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les meilleurs agronomes, est trop peu répandue. Les cultivateurs auxquels on la recommande, hésitent à l'appliquer parce qu'ils craignent de détruire les plantes et de nuire à leurs récoltes. Mais ils se trompent, et l'expérience faite sur une petite échelle, les rassurerait bientôt. Ces hersages ameublissent le sol, détruisent les mauvaises herbes encore peu enracinées, et constituent de véritables binages. Ils rechaussent les plantes et favorisent le tallement, et, bien souvent, un hersage énergique, effectué en temps opportun, suffit pour rétablir une récolte de froment maltraitée par l'hiver, et que l'on croyait entièrement perdue. L'opération doit, toutefois, être appliquée avec discernement; c'est ainsi que l'on ne doit pas y avoir recours dans les terres qui se soulèvent pendant l'hiver et où les plantes sont déchaussées. Il faut, en pareil cas, se servir du rouleau et non de la herse. Le roulage raffermit le sol, et rend aux racines la stabilité qu'elles avaient perdue sous l'action des gelées.

Le hersage des prairies artificielles, au sortir de la mauvaise saison, produit aussi d'excellents résultats. On fait également, dans le but de les débarrasser de la mousse qui, parfois, les envahit, passer la herse sur les prairies naturelles. On compte ainsi les restaurer, mais on se trompe la mousse n'est pas la cause, mais bien la conséquence de l'appauvrissement des prairies où elle fait son apparition, et le seul moyen efficace de les en débarrasser, est de leur appliquer des engrais. La mousse ne saurait se maintenir là où l'herbe est abondante et vigoureuse; elle esi étouffée.

Les herses plates ne peuvent pas fonctionner convenablement sur les terres labourées en billons, à moins que ceux-ci ne soient larges et peu bombés. Dans ce cas, on peut faire passer la herse successivement sur les deux ailes, à moins que l'on ne préfère se servir de deux herses parallélogrammiques assemblées au moyen de charnières, et adaptées à un seul palonnier. Cette dis

Fig. 124. Herses parallelogrammiques.

position permet même, quand les terres sont compactes et humides, d'éviter le piétinement en faisant marcher les chevaux dans les raies qui séparent les billons. On peut également employer les herses accouplées de Howard (fig. 109) qui sont fort bien construites et possèdent les qualités dont les bonnes herses sont pourvues.

Fig. 125.

Mais quand les billons sont étroits et présentent une convexité très-prononcée, on fait usage de herses courbes construites de manière à pouvoir s'adapter à la forme et à la largeur des billons. La figure 125 représente une herse de ce genre, mais on en construit aussi qui offrent une double courbure (fig. 126) et peuvent, conséquemment, herser deux billons à la fois. La herse double courbe (fig. 127), formée par deux petites herses courbes réunies au moyen des anneaux a et b, est usitée dans des conditions analogues. Le bâton fixé à la partie postérieure au moyen de cordes, sert à diriger les herses et à dégager les dents des herbes qui peuvent s'y arrêter. C'est une annexe que l'on remarque, d'ailleurs, fréquemment, dans les herses usitées dans les Flandres.

Fig. 126.

La conduite de la herse ne présente pas de difficulté; on doit la diriger de manière à ce qu'elle produise son maximum d'effet, et veiller, en même temps, à ce qu'aucune partic de la surface du champ n'échappe à l'action de ses dents.

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Fig. 127.

Quand le hersage a pour objet l'ameublissement du sol, il convient de donner à l'attelage une allure vive : les mottes de terre sont alors plus violemment heurtées et se divisent plus sûrement. C'est en faisant marcher la herse perpendiculairement à la direction des raies du labour que son action est le plus énergique; mais on ne saurait opérer ainsi dans tous les cas; cela dépend des dimensions des pièces de terre, de la forme du labour, et même de la pente du terrain. Quand celui-ci présente une forte inclinaison, il convient de herser transversalement à la pente, attendu qu'en suivant une marche inverse, le travail serait beaucoup plus pénible pour les attelages. Si les champs sont longs et étroits, on est obligé, afin d'éviter les tournées fréquentes et les pertes de temps qui en sont la conséquence, de herser parallèlement aux sillons tracés par la charrue. II en est de même quand les terres sont labourées en planches bombées, car si, dans ce dernier cas, on adoptait une direction différente, la herse n'agirait d'abord que d'une manière imparfaite, et l'on courrait, en outre, le risque de déranger la forme des billons.

Pour obtenir de la herse un travail régulier et uniforme sur toute l'étendue du terrain, il faut veiller à ce qu'il y ait toujours coïncidence entre les trains. En hersant par trains longitudinaux

contigus, la condition serait aisément remplie,
mais on serait alors obligé de faire tourner la
herse sur elle-même, et c'est un mouvement
qu'elle exécute difficilement. On pourrait, il est
vrai, atténuer cet inconvénient en faisant décrire
à la herse, à l'extrémité de chaque train, un cir-
cuit en forme de tête de 8, pour venir reprendre
le train contigu à celui qu'elle vient de quitter;
mais ce mouvement n'est pas non plus très-com-
mode. Aussi, habituellement, on opère différem- |
ment, et l'on évite de faire pivoter la herse sur
elle-même, en réservant, entre le train qu'elle
achève et celui qu'elle va commencer, au moins
la largeur d'un train. Le conducteur doit régler
la marche de manière à pouvoir constamment
tourner dans le même sens, et prendre attention
à ce que l'espace ménagé entre deux trains succes-
sifs et qui doit être hersé au tour suivant, puisse
être complétement embrassé par la herse, sinon
une bande de terre plus ou moins large échappe-
rait forcément à l'action des dents et ne serait
pas travaillée. On pourrait, sans doute, éviter cette
imperfection en ne laissant qu'une faible largeur
au train intermédiaire, mais il en résulterait, tout
au moins, une perte de temps, puisqu'alors la
herse devrait nécesssairement revenir sur une
portion de terrain où, précédemment, elle aurait
déjà passé.

Il est des pays où, au lieu de herser par trains longitudinaux et parallèles à l'un des côtés du champ, on herse en rond comme cela se pratique fréquemment pour le roulage. Cette méthode offre, sans doute, l'avantage de diminuer les pertes de temps suscitées par les tournées, mais elle ne donne pas un hersage aussi uniforme que la précédente, attendu que l'attelage marche alors tantôt en suivant la direction des raies du labour, et tantôt dans une direction qui leur est perpendiculaire.

Un seul hersage est loin de suffire dans tous les cas pour donner au sol une préparation satisfaisante. On est donc obligé de répéter l'opération, soit pour achever l'ameublissement, soit pour recouvrir les semences. Parfois, quand la forme des pièces de terre n'y met pas obstacle, on croise les hersages, c'est-à-dire que le second hersage s'effectue en suivant une direction perpendiculaire à celle adoptée pour le premier. Cette méthode est certainement recommandable.

Dans certaines circonstances, on donne un double hersage, ou, comme on dit encore, un hersage à deux dents, en passant immédiatement deux fois sur les mêmes trains. On doit alors prendre la précaution de ne pas diriger la herse les deux fois dans le même sens; il faut, au contraire, faire en

sorte que les deux hersages s'effectuent en suivant des directions entièrement opposées. Si l'on néglige cette recommandation, il arrivera que les dents de la herse s'engageront, au second tour, dans les sillons qu'elles ont ouverts au premier tour, et le hersage sera immanquablement moins énergique. En faisant décrire à la herse, à l'extrémité de chaque train, un circuit qui la mettrait en position de reprendre, en sens inverse, le chemin qu'elle vient de parcourir, le hersage satisferait à la condition mentionnée ci-dessus ; mais la tournée est alors assez difficile, et l'on donne généralement la préférence au procédé suivant. On fait le premier train en longeant le bord du champ, et le second, immédiatement contre le premier par lequel on repasse ensuite; en quittant ce dernier, on va au troisième train, après quoi l'on reprend le second qui a déjà été hersé une fois. On se transporte ensuite au quatrième train pour revenir par le troisième et ainsi de suite. En suivant cette marche, l'attelage tourne constamment dans le même sens, et tous les trains, à l'exception du premier et du dernier, sont hersés dans deux sens opposés. On pourrait arriver au même résultat, tout en évitant les courtes tournées, en hersant d'abord le champ tout entier, et en adoptant, au second hersage, une marche inverse de celle suivie au premier.

Un seul homme peut aisément conduire deux herses attelées chacune de deux ou trois chevaux. Souvent, alors, il se place à côté des chevaux qui traînent la seconde herse, et il dirige le premier attelage au moyen de guides. Il est des endroits, et notamment aux environs de Paris, où le même homme conduit trois et quatre herses attelées chacune d'un cheval. Le conducteur mène le premier cheval; le second est attaché au palonnier de la première herse par une longe, le troisième au palonnier de la deuxième, et ainsi de suite.

La quantité de travail que la herse peut exécuter en une journée varie suivant les circonstances; elle dépend de la durée de la journée, des dimensions de la herse, de la nature et de l'état du sol, de l'allure de l'attelage, etc. Dans les terres de faible consistance, et qui ne sont pas infestées de mauvaises herbes, une herse peut, moyennement, herser 3 hectares par jour. Dans les mêmes conditions, un seul homme conduisant trois ou quatre herses, pourra faire 7 ou 8 hectares dans sa journée. Cette méthode est fort expéditive. Quant au nombre d'animaux que l'on doit atteler à la herse, il est nécessairement subordonné au poids de l'instrument et aux résistances à vaincre. G. F.

CHAPITRE VII

DES ROULAGES.

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accroît encore l'énergie de la compression qu'il exerce, en imprimant à son corps une secousse chaque fois qu'il pose le pied à terre. Cette précaution n'est même pas négligée dans la culture des plantes en pot, seulement, on donne habituel

voulu au moyen de la main. Dans certaines localités à terre légère, on a, parfois, recours au piétinement des animaux pour communiquer au sol le tassement nécessaire, et l'on se scrt pour cela des moutons. Mais, en agriculture, le procédé le plus généralement usité est le plombage au moyen du rouleau, le seul dont nous ayons à nous occuper ici.

Les roulages s'opèrent non-seulement avant, mais aussi après les semailles, et ceux-ci, non moins que les premiers, méritent de fixer l'attention des cultivateurs.

On ne peut pas toujours, au moyen des hersages seuls, approprier convenablement les terres labourées aux ensemencements. Il est à remarquer, en effet, que les sols fraîchement remués sont, parfois, fortement soulevés, et présentent alors des vides nombreux qui donnent à l'air atmosphé-lement alors à la terre le degré de consistance rique un trop libre accès dans la couche arable, et sont de nature à nuire à la germination des graines. Au surplus, dans une couche lacuneuse, dont les parties ne sont pas suffisamment rapprochées, les racines ne trouvent pas toujours un appui satisfaisant; elles y sont plus exposées à subir l'influence pernicieuse de la sécheresse, et, dans de pareilles conditions, l'on voit fréquemment les plantes rester longtemps faibles, chétives, indice non douteux de leur état de souffrance. Pour éviter ces inconvénients, il faut, avant de procéder aux semailles, soumettre le sol à une compression suffisante pour lui communiquer le degré de consis- Pour comprendre l'efficacité des roulages postétance favorable à la germination et au dévelop-rieurs aux semis, il faut ne pas perdre de vue que pement régulier des plantes. La herse ne saurait la présence d'un certain degré de fraîcheur autour faire cette besogne de la manière désirable. Cet des graines enterrées est indispensable, et que si instrument est tout à fait insuffisant pour raf- cette condition essentielle n'est pas remplie, leur fermir les terres fortement soulevées, pour plom- germination est assurément compromise. ber les terres légères, et puis, en outre, dans les sols compactes, argileux, les bandes soulevées par le soc et durcies par la chaleur résistent et ne cèdent plus à l'action de ses dents. Aussi, pour atteindre complétement le but que l'on doit se proposer, convient-il d'adopter un instrument plus énergique, capable d'exercer une compression efficace, soit pour plomber le sol et égaliser sa surface, soit pour briser les mottes qui ne se rompent pas sous le choc de la herse.

L'humidité contenue dans le sol, à conditions égales, se disperse d'autant plus rapidement que les points de contact de la surface avec l'air sont plus nombreux, et le régalement du sol n'eût-il que le seul avantage d'atténuer cette perte, cela suffirait pour prescrire son application, notamment dans les terres exposées aux atteintes de la sécheresse, et, surtout, pour les semis de printemps. La herse, employée pour recouvrir les semences, contribue, sans doute, à faire disparaître les iné

une perfection plus grande, attendu qu'il annule même les légers sillons que la herse laisse après son passage, et, conséquemment, il diminue encore l'étendue de la surface exposée à l'air.

L'utilité de raffermir le sol fraîchement remuégalités du sol; mais le rouleau donne au travail et de faire disparaître les nombreux vides qui existent dans la couche arable après les façons d'ameublissement, est depuis longtemps reconnue. C'est ainsi que nous voyons les jardiniers tasser et niveler soigneusement leurs plates-bandes, assez souvent au moyen d'une lourde planche dans laquelle est implanté un long manche, ou de toute autre manière. Ils savent d'ancienne date combien cette opération est profitable au succès de leurs semis. Dans la zone sablonneuse des Flandres, les petits cultivateurs, à défaut d'instrument de plombage ou d'une machine douée de l'efficacité désirable, se servent de leurs pieds. Ils piétinent leurs planches ou leurs billons en pesant alternativement sur l'une et sur l'autre jambe. Ils obtiennent ainsi un tassement passablement vigoureux, attendu que le poids du corps se trouve appliqué sur une surface dont l'étendue est représentée par l'empreinte du pied, et l'ouvrier

Au surplus, la compression exercée par le rouleau rapproche les particules de terre, diminue l'étendue des vides qu'elles laissaient entre elles, met ainsi obstacle au libre accès de l'air dans la couche arable, et amoindrit considérablement son influence desséchante. Ce sont là des conséquences immédiates des roulages, et qui, toutes circonstances égales d'ailleurs, doivent contribuer à la conservation de la fraîcheur du sol, puisqu'elles ralentissent l'évaporation. Dans des conditions semblables, la levée des graines est évidemment entourée d'excellentes garanties, et, en outre, il ne sera peut-être pas superflu de faire remarquer que les molécules de terre, pressées autour des semences par le plombage, procurent à ces der

nières, avec plus de certitude, l'humidité nécessaire à leur premier développement.

de l'affaissement qu'éprouve le sol, les racines des plantes sont mises à nu et laissées sans abri contre l'influence desséchante de l'atmosphère. En pareille occurrence, les roulages, en raffermissant la terre autour des racines ébranlées, rendent de précieux services. Au reste, les céréales en général profitent des roulages : cette compression consolide les plantes, leur donne plus de pied, comme disent souvent les cultivateurs, et l'on peut remarquer qu'elles sont alors moins

Les roulages sont également très-profitables aux prairies, après l'hiver, pour raffermir le gazon; ils sont surtout extrêmement avantageux et ne devraient jamais être négligés dans celles qui ne sont pas pâturées régulièrement, et que l'on exploite par le fauchage. Il convient, en pareil cas, de faire usage d'un instrument lourd, capable d'exercer une énergique pression, sinon l'on n'obtient pas tout l'effet désirable. Ce tassement favorise le tallement des graminées, et contribue, en outre, à égaliser la surface de la prairie, ce qui facilite le fauchage, et permet de couper l'herbe plus près de terre.

On se sert aussi du rouleau, dans certaines circonstances, pour faire la guerre aux limaces et aux insectes, et, quelquefois, pour enterrer les graines fines qui ne demandent qu'une faible couverture. Ajoutons, enfin, que si cet instrument est souvent employé pour briser les mottes qui ont résisté au travail de la herse, quelquefois aussi il précède celle-ci afin de fixer les mottes et de rendre l'action des dents plus énergique et plus efficace.

Mais que l'on ne s'y trompe pas on serait peut-être tenté de croire que le plombage arrête l'évaporation! il n'en est rien cependant. On pourrait dire avec plus de justesse, nous paraît-il, qu'il l'alimente. De ce que l'on constate, au moins temporairement, une fraîcheur plus grande dans les couches superficielles des terres plombées, on n'est nullement autorisé à conclure qu'elles ne laissent pas échapper l'eau dont elles sont péné-exposées à la verse. trées. Sans doute, nous croyons l'avoir démontré tout à l'heure, les pertes qu'éprouvent les terres qui ont été roulées sont moindres par suite de la réduction des surfaces en contact avec l'air; mais l'évaporation, quoique atténuée, n'en est pas moins réelle, et a lieu même après la compression. La modification que le tassement communique aux couches qui le subissent rend, ce nous semble, aisément compte de ce qui se passe. La pression exercée par le rouleau, en rapprochant les particules terreuses, diminue la capacité des interstices, réduit le calibre de cette infinité de petits canaux sinueux qui, dans le sol, mettent en communication les différentes couches, sollicite ainsi l'action capillaire, et permet à l'humidité du fond de remonter vers la surface pour y maintenir la fraîcheur, et réparer les pertes occasionnées par l'évaporation. On conçoit aisément combien cette ascension des liquides est avantageuse pour assurer la germination des semences, notamment au printemps, et dans les sols sujets à souffrir de la sécheresse. Toutefois, si, à ce moment-là, cette ascension est profitable, elle cesse de l'être après la levée des graines, quand les plantes sont pourvues de racines qui les mettent à même d'aller au-devant de l'humidité, et l'on doit alors faire en sorte de la limiter, afin de modérer l'évaporation, et de conserver dans la couche arable une fraîcheur précieuse pour les besoins futurs de la végétation. Pour obtenir ce résultat, il faut contrarier l'action capillaire en rompant la continuité des couches superficielles du sol et de celles qui leur sont sous-jacentes. On y arrive par les façons de binage. Aussi ne faudrait-il pas croire que cette dernière opération n'est utile qu'après l'apparition des mauvaises herbes; une pareille croyance occasionnerait, parfois, un retard dans les binages, retard qui diminuerait leur efficacité et pourrait même, dans certains cas, compromettre le succès des récoltes. C'est ce que nous essaierons de démontrer en traitant spécialement des binages. En envisageant ainsi la pratique du roulage,est important de savoir le choisir en raison de ce postérieur aux semis, il est permis d'interpréter les faits enregistrés par la pratique et de se rendre compte de l'efficacité de cette opération, et de celle non moins bien établie des binages qui lui succèdent.

Si le rouleau est d'un usage si profitable pour assurer le premier développement de nos plantes cultivées, il met également à notre disposition un moyen de réparer certaines injures que les intempéries infligent parfois à nos récoltes durant la saison d'hiver. Il est des terres, en effet, qui, sous l'influence des gelées, augmentent de volume, se soulèvent, et où, au retour du printemps, par suite

Le rouleau, ainsi que l'on peut en juger par ses différents usages, est certainement un instrument précieux et qui doit nécessairement figurer dans le

mobilier de toutes les fermes. Il est très-répandu, sans doute, et on le rencontre à peu près partout, mais on n'en fait certes pas un assez fréquent usage, et sa construction laisse souvent à désirer, eu égard aux circonstances où l'instrument doit fonctionner.

L'objet des roulages est double, voilà ce dont on doit bien se pénétrer tasser, comprimer le sol, et détruire, pulvériser les mottes capables de résister aux dents de la herse. Sans doute, tous les rouleaux indistinctement, par la compression qu'ils exercent, tendent à produire simultanément ces deux effets, mais il n'en est pas moins vrai que la construction de l'instrument a une influence décisive sur son mode d'action, et qu'il

que l'on en attend, car tel rouleau qui fait une excellente besogne dans les terres légères, sera, peut-être, complétement inefficace dans les sols compactes et résistants.

Les rouleaux diffèrent les uns des autres par leur poids, leur longueur, leur diamètre et leur forme. Ces modifications sont-elles purement arbitraires, ou ont-elles, au contraire, pour objet d'auginenter la valeur de l'instrument, de mieux l'approprier aux conditions où il doit agir, et, dans ce cas, quelles sont les dimensions et les formes auxquelles il convient de donner la préférence? Voilà ce qu'il importe d'examiner.

compression. Au surplus, avec ce dernier l'inconvénient sera toujours moins grave, attendu que la surface qui se dérobera à la compression sera moins étendue.

Le rouleau agissant par son poids, c'est à uti- | y est moins exposé, puisqu'il exerce une plus forte liser ce poids de la façon la plus complète que l'on doit viser dans la construction de l'instrument. Les lourds rouleaux, personne ne l'ignore, exercent une compression plus énergique que les rouleaux légers, et qu'il s'agisse de briser les mottes ou de faire disparaître les inégalités de la surface du terrain, ils conservent la même supériorité. Un rouleau de 200 kilogrammes possède, sous ces divers rapports, une supériorité plus grande que celui qui pèse 100 kilogrammes seulement, tout le monde le sait, et il serait superflu d'insister sur ce point.

Avec les longs rouleaux, les tournées sont également moins commodes; ils obligent, en effet, à faire de plus longs circuits à l'extrémité de chaque train. Si l'on néglige cette précaution et que l'on fasse pivoter l'instrument sur l'une de ses extrémités pour reprendre un train contigu à celui qu'il quitte, il en résulte un frottement considérable sur le sol, frottement qui nécessite de plus grands efforts de tirage, et, en outre, dégrade la surface, et déchire ou arrache les plantes sur les terres déjà emblavées. Ces effets sont dus à l'iné

extrémités du rouleau formé d'un seul bloc, et dont, conséquemment, toutes les parties sont solidaires. Pour remédier à ces inconvénients, on a imaginé les rouleaux dits brisés. On peut aisément se faire une idée de ces derniers en se représentant, fixés et tournant librement sur un même axe, deux ou trois rouleaux, ou un plus grand nombre, complétement indépendants les uns des autres, et pouvant, selon les circonstances, éprouver des mouvements de rotation différents.

Ainsi, en résumé, les longs rouleaux accélèrent la besogne, et c'est un précieux avantage dont nous devons chercher à nous assurer le bénéfice, mais cette célérité ne s'obtient, parfois, qu'au dé

quence fâcheuse apparaît chaque fois que l'instrument ne possède pas un poids en rapportavec sa longueur.

Que, néanmoins, l'on ne se hâte pas de conclure que les rouleaux de même poids donnent constamment les mêmes effets! on pourrait se tromper. Sans doute, le poids, vu son importance, mé-galité du chemin que doivent parcourir les deux rite la plus sérieuse attention, mais il ne faut pas l'envisager isolément. Si l'on veut se faire une juste idée de la valeur d'un rouleau, quel qu'il soit, il faut, en même temps, tenir compte et de | son poids et de sa longueur. Habituellement, on n'insiste pas assez sur ce point, et c'est à tort, car les cultivateurs sont assez généralement enclins à donner la préférence aux longs rouleaux, qui expédient plus de besogne en un temps donné, sans attacher suffisamment d'importance au poids, sans lequel cependant le travail ne peut avoir la perfection voulue. Cette préférence est abusive, et il est facile de le démontrer en comparant deux rouleaux d'inégale longueur et de même poids, et semblables, d'ailleurs, sous tous les autres rap-triment de la perfection du travail : cette conséports. Si, en effet, l'on met en présence deux rouleaux pesant chacun 500 kilogrammes, dont l'un est long de 1 mètre et l'autre de 2 mètres, l'infériorité du dernier ne saurait être un instant douteuse. En pareil cas, le plus long rouleau embrasserait évidemment une surface double de celle attaquée par l'autre, et n'exercerait qu'une compression moitié moindre. Pour rendre le résultat plus saisissable encore dans le cas où cela serait nécessaire, il suffirait de diviser, par la pensée, les deux rouleaux en segments de même longueur, soit, par exemple, de 1 décimètre. Les rouleaux étant supposés bien homogènes et leur poids uniformément distribué, chaque segment comprendra une part égale du poids total, et, conséquemment, puisque dans les deux instruments comparés, les longueurs sont dans le rapport de 1 à 2, la pression correspondante à chaque segment du petit rouleau sera équivalente à 50 kilogrammes, tandis qu'elle ne sera que de 25 kilogrammes pour chaque segment du long rouleau. Pour donner aux deux instruments une égale énergie, tout en conservant leur dimension respective, il faudrait porter le poids du dernier rouleau à 1000 kilogrammes.

Le long rouleau brise donc les mottes qui sont sur son passage avec moins de certitude, et il en résulte cet inconvénient qu'il est plus exposé à être soulevé pendant la marche; or, chaque fois qu'un semblable écart se produit, une portion de la surface échappe à l'action de l'instrument, et pour peu que cela se répète, le plombage en devient tout à fait irrégulier. Sans doute, le court rouleau n'en est pas entièrement exempt, mais il

Les rouleaux, quoique de même poids et de même longueur, peuvent différer entre eux par leur diamètre. Celui-ci mérite de fixer l'attention sous plus d'un rapport, ainsi que l'a fort bien démontré M. Louillet dans un excellent Mémoire inséré dans les Annales de l'agriculture française (1). Le mode d'action du rouleau se modifie avec le diamètre, et c'est ce que l'on peut faire comprendre sans recourir à une bien longue démonstration.

Si l'on met en présence deux rouleaux de même forme, de même poids et de même longueur, mais dont les diamètres sont entre eux comme 1: 2, on reconnaît aisément que les deux instruments donnent lieu à des résistances inégales, et que, sous ce rapport, l'avantage appartient à celui qui est pourvu du plus grand diamètre. L'expérience atteste, en effet, que la résistance au roulement est en raison inverse du diamètre, de sorte que si, par exemple, le rouleau à petit diamètre exige un effort représenté par 100 kilogrammes pour être mis en mouvement, il suffira d'un effort de traction moitié moindre, c'est-à-dire de 50 kilogrammes, pour faire mouvoir celui à grand diamètre. Les cultivateurs connaissent, du reste, très-bien l'influence qu'exercent les dimensions des roues sur la marche de leurs véhicules, et ils n'ignorent pas que les petites roues donnent lieu à plus de résistance que les grandes.

(1) Annales de l'agriculture française, te série, t. VI, p. 501.

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