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Il convient, en outre, de remarquer qu'avec l'accroissement du diamètre, la ligne de tirage qui part de l'épaule des chevaux pour aboutir à l'axe du rouleau, se rapproche davantage de la ligne horizontale. L'obliquité de la ligne de tirage fait supporter aux animaux une partie du poids de l'instrument tout en diminuant l'énergie du roulage. Pour une longueur constante des traits, ce genre d'inconvénient est d'autant plus pénible pour l'attelage, que le diamètre du rouleau est plus petit et la taille des animaux plus grande.

Il n'est cependant pas nécessaire que la ligne de tirage soit horizontale, et il est même avantageux de lui conserver une légère obliquité. Celle-ci peut utilement, dit M. Lœuillet, former avec l'horizon un angle de 11 à 12o. En partant de cette donnée, il estime que pour un rouleau de 1,20 de diamètre, le point d'attache des traits sur le collier étant situé à 1,22 au-dessus du sol, une longueur de traits de 3 mètres, mesurée horizontalement, serait tout à fait convenable. On peut, sans rien changer au volume du rouleau, augmenter ou diminuer l'inclinaison de la ligne de tirage, en raccourcissant ou en allongeant les traits. Si l'on examine des rouleaux d'inégal diamètre durant leur mouvement de progression sur une surface motteuse, on ne tardera pas à s'apercevoir que le rouleau le plus volumineux a la marche la plus régulière, et donne lieu au tirage le plus uniforme. Le rouleau à petit diamètre heurte avec plus ou moins de violence contre les mottes qui se trouvent sur son parcours, et il en résulte un choc pénible pour les animaux; en outre, si les mottes ne se divisent point sous l'influence de l'ébranlement qu'elles reçoivent, elles constituent un obstacle que l'instrument doit franchir pour poursuivre sa course, et cela ne peut avoir lieu que moyennant une dépense de force plus grande de la part de l'attelage. De là, une inégalité de tirage tout à fait défavorable, et qui impose aux animaux une fatigue plus considérable. Sous ce rapport, les rouleaux à grand diamètre méritent donc encore la préférence, mais cela n'établit cependant pas leur supériorité d'une manière décisive. Pour que cette supériorité pût leur être concédée, il faudrait qu'ils procurassent en même temps, dans toutes les circonstances, le travail le plus parfait.

Nous n'avons jusqu'ici envisagé les rouleaux d'inégal volume qu'au point de vue de leur résistance au tirage, sans nous préoccuper de l'influence qu'une variation de ce genre peut avoir sur l'ameublissement et le plombage du sol. Pour nous éclairer à cet égard, comparons l'action de deux rouleaux, semblables sous tous les autres rapports, mais différant par leurs diamètres qui sont entre eux comme 1: 2. Dans cette hypothèse, la circonfé'rence du gros rouleau sera double de celle du petit, et si nous supposons que, durant le travail, les deux rouleaux mis en présence marchent avec la même vitesse, c'est-à-dire parcourent le même espace dans des temps égaux, il faudra nécessairement qu'ils tournent avec des rapidités différentes. Les deux instruments ne sauraient, en effet, avoir une marche uniforme qu'à la condition que le rouleau à faible diamètre fasse deux tours sur son

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axe pendant que le gros rouleau n'en fait qu'un. Il en résulte que, dans son mouvement de progression, le premier développera une force vive supérieure à celle du second, et qu'il imprimera aux blocs de terre une secousse plus violente, et, partant, plus efficace pour les faire éclater. Aussi doit-on reconnaître que le rouleau à petit diamètre est doué d'une plus grande énergie que le gros, et l'avantage lui appartiendra toujours chaque fois qu'il s'agira de pulvériser des mottes ayant acquis une forte consistance sous l'influence de la chaleur. Reste à savoir s'il conserve encore l'avantage dans le cas où le roulage a simplement pour objet de raffermir et de tasser le sol.

Pour résoudre cette question, il faut faire fonctionner les deux instruments dans les mêmes conditions de terrain, et les arrêter simultanément à un moment donné de leur course. Si l'on examine alors la manière dont ils se comportent à l'égard de la surface sur laquelle ils reposent, on constatera que par suite de la compression du sol, ils s'y sont enfoncés, et qu'une portion plus ou moins étendue de leur circonférence s'y trouve engagée. Puisque les deux rouleaux possèdent le même poids, il est certain que celui qui offrira le moins de points de contact avec la terre sera, en même temps. celui qui exercera la pression la plus énergique, puisque la surface sur laquelle il s'appuie sera moins étendue. Or, il est facile de s'assurer que la portion de circonférence du rouleau à petit diamètre engagée dans le sol est moins grande que celle du rouleau le plus volumineux, et l'on acquiert dès lors la certitude que le premier donne un tassement plus vigoureux et, conséquemment, un plombage plus efficace. Toutefois, M. Louillet fait à cette occasion une observation qui ne manque pas de justesse, à savoir qu'avec le gros rouleau les points du sol qui subissent successivement son contact éprouvent une pression plus durable, et, dans certains cas, cela peut, en quelque façon, compenser la moindre intensité.

Quoiqu'il en soit, il résulte des observations qui précèdent, que, dans la construction du rouleau, le diamètre doit fixer l'attention, puisque, soit qu'on l'augmente, soit qu'on le réduise, on change décidément le mode d'action de l'instrument. De deux rouleaux de même longueur et de même poids, le moins volumineux est le plus énergique, mais il est le moins avantageux sous le rapport du tirage, et il serait sans doute à désirer que l'on pût construire un instrument pourvu simultanément des qualités de l'un et de l'autre. Malheureusement, cette utile combinaison n'est pas réalisable, et, à défaut d'un rouleau parfait, force nous est de nous en tenir à celui qui nous paraît faire la part la plus large aux avantages respectifs des rouleaux à grand et à petit diamètre. Pour atteindre ce but, il ne faut outrer les dimensions ni dans l'un ni dans l'autre sens, et s'arrêter à un diamètre moyen. En adoptant comme limites extrêmes 0,70 à 1 mètre, on peut, ce nous semble, construire de fort bons rouleaux, aptes à procurer un travail énergique, sans exiger de la part des animaux des efforts de tirage trop considérables.

Les rouleaux sont creux ou pleins. Les rouleaux

creux se construisent en fonte, et quelquefois en bois; les autres se construisent en pierre et en bois.

Les rouleaux de pierre et de bois sont fort répandus; ils coûtent moins cher que ceux de fonte, et c'est à ce motif qu'il faut attribuer la préférence que leur accordent généralement les cultivateurs. Les rouleaux de bois pèchent assez souvent par le manque de poids, et ceux de pierre par la petitesse de leur diamètre. L'adoption des rouleaux creux permet de donner à ces instruments le diamètre que l'on juge le plus convenable sans exagérer leur poids.

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Quelle que soit, d'ailleurs, la matière employée dans leur fabrication, les rouleaux se distinguent les uns des autres par leurs formes. Les rouleaux cylindriques se rencontrent partout. Dans certaines localités on se sert de rouleaux de forme polygonale, généralement construits en pierre. Ceux-ci sont hexagones ou octogones, c'est-àdire qu'ils sont formés par un solide terminé par six ou huit faces planes. Il est des pays où l'on emploie des rouleaux constitués par un solide cylindrique hérissé de chevilles de bois ou de pointes métalliques plus ou moins longues et plus ou moins aiguës. Ailleurs, et notamment en Angleterre où leur emploi est beaucoup plus répandu que sur le continent; on fait usage de rouleaux formés par des disques de fonte tranchants ou garnis de dents, agencés sur un même axe, et solidaires ou indépendants dans leur mouvement de rotation.

Si l'on considérait ces variations comme inutiles et superflues, on se tromperait. La vérité est que l'on ne saurait se faire une idée exacte de la valeur d'un rouleau en négligeant de tenir compte de sa forme, et celle-ci doit toujours être appropriée aux conditions où l'instrument doit fonctionner.

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pour unique mission de plomber le sol, de raffermir les terres soulevées, et de donner plus de consistance à celles qui sont trop légères; ils servent encore à l'ameublissement du sol. Le rouleau est, sans doute, un instrument tout à fait indispensable dans la culture des terrains légers, mais il n'est pas moins précieux dans celle des sols de nature argileuse et compacte, et voilà ce que l'on méconnaît trop souvent encore. C'est cependant ce qu'il importe de savoir quand il est question de décider de la préférence que l'on doit accorder à telle ou telle forme de rouleau.

Dans les terres qui pèchent par un défaut de consistance ou qui sont trop soulevées, le rouleau cylindrique à surface unie est tout à fait convenable (fig. 128 et 129). Il exerce sur tous les points de la surface qu'il embrasse dans son parcours une pressión égale, très-favorable à l'uniformité du raffermissement de la couche arable, et si son action est alors insuffisante, cela dépend non pas de sa forme, mais de l'une des circonstances dont nous avons précédemment fait mention, et fort souvent, de l'insuffisance de son poids.

Les rouleaux de forme polygonale, en les supposant, d'ailleurs, semblables sous tous les rapports, sont incontestablement plus énergiques que les rouleaux cylindriques. Cela provient de ce que, pendant leur mouvement de progression, ils sont soumis à une succession de chutes d'autant plus brusques que l'allure de l'attelage est plus rapide, et qui accroissent notablement la puissance de leur action. Quoi qu'il en soit, ces rouleaux présentent de sérieux inconvénients, et ils ne nous paraissent nullement recommandables. Il est à remarquer, en effet, que dans le rouleau polygonal, l'instrument pivote sans cesse sur ses arêtes, et que chacune d'elles devient à son tour centre de rotation. Or, ce résultat ne saurait s'accomplir sans nécessiter un surcroît d'efforts de la part de l'attelage, attendu qu'en pareil cas, le poids du bloc de pierre intervient comme élément de résistance de là un tirage plus considérable, et, qui plus est, tout à fait irrégulier, ce qui est toujours défectueux. Au surplus, comme le soulèvement du rouleau sur ses arêtes, est suivi d'une chute rapide, l'épaule des chevaux reçoit, chaque fois que la chute se répète, une secousse plus ou moins forte, toujours fort pénible, et qui occasionne une grande fatigue aux animaux.

Si les rouleaux cylindriques peuvent avantageusement servir pour plomber et raffermir les sols légers ou soulevés, ils ne sont plus d'une complète efficacité dans les terres argileuses et tenaces; parfois même, ils sont totalement insuffisants. Les rouleaux unis, même les plus pesants,

dit avec raison M. Louillet, parviennent difficilement à rompre les grosses mottes des terrains tenaces. Ils présentent, en outre, ainsi qu'il le fait remarquer, l'inconvénient grave, sur les sols argileux, imparfaitement secs, de comprimer la couche supérieure, de la durcir, et de transformer la surface du champ en une sorte d'aire solide, impropre à la végétation, et d'un ameublissement très-difficile.

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Le rouleau squelette de M. de Dombasle appartient à cette dernière catégorie (fig. 131 et 133). Il est formé par des disques creux, en fonte, à biseaux circulaires tranchants, agencés sur un axe de fer, et maintenus à distance par l'interposition de petits disques également en fonte, ainsi que cela se voit très-bien dans la figure 131. Ces disques ne peuvent éprouver d'autre mouvement que celui que leur communique l'axe sur lequel ils sont assujettis. Le poids du rouleau squelette est d'environ 250 kilogrammes, et il coûte de 150 à 180 francs suivant le prix de la matière première. Cet instrument, long d'environ 1m,20, procure un vigoureux tassement et divise bien les mottes de terre; mais la fixité des disques sur l'axe qui les supporte, n'est pas avantageuse. C'est ainsi que, dans les sols quelque peu humides, la terre peut s'interposer entre les disques, s'y accumuler et paralyser, du moins en partie, l'action de l'instrument. Cette disposition rend les tournées moins commodes, et s'il était pourvu de disques mobiles, l'appareil offrirait l'avantage des rouleaux brisés dont il a été question plus haut. On construit, du reste, aujourd'hui, des rouleaux qui ne laissent rien à désirer sous ces divers rapports, et, parmi eux, le rouleau anglais de Crosskill jouit d'une réputation justement méritée.

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ment de la compression Rouleau à chevilles. qu'ils exercent, doivent, à l'aide des aspérités dont ils sont revêtus, déchirer la surface sur laquelle ils se meuvent, et déterminer son ameublissement. Agis

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Ce rouleau (fig. 133) se compose d'un nombre variable de disques, douze à vingt ou plus, réunis sur un même axe, et complétement indépendants dans leur mouvement de rotation. Ces disques sont en fonte et garnis de dents à leur circonférence. Ils sont munis de quatre bras diamétraux qui, en se réunissant au centre, laissent une ouverture destinée à recevoir l'essieu. Indépendamment des dents qui en garnissent le pourtour extérieur, la couronne porte, de chaque côté, de petits coins qui accroissent notablement la puissance de l'instrument quand il s'agit de rompre les mottes. Habituellement les disques ont de 0,65 à 0m,75 de diamètre, mais ils n'ont pas toujours un diamètre uniforme. Dans le rouleau Crosskill le plus perfectionné, l'essieu porte des disques de diamètres différents alternant entre eux. Les disques ayant le plus petit diamètre sont pourvus à leur centre d'une ouverture plus grande, ce qui leur permet de se déplacer et de suivre les inégalités du terrain. Le grand avan

tage de cette disposition ingénieuse, c'est de prévenir l'engorgement de l'instrument en s'élevant et en s'abaissant sur l'essieu, ces disques font l'office de décrottoirs à l'égard de leurs voisins, et les débarrassent de la terre qui tendrait à y adhérer. Sa longueur varie de 1,20 à 1,60 et son poids de 1 000 à 1 800 kilogrammes, suivant le nombre de disques dont il est pourvu. Par son poids, cet instrument exerce sur le sol une compression des plus énergiques, en même temps que, par sa forme, il détermine l'ameublissement de la couche superficielle du terrain. D'un autre côté, aucun instrument ne convient davantage pour rompre et pulvériser les bandes de terre durcies par la chaleur, et il doit être considéré comme un appareil de la. plus haute utilité dans la cul

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ture des terres fortes. Toutefois, on ne saurait | brisés, ont été construit dans le but d'obvier & cet s'en servir pour raffermir les terres soulevées inconvénient. Ces rouleaux, que l'on fabrique en et déjà couvertes de récoltes: à cause de sa forme pierre ou en fonte, se composent de deux, trois ou anguleuse, son passage sur les sols emblavés au- quatre tronçons cylindriques, assemblés sur un rait nécessairement pour les jeunes plantes des même axe, complétement indépendants les uns conséquences désastreuses. A part cette circon- des autres, et pouvant, en outre, suivant les cirstance, il est certain que pour tasser énergique- constances, s'élever ou s'abaisser sur l'essieu qui ment le sol, et l'ameublir, le pulvériser simul- les supporte. Un rouleau de ce genre est celui de tanément, le rouleau Crosskill est un instrument M. Claes, de Lembecq (fig. 13). Il est formé de justement estimé. Le seul reproche qu'on puisse lui faire, c'est son prix. Il coûte 400, 500, 600 francs et plus, suivant son poids, et cela est de nature à mettre obstacle à son emploi, même dans des conditions où il pourrait rendre d'éminents services.

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Le rouleau Crosskill est quelquefois pourvu de deux roues fixées aux extrémités de l'essieu. Ces roues, extrêmement utiles pour transporter l'instrument sur les terres, sont enlevées au moment du travail. On les ôte en les faisant pénétrer dans des tranchées creusées à l'avance, et suffisamment profondes pour que les disques du rouleau s'appuient sur le sol; on opère d'une manière analogue quand il s'agit de les remonter. Cette manœuvre n'est, toutefois, ni très-commode, ni très-rapide, et c'est pour remédier à cet inconvénient que l'on a imaginé de munir le cadre du rouleau d'un essieu sur lequel on place les roues. Cette disposition se remarque dans le rouleau de Grignon (fig. 134). Pour le placer sur ses roues, il

Fig. 134. Rouleau de Grignon.

suffit alors de le faire basculer au moyen des limons. Le rouleau Crosskill construit à Grignon n'est pas entièrement semblable à celui représenté figure 133; les disques dont il est pourvu portent des dents crochues, et comme les limons sont mobiles, on peut à volonté, le faire mouvcir dans deux séns contraires, et en obtenir des roulages d'énergie différente.

Quand le terrain que l'on roule présente une surface inégale, beaucoup de points peuvent échapper à la compression de l'instrument, et la compression cesse, dès lors, de s'exercer avec l'uniformité désirable. Les rouleaux dits articulés, qui

Fig. 135. Rouleau articule de M. Claes.

quatre cylindres creux, en fonte, consolidés par des bras rayonnants aboutissant à des anneaux destinés à recevoir l'essieu. Celui-ci ayant un diamètre trois fois moins grand que celui du creux où il est logé, chaque tronçon peut s'élever ou s'abaisser, et s'incliner diversement sur l'axe qui lui sert de support. On conçoit aisément comment un pareil instrument peut s'adapter aux inégalités de la surface sur laquelle il travaille. Dans les tournées, il offre les mêmes avantages que les rouleaux brisés.

Le rouleau articulé de M. Claes, construit dans les ateliers de Haine-Saint-Pierre, pèse 640 kilogrammes. Il est en fonte; mais dans certaines localités, on trouverait, sans doute, avantage à le construire en pierre, afin d'en diminuer le prix. Dans ce dernier cas, bien entendu, les tronçons cylindriques au lieu d'être creux devraient être pleins.

Les rouleaux cylindriques ordinaires ne conviennent pas pour rouler les terres disposées en billons. Si on les fait marcher dans le sens de la direction du labour, ils ne peuvent s'adapter à la surface convexe des billons, et si on les dirige transversalement, ils donnent lieu à un tirage inégal, très-pénible et très-fatigant pour les chevaux. Il faut, conséquemment, pour obtenir un bon travail, faire usage de rouleaux appropriés à ce genre de labour. Le rouleau articulé de M. Claes peut avantageusement recevoir cette destination, car ses tronçons cylindriques, en s'inclinant sur leur axe, peuvent se mettre en rapport avec la surface bombée du terrain. M. de Gasparin signale, comme pouvant servir en pareil cas, le rouleau de M. Malingié (fig. 136), qui consiste en un

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Fig. 136. Rouleau de M. Malingié.

ne doivent pas être confondus avec les rouleaux axe de fer coudé portant des rondelles en pierre.

La longueur de ce rouleau est égale à la largeur des billons; il est monté sur un châssis de bois, et deux chevaux sont attelés dans la direction des extrémités, de manière à marcher constamment de front dans les raies de séparation (1).

On a également inventé un rouleau propre à fonctionner en travers des billons. C'est celui de M. Pasquier. M. Londet a donné de cet instrument, dans son ouvrage sur les instruments agricoles, une excellente description que nous allons re produire en l'abrégeant un peu (2).

Le rouleau Pasquier (fig. 137) se compose de

Fig. 137. Rouleau Pasquier.

trois cylindres de fonte, creux et traversés chacun par un axe de fer. Les boîtes des cylindres par où passent les essieux ont un plus grand diamètre que ceux-ci.

Les axes des deux rouleaux de devant sont réunis à une traverse antérieure en fer, d'une part extérieurement par des montants en fer, et d'autre part intérieurement par des montants également en fer, assemblés à articulation par leurs deux extrémités.

Le rouleau postérieur est relié aux deux autres par les montants extérieurs, qui ont reçu, dans ce but, une courbure convenable.

Entre les rouleaux et les montants on met une rondelle, afin que les cylindres soient fixés assez solidement sur les montants et ne puissent se déranger pendant le travail. La rondelle est rapprochée des cylindres par un écrou, mais de manière, cependant, à laisser une certaine liberté à ceux-ci dans le sens de leur longueur et dans le sens latéral.

Unetraverse placée entre les rouleaux de devant et celui de derrière consolide les montants; cette traverse porte en son milieu un œil dans lequel le conducteur peut introduire un morceau de bois qui sert de frein pour ralentir la marche des rouleaux dans les descentes et éviter qu'ils n'attrapent les pieds des chevaux.

La traverse antérieure porte deux palonniers et, en outre, deux crochets placés à la hauteur du rouleau postérieur, et auxquels on peut atteler un troisième cheval au besoin.

Quand on fait fonctionner cet instrument en travers des billons, si ceux-ci ont exactement une largeur double de la distance qui sépare les rouleaux antérieurs du rouleau postérieur, lorsque les premiers seront au sommet d'un billon, le

(1) De Gasparin, Cours d'agriculture, t. III, p. 209.
(2) Londet, instruments agricoles, machines, etc., p. 50.

dernier sera dans la dérayure, et réciproquement; et, lorsque les uns monteront ou descendront, l'autre descendra ou montera : par cette disposition ingénieuse, le travail sera moins fatigant.

Ces trois sortes de rouleaux sont peu répandus, les deux derniers surtout, et, dans les endroits où les terres sont cultivées en billons, on se sert encore le plus ordinairement, pour les plomber, des rouleaux courts que l'on fait successivement passer sur les deux ailes des billons.

Dans beaucoup de rouleaux, le châssis est pourvu de limons; dans d'autres, ces appendices manquent, et les traits des animaux se fixent alors sur les châssis ou s'adaptent à l'axe de l'instrument. De ces deux dispositions, la première, toujours nécessaire pour les sols en pente, est celle qui doit être préférée, car elle donne au rouleau une marche plus régulière, tout en permettant de le faire avancer ou reculer à volonté, et n'expose jamais les animaux à être blessés par l'instrument, quelque inégale que soit la surface sur laquelle celui-ci se meut.

Quand le tirage du rouleau nécessite l'emploi de plusieurs chevaux, ceux-ci doivent être attelés, non pas en file, mais de front. Ce mode d'attelage utilise mieux les forces des animaux, et diminue le piétinement, ce qui est à désirer quand le roulage précède immédiatement la semaille, ou quand la terre est déjà ensemencée.

Aucun instrument n'est plus facile à diriger que le rouleau. Le conducteur doit seulement faire en sorte d'écarter les courtes tournées, incommodes et fatigantes pour les animaux, et qui peuvent, quand le rouleau est d'une seule pièce, donner lieu à des inconvénients signalés précédemment. Il doit aussi veiller à ce que ce rouleau se promène régulièrement sur toute la surface du champ, de manière à ce qu'aucune partie n'échappe à son action.

Pour éviter les courtes tournées, on suit la même marche que dans le hersage, c'est-à-dire qu'au lieu de faire des trains contigus, on opère de manière à laisser entre deux trains successifs au moins la largeur d'un train, et à faire tourner l'attelage toujours dans le même sens. On ne saurait, toutefois, adopter cette marche dans les terres en pente, attendu qu'elle obligerait l'attelage à remonter en traînant le rouleau à l'une des extrémités des trains. En pareil cas, on dirige l'instrument transversalement à la pente et en commençant par les parties les plus élevées du terrain, et l'on roule par trains contigus en faisant tourner l'attelage alternativement à droite et à gauche, et toujours en descendant.

Les terres non inclinées ou qui, du moins, n'offrent qu'une faible pente, labourées à plat ou en planches larges, peuvent être roulées en suivant les bords du champ. Cette méthode est expéditive, car elle diminue les dimensions des tournées et les pertes de temps qu'elles occasionɛent.

Quant à l'uniformité du roulage, on la maintient aisément, soit que l'on dirige l'instrument au moyen de guides, soit que l'on se place à la tête de l'attelage. Dans le premier cas, le conducteur marchant derrière le rouleau le découvre entièrement, et il lui est facile de s'assurer qu'il y a coïn

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