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AU R. P. MERSENNE.

(Lettre 112 du tome II.)

Amsterdam, le 8 octobre 1629 '.

MON RÉVÉREND PÈRE,

Je ne pense pas avoir été si incivil que de vous prier de ne me proposer aucunes questions, car c'est trop d'honneur que vous me faites lorsqu'il vous plaît d'en prendre la peine, et j'apprends plus par ce moyen que par aucune autre sorte d'étude; mais bien sans doute vous aurai-je supplié de ne trouver pas mauvais si je ne m'efforce pas d'y répondre si précisément que je tâcherois de faire si je n'étois tout-à-fait occupé en d'autres pensées; car je n'ai point l'esprit assez fort pour l'employer en même temps à plusieurs choses différentes ; et comme je ne trouve jamais rien que par une longue traînée de diverses considérations, il faut que je me donne tout à une matière lorsque j'en veux examiner quelque partie, ce que j'ai éprouvé

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J'ai la lettre manuscrite. Cette lettre est remplie de corrections et d'additions. J'ai négligé presque toutes les corrections, comme ne paroissant pas avoir été faites sur l'original, et ne tombant que sur le style. L'original étoit probablement en latin.

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depuis peu pour trouver la cause de ce phénomène duquel vous m'écrivez; car il y a plus de trois mois qu'un de mes amis m'en a fait voir ici une description assez ample, et m'en ayant demandé mon avis, il m'a fallu interrompre ce que j'avois en main pour examiner par ordre tous les météores, auparavant que je m'y sois pu satisfaire. Mais je pense maintenant en pouvoir rendre quelque raison, et suis résolu d'en faire un petit traité, qui contiendra l'explication des couleurs de l'arc-enciel, lesquelles m'ont donné plus de peine que tout le reste, et généralement de tous les phénomènes sublunaires. C'est ce qui m'avoit donné occasion de vous demander particulièrement la description que vous avez de ce phénomène, pour savoir si elle s'accordoit avec celle que j'avois vue, et j'y trouve cette différence, que vous dites qu'il a été vu à Tivoli, ce que l'autre ne dit pas, mais bien à Frescati, qu'il nomme Tusculum en latin. Je vous prie de me mander si vous savez assurément qu'il ait paru à Tivoli et comment ce nom-là se dit en latin, car je ne le sais pas; mais j'aurai bien le loisir d'attendre vos lettres, car je n'ai pas encore commencé à l'écrire. Au reste je vous prie de n'en parler à personne du monde, car j'ai résolu de l'exposer en public, comme un échantillon de ma philosophie, et latere post tabellam, afin de voir ce qu'on en dira. C'est une des plus belles matières que je saurois choisir,

et je tâcherai de l'expliquer en sorte que tous ceux qui entendront seulement le français puissent prendre plaisir à le lire. J'aimerois mieux qu'il fût imprimé à Paris qu'ici; et si c'étoit chose qui ne vous fût point à charge, je vous l'enverrois lorsqu'il seroit fait, tant pour le corriger que pour le mettre entre les mains d'un libraire. Vous m'avez obligé de m'avertir de l'impertinence de mon ami; l'honneur que vous lui avez fait de lui écrire lui a sans doute donné tant de vanité qu'il s'est ébloui, et il a cru que vous auriez meilleure opinion de lui s'il vous écrivoit qu'il a été mon maître

il

y a dix ans; mais il se trompe fort, car il n'y a pas de gloire d'avoir instruit un homme qui ne sait rien et qui le confesse partout librement; je ne lui en manderai rien, puisque vous ne le voulez pas, encore que j'eusse bien de quoi lui faire honte, principalement si j'avois sa lettre tout entière.

Si vous pouviez trouver quelque autre lieu où mettre M. N.' mieux qu'il n'est, je crois que vous l'obligeriez; surtout je vous le recommande. Je suis assuré de l'exécution des verres s'il y travaille seul et étant en repos; et c'est chose de plus grande importance qu'on ne se l'imagine. Il y a tant de gens à Paris qui perdent de l'argent à faire souffler des charlatans, n'y en auroit-il point quelqu'un qui le voudroit tenir six mois ou un an à ne faire autre

IM. Ferrier.

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chose du tout que cela? car il lui faudroit du t pour préparer ses outils; et c'est comme à l'i merie, où la première feuille est plus long faire que mille autres.

Pour la raréfaction je suis d'accord avec c decin, et j'ai pris parti là-dessus comme sur que tous les fondements de la physique; mais ètre que je n'explique pas l'ather comme lui: que j'aurai l'honneur de vous voir, nous au moyen de nous en entretenir plus particul ment. Pour ce livre de camoyeux et de talism je juge du titre qu'il ne doit contenir que des mères; de même la tête qui parle couvre sans d quelque imposture, car de dire qu'il y eût des sorts et des tuyaux, comme au coq de l'hor de Strasbourg, pour exprimer tout le Pater nos j'ai bien de la peine à le croire.

De diviser les cercles en 27 et 29, cela se p mécaniquement, mais non point géométriqueme il est vrai qu'il se peut en 27, par le moyen d cylindre, encore que peu de gens en puissent tr ver le moyen, mais non pas en 29, et si l'on m veut envoyer la démonstration, j'ose vous prom tre de faire voir que cela n'est pas exact.

'Pour votre question de musique touchant le p

Si je peux recouvrer les livres que vous désirez, je vous les enver mais je ne l'espère pas, car j'ai ici fort peu de connoissances, et p du tout avec ceux qui les pourroient avoir. Pour votre question de.

sage

de l'unisson à la tierce mineure, je ne trouve que des conjectures à y répondre, et doute presque en cela si les praticiens ont raison; seulement puis-je dire que lorsqu'on va de l'unisson à la tierce, ce n'est pas pour finir, mais pour surprendre l'oreille au milieu d'un chant, à quoi la variété est principalement requise. Or cette variété se remarque principalement en deux choses: 1° lorsque les deux parties vont par des mouvements contraires, ce qui n'est point ici, car elles montent ou descendent toutes deux; 2° lorsqu'elles procèdent par des mouvements inégaux; ce qui est fort sensible au premier, car une partie montant d'une quinte, et l'autre d'une tierce, on remarque grande différence en ce que le dessus, qui a accoutumé d'aller par degrés conjoints, fait tout d'un coup un si grand saut, et au contraire la basse montant d'une tierce ne va qu'à son ordinaire; mais au dernier il semble que les deux parties descendent également, car l'intervalle d'une quinte à la basse n'est guère plus sensible que celui d'une tierce au supérius; ainsi il n'y a pas grande variété en ce passage, ce qui le rend triste et déplaisant. De plus, lorsque le dessus monte, il réveille bien plus l'attention que lorsqu'il descend. C'est tout ce qui me vient sous la plume.

Pour l'autre question, il y faudroit penser, car il y a plusieurs forces différentes à considérer. Pre

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