Vont parler, discuter sur toutes les matières, Sur des points de science, en affaires de goût, Dans le monde, au spectacle, en famille et partout, Et toujours, en un mot, sont très contents d'eux-mêmes. Tu sais tout, à t'entendre; et monsieur de Naudé Mon ami, je vieillis en m'instruisant encore. J'admire, ajoutait-il, Et l'air de confiance et l'éternel babil Tels que des fruits sans goût, avant le temps mûris: Plus forts, même plus vieux que tous tant que nous sommes.3" § 68. ANDRIEUX, 1759-1833. FRANÇOIS-GUILLAUME-JEAN-STANISLAS ANDRIEUX naquit à Strasbourg, et après avoir fait de brillantes études au collége du cardinal Lemoine, à Paris, il s'annonça dans le monde littéraire par deux comédies qui eurent un grand succès, Anaximandre et les Étourdis. Quoique sa route semblât lui être tracée par ce début, il s'en détourna et se livra à l'étude du droit, pour être utile à des parents sans fortune; il allait être inscrit au tableau des avocats, lorsque l'ordre fut dissous par les événements de la révolution. Il parut alors plus que jamais éloigné de la carrière littéraire. Successivement chef de bureau, juge, vice-président au tribunal de cassation, député, membre du tribunat, il semblait jeté dans une voie tout opposée. Bonaparte, à qui sa résistance avait déplu, le rendit à luimême, en l'éliminant du tribunat. Chargé d'une femme, de deux filles et d'une sœur, Andrieux était loin même de l'aisance; Fouché, qui l'appréciait, lui offrit une place de censeur: "Mon rôle, répondit-il, est d'être pendu, et non pas d'être bourreau." Dans cette position pénible, il trouva ressource et consolation dans les lettres, qu'il n'avait jamais négligées. L'Institut lui fut ouvert; Joseph Bonaparte, devenu prince, le fit son bibliothécaire, et on lui confia aussi la bibliothèque du sénat. C'est alors qu'il fut chargé de la chaire de littérature française à l'école Polytechnique, emploi qu'il a conservé jusqu'en 1816. En 1814, il avait obtenu la même chaire au collège de France; c'est ce cours qui, pendant dix-neuf ans, a été sa plus chère occupation: il s'attacha aux nombreux auditeurs qui se pressaient à ses leçons, et leur voua toutes ses veilles jusqu'à la dernière. A sa mort, le 9 mai 1833, il remplissait les fonctions de secrétaire perpétuel de l'Académie française. LE MEUNIER DE SANS-SOUCI ET FRÉDÉRIC-LE-GRAND. Sur le riant coteau par le prince choisi, Fort bien achalandé, grâce à son caractère, Et des hameaux voisins, les filles, les garçons Hélas! est-ce une loi sur notre pauvre terre Que toujours deux voisins auront entre eux la guerre, On avait fait des plans fort beaux sur le papier, Des bâtiments royaux l'ordinaire intendant "Il nous faut ton moulin; que veux-tu qu'on t'en donne? - Oui. Rien du tout, car j'entends ne le vendre à personne. Il nous faut est fort bon ... mon moulin est à moi . . . Tout aussi bien au moins que la Prusse est au roi. Allons, ton dernier mot, bonhomme, et prends-y garde. - Faut-il vous parler clair? - C'est que je le garde: Voilà mon dernier mot." Ce refus effronté Avec un grand scandale au prince est raconté. Il mande auprès de lui le meunier indocile; Presse, flatte, promet; ce fut peine inutile, Sans-Souci s'obstinait. “Entendez la raison, Sire, je ne peux pas vous vendre ma maison: Mon vieux père y mourut, mon fils y vient de naître ; C'est mon Potsdam à moi. Je suis tranchant peut-être : Ne l'êtes-vous jamais? Tenez, mille ducats Au bout de vos discours ne me tenteraient pas. Les rois malaisément souffrent qu'on leur résiste. Le monarque, à ce mot, revient de son caprice. Qu'aurait-on fait de mieux dans une république ? PROCÈS DU SÉNAT DE CAPOUE. Dans Capoue autrefois, chez ce peuple si doux, Le Sénat effrayé délibère en tumulte; Le peuple soulevé lui prodigue l'insulte; On s'arme, on est déjà près d'en venir aux mains. Trouva dans son esprit cette ressource honnête: Il est une leçon que je veux lui donner: La peur en fit passer par tout ce qu'il voulut: Quand chacun consterné tremble et craint pour soi-même, A vos vœux redoublés se montre enfin propice; |