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ment de la ravoir et reprendre, si elle n'estoit pas convaincue. Cauchon demanda et obtint du chapitre de Rouen territoire et juridiction pour instrumenter dans ce diocèse. Il dissuada les docteurs de l'université de juger la cause à Paris (où les Anglais ne se sentaient plus en sûreté) et les manda, moyennant salaire, à Rouen, capitale d'une province que l'on croyait mieux assujettie au joug étranger. L'inquisiteur du lieu fut substitué à son collègue de la capitale, et, selon les canons, associé à l'évêque ordinaire. Le représentant de l'inquisition en Normandie se trouvait être un nommé Jean Lemaître, homme faible et inerte. Répandre le sang du juste lui était un sujet d'horreur : il fit tout ce qu'il put afin de ne pas siéger; mais il manquait du courage et de l'énergie nécessaires pour s'en défendre. Après s'être dérobé longtemps, il s'adjoignit, par ordre de ses supérieurs, à Cauchon, l'assista, contraint et forcé; signa tous les actes de la procédure, et disparut, sans qu'on ait su jamais depuis ce qu'il était devenu. Quelques-uns, en très-petit nombre, eurent la noblesse de cœur dont ce jacobin était dépourvu: par exemple, Jean Lohier, honnête et savant juriste de Rouen, qui dès le début, consulté sur le procès, en signala hautement les iniquités, et partit pour échapper à la vindicte des maîtres. Un exprès fut envoyé à Domremy et dans tout le Barrois pour informer sur la prévenue. Quand il revint, il n'avait rien appris de la Pucelle qu'il ne voulût étre en sa propre sœur. Outré de colère à ce rapport, Pierre Cauchon s'emporta contre le commissaire en invectives, l'appelant traître, mauvais homme, et refusa de lui payer les frais de sa longue et dispendieuse mission. La grande majorité des juges requis pour siéger obéit, comme fait toujours le commun des hommes, à l'égoïsme, à la peur et à la pente d'une lâche imitation (1).

Le premier interrogatoire eut lien le 20 février 1431, dans la chapelle du château, et les séances suivantes se succédèrent à peu d'inter

(1) Le tribunal se composait de deux juges : l'évêque et l'inquisiteur; Il y avait en outre un promoteur (ou ministère public), un commissaire-examinateur, des notaires-greffiers, un huissier ou appariteur. Les assesseurs, choisis arbitrairement par Cauchon, étaient des évêques, des abbés, des docteurs, licenciés et bacheliers en théologie, en droit, en arts ou littérature et même en médecine, tous sujets du roi étranger. Quatre-vingtquinze furent appelés successivement et soixante siégèrent quelquefois ensemble. Ils n'avaient que voix consultative.

Jeanne avait persévéramment refusé de donner sa fol, avouant tout haut son espoir de salut. En conséquence, dès son arrivée au château de Rouen, sa nouvelle prison, en décembre 1430, elle fut mise dans une cage de fer, qui la tenait droite, llée par le cou; les mains et les jambes. La procédure s'ouvrit en février 1431. Alors, par grâce, on la retira de cette cage. Elle fut placée dans une chambre meublée d'un lit. Le jour elle était ferrée aux pieds d'une chaîne tenant à une pièce de bois fixe; cette chaîne fermait à clef. L'héroïne avait pour gardiens de trois à cinq houcepailliers on soudards anglais, misérables d'une classe abjecte, qui l'abreuvaient de tous les outrages, et qui la nuit l'éveillalent, en ricanant, pour lui crier qu'elle serait brûlée. NOUV. BIOGR. GÉNÉR. T. XIII,

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valle en diverses autres salles de la même forteresse. Les audiences se tenaient une ou deux fois par jour, de trois heures chacune, et fatiguaient les interrogateurs eux-mêmes. Ils la pressaient, l'assiégeaient, l'accablaient de questions subtiles, préparées, subites, survenant coup sur coup; de telle sorte qu'elle leur dit : « Beaux seigneurs, faites l'un après l'autre. » Ces interrogations portaient sur toute sa vie, sur ses actes même les plus minimes, où ils espéraient trouver matière à sorcellerie, et principalement sur ses merveilles et ses révélations. Le réquisitoire ou acte d'accusation comprenait d'abord soixante-dix articles, qui, à la fin, se réduisirent à douze griefs. Jeanne était principalement accusée : d'avoir affirmé qu'elle avait des communications avec les puissances célestes, tandis qu'au contraire elle avait invoqué les démons; d'avoir porté l'habit d'homme et exercé l'état militaire; d'avoir erré en la foi, et refusé de se soumettre au jugement ainsi qu'à l'autorité de l'Église militante. Pour tout ce qui ne touchait qu'ellemême, elle fut sans défense et sans réserve aucune. Mais on lui demanda, par exemple, de révéler le signe auquel elle s'était fait reconnaître du roi là-dessus elle se montra invincible et inébranlable. « Jeanne, lui demandat-on, sçavez-vous point que saintes Catherine et Marguerite haient (haïssent) les Anglois? - Elles ayment ce que Notre-Seigneur ayme et haient ce que Dieu hait. » Autre demande : « Savezvous être en la grâce de Dieu? >> Réponse : « Dieu m'y veuille recevoir; et si j'y suis, Dieu veuille m'y conserver! >> D. « Disiez-vous point que les pannonceaux (bannières) qui estoient à la ressemblance du vôtre estoient heureux ? » - - R. « Je disois aux soldats: Entrez hardiment parmi les Anglois, et j'y entrois moi-même. » On lui reprochait d'avoir tenu à la cérémonie du sacre son étendard déployé; c'est alors qu'elle répondit: Il avoit été à la peine, n'étoit-ce point raison qu'il fust à l'honneur!

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L'affaire, cependant, n'avançait pas au gré de ceux qui la conduisaient. L'un des affidés de Pierre Cauchon, nommé Loiseleur, qui était prêtre, fut introduit dans la prison de Jeanne, se disant captif de guerre français. Il provoqua ainsi non-seulement ses épanchements intimes, mais encore sa confession. Pendant qu'il recevait ces communications sacrées, des scribes, apostés dans une pièce voisine, d'où l'on pouvait tout entendre, avaient ordre de transcrire ses paroles pour accroître d'autant les charges de l'accusation. Enfin, on requit les avis des consulteurs: sauf quelques variantes, ils conclurent à peu près unanimement qu'ils la jugeaient coupable d'hérésie et des autres griefs qui lui étaient imputés (1).

Le 24 mai Jeanne fut conduite au cimetière de Saint-Ouen. La sentence de condamnation

(1) Voy. COURCELLES (Thomas DE ).

avait été libellée. Deux échafauds se dressaient

sur la place: l'un servait de théâtre aux juges, assistés du cardinal de Winchester et des assesseurs. Jeanne monta sur l'autre, accompagnée d'un prédicateur et de divers suppôts du tribunal. Selon l'usage pratiqué dans les causes d'hérésie, le sermon commença. Elle laissa d'abord le docteur se livrer à toute la fougue de ses déclamations. Tant que les violences de son langage l'inculpèrent uniquement, elle garda le silence. Mais lorsqu'il enveloppa dans ses anathèmes le roi de France, qu'il traita d'hérétique pour avoir accepté son concours, elle l'interrompit publiquement, et s'écria : <<< Parlez de moi; c'est le plus noble chrétien de tous les chrétiens, et qui plus aime la foi et l'Église!

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Cependant le bourreau attendait sur une charrette, dans la rue voisine, pour conduire Jeanne au bûcher. On lui présenta une formule d'abjuration préparée par les récentes suggestions de Loiseleur elle faiblit; un secrétaire du roi d'Angleterre lui saisit la main; on assure qu'elle sourit dédaigneusement et traça un zéro en guise de signature. Par le fait de cette rétractation, la sentence mortelle se trouvait annulée. Une nouvelle sentence fut alors prononcée qui, par gráce et modération, la condamnait à passer le reste de ses jours en prison, au pain de douleur et à l'eau d'angoisse. Déjà la foule murmurait les Anglais firent pleuvoir des pierres sur les juges prévaricateurs. Le comte de Warwick se plaignit, au nom du roi d'Angleterre, envers Cauchon et ses assesseurs. N'ayez cure, répondit l'un d'eux nous la retrouverons bien! Jeanne fut reconduite dans les fers.

L'un des griefs principaux, le plus grave même et le plus opiniâtre de l'accusation, portait sur ce que Jeanne avait jugé convenable de s'habiller en homme. La conséquence de sa soumission fut de reprendre l'habit de femme, qu'elle revêtit en rentrant dans sa prison. Trois jours après, Jeanne, pour se lever, demanda les habits de femme qu'elle avait quittés la veille; mais ce fut vainement: elle ne trouva que ses anciens habits d'homme, laissés à dessein dans un sac au pied de son lit. Elle insista, jusqu'à ce qu'une nécessité absolue la contraignit à quitter sa couche, et, n'ayant pas d'autres vêtements, à se couvrir de ces habits d'homme. Cette scène d'ignobles violences ne fut pas la première : Jeanne avait déjà le corps et le visage meurtris. Sur ces entrefaites, Pierre Cauchon fut mandé à la håte. Il arriva, pour constater que Jeanne était renchue (récidiviste). Aussi bien, une nouvelle inspiration s'était fait jour dans l'âme de cette martyre. Elle se reprochait la faiblesse qu'elle avait eue d'abjurer. Dès les premières interpellations de Pierre Cauchon, accouru sur sa proie, elle rétracta hautement son abjuration, déclarant qu'elle avait succombé à un instant de défaillance; que tout ce qu'elle avait dit, vu et fait dans le cours de sa carrière, de sa mission, lui avait été

inspiré par Dieu, qui l'avait envoyée. Aussitôt l'évêque sortit tout joyeux. Au bas des degrés, il rencontra dans la cour le comte de Warwick, gouverneur du roi d'Angleterre, accompagné de beaucoup d'Anglais. Farowell, leur cria Cauchon, en leur adressant ce compliment dans leur langue, et il ajouta : Faictes bonne chière, il en est fait! (1). Le lendemain les assesseurs furent assemblés, et la sentence définitive fut arrêtée contre Jeanne, comme relapse. Le mercredi 30 mai 1431, de bonne heure, Martin Ladvenu, de l'ordre des Dominicains, entra dans la chambre de Jeanne, pour la préparer à la mort. A cette nouvelle, la nature, la jeunesse, la vie se soulevèrent pour ainsi dire dans ses veines, et l'agitèrent comme d'une convulsion de désespoir :

((

Ah! ah! s'écria-t-elle avec sanglots, me traitet-on si horriblement et cruellement qu'il faille que mon corps, net en entier et qui ne fut jamais corrompu, soit aujourd'hui consumé et rendu en cendres! » Ladvenu et un autre moine, Isambard de la Pierre, s'étaient montrés compatissants pour elle durant le cours du procès ; ils y avaient même déployé un certain courage en faveur de la victime. A partir de ce moment ils ne l'abandonnèrent point. Elle se confessa, et reçut l'eucharistie. Après avoir payé ce tribut à l'instinct de la conservation, elle devint plus calme à mesure qu'elle s'approchait de l'éternité.

A neuf heures du matin, elle quitta le château, sur une charrette et vêtue d'habits de femme, assistée d'Isambard de la Pierre. Huit cents hommes de troupes anglaises lui formaient escorte toute la garnison était sur pied; la foule s'épaississait. Tout à coup, suivant la déposition d'un témoin, au moment du départ, un homme se fait place et veut monter sur la charrette : c'était Loiseleur. Poursuivi par le remords, il venait, en suppliant, implorer son pardon de la victime que lui, prêtre, avait trahie. Loiseleur faillit être mis en pièces par les gardes, et s'enfuit après cet incident. Le cortége funèbre se dirigea vers le lieu habituel des exécutions, la place du VieuxMarché. Trois échafauds y avaient été préparés. Le premier était destiné aux juges. Jeanne monta sur le deuxième, ainsi que le prédicateur et quelques assistants. Celui-ci prêcha son sermon, que la Pucelle entendit tout entier avec calme. Le docteur termina ainsi : « Jeanne, va en paix ! l'Église ne peut plus te défendre et te laisse en la main séculière. »

Alors, à son tour, elle parla. L'histoire ne possède plus ses paroles mêmes; cependant, nous en pouvons reproduire fidèlement le sens et la portée. On rapporte qu'une éloquence divine ouvrit sa bouche et coula de ses lèvres. Elle pardonna à tous et s'humilia avec larmes. Elle protesta doucement que ce qu'elle avait fait avait été à bonne intention, et que son roi ne lui avait conseillé aucun mal. Elle finit en se recom

(1) C'est-à-dire : Tenez-vous en joie, réjouissez-vous, c'en est fait.

mandant à la pitié et à la prière des assistants. Pierre Cauchon l'interrompit pour prononcer sa mercuriale, suivie de la sentence définitive. Jeanne demanda la croix. Un Anglais assembla deux morceaux de bois, qu'il lia, et en fit une; la Pucelle la prit, et la mit entre ses vêtements et sa chair. La sentence que prononça Cauchon portait : « Nous te déclarons relapse et hérétique, rejetée et retranchée de l'Église, et te livrons à la puissance séculière, la priant de modérer son jugement à ton égard, en t'épargnant la mort et la mutilation des membres. » Telle était la formule. La main séculière, c'est-à-dire le bailli, se trouvait parmi les assistants. Le bailli ne prononça pas même de jugement. Mais le bûcher se dressait sur la place, tout prêt et comblant le troisième échafaud. Aussitôt, au milieu d'un grand tumulte, une voix cria: Fais ton office. Le bourreau se saisit de la Pucelle, la fit descendre du premier échafaud, et l'entraîna vers l'autre, où elle monta. Cet échafaud, d'une grande hauteur, était en maçonnerie, avec une estache ou poteau de plâtre; un grand amas de bois recouvrait le soubassement. Sur la partie antérieure, un écriteau portait en grosses lettres « Jehanne, qui s'est fait nommer la Pucelle, menteresse, pernicieuse, abuseresse de peuple, divineresse, supersticieuse, blasphemeresse de Dieu, malcréant de la foy de Jhésucrist, vanteresse, ydolastre, cruelle, dissolue, invocateresse de diables, scismatique et hérétique. »Sa tête fut, en outre, ceinte d'une mitre, où on lisait hérétique, relapse, apostate, ydolastre. Le bourreau mit le feu par le bas du bûcher. Frère Ladvenu, qui accompagnait toujours la Pucelle, déjà liée au poteau, l'exhortait, ignorant la flamme. Jeanne la lui montra, et le fit descendre. Pendant tout ce temps, Isambard de la Pierre, sur la recommandation de la patiente, tenait haute devant ses yeux la croix processionnelle (qu'avait prêtée le clergé de Saint-Sauveur, paroisse voisine), afin que, jusqu'au dernier de ses regards, elle ne perdît point de vue le symbole sacré. L'échafaud était si haut et si vaste que le feu monta lentement. L'agonie se prolongeait : ces retards agitaient et soulevaient, comme une mer,les passions de la multitude. Jeanne continuait, avec les deux religieux, son entretien. Par intervalles, elle faisait entendre quelque déchirante ou pieuse parole. Quelques Anglais riaient; la plupart pleuraient. Louis de Luxembourg, frère de Jean chancelier d'Angleterre, et d'autres, fondaient en larmes. Cependant la flamme gagnait; un moment vint où elle embrâsa la robe de la patiente. Jeanne demanda de l'eau; par cinq fois, elle invoqua le nom de Jésus. Le feu redoublait; enfin, on entendit un dernier eri: Jésus! La Pucelle inclina la tête : elle avait cessé de vivre. Alors, sur un ordre des chefs, le bourreau, qui tremblait éperdu, recula les brandons autour et sur le derrière de l'estache, afin que cette foule pût se repaître du spectacle de la vierge suppli

ciée et s'assurer par tous ses yeux qu'un miracle ou une fraude ne l'avait pas sauvée. Puis on remit le feu; les textes rapportent que le cœur résista à cette combustion réitérée. Enfin, les cendres furent jetées à la Seine.

Charles VII laissa périr avec une monstrueuse indifférence la victime qui l'avait sauvé par le dévouement le plus sublime et le plus admirable. Il se repentit peu à peu de cette révoltante ingratitude (voyez CHARLES VII, roi de France). Aussitôt qu'il fut maître de Paris et de la Normandie, il provoqua en faveur de Jeanne Darc une tardive réhabilitation: la sentence fut prononcée à Rouen, le 7 juillet 1456.

VALLET DE VIRIVILLE.

Procès de condamnation et de rehabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle d'Orléans, publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir, et accompagnés de notes et d'éclaircissements, par Jules Quicherat; Paris, 1841-1849, 5 volumes in-8° (1). Barthélemy de Beauregard, Histoire de Jeanne d'Arc, etc.; Paris, 1847, 2 volumes in-8° (2). Vallet de Viriville, Nouvelles Recherches sur la famille, etc., de Jeanne Darc; Paris, Dumoulin, 1854, in-8° (8). - Desjardins, Vie de Jeanne d'Aro, avec des cartes d'itiméraire; Paris (Firmin Didot); 1854, in-18.

DARCET (Jean), chimiste français, né en 1727, à Donazit (Landes), mort à Paris, le 13 février 1801. Dès sa jeunesse il fit à la science qu'il aimait le sacrifice de sa fortune, et il supporta même la misère jusqu'au moment où, devenu précepteur des enfants du président de Montesquieu, il devint aussi l'ami et le compagnon des travaux de cet homme célèbre, dont il ferma les yeux et dont il défendit les derniers moments contre les agressions des jésuites. Déjà il était docteur en médecine et versé dans la connaissance de la chimie, à laquelle il se consacra exclusivement après la mort de son protecteur, par suite de la liaison qu'il contracta avec Rouelle l'aîné, l'un des plus habiles chimistes de cette époque, où la science sortait à peine de son berceau. Initié à tous les travaux de son maître, Darcet devint bientôt maître lui-même; sans négliger la partie théorique de l'art, il se livra avec assiduité à la partie pratique, et, une fois entré dans cette voie, chacun de ses pas devint une découverte et chaque découverte une conquête pour l'industrie, l'économie domestique, l'hygiène publique, l'agriculture, etc. Ses essais sur la porcelaine, tant sous le rapport des matériaux que sous celui des procédés de fabrication, marquent une époque de perfectionnement et de progrès pour la manufacture royale de Sèvres, qu'il fut appelé

(1) Cet ouvrage, publié sous les auspices de la Société de l'Histoire de France, est la base première de tout travail historique et approfondi sur la Pucelle.

(2) L'auteur a inséré à la fin du tome Il de cette histoire une bibliographie qui comprend près de douze cents indications de monuments, littéraires ou autres, relatifs à la Pucelle.

(3) On trouvera page ij de ce mémoire la liste de divers autres opuscules du même auteur ayant trait à la Pucelle et contenant des recherches postérieures au recueil publié par la Société de l'Histoire de France

à diriger lui-même à la mort de Macquer. A ces travaux d'autres succédèrent, dans lesquels l'action du feu, comme moyen d'analyse, fut particulièrement étudiée, et d'où résultèrent des changements notables et avantageux dans l'art du verrier, du potier, du métallurgiste, etc. C'est en 1770 que Darcet communiqua à l'Académie des Sciences ses intéressantes recherches sur les pierres précieuses, recherches dans lesquelles il démontra d'une manière irréfragable la combustibilité du diamant. Il prit part au grand travail sur les hôpitaux dont Bailly fut rapporteur; il fut de la commission chargée d'examiner le mesmérisme; il donna les moyens d'extraire la soude du sel marin, de fabriquer les savons avec toute espèce de graisse ou d'huile, de calciner la terre calcaire, de perfectionner divers procédés de teinture, enfin, de procéder avec plus de certitude dans l'essai des métaux destinés à la fabrication des monnaies. Ses travaux sur l'extraction de la matière nutritive des os suffiraient seuls pour rendre sa mémoire chère aux amis de l'humanité, et sa découverte de l'alliage fu· sible qui porte son nom (alliage d'étain et de bismuth) a reçu des applications de la plus haute utilité.

Darcet ne fut pas seulement un homme de pratique ou de spéculation rétrécie : familier avec les études de tous genres, il savait embrasser toutes les faces d'une question et s'élever aux plus importantes généralités. Comme professeur, il a laissé des souvenirs durables, tant par la variété de ses connaissances que par l'habileté avec laquelle il savait les communiquer à ses auditeurs, et par l'admirable désintéressement avec lequel il consacrait le traitement qui lui était accordé à multiplier les expériences et donnait à tous ceux qui venaient le consulter communication des procédés qu'il avait découverts, et qui entre leurs mains devinrent la source de fortunes considérables. Aux qualités du savant et de l'homme privé, Darcet joignit celles du citoyen. A l'époque de la révolution française, dont il avait noblement adopté les principes, bien qu'elle eût bouleversé sa fortune, il fut nommé électeur; plus tard, dénoncé au comité du salut public, il fut heureusement sauvé par ce même Fourcroy qu'on accusa d'avoir fait périr Lavoisier; enfin, à la création du sénat, il fut appelé dans ce corps, où se réunirent tant d'illustrations diverses. 11 avait été membre de l'Académie des Sciences de 1784 à 1793, et fit partie de l'Institut National dès sa formation. Il fut en outre inspecteur général des essais à la Monnaie de Paris et des peintures à la Manufacture des Gobelins. Il avait, en 1771, épousé la fille de Rouelle. Ses écrits sont, outre un grand nombre de mémoires insérés dans le Recueil de l'Académie : Mémoires sur l'action d'un feu égal, violent et continué plusieurs jours, sur un grand nombre de terres; Paris, 1766 et 1771, in-8°; Histoire géologique des Pyrénées; ibid., 1776, in-8°; des notes aux

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Questions naturelles de Sénèque, traduction de Lagrange; Paris, 1778-1779,7 vol. in-12. [ Encycl. des G. du M., avec addit.]

J.-J. Hizé, Précis historique sur la Vie et les Travaux de J. Darcet, 1803.

* DARCET (Jean-Pierre-Joseph), chimiste français, né à Paris, en 1777, mort au mois d'août 1844. Il termina dans la maison paternelle, et en suivant les cours de l'École Polytechnique, nouvellement instituée, les études qu'il avait commencées au collège du Plessis et que la révolution avait interrompues. En 1801, âgé de vingt-quatre ans à peine, il obtint au concours la place d'essayeur de la monnaie, et dès lors il fut employé par le gouvernement à la fabrication des poudres, en même temps qu'il s'occupa de travaux chimiques se rattachant à l'industrie et aux manufactures. Entré dans cette carrière, il fonda ou dirigea plusieurs fabriques importantes, d'où, grâce à ses procédés, sortirent des produits plus parfaits et à meilleur marché, qui lui méritèrent l'approbation et les récompenses de l'Institut. Ses premiers travaux portèrent sur la préparation en grand de l'hydrate de protoxide de barium, de la soude artificielle, des canons, des savons de tous genres, sur le perfectionnement du clichage, etc. Plusieurs points de la théorie chimique ont été fixés ou modifiés par Darcet. Il éclaira une foule de questions incertaines avant lui: telles sont la composition des ciments des anciens, la trempe de leurs armes, la composition des cymbales et des tam-tam, les proportions des divers alliages. Il attacha son nom à d'autres améliorations consignées dans plusieurs mémoires, parmi lesquels on cite celui qui est intitulé De l'Assainissement des ateliers de doreurs, travail qui remporta en 1818 le prix fondé par Ravrio, et dont les principes furent étendus par l'auteur à l'assainissement des latrines, des laboratoires, des cuisines, des soufroirs et des salles de spectacle. Enfin, il mit la dernière main à un autre mémoire, qui lui avait été en quelque sorte légué par son père, Sur l'amélioration des aliments des pauvres au moyen de la gélatine des os. Darcet consacra beaucoup de temps à donner des conseils et des renseignements à tous ceux qui s'adressaient à lui, et dans plusieurs circonstances il fit économiser au gouvernement et aux particuliers des sommes très-considérables.

Tout ce qu'a écrit Darcet est clair et précis, et chacun de ses rapports est presque toujours un petit traité complet. La collection de ces opuscules ferait un recueil précieux à consulter. En résumé, Darcet rendit général l'usage de la soude; il continua les recherches commencées sur l'emploi des alliages fusibles pour le stéréotypage; il publia sur le clichage des faits utiles. Dans l'une des fabriquesde produits chimiques qu'il dirigeait, Darcet produisit des aluns dits de Rome, parfaitement semblables à ceux que fournit l'Italie. A une époque où l'on ne connaissait pas encore la na

ture vraie de la potasse et de la soude, il démontra que ces deux alcalis, dans leur plus grand état de pureté, renferment de l'eau de combinaison, dont il démontra la présence en les calcinant avec du fer. Ce savant succéda en 1823 à Berthollet dans la section de chimie de l'Académie des Sciences. Outre les ouvrages cités, on a de J.-P.-J. Darcet: Description des appareils à fumigation; Paris, 1818, in-4°; Description d'un fourneau de cuisine construit de manière à pouvoir y préparer toute espèce d'aliment sans être incommodé par la vapeur du charbon, etc.; Paris, 1822; Description d'une salle de bain; Paris, 1827, in-4°; Lettre à M. le baron de Férussac, en réponse à une note de M. Masuyer relative à l'usage alimentaire de la gélatine extraite des os par le moyen des acides; 1825, in-8°;- Mémoire sur l'art de dorer le bronze au moyen de l'amalgame d'or et de mercure; 1818, in-18; Précis sur la mine de sel gemme de Vic et sur les principales mines de sel de l'Europe; Paris, 1824, in-8°; Description d'une magnanerie salubre au moyen de laquelle, etc.; Paris, 1838, in-4°, 3e édit.;

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Amélioration du régime alimentaire des hôpitaux, des pauvres et des grandes réunions d'hommes vivant en commun; 1844; -plusieurs brochures sur des objets d'utilité publique, et différents articles dans des recueils scentifiques.

Dictionnaire des Arts et Manufactures. sur Jean-Pierre-Joseph Darcet; Paris, 1844.

Notice

DARCI OU DARCIUS OU DARCHIUS (Jean), poëte latin moderne, né à Venouse, dans le royaume de Naples, vivait probablement au commencement du seizième siècle. On a de lui un recueil de poësies latines contenant un poëme intitulé: Canes, une héroïde de Déidamie à Achille, et quelques petites pièces. Ce recueil a été imprimé par Colines; Paris, 1543, in-8°. Le poëme de Canes se trouve aussi dans l'Amphitheatrum Sapientiæ de Dornau et dans les Delicia Poetarum Italorum, t. I. D'après La Monnaie, Jean Darci est le même que Jean Darces (en latin Darcius), aumônier du cardinal de Tournon et traducteur des Treize livres des Choses Rustiques de Palladius Rutilus Taurus Emilianus, imprimés chez Michel de Vascosan; Paris, 1553, in-8°.

La Croix du Maine et du Verdier, Bibliothèques françuises (édit. de Rigoley de Juvigny ).

* DARCIS (...), graveur français, mort à Paris, en 1801. Il est connu par un grand nombre d'ouvrages estimés: entre autres: Le Départ; - Le Retour; - L'Industrie; -L'Économie; - La Brouille; - La Dissipation et ses suites Le Raccommodement; Marius à Minturne; - les portraits de Bonaparte, à cheval;

de Brutus; de Franklin;

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de Guil

de Jean-Jacques Rousseau.

Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel.

DARÇON. Voyez ARÇON (D').

DARCY (Jean-Baptiste), théologien français, pseudonyme de CADRY. (Voy. ce nom.)

* DARD (Henri-Jean-Baptiste), jurisconsulte français, né à Vienne (Isère), le 18 novembre 1779, mort vers 1845. Il fut avocat à la cour de cassation et professeur à l'académie de législation de Paris. Il se fit remarquer par la chaleur qu'il déploya pour la cause des émigrés, et contribua par ses efforts jusqu'en 1825 à faire adopter la loi d'indemnité du 27 avril 1825. On a de lui: Instruction facile sur les conventions selon les principes et sur les contrats de mariage; Paris, 1807, 1809, 2 vol. in-8°; De la Restitution des biens des émigrés, considérés sous le rapport, etc.; Paris, 1814, in-8°. Mis en jugement à la suite de cette publication, l'auteur fut acquitté, mais obligé de se retirer de la cour de cassation; les émigrés, dont il avait plaidé la cause, ouvrirent une souscription destinée à l'indemniser par l'achat d'un domaine; Opinions d'un Jurisconsulte sur diverses questions concernant les dettes contractées par les émigrés antérieurement à la mort civile dont ils ont été frappés et à la confiscation de leurs biens; Paris, 1819, in-4°; Opinion d'un Jurisconsulte concernant la confiscation, la vente des biens des émigrés, et la confirmation de la vente de ces biens par l'autorité royale; Paris, 1821, in-8°; Réflexions sur les moyens de faire cesser la différence qui existe dans l'opinion de la valeur des biens patrimoniaux et les biens dits nationaux, etc.; Paris, 1821, in-8°; Observations sur

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le droit de souveraineté de la France sur Saint-Domingue et sur les droits des colons souverains de cette ile; Paris, 1824, in-8°; Observations sur le projet de loi d'indemnité à accorder aux émigrés; Paris, 1825, in-8°;

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Dissertation sur la question de savoir si les anciens propriétaires des biens-fonds confisqués et vendus révolutionnairement, indemnisés par la loi du 27 avril dernier, peuvent être tenus de supporter la déduction des intérêts des dettes par eux contractées avant la confiscation et courus depuis, etc.; Paris, 1826, in-8°; Code Civil avec des notes indicatives des lois romaines, coutumes, ordonnances, édits et déclarations qui ont rapport à chaque article; ou conférences, etc.; Paris, 1805, 1813 et 1827, 3° éd.; De la Législation ancienne et nouvelle concernant les rentes foncières seigneuriales, etc.; Paris, 1828, in-8°; Du Droit des officiers ministériels de présenter leurs successeurs à l'agrément de sa majesté; Paris, 1836, in-8°; Traité des Offices désignés dans l'article 91 de la loi du 28 avril 1816 concernant les avocats à la cour de cassation, les notaires, les avoués, etc.; Paris, 1838, in-8°.

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