mode plus économique. La tuile n'a pas fait son temps, et nous devons la maintenir faute de mieux.

des bois.

Les couvertures en planches ne sont possibles que dans les pays de forêts et ne le seront bientôt Les toits de chaume et de graminées sont avan-plus à raison de la rapide augmentation de valeur tageux à divers titres. Ils conservent la chaleur en hiver, la fraîcheur en été et dispensent les cultivateurs de faire les frais de charpentes coûteuses. Ils ont en retour l'inconvénient de favoriser les incendies et d'entretenir l'humidité sur les greniers lorsque la paille commence à pourrir, et qu'elle se charge de mousse, de joubarbe, de brôme, etc. Nous ne voyons dans le chaume que la ressource du pauvre.

Les tuiles creuses sont trop lourdes; les tuiles plates, quoique moins lourdes que les précédentes, le sont encore trop aussi, et les unes comme les

Les lames de zinc ne conviennent qu'aux toits plats, aux terrasses, et sont sujets à de fréquentes réparations. Qu'un vent d'orage y fasse une trouée et le toit peut disparaître tout d'une pièce. Vous remarquerez d'ailleurs que les toits en zinc d'un numéro convenable entraînent à de fortes depenses.

Les couvertures en ardoises sont, à notre avis, les meilleures de toutes; mais le prix de revient est encore élevé et ne l'aborde pas qui voudrait. P. JOIGNEAUX.

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CHAPITRE XI

DE L'ASSAINISSEMENT DES TERRES ET DU DÉFRICHEMENT.

Il s'agit maintenant de se mettre à l'œuvre, d'attaquer résolument le terrain. Or, avant même de procéder au défrichement, il convient, dans bien des cas, de débarrasser le sol des eaux qui peuvent le rendre impropre à la culture. Cette opération, qui a pour but de rendre sain un milieu considéré avec raison comme malsain pour les végétaux, porte le nom d'assainissement.

Les moyens d'assainir un sol sont connus de temps immémorial, mais il était réservé à notre siècle de les perfectionner et de les vulgariser. Le drainage constitue ce perfectionnement. Nous ne voulons pas en amoindrir l'importance; mais il nous semble qu'il serait de bon goût de la part de nos draineurs modernes de ne point s'attribuer exclusivement le mérite d'avoir procédé avec méthode et intelligence. M. Leclerc, à qui nous devons un très-bon livre sur le drainage, reconnaît que les saignées souterraines, pratiquées de vieille date par nos cultivateurs, offrent la plus grande analogie avec le drainage moderne des Anglais; seulement, il a eu le tort d'ajouter « que l'emploi des saignées souterraines était toujours restreint, anciennement, aux circonstances particulières où la surabondance d'humidité provenait de sources d'eau de fond montant à travers le sous-sol et arrivant à la surface du terrain. Dans tous les autres cas, continue-t-il, pour les sols argileux, pour les terres froides et crues, par exemple, qui ont beaucoup à souffrir de l'humidité qui s'y accumule durant la mauvaise saison, les agriculteurs ne songeaient point à recourir au

procédé de desséchement dont il est question, principalement à cause des préjugés qu'ils avaient relativement à la nature des terres fortes et à l'imperméabilité des argiles. »

Nous allons répondre à cette assertion par des extraits textuels:

Il y a environ 1800 ans, Columelle écrivait : « Si le champ est humide, on le desséchera au moyen de fossés qui recevront les eaux surabondantes. Nous connaissons deux sortes de fossés: ceux qui sont cachés, et ceux qui sont ouverts. Dans les terrains compactes et argileux, on préfère ces derniers; mais partout où la terre est moins dense, on en creuse quelques-uns d'ouverts, et les autres sont recouverts, de manière que les derniers s'écoulent dans les premiers... Pour les fossés couverts, on creuse une sorte de sillon à la profondeur de trois pieds; quand on les a remplis à moitié avec de petites pierres ou du gravier pur, on finit de les combler avec une partie de la terre qu'on en avait tirée. Si l'on n'a à sa disposition ni caillou ni gravier, on formera comme un câble de sarments liés ensemble, assez gros pour occuper le fond de la fosse qui en est la partie la plus étroite, et dans laquelle on le presse et l'adapte; puis on recouvrira les sarments avec des ramilles soit de cyprès, soit de pin, ou, à leur défaut, avec des feuillages quelconques, que l'on pressera fortement avec le pied, et sur lesquels on répandra de la terre. Après cette opération, on établira aux deux extrémités du fossé, comme on le fait pour les petits ponts, deux pierres seulement, comme

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