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demander de l'argent ? et que ne lui disais-tu que Monsieur

?

n'y est pas
LA VIOLETTE.

Il y a trois quarts d'heure que je le lui dis ; mais il ne veut pas le croire, et s'est assis là-dedans pour attendre.

SGANARELLE.

--

Qu'il attende tant qu'il voudra.

DON JUAN. Non, au contraire, faites-le entrer. C'est une fort mauvaise politique que de se faire celer aux créanciers. Il est bon de les payer de quelque chose ; et j'ai le secret de les renvoyer satisfaits sans leur donner un double 3.

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DON JUAN, faisant de grandes civilités 4. Ah! monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir, et que je veux de mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d'abord ! J'avais donné ordre qu'on ne me fît parler personne ; mais cet ordre n'est pas pour vous, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi.

MONSIEUR DIMANCHE.

Monsieur, je vous suis fort obligé. DON JUAN, parlant à ses laquais. -Parbleu ! coquins, je vous apprendrai à laisser monsieur Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connaître les gens.

MONSIEUR DIMANCHE. Monsieur, cela n'est rien.

DON JUAN.

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Comment! vous dire que je n'y suis pas, à monsieur Dimanche, au meilleur de mes amis !

MONSIEUR DIMANCHE. Monsieur, je suis votre serviteur. J'étais venu...

--

DON JUAN. Allons vite, un siège pour monsieur Dimanche. MONSIEUR DIMANCHE. Monsieur, je suis bien comme cela. DON JUAN. Point, point, je veux que vous soyez assis

contre moi 7.

MONSIEUR DIMANCHE.

Cela n'est point nécessaire. DON JUAN. Otez ce pliant, et apportez un fauteuil.

Toutes les pièces de Molière méritent d'être lues. Les plus célèbres sont : les Précieuses ridicules (1659), Don Juan (1665), le Misanthrope (1666), l'Avare (1667), Tartuffe (terminé en 1664, mais joué devant le public en 1669 seulement), le Bourgeois gentilhomme (1670) et les Femmes savantes (1672). Cette dernière pièce est en vers, ainsi que le Misanthrope et le Tartuffe. Les autres sont en prose.

Sept ans après la mort de Molière, sa troupe se fondit avec celle de l'Hôtel de Bourgogne. Ce fut l'origine de la Comédie-Française.

MONSIEUR DIMANCHE.

DON JUAN.

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Non, non, je sais ce que je vous dois ; et je ne veux point qu'on mette de différence entre nous deux. MONSIEUR DIMANCHE. Monsieur...

DON JUAN.

---

Allons, asseyez-vous.

MONSIEUR DIMANCHE. Il n'est pas besoin, monsieur, et je n'ai qu'un mot à vous dire. J'étais...

DON JUAN. Mettez-vous là, vous dis-je.

MONSIEUR DIMANCHE. Non, monsieur, je suis bien. Je viens pour...

DON JUAN. Non, je ne vous écoute point, si vous n'êtes

assis.

MONSIEUR DIMANCHE.

voulez. Je...

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DON JUAN. Parbleu ! monsieur Dimanche, vous Vous portez bien !

MONSIEUR DIMANCHE.

service. Je suis venu...

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Oui, monsieur, pour vous rendre

DON JUAN. Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des

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yeux vifs. Je voudrais bien...

DON JUAN. Comment se porte madame Dimanche, votre épouse?

MONSIEUR DIMANCHE. Fort bien, monsieur, Dieu merci. DON JUAN. C'est une brave femme.

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DON JUAN. - La jolie petite fille que c'est ! Je l'aime de

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DON JUAN. Et le petit Colin, fait-il toujours bien du bruit. avec son tambour ?

MONSIEUR DIMANCHE.

Toujours de même, monsieur. Je...

DON JUAN. Et votre petit chien Brusquet, gronde-t-il toujours aussi fort, et mord-il toujours bien aux jambes les gens qui vont chez vous ?

MONSIEUR DIMANCHE. ne saurions en chevir 8.

Plus que jamais, monsieur, et nous

DON JUAN. Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles de toute la famille, car j'y prends beaucoup d'intérêt. MONSIEUR DIMANCHE. Nous vous sommes, monsieur, infiniment obligés. Je...

DON JUAN, lui tendant la main.

Touchez donc là, monsieur

Dimanche. Êtes-vous bien de mes amis ?

MONSIEUR DIMANCHE.

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Monsieur, je suis votre serviteur. DON JUAN. Parbleu ! je suis à vous de tout mon cœur. MONSIEUR DIMANCHE. Vous m'honorez trop. Je... DON JUAN. Il n'y a rien que je ne fisse pour vous. MONSIEUR DIMANCHE. Monsieur, vous avez trop de bonté pour moi.

DON JUAN. Et cela sans intérêt, je vous prie de le croire.
Je n'ai point mérité cette grâce

MONSIEUR DIMANCHE.

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assurément. Mais, monsieur...

DON JUAN. Oh çà, monsieur Dimanche, sans façon, voulez-vous rester souper avec moi ?

MONSIEUR DIMANCHE.

Non, monsieur, il faut que je m'en

retourne tout à l'heure 9. Je...

DON JUAN, se levant. Allons, vite un flambeau pour conduire monsieur Dimanche, et que quatre ou cinq de mes gens prennent des mousquetons pour l'escorter 10.

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MONSIEUR DIMANCHE, se levant de même. Monsieur, il n'est pas nécessaire, et je m'en irai bien tout seul. Mais... (Sganarelle 6te les sièges promptement.)

DON JUAN. Comment? Je veux qu'on vous escorte, et je m'intéresse trop à votre personne. Je suis votre serviteur, et, de plus, votre débiteur.

MONSIEUR DIMANCHE. Ah! monsieur...

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DON JUAN. C'est une chose que je ne cache pas, et je le dis à tout le monde.

MONSIEUR DIMANCHE.

DON JUAN.

Si...

- Voulez-vous que je vous reconduise? MONSIEUR DIMANCHE. · Ah ! monsieur, vous vous moquez !

Monsieur...

DON JUAN.- Embrassez-moi11 donc, s'il vous plaît. Je vous prie encore une fois d'être persuadé que je suis tout à vous, et qu'il n'y a rien au monde que je ne fisse pour votre service. (Il sort.)

SGANARELLE. Il faut avouer que vous avez en monsieur un homme qui vous aime bien.

MONSIEUR DIMANCHE. Il est vrai ; il me fait tant de civilités et tant de compliments, que je ne saurais jamais lui demander de l'argent.

SGANARELLE.

Je vous assure que toute sa maison périrait pour vous; et je voudrais qu'il vous arrivât quelque chose, que quelqu'un s'avisât de vous donner des coups de bâton, vous verriez de quelle manière...

MONSIEUR DIMANCHE. Je le crois; mais, Sganarelle, je vous prie de lui dire un petit mot de mon argent.

SGANARELLE.

Oh! ne vous mettez pas en peine ; il vous

payera le mieux du monde.

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Mais vous, Sganarelle, vous me

devez quelque chose en votre particulier 19

SGANARELLE. Fi! ne parlez pas de cela.
MONSIEUR DIMANCHE. Comment ? Je...

SGANARELLE. Ne sais-je pas bien que je vous dois ?
MONSIEUR DIMANCHE. Oui. Mais...

SGANARELLE. Allons, monsieur Dimanche, je vais vous éclairer.

MONSIEUR DIMANCHE.

Mais, mon argent...

SGANARELLE, prenant monsieur Dimanche par le bras.

moquez-vous?

Vous

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Fi!

SGANARELLE, le poussant.

MONSIEUR DIMANCHE. Je...

SGANARELLE, le poussant tout à fait hors du théâtre.

vous dis-je.

Fi!

DON JUAN (1665), acte IV scènes II et III

II. Donneurs de conseils

SGANARELLE. Ah! l'étrange chose que la vie ! et que je puis bien dire avec ce grand philosophe de l'antiquité, que qui terre a, guerre a, et qu'un malheur ne vient jamais sans l'autre ! Je n'avais qu'une seule femme, qui est morte.

MONSIEUR GUILLAUME. Et combien donc en voulez-vous avoir ?

SGANARELLE.

Elle est morte, monsieur mon ami. Cette perte m'est très sensible, et je ne puis m'en ressouvenir sans pleurer. Je n'étais pas fort satisfait de sa conduite, et nous avions le plus souvent dispute ensemble; mais enfin, la mort rajuste toutes choses. Elle est morte; je la pleure. Si elle était en vie, nous nous querellerions. De tous les enfants que le ciel m'avait donnés, il ne m'a laissé qu'une fille, et cette fille est toute ma peine. Car enfin, je la vois dans une mélancolie la plus sombre du monde, dans une tristesse épouvantable, dont il n'y a pas moyen de la retirer et dont je ne saurais même apprendre la cause. Pour moi, j'en perds l'esprit, et j'aurais besoin d'un bon conseil sur cette matière. Vous êtes ma nièce ; vous 2, ma voisine; et vous 3, mes compères 4 et mes amis; je vous prie de me conseiller tous ce que je dois faire.

3

1

MONSIEUR JOSSE. Pour moi, je tiens que la braverie 5 et l'ajustement est la chose qui réjouit le plus les filles; et, si j'étais que de vous, je lui achèterais, dès aujourd'hui, une belle garniture de diamants, ou de rubis, ou d'émeraudes.

MONSIEUR GUILLAUME. Et moi, si j'étais en votre place, j'achèterais une belle tenture de tapisserie de verdure, ou à personnages, que je ferais mettre à sa chambre, pour lui réjouir l'esprit et la vue.

AMINTE. Pour moi, je ne ferais point tant de façon ; et je la marierais fort bien, et le plus tôt que je pourrais avec cette

ANTHOL. BORN.

- PROSE

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