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bord une première bande A, puis une seconde B qu'on lui superpose, ou que l'on incline vers elle, et l'on continue à tourner autour de ces deux premières bandes, qui forment ce que l'on appelle l'endos, jusqu'à ce que l'on atteigne les limites assignées préalablement à la planche, où il reste nécessairement deux dérayures C et D.

A B

Dans le second cas, on enraie sur les deux côtés de la planche (fig. 103), en inclinant les bandes de terre dans une direction opposée, et l'on déraie au milieu. Dans le labour en planches, la surface comprise entre deux dérayures devant être maintenue aussi uniforme que possible, les dérayures et les endos se déplacent à chaque labour : les dérayures prennent la place des endos, et ceux-ci occupent celle des dérayures. Cependant, cette méthode n'est pas toujours rigoureusement suivie : dans quelques localités des Flandres, où l'on cultive en planches très-étroites, on procède, parfois, un peu différemment. Au lieu de substituer les dérayures aux endos, on les déplace graduellement, en les faisant progresser toutes d'une même quantité vers l'un des côtés du champ, de telle manière qu'au bout d'un certain nombre d'années, subordonné à la largeur des planches, toutes les parties de la pièce de terre ont été occupées par les dérayures, ce qui tend évidemment à faire supposer que les habiles cultivateurs flamands reconnaissent aux dérayures une autre utilité que celle qu'on leur accorde habituellement,

Fig. 103. Lab.ur en planches.

Les planches s'exécutent généralement au moyen de la charrue à versoir fixe, et ce mode de labour est même une conséquence de l'emploi de cet instrument.

Les planches n'offrent pas partout la même largeur. En certains endroits, elles n'ont pas plus de 1,50; ailleurs, elles ont de 20 à 30 mètres de large, et, quelquefois, d'avantage encore. Les planches étroites se rencontrent dans les terres im- | perméables, où l'on a à craindre la stagnation des eaux durant l'hiver. Les planches larges, de même que les labours à plat, ne peuvent être adoptées que dans les sols perméables, à moins cependant que le terrain n'ait été soumis à un mode d'assainissement qui prévienne le séjour d'un excès d'humidité dans la couche arable. Au surplus, après le labour en planches, comme après le labour à plat, les cultivateurs soigneux tracent avec la charrue ou le buttoir, des sillons auxquels ils donnent une pente régulière, et qui relient entre elles les inégalités de la surface. Ces sillons ont pour objet de faciliter l'écoulement des eaux, qui, après les fortes pluies, pourraient, momentanément, séjourner aux endroits où le terrain présente des dépressions.

L'adoption des planches larges diminue naturellement le nombre des enrayures et des dérayures, et les difficultés que leur exécution peut offrir. Elle a également pour conséquence d'amoindrir la perte de terrain occasionnée par des dérayures multipliées, mais, à nos yeux, ce résultat n'a pas toute l'importance que l'on y attache communé

ment. Quoi qu'il en soit, on ne saurait impunément accroître la largeur des planches; il faut, à cet égard, observer certaines limites que l'on ne dépasse pas sans s'infliger un sérieux préjudice.

Le labour en planches donne lieu à des pertes de temps inévitables, qui se renouvellent à l'extrémité de chaque sillon, et sont occasionnées par les tournées. Le temps qu'emploie la charrue pour parcourir le trajet qui sépare le sillón qu'elle quitte de celui qu'elle doit entamer, est nécessairement perdu pour le travail effectif, et il est d'autant plus considérable que les tournées sont plus amples.

Puisque l'on ne peut pas supprimer les tournées, il faut chercher à en atténuer l'inconvénient, et l'on peut arriver à ce résultat en n'exagérant pas la largeur des planches et en procédant à leur exécution avec méthode. Mais c'est là ce que l'on n'observe pas toujours.

La plus petite tournée est la tournée à cul ou à zéro. Elle se présente quand on fait un endos ou quand on pratique une dérayure. Il convient de ne pas en abuser, car elle est fatigante pour les animaux. La distance qui sépare les deux raies contigues représente la longueur de la tournée, mais, ainsi que l'a très-bien fait remarquer M. Casanova dans un des excellents articles qu'il a consacrés à la charrue et aux labours dans le Journal d'agriculture pratique, on comprend aisément que le chemin parcouru par les animaux est bien plus grand. Ceux-ci, en effet, pour effectuer la tournée à cul, doivent décrire un circuit, et il est même permis de dire que le trajet qu'ils parcourent dans les autres tournées n'augmente pas notablement, aussi longtemps que la longueur de la tournée ne dépasse pas celle de l'attelage. La tournée qui atteint cette dernière limite, est ce que l'on appelle la tournée normale; elle est d'environ 5 mètres pour un attelage de deux chevaux, et, dans l'exécucution des planches, on doit faire en sorte de conserver cette longueur à la tournée moyenne. On pourrait croire que, pour se conformer à cette règle, il faudrait ne faire que des planches ayant, au maximum, 10 mètres de large, mais on se tromperait. On peut, tout en maintenant la tournée moyenne la plus convenable, donner aux planches le double de cette largeur. On a même, à cet égard, le choix entre plusieurs méthodes. Nous nous bornerons à faire connaître celle qui nous paraît la plus avantageuse et la plus facile à suivre, et qui, du reste, est usitée dans tous les pays où les cultivateurs ont su apprécier le bénéfice qui résulte d'une réduction bien entendue dans l'ampleur des tournées. Cette méthode repose sur la division des champs en un nombre exact de demiplanches, que l'on traite comme des planches entières, mais qu'on laboure tantôt en endossant, et tantôt en refendant. Un exemple suffira pour faire comprendre l'application de cette méthode.

Soit à labourer le champ ABCD (fig. 104) dont la largeur est exactement divisible en demi-planches de 10 mètres. La division faite, on enraie au milieu de la première demi-planche ABab, située à gauche du champ, et on la laboure tout entière en endossant, après quoi on se transporte à la troi

sième demi-planche cdef, que l'on traite identiquement de la même manière. La demi-planche

Les champs ne sont pas toujours, comme dans notre exemple, divisibles exactement en demiplanches de 10 mètres, mais cela importe peu, attendu que l'on peut, sans inconvénient, augmenter ou diminuer cette largeur d'une unité. Ainsi, si, au lieu de 60 mètres de largeur, le champ en avait 66, on pourrait le diviser en 6 demiplanches de 11 mètres chacune, et, en ce cas, la tournée moyenne serait de 5 mètres et demi, ce qui n'établit pas entre elle et la tournée normale une bien grande différence.

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Là où cette méthode est inconnue, on suit un autre procédé, qui consiste à diviser le champ en planches de 20, 30 mètres ou plus, et à labourer ensuite chacune d'elles isolément. Ainsi, soit à labourer, en planches de 20 mètres, un champ de 60 mètres de largeur. On enraie au milieu de la première planche située sur la gauche du champ, par exemple, et l'on tourne constamment autour de cette enrayure jusqu'à ce que le labour de cette planche soit entièrement achevé. On laboure ensuite, de la même manière, la deuxième, puis la troisième planche (fig. 107). Ce procédé donne lieu à des pertes de temps faciles à apprécier, et qui acquièrent d'autant plus d'importance que les planches sont plus larges. Dans notre exemple, intermédiaire abcd est ensuite labourée en re-la plus grande tournée est de 20 mètres; la tourfendant, et la première dérayure oo se trouve ainsi éloignée de 15 mètres du bord du champ (fig. 105 et 106).

Fig. 104.

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Après que l'on a achevé le labour de ces trois demi-planches, on passe à la cinquième ghki qu'on laboure en endossant, et, immédiatement après, on refend la quatrième demi-planche efgh, ce qui place la seconde dérayure o'o' à 20 mètres de la première. On termine le labour de la pièce en refendant la sixième demi-planche kiCD, et l'on obtient une troisième dérayure o"o" éloignée de la seconde de 20 mètres également.

En suivant la marche que nous venons d'indiquer, quel que soit, d'ailleurs, le nombre de demiplanches, qu'il soit de 25, 30 ou plus, les dérayures seront toujours, comme dans l'exemple que nous avons choisi, écartées de 20 mètres, et toutes les planches, sauf la première et la dernière, auront une largeur uniforme de 20 mètres. Or, il est facile de constater que dans ce système la plus grande distance parcourue par l'attelage ne dépasse pas 10 mètres, et qu'ainsi lá tournée moyenne reste toujours égale à la tournée

normale.

Au second labour, on refend toutes les demiplanches qui avaient été endossées au premier labour, et l'on endosse toutes celles qui avaient

Fig. 105, 106 et 107.

été refendues. Ce nouveau labour offre absolument les mêmes avantages que le premier.

née moyenne est donc égale à 10 mètres ou le double de la tournée normale. L'inconvénient des longues tournées devient très-saisissable, quand on considère que l'attelage doit, jusqu'à ce que la planche soit entièrement achevée, incessamment passer en regard de la portion labourée ou non encore labourée, suivant qu'il laboure en endossant ou en refendant; n'est-il pas évident que ce parcours est entièrement perdu pour le travail effectif, et qu'il est avantageux de chercher à le réduire ? Sous ce rapport, la tournée normale convient, sans doute, mieux que la tournée de 10 mètres; mais celle-ci est habituellement préférée parce qu'elle diminue le nombre des dérayures. Considérons donc cette dernière comme la tournée limite, et voyons ce qui arrive quand on laboure des planches de 20 mètres de large en suivant le dernier procédé (fig. 107). En pareil cas, quand on a endossé sur une largeur de 10 mètres, il reste encore à labourer 5 mètres à droite et 5 mètres à gauche de l'enrayure pour achever le travail de la planche. L'exécution du labour de cette seconde moitié de la planche, oblige nécessairement l'attelage à passer en regard de la portion labourée précédemment un nombre de fois égal à celui des tournées qui restent à faire. En conséquence, si les bandes de terre ont une largeur de 0,20, il faudra faire 25 tournées encore pour terminer complétement le labour, ce qui occasionnera un parcours inutile de 25 X 10 mètres, ou 250 mètres, sur chaque fourrière, parcours qui eût été totalement évité si l'on n'avait donné aux planches que 10 mètres de largeur, ou, ce qui revient au même, si l'on avait fait usage du procédé que nous avons indiqué en premier lieu. L'inconvénient, on le conçoit, s'aggrave avec la largeur, et l'on peut aisémeut calculer les pertes de temps que doivent occasionner des planches de 30 à 40 mètres.

Les planches étroites, usitées dans les terres humides non drainées, et surtout pour les récoltes qui occupent le sol pendant l'hiver, écartent l'inconvénient des longues tournées, mais elles multiplient les tournées à cul, pénibles pour les animaux. Il est possible, toutefois, de diminuer le nombre de ces dernières, en modifiant la marche suivie dans la confection des planches larges. Supposons, par exemple, que l'on ait à labourer une pièce de terre en planches de 5 mètres. On commence par la diviser en un nombre pair de demiplanches, après quoi on endosse simultanément la première et la quatrième demi-planche, et l'on continue à tourner dans le même sens jusqu'à ce que la moitié gauche de l'une et la moitié droite de l'autre soient entièrement labourées. On laboure ensuite en refendant les deux demi-planches intermédiaires, et les deux premières planches se trouvent entièrement achevées. En procédant de cette manière, la tournée moyenne ne dépasse pas la tournée normale; elle est égale à 5 mètres. On procède de même à l'égard des autres planches, et si leur nombre est impair, la dernière se laboure à part.

Ce système peut s'appliquer à des planches ayant moins de 5 mètres de largeur, tout en conservant aux tournées les proportions que l'on juge convenable d'observer. Ainsi, lorsque les planches sont très-étroites, au lieu de combiner, comme dans le cas précédent, le labour de la première planche avec celui de la seconde, on peut trèsbien labourer simultanément la première et la troisième planche, puis la deuxième et la quatrième, etc. Avec un peu d'attention, on reconnaîtra aisément le parti qu'il est permis de tirer de semblables combinaisons, ainsi que la marche à suivre dans les différents cas qui peuvent se pré

senter.

Labours en billons,

Fig. 103.

--

Les billons (fig. 108) diffèrent des planches en ce qu'au lieu d'une surface plane comme 'ces dernières, ils offrent toujours une surface plus ou moins bombée. Ils sont, aussi, généralement fort étroits, et leur largeur dépasse rarement 1 à 2 mètres.

Cette forme de labour se rencontre dans différentes parties de l'Europe. Elle est adoptée dans des pays où l'agriculture est fort peu avancée, mais elle se montre également dans des contrées où les préparations du sol sont extrêmement soignées et où règne la culture intensive. Parfois on l'a condamnée, à tort, d'une manière absolue, car, quoiqu'elle ne soit pas exempte d'inconvénients, elle peut, certainement, être utile dans quelques circonstances.

Les billons sont, sans contredit, capables de rendre des services dans les terres humides. C'est, notamment, quand l'humidité du sol s'allie à une faible pente que leur utilité devient apparente. En pareil cas, ils sont ordinairement très-bombés, et les raies qui les séparent, très-profondes. La convexité de la surface des billons favorise l'égoutte

ment du sol et donne plus d'énergie à l'évaporation, et les nombreuses rigoles qui divisent le terrain soumis à ce mode de labour, sont autant de petits fossés d'écoulement préposés à l'évacuation des eaux.

Les billons doivent donc être considérés comme un moyen d'assainir les terres imperméables, moyen imparfait, sans doute, mais qui est profitable aussi longtemps que le sol n'a pas été soumis à un mode d'asséchement plus parfait et plus efficace. 1 est, d'ailleurs, à observer que les billons sont surtout employés pour les plantes qui occupent le sol pendant l'hiver, et dans les contrées mêmes où ils sont le plus usités, on s'en dispense, souvent, pour certaines récoltes de printemps. C'est ce qu'ont pu remarquer tous ceux qui ont examiné avec attention les pratiques agricoles flamandes.

Ce mode de culture peut également être avantageux dans les terres qui manquent de profondeur, car il permet d'augmenter l'épaisseur de la couche meuble dans la portion qui correspond à l'axe des billons en y accumulant la terre prélevée sur les côtés. On prépare ainsi aux plantes, au moins sur une partie de l'étendue du terrain, une station plus convenable et un milieu plus propice au développement des racines.

A côté de ces avantages, qu'il faut soigneusement peser avant de se décider à les abolir dans les endroits où ils sont d'un usage général, les billons présentent des inconvénients réels signalés depuis longtemps; mais on leur en a également attribué qu'ils ne possèdent pas, ou qui, tout au moins, n'ont pas toujours l'importance qu'on leur a assignée. C'est ainsi que l'on considère, parfois, l'établissement des billons comme une opération difficile et même délicate. Si l'on entend dire par là que leur construction réclame des laboureurs adroits et intelligents, nous ne pouvons que partager cet avis; seulement, nous ferons observer que ces qualités sont toujours nécessaires chez ceux qui manient l'araire, quel que soit, d'ailleurs, le mode de labour qu'ils sont chargés d'exécuter. On a également prétendu que pour la confection des billons la charrue à avant-train est, sinon indispensable, au moins l'instrument le plus convenable. Cependant, les Flamands qui, comme on sait, excellent dans ce genre de labour, ne se servent que de la charrue à pied, généralement bien connue, pour construire leurs billons.

Les billons, pour bien faire, doivent être dirigés du nord au sud, sinon les deux ailes ne sont pas également bien orientées, et les récoltes qui les occupent sont alors inégalement impressionnées par la chaleur et la lumière. Malheureusement, et c'est un inconvénient, il n'est pas toujours permis de leur conserver cette direction avantageuse, attendu que celle-ci est subordonnée à la configuration et à la pente du terrain. Si l'on voulait observer rigoureusement l'orientation la plus convenable, on serait fréquemment obligé de diriger les rayages dans le sens de la plus petitedimension du champ, ce qui aurait le grave inconvénient de multiplier les tournées, ou d'établir les billons contrairement à l'inclinaison du sol, ce qui leur oterait leur principal mérite. Pour

que les billons remplissent le but que l'on se propose généralement en les établissant, ils doivent être dirigés obliquement ou parallèlement à la pente, suivant que celle-ci est plus ou moins forte, et que les terres sont plus ou moins légères,

On a reproché aux billons de contribuer à la stagnation des eaux sur les terres qui, dépourvues d'une inclinaison régulière, présentent des ondulations et des pentes en différents sens. On ne peut pas, en effet, songer à établir autant de systèmes de billons qu'il y a de plans d'inclinaison différents; cela donnerait lieu à des complications et à de sérieuses difficultés. Mais si le reproche est fondé, il s'adresse tout autant aux planches qu'aux billons. On dit, il est vrai, que les planches autorisent le tracé de rigoles d'écoulement dans les directions convenables pour assurer l'évacuation des eaux, mais rien n'empêche d'en faire autant pour les billons. Au surplus, ce qui prouve que cela est possible, c'est que jamais cette utile précaution n'est négligée par les cultivateurs flamands.

une irrégularité que l'on n'observe pas sur les
planches. Elles sont alors moins belles dans le
voisinage des rigoles qu'au sommet des billons.
Cette irrégularité peut être occasionnée par une
mauvaise réparti
tion de l'engrais, ou
par le manque de
bonne terre à la par-
tie inférieure des
ailes; mais cela peut
être dû aussi à ce
que, dans cette der-
nière situation, les
plantes sont plus ex-
posées à souffrir de
la sécheresse ou de
l'excès d'humidité.
Au moment de la fonte des neiges, les eaux ne
pouvant pas toujours s'écouler librement, s'accu-
mulent dans les rigoles, s'épan-
chent sur une portion plus ou
moins étendue des ailes, et peu-
vent, surtout quand elles subissent
des gels et des dégels successifs,
nuire aux plantes qu'elles submer-
gent. La neige peut aussi être ba-
layée par les vents du sommet des
billons, du moins quand ceux-ci
sont très-voûtés, et priver une par-
tie de la récolte d'un abri salutaire.

Fig. 111. Herse à double cour-
bure.

double courbe.

Les pluies qui surviennent pendant les grandes chaleurs, sont souvent fort peu profitables aux plantes qui couvrent les billons. Les terres étant alors habituellement très-dures, les eaux, au lieu de pénétrer dans le sol, s'écoulent Fig. 112. - Herse le long des plans inclinés des ailes, et les rigoles les entraînent hors du champ. La faux ne saurait fonctionner d'une manière satisfaisante sur les terres billonnées. Cela ne présente pas d'inconvénient dans les pays où l'on fait usage de la sape, mais dans ceux où la population n'est pas familiarisée avec le maniement de ce dernier outil, on est ordinairement obligé de se servir de la faucille.

Dans la culture en billons, il est plus difficile d'obtenir la distribution convenable des engrais et la régularité des semailles. Là où elle est usitée, les graines sont parfois recouvertes à la charrue, procédé extrêmement lent, et, partant, défectueux, attendu qu'à l'époque des semailles, les travaux sont généralement pressés, et doivent marcher avec une grande célérité pour être achevés en temps opportun. Ailleurs, on se sert de herses accouplées (fig. 109), et, dans certaines localités où les billons sont fort étroits, on recouvre souvent les scmences au moyen de herses courbes (fig. 110), dont quelques-unes offrent même une double courbure, de manière à pouvoir embrasser deux billons à la fois (fig. 111). On se sert également de herses semblaFig. 109. — Herses accouplées ou ju- bles à celle représentée (fig. 112). Néanmoins, il est des endroits où l'opération s'effectue au moyen de la herse ordinaire. Cela se voit dans les Flandres, où l'on emploie également, du moins dans les terres légères, un autre instrument dont nous aurons occasion de parler plus loin, le rabot; mais on donne alors Époque des labours. Il est fort utile, sans ordinairement aux semences doute, de rompre les terres aussitôt que possible, un supplément de couverture après l'enlèvement des récoltes, mais il est, dans au moyende la terre extraite tous les cas, d'une extrême importance de les laà la bêche des raies qui sé-bourer avant l'hiver, alors même qu'elles ne sont

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Fig. 110.

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courbe.

melles.

Herse

parent les billons,
Dans tous les cas, les nersages doivent se don-
ner dans le sens de la direction des billons.

Les récoltes montrent souvent sur les billons

Sur les terres disposées en billons, le fanage et le javelage suscitent des embarras en temps pluvieux. La circulation des attelages y est également difficile et pénible. Enfin, on peut encore, avec raison, reprocher aux billons de ne pas autoriser l'emploi d'instruments fort économiques, tels que les scarificateurs, les extirpateurs, les moissonneuses, les faucheuses, etc., dont le besoin devient cependant tous les jours plus impérieux dans les grandes exploitations.

pas destinées à recevoir des emblavures d'automne. Les labours exécutés avant l'hiver présentent, en effet, plusieurs avantages. Ils diminuent le nombre des façons de printemps, et ont, ainsi, pour consé

quence, une meilleure répartition des travaux ; ils exposent, en outre, la couche végétale au contact prolongé des agents atmosphériques, et ils déterminent, à la faveur des gelées, notamment dans les terres qui contiennent de l'argile, un ameublissement que, bien souvent, on chercherait vainement à leur communiquer par des façons réitérées.

Rarement, un seul labour suffit pour donner à la terre l'ameublissement qu'elle doit posséder; aussi en donne-t-on habituellement plusieurs, qui s'effectuent, non-seulement en automne, mais au printemps, en été et même en hiver. Ce n'est pas à dire, toutefois, que le cultivateur jouisse, à cet égard, d'une entière liberté, et qu'il puisse toujours, quand il le désire, employer ses attelages aux façons de labourage. L'humidité, de même que la sécheresse, peut y mettre obstacle: Cela dépend de la nature du sol.

Dans les terres légères, perméables, les labours peuvent se donner à peu près à toutes les époques de l'année. Ils n'y sont arrêtés que par les pluies de longue durée et pendant les gelées. En temps ordinaire, quelques heures après la pluie, on peut y mettre la charrue; en se desséchant, ces sols n'acquièrent jamais une consistance susceptible de suspendre le travail des instruments aratoires. On a aussi la latitude de les labourer tard en automne, et tôt au printemps. Il est même avantageux, dans l'intérêt de la conservation de la fraicheur, de commencer aussitôt que possible au sortir de l'hiver, car ces sols craignent généralement la sécheresse, et les déperditions d'humidité qu'occasionnent les labours en ramenant à l'air de nouvelles couches de terre, en augmentant la surface d'évaporation, sont d'autant plus intenses que la température de la saison est plus élevée.

Les terrains compactes, imperméables, et qui ont une grande affinité pour l'eau, offrent des caractères fort différents. Sous l'influence des pluies, ils deviennent boueux, adhèrent fortement aux instruments aratoires, et opposent à la marche de la charrue une résistance considérable, qui ne saurait être vaincue que par de nombreux attelages. On n'y fait, après tout, qu'un très mauvais travail la terre se pétrit sous le pied des animaux; elle se lisse et se corroye sur le versoir, se retourne sans se diviser, et si la sécheresse succède au labour exécuté dans de pareilles conditions, les bandes de terre acquièrent une consistance excessive. Il en résulte que dans les pays du nord, ces sols sont généralement inabordables pendant l'hiver, et qu'il est avantageux de ne pas les labourer trop tardivement en automne, tandis qu'au printemps, il faut n'y mettre la charrue qu'au moment où la terre est convenablement ressuyée. Il importe, néanmoins, de ne pas trop retarder l'exécution des labours de printemps, sinon l'on pourrait se trouver en présence de difficultés non moins sérieuses que celles suscitées par l'humidité. En effet, quand les terres de cette nature se dessèchent, elles deviennent extrêmemer tenaces et résistantes ; le soc n'y pénètre plus qu'avec de grands efforts, et les bandes retournées par le versoir se prennent en blocs durs

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et cohérents que les herses les plus énergiques ne parviennent pas à diviser. Cet inconvénient, on le conçoit, est surtout fort à craindre dans les régions méridionales. Pour labourer ces terres avec l'économie désirable, et faire, en même temps, un bon travail, il est donc nécessaire de choisir le moment où elles ne sont ni trop sèches, ni trop humides, et, pour le bien saisir, il faut un tact que l'on n'acquiert que par l'expérience.

Dans le Midi, les labours donnés en temps inopportun peuvent gåter la terre. Cet accident, inconnu dans le Nord, se fait surtout sentir dans les terres légères. Il se produit quand on laboure une terre fortement échauffée, au moment où elle vient de recevoir une légère pluie ayant pénétré à une faible profondeur. La terre se couvre alors rapidement, dit M. de Gasparin, d'une foule de mauvaises herbes très-avides d'engrais, telles que les pavots, les camomilles, les crucifères. Plusieurs générations de ces plantes se succèdent même dans le courant de l'année, et les années qui suivent ces plantes se montrent encore jusqu'à ce que des labours actifs les aient fait disparaître. Mais alors l'épuisement de la terre est manifeste, et les céréales, qui y poussent bien en herbe, manquent de force pour monter en épis, soit à cause du voisinage de ces plantes épuisantes, soit à cause des pertes que le terrain a faites en nourrissant plusieurs de leurs générations (1).

Nombre des labours. —Le nombre des labours que l'on donne à la terre entre deux récoltes consécutives dépend de plusieurs circonstances, entre autres de la nature du sol, de la plante qui l'a précédemment occupé et de celle qu'on veut lui confier, des influences météorologiques, et de la propreté du terrain.

Les terres qui contiennent une forte proportion d'argile, réclament de fréquents labours. Douées d'une grande ténacité, on ne parvient à leur donner un ameublissement suffisant que par des façons réitérées. Les terres sablonneuses, au contraire, dont les particules sont faiblement unies, se divisent facilement, et il ne faut jamais qu'un petit nombre de labours pour les mettre en état de recevoir les ensemencements.

Les influences météorologiques contribuent parfois à l'ameublissement du sol, et permettent ainsi de réduire le nombre des labours qui, sans leur concours, eussent été nécessaires. Tel est le cas pour les terres argileuses labourées en automne, du moins quand l'hiver ne se montre pas trop pluvieux. Sous l'action des gelées, elles se divisent d'une façon très-remarquable, et, frẻquemment alors, si elles sont exemptes de mauvaises herbes, un simple hersage au printemps suffit pour les préparer à recevoir la semence. Mais il n'en est pas toujours de même, et souvent il arrive que, sous l'influence de pluies persistantes, des terres bien préparées par des façons antérieures, se tassent si fortement et reprennent une consistance telle, que l'on est obligé de les labourer de nouveau avant de pouvoir les ensemencer.

(1) De Gasparin, Cours d'agriculture, t. III, p. 374.

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