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forme de croissant (fig. 50.) Dans certaines houes, | les plus compactes, mais à la condition que cellesla lame est remplacée par deux ou trois dents. ci soient exemptes de pierres. Quand le sol est méLe mode d'agencement de la langé de cailloux, de pierres, houe et la brièveté de son manche on doit alors faire usage du en rendent le maniement fort pé- pic. Celui-ci est formé d'une nible. Ceux qui s'en servent, sont barre anguleuse ou arrondie, obligés de prendre une attitude plus ou moins arquée et tercourbée extrêmement fatigante, et, minée en pointe, et munie dans les pays où elle est d'un fré- d'une douille où s'implante quent usage, les ouvriers qui l'em- un manche très-court (fig. 54). ploient habituellement, finissent, avec l'âge, par avoir le dos voûté. Si l'homme qui travaille avec la Fig. 50.-Houe. houe voulait prendre une attitude plus commode, et se redresser, la lame raserait le sol et ne l'entamerait pas. Au reste, la houe ne peut pas être employée quand il s'agit de labourer le sol à une certaine profondeur; elle ne peut servir que pour donner des façons superficielles. Pour être appropriée à l'exécution des labours ordinaires, elle doit recevoir des modifications que nous allons indiquer.

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La houe munie de dents sert aux mêmes usages que celle qui porte une lame; seulement, elle convient davantage dans les sols pierreux, et dans ceux qui sont embarrassés de racines traçantes. Cependant, la houe armée de dents est parfois em

ployée pour donner aux terres des labours ordinaires. Mais, alors, elle porte un plus long manche, et celui-ci forme avec les dents un angle beaucoup plus ouvert (fig. 51). Les petits cultivateurs de la zone sablonneuse des Flandres, Fig. 51. emploient fréquemment cet instrument pour labourer leurs terres infestées de chiendent. Ils évitent ainsi de diviser les stolons de cette plante parasite, dont chaque fragment sert de bouture au grand détriment des récoltes, et les ramènent à la surface où ils se dessèchent, et sont ensuite enlevés pour être mélangés dans les composts ou brûlés sur place. Quand on veut faire usage de la houe pour les travaux ordinaires de labour, elle doit, comme nous venons de le dire, subir des changements. La lame devient plus étroite, le manche plus long et les deux parties forment entre elles un angle beaucoup plus ouvert. Ainsi modifiée, la houe prend le nom de pioche (fig. 52). Dans les terres extrêmement dures, que la bêche n'entamerait qu'en suscitant des difficultés considérables, dans les défrichements, la pioche est un précieux instrument de labour. Cet outil prend quelquefois des dents (fig. 53); mais ce n'est que dans les conditions les plus difficiles, et qui, tout au moins dans les pays du Nord, se rencontrent fort rarement.

Fig. 52.

Pioche.

Si le terrain à labourer pré- Fig. 53. - Pioche à dents. sente alternativement des couches dures et des couches mélangées de pierres, on abandonne le pic, et l'on adopte un autre instrument, la tournée. La tournée (fig. 55), est

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un instrument à double usage, portant d'un côté une dent de pic et de l'autre une forte lame de pioche. L'usage de cet outil est facile à comprendre; on se sert de la lame dans la terre durcie, et de la dent lorsque l'on rencontre une couche mélangée de pierres.

Le pic et la tournée sont deux puissants instruments auxquels on doit fréquemment recourir dans les travaux de défrichement et de défoncements, mais qui ne peuvent être maniés que par des hommes vigoureux.

La houe donne, comme les instruments examiminés précédemment, un travail trop lent et trop coûteux pour que l'on puisse y avoir recours dans la grande culture. Cependant, elle est quelquefois utilisée pour labourer des terres fortement pentueuses, où la charrue ne saurait fonctionner qu'à grande peine, et où même son emploi serait tout à fait impossible.

LABOURS A LA CHARRUE.

La charrue est, sans contredit, le plus précieux de nos instruments aratoires. Son invention a eu d'immenses conséquences. En utilisant pour le travail de la terre, les forces des animaux qui bientôt, peut-être, seront remplacés eux-mêmes par la vapeur, la charrue a non-seulement affranchi l'homme d'un dur et pénible labeur, mais elle a encore, ainsi qu'on l'a fait remarquer avec justesse, contribué puissamment aux progrès de la civilisation.

Sans doute, la charrue ne donne pas un travail La pioche peut donc servir au labour des terres aussi parfait que la bêche, mais l'infériorité qu'elle

présente sous ce rapport, est rachetée par des avantages économiques d'une haute portée. En effet, une bonne charrue, attelée de deux chevaux, et conduite par un seul homme, peut, dans des conditions moyennes, exécuter en une journée de travail, la besogne que feraient dans le même temps, vingt ou vingt-cinq ouvriers travaillant à la bêche. La supériorité de la charrue est tout entière dans ce fait dont chacun peut apprécier les conséquences sociales, et il serait superflu, ce nous semble, d'insister longuement sur ce sujet.

Les charrues aujourd'hui usitées peuvent être classées de la manière suivante : les charrues simples ou araires, les charrues à avant-train, les charrues à tourne-oreille, les charrues polysocs et les charrues sous-sol.

Les charrues appartenant aux trois premières catégories surtout, sont très-nombreuses, et le cadre de cet ouvrage ne nous permet pas d'en faire un examen complet et détaillé. Ces renseignements ne peuvent guère trouver place que dans des traités spéciaux. Nous nous bornerons ici à envisager la charrue d'une manière générale, et à indiquer les dispositions que doivent offrir les divers organes pour effectuer le labour de la façon la plus avantageuse; nous aurons ainsi, naturellement, l'occasion de signaler les charrues qui présentent, sinon dans toutes, au moins dans quelques-unes de leurs parties, les qualités désirables, et nous fournirons aux cultivateurs les éléments qui leur sont nécessaires pour faire un choix raisonné.

On est assez généralement d'accord sur les qualités que doit offrir une bonne charrue. Commençons par les rappeler, puisqu'elles doivent guider notre appréciation. Une bonne charrue doit être simple, solide, facile à manier, à diriger et à régler. Elle doit, en outre, exécuter un bon labour, avec le moins de force de tirage possible. Ces deux derniers points méritent surtout de fixer l'attention. A quelles conditions l'instrument remplira-t-il ces exigences? Telle est la question que nous avons à résoudre, et nous allons essayer de le faire aussi sommairement que possible. Prenons l'araire qui, de toutes les charrues, est celle qui mérite le plus de fixer l'attention. Au reste, une fois bien connue, il suffira de peu de mots pour faire comprendre en quoi les autres en diffèrent, et nous pourrons même, afin d'éviter des redites inutiles, ne nous occuper de ces dernières qu'en traitant des circonstances spéciales où elles sont surtout employées.

nous

La charrue simple ou araire (fig. 56) comprend le soc A, le coutre B, le versoir C, l'avantsoc H, le régulateur F, l'age E, les étançons K,K, le mancheron G, et le sep D.

Le coutre, le soc et le versoir auxquels il faut, dans certaines charruès, ajouter l'avant-soc, sont les organes actifs de la charrue; les autres en sont les organes accessoires.

Le coutre, le soc et le versoir ont reçu le nom d'organes actifs parce que ce sont les seuls qui agissent directement sur la bande de terre ; à eux seuls ils effectuent le labour. Les organes accessoires relient entre eux les organes actifs et les rendent solidaires; ils servent, en outre, à assurer

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m

Fig. 57. Coutre.

et d'une lamel qui en est la partie active. Il s'adapte sur l'age au moyen du manche, et sert à couper verticalement la bande de terre. La manière dont on l'assujettit sur l'age mérite une sérieuse attention, car une position défectueuse accroît le tirage de la charrue, et peut même compromettre la solidité de l'age. Pour donner au coutre une position convenable, il faut ne pas perdre de vue que cet outil doit détacher la bande de terre de manière à prévenir le frottement des étançons contre le guéret. Si cette condition n'est pas remplie, il y a accroissement du tirage, et la charrue a moins de stabilité dans la raie. On évite cet inconvénient en plaçant le coutre sur la face de l'age opposée à celle où se trouve le versoir. Ainsi, dans la charrue versant à droite, le coutre sera fixé sur la face gauche de l'age. Il convient également de donner au tranchant du coutre une légère inclinaison (vers le guéret, ainsi que cela se voit dans la figure 58, où le petit triangle A représente une section horizontale du coutre. Cette disposition a le double avantage de donner de l'entrure à la lame, et d'éviter le frottement du dos du coutre contre le guéret.

Fig. 58.

L'agencement du coutre avec l'age se fait de différentes manières, et, parfois, il est extrêmement défectueux. Dans certaines charrues, le manche du coutre se fixe dans une mortaise pratiquée au milieu de l'age (fig. 57). Ce mode d'assemblage que l'on trouve dans des charrues fort bonnes d'ailleurs sous d'autres rapports, telle que la charrue flamande, occasionne dans les fibres du bois une solution de continuité qui affaiblit considérablement l'age, et détermine fréquemment sa rupture. Au surplus, le coutre est alors fort mal placé, et quoique l'on prenne, en pareil cas,

la précaution d'incliner la lame vers le guéret, la bande de terre est incomplétement détachée, et les étançons subissent un frottement qui augmente le tirage de la charrue. On a, il est vrai, remédié à ce dernier inconvénient en faisant usage d'un coutre coudé (fig. 59), mais cette modification ne rend pas à l'age la force qu'il a perdue.

Dans d'autres charrues, le coutre est maintenu au moyen d'une coutelière assujettie à l'aide de boulons sur le côté de l'age. Ce mode d'agencement, qui se remarque dans la charrue de Mathieu de Dombasle (fig. 60), est, sans doute, Fig.59. Cou- bien supérieur au précédent; mais celui adopté par Odeurs vaut mieux encore. Dans la charrue de ce dernier constructeur (fig. 61), la coutelière est maintenue à l'aide de deux ban

tre coudé.

Fig. 60.- Araire Dombasle.

delettes en fer, serrées au moyen d'écrous, et l'age n'a pas la moindre perforation à subir. Quoi qu'il en soit, la meilleure et la plus simple

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Quand on veut placer l'étrier sur l'age et y fixer le coutre, on comprend qu'il n'y a qu'à enlever les écrous et à détacher la plaque B. On place ensuite les deux plaques cannelées à l'endroit convenable; on les enfourche, pour ainsi dire, avec les deux branches de l'étrier, puis on ajuste la plaque et l'on visse aussitôt les écrous. Ceci fait, il reste entre la face latérale de l'age et le dos de l'étrier, un vide dans lequel on engage le manche du coutre (fig. 65). Il suffit alors de serrer convenablement les écrous, pour fixer définitivement l'appareil tout entier à la place ordinaire des

coutelières. Si l'on veut baisser ou hausser la pointe du coutre, on desserre les écrous, on fait mouvoir le coutre de manière à le placer à l'endroit désiré, et on le serre avec la clef ordinaire qui doit accompagner chaque charrue. Veut-on donner une inclinaison plus ou moins grande au coutre? On desserre encore, on avance ou on recule l'une quelconque des plaques cannelées, et immédiatement le coutre se dresse ou

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de toutes les coutelières, celle qui mérite le plus de fixer l'attention des constructeurs, et se remarque, d'ailleurs, aujourd'hui, dans la plupart des charrues perfectionnées, est l'étrier américain dont M. Jourdier a donné, en 1853, une fort bonne description dans le Journal d'agriculture pratique, description que nous allons lui emprunter, à peu près textuellement, afin de faire bien connaître cet utile perfectionnement. L'étrier américain est formé d'un D morceau de fer rond A (fig. 62) coudé à angles droits, et dont les extrémités libres portent un pas de vis, et reçoivent la plaque de fer B, large de 2 à 3 centimètres et épaisse de 2 à 4 millimètres. Deux écrous C et D adaptés au pas de vis des deux branches, servent à maintenir la plaque qui les relie.

B

Fig. 62. Etrier

américain.

Deux plaques de fonte, semblables à celle que

Fig. 64 et 65. Coutres fixés à l'aide de l'étrier. s'incline avec toute facilité. Veut-on enfin incliner la pointe vers la droite ou vers la gauche ? Le simple petit coin en bois o, qui se voit dans la figure 65, n'a besoin que d'être un peu enfoncé ou un peu retiré pour produire l'effet désirable.

Quel que soit d'ailleurs le mode d'agencement adopté, le coutre s'unit toujours à l'age sous un angle qui l'incline dans le sens du mouvement de la charrue. Cette inclinaison favorise la pénétration et diminue la résistance; elle permet, d'ailleurs, au coutre d'écarter plus aisément les pierres qui se trouvent sur son passage, et de couper avec plus de facilité les racines qui, si elles ne sont tranchées, remontent le long de la lame sans entraver la marche de la charrue; il en serait différemment si le coutre était placé verticalement. Il ne faut cependant pas lui donner une trop grande inclinaison, car cela obligerait à le faire fort long, ce qui est désavantageux, et puis, comme, en pareil cas, l'angle qu'il forme avec l'age devient plus aigu, les racines et les mauvaises herbes s'y accumulent, et il est fort difficile d'en débarrasser la charrue. Afin d'obvier à ce dernier inconvénient, on a imaginé de cintrer l'age, ce

qui pour une même inclinaison du coutre agrandit l'angle d'insertion. On fait également, dans le même but, usage d'un coutre dont le manche et la lame s'unissent sous un angle déterminé par l'inclinaison que l'on veut donner à la lame (fig. 66).

La pointe du coutre ne doit pas, comme cela se voit dans beaucoup de charrues, être placée en arrière de la pointe du soc, et elle ne doit en être séparée que par un intervalle de quelques centimètres, sinon le coutre ne remplit pas entièrement la fonction qui lui est assignée dans la charrue, et le soc doit arracher la portion de la bande de terre qui n'a pas été coupée. De là, un frottement qui augmente le tirage, et nuit à la régularité de la marche de la charrue, Il faut donc que la pointe du coutre soit rapprochée Fig. 66. de celle du soc, et placée, sinon en avant, au moins au-dessus de cette dernière.

Le soc a pour mission de couper horizontalement et de commencer le soulèvement de la bande de terre dont le coutre opère la section verticale.

Dans l'araire, le soc affecte généralement la forme d'un triangle rectangle dont l'hypoténuse constitue le tranchant (fig. 67). L'angle externe b est assez souvent arrondi, afin de rendre son usure moins rapide, et de mieux conserver la largeur du soc. Le manche ad a Fig. 67. Soc d'araire. reçu le nom de souche et sert à unir le soc aux autres pièces de la charrue. Toutefois, le mode d'agencement n'est pas constamment uniforme, et il varie même dans les différentes sortes de char

rues.

Le tranchant ou, comme on l'appelle encore, l'aile du soc est oblique par rapport au mouvement de la charrue. L'expérience atteste que cette disposition est avantageuse, et qu'elle donne lien à moins de tirage que celle où le tranchant serait perpendiculaire à la direction suivie par l'araire. Préférable dans les terres homogènes, le soc à tranchant oblique l'est davantage encore dans les sols embarrassés de racines pivotantes ou mélangés de pierres.

. Afin de favoriser son entrure, on donne ordinairement à la pointe du soc une double déviation: on l'incline un peu vers le bas tout en la faisant dévier légèrement vers le guéret. Mais cette pointe s'use rapidement, notamment en dessous, et, au bout d'un temps variable suivant les circonstances, la déviation de la pointe peut être complétement changée, et donner à la charrue une tendance à sortir de terre. On peut, sans doute, combattre cette tendance en modifiant le règlement de la charrue, mais c'est toujours aux dépens de la force de tirage. Il est donc préférable de surveiller cette usure et de prendre le soin d'y remédier aussitôt que le besoin s'en fait sentir.

Dans le but de remédier à cet inconvénient de la

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prompte usure de la pointe du soc, on a imaginé de faire usage de socs à pointe mobile. Celle-ci est formée par une barre en fer aciéré, maintenue au moyen de clavettes dans des entailles faites aux étançons, et que l'on peut faire avancer au fur et à mesure qu'elle s'use. Cette innovation se trouve appliquée dans la charrue de M. Armelin qui a figuré à l'exposition universelle de Paris en 1855. La figure 68 représente cette charrue, recommandable

Charrue Armelin.

Fig. 68. d'ailleurs à plus d'un titre, et vue du côté gauche. C, montre la barre mobile dont il vient d'être question, ainsi que la position qu'elle occupe. L'inclinaison qui lui est donnée a pour résultat, paraît-il, de régler l'usure de telle façon que la pointe conserve constamment l'acuïté désirable.

La largeur du soc dépend de la largeur de la bande de terre qu'il doit détacher. Si le soc est trop étroit, la section de la bande de terre est incomplète, et il en résulte un accroissement de frottement qui augmente la résistance.

L'angle qui correspond à la pointe du soc est. plus ou moins aigu, et le soc plus ou moins allongé. Ces différences s'observent dans des charrues défectueuses, mais on les remarque également dans des charrues bien construites. Cela tient à ce que la charrue est appelée à fonctionner dans des conditions fort variées, et celle qui est appropriée aux terres légères n'est pas toujours convenable dans les terres fortes. Il ne faut donc pas s'étonner de rencontrer le soc allongé et aigu dans les localités où le sol est extrêmement dur ou pierreux, tandis que l'on se sert de préférence du soc court et large là où le terrain est homogène ou moins résistant.

Le soc, dans beaucoup de charrues, présente de très-fortes dimensions, et empiète sur le versoir (fig. 61). Cette construction est certainement défectueuse, et les socs triangulaires rectangulaires, dont il a été question jusqu'ici, sont certainement préférables sous tous les rapports. Il est à remarquer, en effet, que par son tranchant le soc s'use très-rapidement, et doit être fréquemment réparé, èt il faut chercher à diminuer ses dimensions de façon à le réduire, autant que possible, à sa partie usable. C'est ce qui se trouve réalisé dans le soc américain dont nous n'avons encore rien dit, et dont il suffira de signaler les avantages pour faire comprendre les inconvénients de ces socs-versoirs auxquels nous faisions allusion plus haut, et que l'on rencontre dans plusieurs charrues belges.

Le soc américain (fig. 69) offre des dimensions plus réduites encore que celles du soc triangulaire rectangle. Au lieu de s'adapter sur le sep comme celui-ci, il s'applique sur le versoir au

d'autant plus d'efforts, que cette barre est plus courte. Dans l'opération du labour, la barre c'est le prisme de terre, et pour lui faire subir avec moins de peine le contournement qu'il reçoit du versoir, il faut l'allonger. Ce résultat s'obtient en donnant de la longueur au versoir. Il faut donc, de préférence, se servir de longs versoirs dans les sols tenaces, tandis que l'on peut avantageusement employer des versoirs plus courts dans les terres qui se divisent aisément.

La bande de terre soulevée par la charrue doit, avons-nous dit, se renverser en pivotant sur deux de ses arêtes; ce mouvement doit s'effectuer sans qu'elle change de place, et, pour qu'il en soit ainsi, il faut que le bord inférieur du versoir soit paral

moyen de boulons, et il a ce grand avantage de pouvoir s'enlever et se replacer facilement et promptement. En outre, il est facile à transporter, et comme il n'a que de faibles dimensions, il coûte moins cher que les autres. On comprend sans peine les avantages du soc américain, et les services qu'il est permis d'en attendre dans les fermes isolées, et dans celle qui n'ont Fig. 69. Soc américain. à leur disposition que des forgerons dépourvus d'habileté. H est regrettable que tous les constructeurs ne saisissent pas l'utilité de ce soc, et ne comprennent pas que son adoption est de nature à favoriser considérable-lèle au sep. Cette disposition n'est pas observée ment la propagation des charrues perfectionnées, Les socs ordinaires sont souvent construits en fer et chaussés d'une lame d'acier placée sous le tranchant. Les socs américains se contruisent en acier ou en fonte. Ceux en acier peuvent se rebattre et durent très-longtemps; quant aux socs de fonte, on leur reproche de s'user très-rapidement, mais il convient de remarquer qu'ils sont beaucoup moins chers que les autres, et qu'il en coûte ordinairement moins pour en prendre un nouveau que pour restaurer un soc d'acier ou un soc de fer aciéré. Cependant, comme la fonte est cassante, les socs faits de cette matière ne sont pas recommandables dans les terres pierreuses.

Le versoir a pour fonction spéciale de retourner la bande de terre détachée par la double section du coutre et du soc, et dont ce dernier a commencé le soulèvement.

Le versoir doit former avec le soc une surface continue; une solution de continuité à l'endroit où ils se réunissent, rendrait le tirage plus difficile.

Dans l'araire, le versoir est contourné de manière à soulever la bande de terre jusqu'à lui faire prendre une position verticale, et à la renverser ensuite en la faisant pivoter sur deux de ses arêtes. Aujourd'hui, il existe quelques charrues dont la courbure du versoir est obtenue mathématiquement, mais, dans le plus grand nombre, cette courbure est le résultat des tâtonnements de la pratique.

La terre, en glissant sur le versoir, occasionne par son frottement, une résistance que l'attelage doit vaincre; mais ce n'est pas la seule. En effet, il est à remarquer que la bande de terre détachée par la charrue est continue, et que pour passer de la position horizontale qu'elle occupe sur le soc, à la position inclinée que lui donne le versoir, elle doit se mouler sur celui-ci et s'y tordre. La désagrégation que la terre éprouve parfois en passant sur le versoir, n'a souvent pas d'autre cause. Ce mouvement de torsion que subit le prisme de terre, donne lieu à une résistance qui varie avec la ténacité du sol. Dans les terres dont les molécules n'ont que peu d'adhérence, cette résistance est faible, mais il en est différemment dans les sols tenaces dont les particules sont fortement unies. Aussi est-il avantageux d'approprier le versoir à la nature du sol. L'expérience nous apprend que pour tordre une barre quelconque, nous éprouvons d'autant plus de difficulté, nous devons faire

dans toutes les charrues, et c'est à tort; car si ce parallélisme n'existe pas, et que le bord inférieur du versoir fasse un écart à sa partie postérieure, la terre n'est pas seulement retournée, elle est, en même temps, repoussée, et la résistance s'accroît.

La largeur du versoir doit être au moins égale à celle du soc, sinon la bande de terre soulevée ne pourrait pas s'y adapter convenablement, et, dans certains sols surtout, le labour serait moins parfait.

Les versoirs se construisent en bois, en fer et en fonte. Le versoir en bois se rencontre souvent dans les localités à terre argileuse humide. Quant au fer, il tend aujourd'hui à être remplacé par la fonte dans la construction de cette partie de la charrue. Cette substitution est parfaitement justifiée. La fonte donne des versoirs beaucoup moins coûteux que le fer; elle s'use plus lentement, et, en outre, elle permet de conserver au versoir la forme qui a été reconnue la plus convenable. Ce sont là des avantages précieux, et qui devraient fixer l'attention de tous les constructeurs.

Aux parties actives de l'araire que nous venons de passer en revue, il faut ajouter l'avant-soc qui, dans certains cas, présente une utilité réelle. Cette annexe existe, depuis longtemps, dans quelques charrues belges, mais on la trouve aujourd'hui dans plusieurs autres charrues, ce qui prouve qu'on lui a reconnu des avantages. L'avant-soc est une véritable.miniature du soc et du versoir soudés ensemble (fig. 56, H). On le fixe sur l'age de la même manière que le coutre. Il est avantageux dans le labour des vieux trèfles, des gazons, ou des terres couvertes de mauvaises herbes. Convenablement abaissé, il écroute le sol à quelques centimètres de profondeur seulement, soulève une mince tranche de terre qu'il fait pivoter dans la direction du dernier sillon ouvert par la charrue, et il assure ainsi le complet enfouissement des herbes qui occupaient la surface. Ce résultat, on le sait, ne s'obtient pas toujours d'une manière satisfaisante par l'action seule du versoir.

Le régulateur se fixe à la partie antérieure de l'age (fig. 56 F).

Il sert à modifier la marche de la charrue de manière à ce qu'elle soit apte à exécuter des labours de dimensions variables. Au moyen du régulateur, on peut faire entrer la charrue à différentes profondeurs, et lui faire détacher des ban

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