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IMPRIMERIE DE J.-L. CHANSON,

LITTÉRAIRE,

PHILOSOPHIQUE ET CRITIQUE,

ADRESSÉE

A UN SOUVERAIN D'ALLEMAGNE,

PENDANT UNE PARTIE DES ANNÉES 1775-1776, ET PENDANT
LES ANNÉES 1782 A 1790 INCLUSIVEMENT,

PAR LE BARON DE GRIMM

ET PAR DIDEROT.

Troisième et dernière Partie.

TOME SECOND.

PARIS,

F. BUISSON, LIBRAIRE, RUE GILLES-COEUR, No 10.

1

CORRESPONDANCE

LITTÉRAIRE,

PHILOSOPHIQUE,

CRITIQUE, etc.

AOUT 1782.

Il n'y a guère plus de deux mois que le Poëme des Jardins a paru, et l'on en a déjà fait une demi-douzaine de critiques, dont quelques-unes ne manquent assurément ni d'esprit, ni de malignité. La seule défense que M. l'abbé Delille ait opposée à toutes ces attaques, et c'est la meilleure sans doute, quoiqu'elle ne soit pas l'usage de tout le monde, a été de laisser multiplier en silence les éditions de son ouvrage; on en est actuellement à la septième, et ces éditions se sont succédées plus rapidement encore que les libelles où on le déchirait avec un zèle si louable et si littéraire.

à

De toutes les critiques du Poëme des Jardins, la plus amère, la plus injuste peut-être, mais aussi la plus piquante, est une Lettre de M. le

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président de*** à M. le comte de***; elle est d'un jeune homme qui s'est fait appeler long-temps M. de Parcieux, et qui, n'ayant pu prouver le droit qu'il avait de porter ce nom, s'en est vengé fort noblement en prenant celui du chevalier de Rivarol, lequel, dit-on, ne lui appartient pas mieux, mais dont il faut espérer qu'il voudra bien se contenter, tant qu'on ne l'obligera pas à en chercher un autre.

La première idée du critique porte sur le sort qu'éprouvent communément tous ces ouvrages si vantés dans les cercles et dans les soupers dont ils ont fait les délices, lorsqu'on les voit exposés au grand jour de l'impression, dépouillés de tout l'artifice et de tout le prestige attaché aux lectures particulières: Ce sont, dit-il, des enfans gâtés qui passent des mains des femmes à celles des hommes. Si l'analyse générale qu'il fait du Poëme n'est pas très-exacte, elle est du moins assez plaisante. « Dans le premier Chant, >> dit-il, l'auteur entreprend de diriger l'eau, les » fleurs, les gazons, les ombrages; dans le se» cond, les fleurs, l'eau, les ombragés et les ga»zons; dans le troisième et dans le quatrième, »-il dirige encore les ombrages, les fleurs, les » gazons et les eaux. Ce cliquetis, ce désordre qui règnent avec art dans tout le Poëme dé-› >> routent et fatiguent ses amis, qui n'ont, pour » se délasser, qu'une continuité de préceptes, des » semblans d'épisodes, une maigreur générale » et un défaut absolu d'intérêt et de mouve

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