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des plus ou moins larges. Le régulateur n'est pas le même dans toutes les charrues, mais il ne faut, dans tous les cas, que peu de temps pour en comprendre le mécanisme, et s'assurer qu'il remplit convenablement son objet.

Le régulateur n'exécute pas constamment la double fonction que nous venons de lui assigner; dans certaines charrues, il sert uniquement à modifier la largeur du labour, et, en pareil cas, l'araire est pourvu d'un sabot, aussi nommé pied et patin. Ce sabot I, (fig. 56), s'agence dans une mortaise pratiquée en arrière du régulateur, et en l'élevant ou en l'abaissant, on augmente ou l'on diminue la profondeur du labour. La plupart des charrues belges sont munies de cet appendice, quoique beaucoup d'entre elles soient aujourd'hui pourvues d'un régulateur complet. Dans ce dernier cas, sans doute, le patin n'est plus indispensable pour fixer la profondeur, mais on le conserve, et avec raison, selon nous, parce qu'il donne plus de stabilité à la charrue.

On reproche au sabot d'occasionner un frottement qui donne lieu à une augmentation de tirage, mais ce frottement n'a pas une aussi grande importance que celle qu'on lui attribue habituellement. Dans tous les cas, ce frottement est faible quand la charrue est pourvue d'un régulateur convenable pour assurer au labour la profondeur et la largeur désirables, et le patin donne plus de régularité à la marche de la charrue.

La charrue munie du sabot est habituellement désignée sous le nom de charrue à pied.

L'age, par l'intermédiaire des traits, sert à mettre la force qui doit communiquer le mouvement, en rapport avec le corps de la charrue.

L'age sert de support au régulateur, au sabot, à l'avant-soc, au coutre et aux mancherons. Il est uni au sep par le moyen des étançons.

L'age se construit en bois ou en fer. Le prix de la matière première influe naturellement sur le choix, quoique l'on doive cependant aussi tenir compte de la durée. L'age est ordinairement en bois dans les charrues françaises et belges; il est généralement en fer dans les charrues anglaises. L'age est souvent droit et horizontal, mais, ainsi que nous l'avons fait remarquer en parlant du coutre, cette disposition n'est pas toujours sans inconvénient, et c'est pour le diminuer que M. de Dombasle avait adopté l'age cintré que l'on trouve également dans d'autres charrues justement réputées, telles que celles de Grignon, de M. Bodin, de Rennes (fig. 70), etc. Les pièces de bois dont on fait

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très-fâcheuse, car cette pièce de la charrue a à supporter de grandes fatigues. L'adoption du fer laisse, à cet égard, toute latitude au constructeur. On doit éviter de donner à l'age une trop forte longueur. L'age long a l'avantage de modérer les déviations de la charrue et de rendre sa marche plus régulière; mais, en l'allongeant, on l'affaiblit, et, pour lui conserver sa solidité, il faut nécessairement en augmenter l'équarrissage, et l'inconvénient qui en résulte est facile à saisir. En donnant plus de longueur à cette pièce, on accroit d'ailleurs celle du bras de levier de la force motrice, et le maniement de la charrue est plus pénible pour le conducteur. L'age court remédierait à ces inconvénients, sans doute, mais il nuirait à la marche de l'instrument.

Dans certaines charrues, l'attache des traits se fait à l'extrémité de l'age, au régulateur. Ce système est tout à fait défectueux, et doit être abandonné. Dans toutes les charrues perfectionnées, le point d'attache se trouve rapproché du corps de la charrue. A cet effet, une chaîne, qui passe sur le régulateur, est fixée par un bout, en dessous de l'age, en un point plus ou moins rapproché du coutre, et porte à son autre extrémité un crochet pour l'attache du palonnier (fig. 56, 60, 70). Cette disposition consolide l'age.

Les mancherons sont assujettis à la partie postérieure de l'age. Les charrues belges n'ont généralement qu'un seul mancheron; on en trouve habituellement deux dans les charrues françaises et anglaises. Cela n'a, du reste, aucune influence sur la perfection du labour; on fait d'aussi bons labours avec les charrues munies d'un seul mancheron, qu'avec celles qui en portent deux. On donne comme avantage de ces dernières, la faculté qu'elles laissent au conducteur de pouvoir se tenir dans la raie; mais ceux qui ont eu l'occasion de voir les laboureurs belges au travail, savent qu'ils en font tout autant avec la charrue à un seul mancheron. On peut, toutefois, dire que le mancheron unique laisse une main libre au conducteur pour diriger son attelage, ce qui peut lui être fort utile lorsqu'il a affaire à des chevaux difficiles, ou quand il a à conduire de jeunes chevaux.

Les mancherons servent à remédier aux dérangements que la charrue peut éprouver pendant la marche. Il convient de ne pas leur donner trop de longueur. Sans doute, les longs mancherons sont favorables au conducteur, car ils exigent moins d'efforts de sa part pour réprimer les déviations de la charrue, mais cette répression se fait alors avec moins de promptitude, et c'est un inconvénient.

Les étançons servent à relier l'age avec le sep. L'étançon postérieur est quelquefois formé par le prolongement du mancheron qui, après avoir reçu l'age, vient s'emmortaiser dans le sep (fig. 56).

Les étançons se construisent en bois, en fer et en fonte.

Le sep est cette pièce de la charrue, qui se meut dans le sillon ouvert par les organes actifs. Par sa face inférieure et l'une de ses faces latérales, il frotte contre le guéret. La face inférieure, qui glisse sur le fond du sillon, a reçu le nom de semelle, et la partie postérieure celui de talon.

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Le sep reçoit les deux étançons, et, dans certaines charrues, il s'unit, par sa partie antérieure, avec la souche du soc. On le construit en bois, en fer et en fonte.

En frottant contre la terre par deux de ses faces, le sep éprouve une résistance que l'on doit chercher à rendre aussi faible que possible. On y arrive en ne lui donnant que les dimensions exigées pour assurer sa solidité; mais cette règle est loin d'être toujours bien observée. L'adoption des matières métalliques pour la construction de cette pièce, permet de diminuer notablement les surfaces frottantes, et le tirage, conséquemment. Quand on fait usage du bois, il faut prendre la précaution de garnir de lames de fer les deux faces qui frottent contre la terre. On préserve, de la sorte, le bois d'une usure très-rapide, et, en même temps, on atténue le frottement. La longueur du sep doit être modérée. Un long sep donne de la stabilité à la charrue, mais il rend son maniement plus difficile, tout en augmentant la résistance; quand le sep est trop court, l'instrument a moins de stabilité, et sa marche manque de régularité.

lourd et difforme. Habituellement, il est formé d'un essieu muni de deux roues, supportant une pièce nommée sellette sur laquelle l'age s'appuie. Toutefois, depuis le commencement du siècle, les charrues à avant-train ont été considérablement améliorées, et, de nos jours surtout, elles ont reçu d'importants perfectionnements. Les dispositions de l'avant-train sont aujourd'hui variées ainsi que son mode d'agencement avec l'age; parfois même, comme dans les charrues anglaises, il est réduit à l'état de simple support.

On fait divers reproches aux charrues à avanttrain, mais ils ne sont pas toujours fondés. Cela dépend de la construction de l'instrument, et, parfois aussi, des circonstances où il est appelé à fonctionner. Au reste, dans les grands concours qui ont eu lieu depuis quelques années, on a vu les charrues à avant-train entrer en lutte avec l'araire.

Quand la charrue à avant-train se meut sur une surface sensiblement régulière, elle est apte, sans doute, à donner un labour de profondeur uniforme; mais il n'en est plus tout à fait de même, quand elle travaille sur un terrain où elle rencontre fréquemment des irrégularités ou des ondulations rapprochées, si l'age doit obéir aux déplacements qu'éprouve l'avant-train. En effet, quand celui-ci doit franchir un brusque accident de terrain placé sur son trajet, il soulève nécessai

Charrues à avant-train. Nous avons vu, plus haut, que certaines charrues sont pourvues d'un appendice nommé sabot qui, parfois, sert à régler la profondeur du labour, mais contribue, dans tous les cas, à donner de la stabilité à l'in-rement l'age, et le soc tend à sortir de terre ; dans strument. L'avant-train remplit ce dernier objet d'une manière beaucoup plus complète, et il nous suffira de peu de mots pour faire comprendre en quoi la charrue à avant-train diffère de l'araire simple.

La charrue la mieux réglée est sujette à éprouver, durant la marche, des dérangements plus ou moins apparents, provoqués par l'imparfaite homogénéité de la couche où se meuvent les organes actifs. Si le coutre, le soc ou le versoir rencontrent une pierre, une racine ou tout autre obstacle capable de faire dévier l'un d'eux de la direction normale, cette déviation se transmet immanquablement à l'extrémité de l'age, attendu que toutes les pièces de la charrue sont solidaires. Les déviations que le conducteur peut corriger en se servant habilement des mancherons, sont d'autant plus fréquentes que la charrue est plus défectueuse, et d'autant plus préjudiciables à la perfection du labour que celui qui dirige l'instrument est moins apte à y remédier. Il n'en est plus de même avec l'avant-train. Placé à la partie antérieure de l'age, il donne de la fixité à la charrue, assure sa marche, et la maintient toujours dans la direction normale, sans que le conduc teur ait à déployer une attention incessante comme dans le maniement de l'araire. La charrue à avant-train est donc beaucoup plus facile à diriger que l'araire, et, quelque défectueuse qu'elle soit, elle donne encore un labour médiocre ou passable, alors que, dans de semblables conditions, on ne réussirait pas à faire fonctionner l'araire, ou, tout au moins, celui-ci ne ferait qu'une besogne fort mauvaise.

Dans beaucoup de charrues encore usitées aujourd'hui en divers endroits, l'avant-train est

les dépressions, un résultat inverse doit se produire, et le soc piquer davantage dans le guéret.

L'avant-train augmente le tirage de la charrue par suite du frottement des roues sur le sol et de celles-ci sur l'essieu. Cet inconvénient se fait plus ou moins sentir suivant le poids de l'avant-train et les dimensions des roues. On donne assez communément à celles-ci un trop grand diamètre. La proportion la plus avantageuse qu'on puisse leur donner, est celle qui élève l'essieu jusqu'à la rencontre de la ligne de tirage, de façon que les trois points b, a, c soient en ligne droite, bétant placé à la hauteur de l'épaule des chevaux, et c au centre des résistances (fig. 71). Si l'essieu s'élève de façon à ce que la ligne de tirage bac affecte la direction qu'elle présente dans la figure 72, la résistance s'accroît, car, en pareil cas, les animaux, en exerçant leurs efforts de traction, tendent à enfoncer les roues dans le sol, et il en résulte une augmentation de frottement. La ligne de tirage peut aussi avoir une disposition inverse à celle qu'elle affecte dans la figure 72, de façon à ce que l'ouverture de l'angle bac, au lieu de regarder le sol, soit tournée vers l'age. Une semblable direction de la ligne de tirage allége le frottement des roues sur le sol, mais elle offre l'inconvénient de charger les animaux d'une partie du poids de l'avant-train.

La charrue à avant-train ne se manie pas de la même manière que l'araire. Pour faire mordre celui-ci dans le sol, on soulève les mancherons; un mouvement semblable imprimé à celle-là la ferait sortir de terre. Quand on veut faire pénétrer la charrue à avant-train, il faut peser sur les mancherons, et on lui a même, à ce propos, fait le reproche de favoriser l'indolence des

charretiers. Quoiqu'il en soit, on ne saurait méconnaître que, dans certaines circonstances, la charrue

Fig. 71. Avant-train.

Fig. 72. Avant-train.

Fig. 73. - Avant-train.

àavant-train peut être d'un emploi avantageux. Elle présente plus de régularité, plus de fixité dans sa marche que l'araire, et la stabilité qu'elle possède,

Fig. 74.- Avant-train.

la rend précieuse pour les labours superficiels, si difficiles à exécuter, avec la perfection désirable, au moyen de la charrue simple. Elle n'exige chez le conducteur ni la même attention, ni la même

adresse que l'araire, et cette circonstance est certes bien de nature à lui assurer la préférence, long

temps encore, dans les localités où elle est usitée. Au reste, ce qui prouve mieux que tous les raisonnements que la charrue à avant-train peut parfois être utile, c'est que, depuis longtemps, on cherche à l'améliorer. M. de Dombasle n'avait-il pas reconnu la nécessité de construire un avant-train susceptible d'être adapté à son araire. On en construit également un à Grignon, et un grand nombre de charrues anglaises sont pourvues de roues. Les figures 73 et 74 montrent le profil et le plan de l'avant-train de la charrue de Mathieu de Dombasle. La figure 75 représente la charrue anglaise de Howard munie de son support.

Aussi, quoique l'on puisse considérer l'araire comme le plus parfait de nos instruments de labour, il n'en est pas moins vrai que la charrue à avant-train peut, parfois, lui être préférée, surtout quand elle est bien construite.

Dans les localités où la charrue à avant-train est usitée, elle est bien souvent fort défectueuse, mais, à notre

avis, ce n'est pas un motif suffisant pour vouloir la remplacer par l'araire qui, pour être convenablement conduit, exige des laboureurs adroits et intelligents. Il est bien préférable, ce nous semble, de chercher à substituer à l'instrument défectueux, un instrument de même genre, mais meilleur, et qui présentera l'incontestable avantage de ne pas demander à ceux qui seront appelés à le manier, des qualités qu'ils ne sauraient acquérir du jour au lendemain. En agissant de la sorte, on ne rompt pas brusquement avec d'anciennes habitudes, toujours très-difficiles à déraciner. Il en est de cette innovation comme de beaucoup d'autres, qui ne réussissent qu'à la condition de savoir ménager les transitions. On peut, du reste, très-bien arriver à l'araire en passant par la charrue à avant-train perfectionnée qui, bien souvent, ne diffère de l'araire que par l'avant-train.

Maintenant que nous avons fait connaissance avec la charrue, il nous reste à parler de son travail, et nous allons le faire en nous arrêtant

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de préférence aux choses essentielles, et en évitant | neraient en dehors des limites qui nous sont impod'entrer dans des développements qui nous entraî-sées par la nature même de cet ouvrage. Cela nous

fournira naturellement l'occasion de compléter les détails dans lesquels nous sommes entré à l'égard des labours en traitant des autres instruments.

Règlement et conduite de la charrue. La charrue, dans son mouvement de progression, détache, par la double section du coutre et du soc, une bande de terre dont la longueur est limitée par celle du champ, mais dont l'épaisseur et la largeur sont extrêmement variables. Ces deux dernières dimensions sont toujours arrêtées au début du labour, et fixées au moyen du régulateur. C'est ce que l'on appelle régler la charrue. Le régulateur, nous l'avons déjà dit, revêt des ⚫ formes très-différentes, mais son mécanisme est toujours facile à comprendre. Les figures 76 et 77 représentent le régulateur de l'araire Dombasle. Il est formé d'une Régulateurs.

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branche verti

cale m qui glisse

principe que celui de la profondeur. Il s'effectue en faisant mouvoir l'anneau de la chaîne sur la branche horizontale du régulateur. En le rapprochant de la branche verticale, ondiminue la largeur, en l'en éloignant on augmente celle-ci. Ainsi, en supposant l'anneau à la place qu'il occupe dans la figure 77, il faudra le rapprocher de la tige m quand on voudra prendre une bande de terre moins

Fig. 78.

large, et l'en écarter, au contraire, quand on jugera nécessaire d'augmenter la largeur du labour. Quoique l'on se serve habituellement du régulateur pour fixer les dimensions du labour, on peut cependant encore, dans le même but, faire usage d'autres procédés. C'est ainsi que les traits peuvent servir à régler la profondeur du labour. En allongeant les traits, on augmente la profondeur; en les raccourcissant, on la diminue. Ces changements ont, en effet, pour conséquence de rompre base de la pre-la rectitude de la ligne de tirage abc (fig. 79): dans le premier cas, la ligne de tirage devient a'bc, et

dans une mortaise pratiquée à l'extrémité de l'age, et d'une tige horizontale n, soudée à la

mière et taillée en Crémaillère

(fig. 77). L'an

neau de la chaîne de ses extrémités

le crochet p où se fixe le palonnier, s'appuie sur la tige horizontale, et peut, à volonté, s'éloigner ou se rapprocher de la branche verticale. Une fois engagé dans l'une des dents de la crémaillère, il s'y maintient jusqu'à ce que l'on juge convenable de changer sa position. Quand on veut modifier la profondeur du labour, il suffit d'élever ou d'abaisser la tige verticale m. Si l'on désire augmenter la profondeur, on relève la tige du régulateur; s'il s'agit, au contraire, de la diminuer, on fait descendre cette même tige. Ce changement imposé au travail de la charrue par le simple déplacement du régulateur, peut aisément se comprendre. Dans l'araire, la ligne de tirage est droite, et passe par trois points c, b, a, placés l'un (c) en dessous du sol, au centre de résistance, l'autre (6) à l'endroit où la chaîne s'engage sur le régulateur, et le troisième (a) à la hauteur de l'épaule des chevaux (fig. 78). Ces trois points, durant la marche de la charrue, tendent toujours à se mettre en ligne droite. Si, maintenant, on vient à changer la position de la tige verticale du régulateur, de manière à porter le point ben b', il se formera un angle ab'e qui tendra à s'effacer dès que la charrue commencera à se mouvoir; mais ce résultat ne saurait se produire sans soulever l'extrémité antérieure de l'age et, simultanément, la pointe du soc, puisque toutes les parties de la charrue sont solidaires, de sorte que le labour doit perdre de sa profondeur. Quand, au contraire, on élève le régulateur, un effet inverse se produit: l'age s'incline à son extrémité antérieure, et le soc entre davantage dans le sol.

Le règlement de la largeur repose sur le même

Fig. 79.

l'extrémité de l'age en s'abaissant augmente l'entrure du soc; dans le second cas, la ligne de tirage, deviendra a"bc, et la partie antérieure de l'age sera relevée, ce qui diminuera la pénétration du soc. On produirait des modifications analogues en faisant usage d'animaux de différentes tailles.

Un moyen auquel on peut également avoir recours pour modifier non-seulement la profondeur, mais aussi la largeur du labour, est fourni par les mancherons. En appuyant sur les mancherons, la pointe du soc se soulève, et la profondeur à laquelle pénétrait la charrue se trouve immédiatement réduite; en les soulevant, au contraire, on favorise l'entrure du soc, et il en résulte un labour plus profond. Ce procédé, toutefois, ne convient nullement pour assurer la profondeur du labour d'une manière permanente; il ne doit servir que pour la régulariser, que pour remédier aux déviations accidentelles que la charrue éprouve durant la marche.

En inclinant la charrue au moyen des mancherons, on modifie la largeur du labour. Celle-ci diminue, quand on incline la charrue vers la terre non encore labourée; elle augmente, au contraire, si l'on incline l'instrument dans le sens opposé. Mais l'emploi de ce moyen donne un travail défectueux, car le soc ne coupe plus la terre parallèlement à la surface du sol, et le labour se fait en crémaillère.

Dans tous les cas, quand on change la profondeur du labour, il est nécessaire de modifier en même temps la largeur; ces deux dimensions doivent conserver entre elles un rapport déterminé, sinon le labour ne présente pas toutes les qualités désirables. Quand le labour a pour objet l'ameublissement du sol, nous savons qu'il doit présenter au contact de l'air la plus grande surface possible: ce résultat s'obtient en réglant la charrue de manière à ce qu'elle coupe une bande de terre dont la profondeur soit à la largeur comme 1: 1, 41, ou à très-peu près, comme 2: 3. En observant ce rapport, les bandes de terre sont retournées par le versoir de manière à présenter une inclinaison de 45°, et l'on démontre aisément que la surface evposée à l'air par les prismes triangulaires mis alors en relief sur le sol, est supérieure à celle que l'on pourrait obtenir en adoptant tout autre rapport. Il n'est pas indispensable de recourir au calcul pour obtenir la largeur du labour dont on a fixé la profondeur: on la détermine facilement d'une manière graphique. On trace, à cet effet, sur le papier, un angle droit A, et sur les deux côtés on porte des longueurs AB et AC égales à la profondeur du labour. On joint B et C, et le côté B C du triangle donne la largeur cherchée (fig. 80).

Fig. 80.

B

haut, et que, dans ce dernier cas, la bande de terre est repoussée vers le haut avec beaucoup de difficulté, et ne se renverse même qu'imparfaitement quand on tient la charrue dans une position convenable. Aussi est-il préférable de suivre une autre direction et de labourer obliquement à la pente. Sans doute, les animaux ont à gravir la pente et la charrue doit encore retourner la terre vers le haut, mais l'obliquité atténue ces inconvénients. On doit, d'ailleurs, en pareil cas, faire en sorte que les deux causes qui augmentent la résistance, n'agissent pas simultanément, et l'on y arrive en commençant le labour de manière à rejeter la terre vers le bas quand l'instrument gravit la pente, et à la renverser vers le haut quand l'attelage descend.

La conduite de l'araire, quand il est bien construit et bien réglé, n'impose que peu de fatigue au laboureur, mais elle exige de sa part une attention soutenue et une adresse intelligente. La charrue doit être maintenue d'aplomb, sinon la section du soc cesse d'être parallèle à la surface du sol, et le labour n'a plus une profondeur uniforme: cette règle doit être scrupuleusement observée. La largeur mérite également de fixer l'attention. On lui conserve l'uniformité désirable en traçant des raies bien droites et parfaitement parallèles. Le conducteur doit veiller à ce que ses chevaux tirent également; il faut qu'il marche dans la raie, et qu'il se mette au pas avec son attelage. Ses mains ne doivent jamais quitter les mancherons, afin qu'il puisse prévenir ou corriger, instantanément, les déviations de la charrue. Quand le charretier est habile, les mouvements qu'il fait pour maintenir la marche régulière de l'instrument sont à peine sensibles. Les commençants procèdent tout différemment aux moindres dérangements que la charrue éprouve dans sa marche, ils font des mouvements brusques, plus ou moins violents, et provoquent ainsi des déviations souvent plus nuisibles que celles auxquelles ils veulent remédier.

On fait mordre la charrue dans le sol en soulevant les mancherons, et quand on arrive à l'extré

rons pour la faire sortir de terre. Pour effectuer la tournée, on incline la charrue de façon à ce que l'aile du soc porte sur le sol, et on la redresse quand on arrive en face de la nouvelle raie que l'on va entamer.

La direction la plus avantageuse à donner au labour, est bien souvent déterminée par la forme géométrique des pièces de terre. On dirige, de préférence, les rayages dans le sens de la plus grande dimension des champs, afin de diminuer le nombre des tournées qui occasionnent des pertes de temps inévitables. Que les rayages aient 100 mètres de longueur ou qu'ils n'en aient que 50, la tournée conserve la même durée, et, en admettant qu'il faille trente secondes pour l'effectuer, il est aisé de calculer les pertes de temps qui doivent résulter de l'adop-mité de la raie, il suffit d'appuyer sur les manchetion d'une mauvaise direction, qui peut avoir pour conséquence de doubler, tripler, quadrupler les tournées. Néanmoins, quand le sol est imperméable, il convient de diriger les sillons dans le sens de la pente, afin de favoriser l'écoulement des eaux. Au reste, c'est en cheminant suivant la ligne de pente que la charrue fait la meilleure besogne, et qu'elle retourne la bande de terre avec le plus d'uniformité. Cependant, quand l'inclinaison du terrain est très-forte, il convient d'adopter une autre direction, attendu que les eaux acquerraient trop de vitesse en descendant, et causeraient des dégâts. Il est, d'ailleurs, à observer que quand la pente est très-prononcée, les animaux ne sauraient la gravir qu'avec infiniment de peine et en déployant de grands efforts. On pourrait alors labourer transversalement à la pente, sauf à tracer après des sillons pour l'écoulement des eaux ; mais, avec l'araire, cette méthode n'est pas sans inconvénient, attendu que l'on doit rejeter la terre tantôt vers le bas, et tantôt vers le

Pour transporter les charrues aux champs, les cultivateurs soigneux se servent d'un petit traîneau très-simple et très-peu coûteux, dont l'emploi devrait être général; malheureusement, en beaucoup d'endroits, on est encore dans la déplorable habitude de conduire les charrues sur les terres à labourer en les faiFig. 81. - Traîneau pour l'araire. sant trainer sur les chemins. Ce traîneau (fig. 81) est formé de deux pièces de bois A,A réunies par trois traverses.

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