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EPUB

DE

L'ACADÉMIE

DES

SCIENCES, AGRICULTURE, ARTS

ET BELLES - LETTRES

D'AIX. ⠀⠀

AIX

IMPRIMERIE ILLY, RUE DU COLLEGE, 20.

Juniary

2-1-31

24339 Le Mardi vingt-quatre Mai mil huit cent soixante - quatre, la quarante - troisième séance publique de l'Académie a en lieu, à quatre heures, dans la grande salle de l'Université.

M. Charles DE RIBBE, président de l'Académie, a fait l'ouverture de la séance par le discours

suivant :

MESSIEURS,

L'érudition française offre, surtout depuis quelques années, un spectacle bien digne d'intéresser les moralistes, et qui, jugé moins dans ses détails que dans son ensemble et dans son esprit, n'est pas sans une certaine grandeur. Elle a suscité, elle a produit et elle poursuit un remarquable mouvement d'idées et d'études. Elle a éveillé chez beaucoup de nos contemporains plus qu'un goût nouveau, elle a développé en eux un sens nouveau, l'intelligence vive et délicate des choses de l'antiquité. Elle est même aujourd'hui pour plusieurs l'objet d'une sorte de culte.

Nous en avons les preuves sous nos yeux;

elles sont aussi étonnantes qu'éclatantes. Comment ne pas s'en étonner, au lendemain d'un siècle dont l'idéal fut la table rase, et le terme final la plus systématique et la plus sanglante des destructions?

L'esprit français, si peu disposé et si mal préparé à tout essor d'initiative individuelle, semble vouloir sur un point s'infliger un démenti; et ce point est précisément celui qui le reportant en arrière le met dans l'heureuse situation d'avoir à s'examiner, de pouvoir à loisir se scruter lui-même. Voyez, en effet, et jugez du mouvement de la nouvelle école, au moins par tout ce qui la caractérise au dehors.

Ouvrez un seul des catalogues de ces librairies spéciales, très inconnues des profanes, mais très en renom et en honneur chez les initiés. Donnez-vous le plaisir, ne fût-ce qu'une fois, d'observer ce qui se passe dans ces ventes, où les raretés de tout genre, les moindres et les plus minces débris de collections précieuses sont si ardemment disputés et si chèrement payés. Sans quitter votre ville, votre province, si l'une ou l'autre ont encore la bonne fortune d'être des centres intellectuels, interrogez les savants, les probants mémoires de nos Sociétés académiques; demandez ce qu'on écrit, ce à quoi l'on pense, ce pour quoi l'on se passionne et

l'on s'exalte dans un certain monde qui semble chaque jour travailler à s'étendre, loin des bruits, des renommées et en dehors des engouements littéraires de Paris. Et vous recueillerez autant de témoignages où se manifeste le libre et généreux élan des recherches vers les sources des antiquités locales, corporatives, communales et provinciales; vous trouverez l'érudition partout sur la brèche, partout à l'œuvre pour sonder les origines même de l'histoire, fouillant, explorant, exhumant ou classant dans un ordre méthodique la masse éparse des documents, gardiens de la tradition.

Les travaux de libre recherche sur le passé sont devenus si nombreux qu'ils suffisent à former de riches bibliothèques : histoires de villes et de provinces, monographies, biographies, notices, dissertations archéologiques, généalogiques ou numismatiques, publications de manuscrits ou réimpressions d'ouvrages rares, traités sur les anciens idiomes locaux, recueils de vieux chants populaires, etc...

Un homme dont le nom fait autorité, un vrai savant, M. Egger disait naguère (1): « Plus j'avance dans ma vie studieuse, plus je reconnais que la science est toujours en mouvement et que, même sur de petits sujets, son œuvre

(1) Mémoires d'histoire ancienne et de philologie, un vol. in-8°. Paris, Durand, 1864.

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