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composition du Dispensatorium pharmaceuticum Coloniense, publié par Pierre Holtzheim; Cologne, 1627, in-fol.

Éloy, Dictionnaire historique de la Médecine.

DESSOLLES (Jean-Joseph-Paul-Augustin, marquis) général et ministre français, né à Auch (Gers), le 3 octobre 1767, mort le 4 novembre 1828. Capitaine au er bataillon de la légion des montagnes (1792), adjoint provisoire (14 juin 1793) à l'état-major de l'armée des Pyrénées occidentales, et enfin (2 octobre) adjudant général chef de bataillon, il fit ia campagne d'Italie sous les ordres de Bonaparte. Nommé général de brigade (31 mai 1797), il reçut le commandement d'un corps de troupes, avec lequel, le 25 mars 1799, il battit dans la Valteline les Autrichiens, qui avaient des forces doubles des siennes, et leur fit éprouver une perte de 1,200 hommes tués, de 4,000 prisonniers et de 18 pièces de canon. Ce brillant fait d'armes valut à Dessolles le grade de général de division le 13 avril 1799. Il assista à la fatale journée de Novi, aux batailles de Maskirch, de Biberach, de Neubourg, d'Hohenlinden, aux passages de l'Inn, de la Saale, de la Salza, aux affaires de Vokelbruck et de la Traun, et à la prise de Lintz; dans toutes ces occasions, il donna des preuves de grands talents et d'une rare intrépidité. Nommé conseiller d'État à la paix de Lunéville, il fut bientôt après chargé du commandement en chef provisoire de l'armée du Hanovre. Remplacé par Bernadotte, il rentra en France,. et resta en disponibilité jusqu'en 1808. A cette époque, il reçut le commandement d'une division de l'armée d'Espagne, et se distingua à l'affaire de Tolède, à la bataille d'Occana, au passage de la Sierra-Morena et à Despana-Perros. Il s'empara de Cordoue, et fut chargé du commandement de cette ville, qu'il gouverna de manière à se concilier les esprits et les cœurs des habitants. En 1814, le gouvernement provisoire, sentant la nécessité de confier le commandement de la force armée de la capitale à un homme d'un mérite reconnu et dont la conduite dans les deux dernières années parût une garantie aux puissances alliées, choisit le général Dessolles pour commandant en chef de la garde nationale parisienne et des troupes françaises dans la première division militaire. On assure que pendant la nuit du 5 au 6 avril, dans le conseil que présidait l'empereur de Russie, et où, devant les maréchaux de France réunis, l'on discutait la condition de l'établissement de la régence en faveur de Marie-Louise (condition que l'empereur mettait à son abdication), le général Dessolles s'éleva contre le maintien du systéme impérial et soutint que Napoléon, par son influence sur sa femme et sur les ministres qui composeraient le conseil de régence, s'emparerait bientôt du pouvoir, et qu'alors tout ce que l'Europe en armes avait cru établir d'une manière durable serait remis en question. Son

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opinion prévalut, et l'empereur Alexandre se prononça le lendemain en faveur des Bourbons. A l'arrivée du comte d'Artois à Paris, le général Dessolles fut nommé membre du conseil d'État provisoire; un peu plus tard Louis XVIII le nommá ministre d'État, pair de France, et inajor général de toutes les gardes nationales de France, sous les ordres de Monsieur. A la nouvelle du débarquement de Cannes (mars 1815), il envoya dans les départements les instructions les plus énergiques pour arrêter la marche de Napoléon, et leur transmit en même temps un ordre du jour où on remarquait le passage suivant : : « Il reparaît, quand la France respire à peine sous un gouvernement modéré; quand « les partis extrêmes, comprimés par la charte, << sont réduits à de vains murmures........ Il re(( vient, et la conscription, le blocus continental, << la guerre indéfinie, le pouvoir arbitraire, le dis«< crédit public, reparaissent à sa suite, précédés « de la guerre civile et de la vengeance! Pense«<t-il que la nation ne balancera.pas avec ses « intérêts et sa dignité l'intérêt général de l'Eu<< rope, qui s'est armée pour le renverser, qui est << encore sous les armes, stipule au congrès les «< intérêts de tant de peuples, et ne lui laissera pas reprendre un pouvoir longtemps funeste << aux plus grands trônes comme aux moindres républiques?

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Le général Dessolles resta encore quelques heures à la tête de la garde nationale, le jour du départ du roi et d'après ses instructions positives. Mais lorsqu'on vit flotter de nouveau sur les Tuileries le drapeau d'Austerlitz, il alla rejoindre le roi, et le suivit jusqu'à Béthune, qu'il ne dépassa point. Il se rendit ensuite dans une de ses terres près de Paris, et y vécut dans la retraite, sans y être inquiété, pendant la durée des Cent Jours. Au retour des Bourbons, il reprit le commandement de la garde nationale, mais sans le garder longtemps. Il donna sa démission lorsqu'il vit combien les exigences du parti de la réaction lui faisaient subir ou lui préparaient de tracasseries. Dans la chambre des pairs, il défendit avec éloquence la liberté de la presse et le mode de recrutement proposé par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, son ancien frère d'armes et son ami. Le 28 décembre 1818, Dessolles remplaça, comme président du conseil des ministres, le duc de Richelieu, et eut aussi le portefeuille des affaires étrangères : à la même époque il fut créé marquis. Il avait déjà été nommé commandeur de Saint-Louis. Deux mois après, il s'éleva vivement dans le conseil contre le changement projeté de la loi des élections. Il se retira alors avec les deux seuls collègues de son opinion, le maréchal GouvionSaint-Cyr et le baron Louis (novembre 1819), et reçut du public la qualification honorable de ministre honnête homme. Il alla se rasseoir sur les bancs de la pairie, où il se montra constamment jusqu'à sa mort l'un des plus fermes sou

tiens des libertés publiques. [MATHIAS, dans

l'Encycl. des G. du M.}.

velle édition, revue, annotée et augmentée d'un volume de contes inédits, traduit par Destains;

Archives de la guerre. - De Courcelles, Dict. des Paris, 1822, 5 vol. in-8°; Description de

Gen. franç.

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DESTAILLEUR (François-Hippolyte), architecte français, né à Paris, le 22 mars 1787, mort le 15 février 1852. Il fut élève de Percier, et dès 1808 il obtint le prix du concours ouvert pour le meilleur projet d'orangerie. On cite parmi ses œuvres : L'hôtel du ministère des finances, rue de Rivoli; l'hôpital Saint-Michel, l'hôtel Delmar.

Gabet, Dict. des Artistes.

DESTAING (Jacques-Zacharie), général français, né à Aurillac (Cantal), le 6 novembre 1764, mort le 5 mai 1802. Entré lieutenant au 1er bataillon du Cantal (7 janvier 1792), il parvint le 22 février 1794 au grade d'adjudant général chef de brigade provisoire; il fut blessé la même année à la reprise du fort de Saint-Elme, que la trahison de Dufour avait livré aux Espagnols. Le courage qu'il déploya dans toutes les occasions le fit non-seulement confirmer (13 juin 1795) dans son grade, mais l'éleva (16 novembre) à celui de chef de brigade, à la suite du 8 bataillon d'infanterie légère, avec lequel il obtint de tels succès à la Corona, à Lonado, à Tivoli et à Nilback en Tyrol, qu'après avoir été nommé chef de la 4e demi-brigade (le 21 décembre 1797), il fut élevé (le 21 juillet 1798) au grade de général de brigade. Passé à l'armée d'Égypte, Destaing prit une part active à la bataille d'Aboukir, puis à celle d'Alexandrie, où il commandait l'avant-garde. Estropié à la suite d'une blessure qu'il avait reçue dans cette dernière affaire, Destaing, qui, grâce aux soins et au repos, nourrissait sans doute l'espoir de venir bientôt reprendre sa place au champ d'honneur, eut une querelle avec le général Reynier ; une rencontre fut décidée pour le lendemain au bois de Boulogne, et Destaing, qui, à peine âgé de trentehuit ans, pouvait peut-être encore rendre de grands services à son pays, tomba mortellement frappé par la main d'un de ses compagnons

d'armes.

A. SAUZAY.

Archives de la guerre. -Vict. des Français, t. V. DESTAINS (Eugène), littérateur français, né à Paris, en 1793, mort à Toulon, le 16 mai 1830. Destains, qui avait fondé en 1818 les Annales de la Littérature et des Arts, fut chargé de la direction de la Gazette de France, lorsque ce journal fut acheté par la liste civile. La Gazette ayant été réunie à L'Étoile en 1829, Destains en quitta la direction, et fut nommé secrétaire interprète du quartier général de l'armée d'Afrique. La veille du jour où le corps expéditionnaire devait mettre à la voile, Destains, pour des motifs qui sont restés inconnus, se coupa l'artère crurale Outre des traductions de divers auteurs turcs et arabes, insérées dans le Mercure étranger, Destains avait publié Les Mille et une Nuits (traduction de Galland), nou

Chambord (avec M. Merle); 1822, in-fol.

Henrion, Annuaire biographique. Louandre et Bourquelot, La Litt, franç. contemp. DESTENDOUX. Voyez CAILHAVA.

* DESTIGNY (Pierre-Daniel), célèbre horloger français, né à Sanneville (Seine-Inférieure), en 1770. H fit son apprentissage à Paris, dans une manufacture-école d'horlogerie, fonctionnant sous le patronage d'une société de souscripteurs. Sorti un des meilleurs élèves de cet établissement, il s'établit à Rouen, en 1798, et il y exerça sa profession pendant cinquante ans. Estimé de ses concitoyens, il ne tarda pas à faire partie des sociétés savantes de la ville, et s'y distingua par son zèle et ses talents. En 1814, la Société d'Émulation de Rouen lui décerna une médaille pour un compensateur de son invention, applicable au balancier des pendules de commerce. En 1818 il inventa, pour les montres de second ordre, un système de compensation par le ressort spiral, qui, présenté à l'exposition des produits de l'industrie de 1819, lui valut une médaille de bronze. On doit aussi à ce même artiste un travail sérieux sur la dilatation des

pierres, des marbres et des métaux. Une table établie par lui sur ce sujet est mathématiquement exacte, et on la consulte avec raison. Ce fut par ses conseils que les horloges de Rouen, en 1826, cessèrent d'être réglées sur la marche diurne du soleil; on les régla sur l'heure sidérale ou temps moyen. Paris adopta ce système en 1827. En 1829, M. Destigny, étant président de la Société d'Émulation, proposa d'élever par souscription un monument à la mémoire du grand Corneille. Cette proposition fut accueillie favorablement; les journaux de la localité, puis successivement toutes les feuilles périodiques de la France la propagèrent. L'année suivante, M. Destigny ayant été nommé adjoint du maire de Rouen, l'érection du monument fut décidée, et elle eut lieu en 1834, en présence de plusieurs députations de savants, d'hommes de lettres et d'artistes dramatiques. Pour bien apprécier les travaux de M. Destigny, il faut consulter les Annales de l'Académie de Rouen et celles de la Société d'Émulation des années 1820, 23, 24, 25, 26, 28, 29 et 30. P. DUBOIS.

Doc. partic. Rapport du jury de l'exposition de 1819. DESTOUCHES (André-Cardinal), compositeur dramatique, né à Paris, en 1672, mort dans la même ville, en 1749. Dans sa jeunesse, il fit le voyage de Siam avec l'abbé de Choisy. A son retour il devint surintendant de la musique du roi, et inspecteur général de l'Opéra. Il donna l'opéra d'Issé en 1679; - Amadis de Grèce et Marthésia en 1699; - Omphale en 1701;-Le Carnaval et la Folie en 1704; - Callirhoé en 1714;- Télémaque en 1718; - Sémiramis en 1725; - Les Eléments en 1725, en société avec

Lalande; Les Stratagèmes de l'Amour en 1726. Louis XIV fut si satisfait d'Issé, qu'il fit donner à l'auteur une gratification de deux cents louis, et déclara que Destouches était le seul qui ne lui eût point fait regretter Lulli.

Fétis, Biographie universelle des Musiciens.

DESTOUCHES (Philippe HÉRICAULT), poëte comique français, né à Tours (France), en 1680, mort le 4 juillet 1754. Les premières années de sa vie sont peu connues. Les uns disent qu'après avoir fait ses études au collége des Quatre-Nations, à Paris, des erreurs de jeunesse l'auraient porté à s'enrôler, et qu'il aurait fait la guerre d'Espagne en 1703. Suivant d'autres, il se serait engagé dans une troupe de comédiens ambulants, et serait arrivé en cette qualité à Lausanne, où il aurait joué devant l'ambassadeur français, M. de Puysieux, La famille de Destouches a plus tard nié ces événements, mais sans y substituer des renseignements positifs. Quoi qu'il en soit, Destouches fut admis dans les bureaux de M. de Puysieux. Les travaux diplomatiques n'étaient pas tellement absorbants que le jeune commis ne pût trouver des loisirs pour une occupation plus conforme à ses goûts; il faisait des vers, et les adressait à Boileau, qui, tout en rectifiant quelques défauts, y reconnaissait beaucoup de facilité, de feu et surtout de religion. Ces premiers essais de Destouches ne sont pas parvenus jusqu'à nous.

Destouches débuta dans la comédie par Le Curieux impertinent, joué d'abord en Suisse, avec un succès qui suivit la pièce à Paris. Il donna ensuite L'Ingrat (cinq actes ; 1712); L'Irrésolu (cinq actes; 1713); — Le Médisant (cinq actes; 1715). Ces trois pièces, où la pureté du style fit oublier la faiblesse dramatique, attirèrent sur l'auteur l'attention du régent, qui, en 1717, chargea Destouches d'une mission à Londres, en compagnie de l'abbé Dubois. Destouches eut part aux négociations qui valurent à Dubois l'archevêché de Cambrai. Avant son départ, il avait fait jouer Le Triple Mariage (un acte; 1716), et composé L'Obstacle imprévu, en cinq actes, qui fut représenté en 1718. Lorsque Destouches revint en France (1723), il fut accueilli avec une grande faveur par le régent. Ce crédit ne lui servit qu'à obtenir le fauteuil devenu vacant à l'Académie Française par la mort de Campistron. Le régent mourut lui-même à la fiu de cette année 1723, ce qui amena de grands changements à la cour. Destouches, voyant ses protecteurs en disgrâce, s'éloigna volontairement des affaires publiques, et se retira avec une petite fortune dans une propriété qu'il possédait auprès de Melun, ne s'occupant désormais que de la culture des lettres. Il donna successivement: Les Champs-Elysées, intermède; joué à Sceaux, en 1725;-Le Philosophe marié (cinq actes; 1727); -Les Philosophes amoureux (cinq actes; 1730); Le Glorieux (cinq actes; 1732); - Le Tambour nocturne, comédie en cinq actes, imitée de l'anglais (1736); représentée en 1762;

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Dissipateur (cinq actes, 1736); 1

-

L'Envieux,

(un acte, en prose; 1736); — L'Ambilieux et l'Indiscrète (cinq actes; 1737); La belle Orgueilleuse (un acte; 1741; - L'Amour usé (cinq actes, en prose; 1742); Les Amours de Ragonde (trois actes; 1742); - La Force du naturel (cinq actes; 1750); - Le Jeune Homme à l'épreuve (cinq actes, en prose; 1751), De toutes ces pièces, Le Philosophe marié et Le Glorieux eurent seuls un grand succès; les autres furent froidement accueillies. Destouches vit dans ce qui n'était que justice l'effet d'une persécution organisée contre lui par les philosophes. Sous cette impression, entraîné d'ailleurs par des idées de dévotion, il renonça sinon à écrire des comédies, du moins à les faire jouer, et ne publia plus que des épigrammes contre les philosophes et des dissertations de théologie, qu'il fit paraître dans le Mercure galant. Destouches mourut âgé de près de soixante-quinze ans. Après sa mort on joua encore de lui La Fausse Agnès (1759), en trois actes, et L'Homme singulier, en cinq actes.

Le théâtre de Destouches est à peu près oublié aujourd'hui. De tout son répertoire on ne connaît plus guère que Le Glorieux et L'Irrésolu. Voici l'appréciation qu'en a faite un critique éminent, M. Villemain : « Destouches n'a pas de force comique, mais il a cette douceur de style dont parle César, et il a dessiné avec grâce des personnages de femmes. Ce qui lui manque après la gaieté, c'est la vérité des caractères. Les siens sont presque toujours exagérés et faux..... L'idée du Glorieux lui vint, et il eut enfin pour titre une excellente pièce.... Les opérations financières de la régence avaient multiplié les fortunes inespérées et les pauvretés subites, en même temps que le goût du luxe et du plaisir s'était accru pour tout le monde. Le rapprochement de la noblesse et de la richesse, leurs chocs, leurs alliances, leurs ridicules mutuels et les vices qu'elles se communiquaient en devinrent plus fréquents et plus comiques. C'est ce point qu'a saisi Destouches, et qu'il met en saillie dans ces deux personnages du noble altier, fastueux, impertinent, et du riche libertin, dur, sottement familier. Seulement, on peut trouver que Destouches n'a pas tenu la balance très-exacte entre les deux caractères principaux, et qu'il traite plus favorablement la noblesse que la richesse... Le portrait satirique où Destouches s'est complu, qu'il a vivement et hardiment tracé, c'est celui du bourgeois riche, insolent, vicieux,

Et seigneur suzerain de deux millions d'écus.

Il y a de l'excellent comique dans le rôle en soi et dans son contre-coup sur le Glorieux. Ce dernier personnage n'est pas manqué, comme l'a dit Voltaire : il est seulement flatté. Il n'en offre pas moins d'heureux traits de naturel ct même de bonne plaisanterie, surtout dans la scène où le père du Glorieux passe pour son intendant. Iln'y a pas faute dans le dénouement, comme on l'a dit encore, et le mariage du

comte ne détruit en rien la leçon. Aurait-elle profité davantage si l'insolence de la richesse eût congédié à la fin l'insolence du nom? Nullement. Il valait mieux prolonger le conflit des deux ridicules, les mettre au supplice l'un par l'autre, et enfin les mettre d'accord, par le besoin mutuel et sauf la correction que chacun d'eux a pu recevoir. C'était la vérité et ce qui se passait dans les mariages d'intérêt et de vanité, si communs alors en France entre la finance et la robe ou l'épée. Destouches a fait une excellente pièce, parce que le comique en est à la fois anecdotique et durable, selon les moeurs d'une époque et selon le cœur humain. L'orgueil, tel qu'il le peint, n'est pas seulement un vice de caractère, mais un vice d'époque et d'institution. Il serait difficile de bien comprendre les anciennes distinctions de la société en France sans songer au Glorieux de Destouches. Voilà pour la vérité. Sous le rapport de l'art, l'ouvrage n'est pas moins habilement dessiné. Ce qu'il y a d'imprévu et, si l'on veut, de romanesque dans le personnage de Lycandre, le père du Glorieux, est placé à propos, nettement expliqué et amène l'émotion croissante du drame jusqu'au sublime de ces vers :

J'entends, la Vanité me déclare à genoux Qu'un père infortuné n'est pas digne de vous.. On ne peut guère blâmer que la caricature un peu forte du rôle de Philinte, bien que plusieurs traits de sa doucereuse politesse ne soient pas sans piquant et sans grâce. Quant au style de l'ouvrage, il est partout élégant, naturel, vif❘ même et varié, suivant les personnages; et ce chef-d'œuvre inespéré de Destouches est un des chef-d'œuvre de la scène. >>

Les Euvres de Destouches ont été plusieurs fois imprimées. Les principales éditions sont celle d'Amsterdam, 1755-59, 5 vol. in-12, recherchée à cause des gravures; celle de Paris, 1757, Imprimerie royale, 4 vol. in-4°; celle de M. de Sénones, Paris, Lefèvre, 1811, 6 vol. in-8°; celle de Renouard, Paris, 1822, 6 vol. in-8°, tirée à 100 exemplaires seulement. Un choix des pièces de Destouches a été publié par M. Auger, en 2 vol. in-18; Paris, Didot, 1810. FRÉDÉRIC LOCK.

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DESTRÉE OU DESTRÉES (Jacques), littérateur français, né à Reims, vivait dans le dixhuitième siècle. On ne sait rien de sa vie, sinon qu'il fut prieur de Neufville, collaborateur de Desfontaines, et qu'il écrivit, sous le voile de l'anonyme, un grand nombre d'ouvrages aujourd'hui oubliés. En voici la liste: Lettre de M. l'abbé ***, prieur de Neufville, à M. l'abbé d'Olivet, pour servir de réponse à sa dernière lettre à M. le président Bouhier, ou réfutation de ses fausses anecdotes et de ses jugements littéraires; Bruxelles, 1739, in-12;

Recueil de Poésies galantes du chevalier de ***, avec quelques pièces de l'abbé de Chaulieu; 1744, in-8°; Lettre sur la noblesse de la famille d'Anfrie de Chaulieu; Bruxelles (Paris), 1745, in-12; Le Contrôleur du Parnasse, ou nouveaux mémoires de littérature française et étrangère; Berne, 1745, 3 vol. in12, publié sous le pseudonyme de Lesage d'Hydrophonie; -- Réponse au nom de M. Desgronais à la lettre de l'abbé Desfontaines, insérée dans le sixième volume des Jugements de M. Burlon de la Busbaquerie; Avignon, 1745, in-12; Requête du sieur Balthasar-François Wale, chevalier de Mesmes, avec sa généalogie; 1747, in-fol.; - Almanach généalogique, historique et chronologique; 1747 et années suivantes, 3 vol. in-24; - Extrait de l'histoire généalogique de la maison de Beaumont; Paris, in-4°, imprimé à un petit nombre d'exemplaires et inséré presque en entier dans le Moréri de 1759; Histoire du marquis de Saint-Mégrin; Paris, 1752, in-12; — Mémorial de Chronologie généalogique et historique; Paris, 1752-1755, 4 vol. in-24; L'Europe vivante et mourante, suite du Mémorial; Bruxelles (Paris), 1745, in-12; — Généalogie historique et critique de la maison de La Roche-Aymon; Paris, 1776, in-fol. L'abbé Destrée est encore l'auteur de plusieurs autres ouvrages qui, ainsi que ceux ci-dessus cités, sont anonymes; L'Armorial général de M. d'Hozier contient un Éloge historique de Raymond de Pavie par l'abbé Destrée; celui-ci a eu part aussi aux Observations sur les écrits modernes, avec Desfontaines, Fréron, Paris, 1735 et années suivantes, et aux Jugements sur quelques ouvrages nouveaux, avec les mêmes, Avignon, 1745-1746, 11 vol. in-12.

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Quérard, La France littéraire.
DESTRÉES. Voy. ESTRÉES (D').
DESTUTT DE TRACY. Voy. TRACY.

DESVAUX DE SAINT-MAURICE (JeanJacques, baron), général français, né à Paris, le 26 juin 1775, tue à Waterloo, le 18 juin 1815. Sorti le 1er septembre 1792 de l'école d'artillerie de Châlons en qualité de sous lieutenant au 4a régiment d'artillerie, il servit à l'armée des Alpes, comme lieutenant en premier (31 décembre), puis comme adjudant-major (31 juillet 1793), et se distingua aux combats d'Aiguebelles et de Saint-Maurice, au siége de Lyon et à la bataille de Boulon. Parvenu au grade de capitaine (22 septembre 1793), il passa à l'armée des Pyrénées orientales, où, par les bonnes dispositions qu'il sut donner à l'artillerie, il accéléra la reddition du fort Saint-Elme. Successivement employé aux armées d'Angleterre et d'Italie, il rendit dans cette dernière les plus grands services, non-seulement aux batailles de San-Guliano et de Novi, mais encore sur l'Adige, où il sut protéger la retraite de la division Sérurier. Parvenu au grade de chef d'escadron du 2o régiment d'artillerie à

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cheval (23 mai 1799), il passa colonel au 6o régiment d'artillerie à pied, le 29 octobre 1803, et devint, le 25 janvier 1804, aide de camp du général Marmont, qui commandait l'armée gallobatave. Ayant quitté la Hollande pour passer à l'armée de Dalmatie, il fut nommé le 11 août 1806 directeur d'artillerie, et reçut le 16 mars 1807 le commandement du 4° régiment. Promu au grade de général de brigade (9 juillet 1809),. à la suite des batailles de Raab et de Wagram, il fut employé à l'état-major général du duc de Raguse, qu'il quitta (15 du même mois) pour entrer en qualité de major dans l'artillerie de la garde. Nommé baron de l'empire peu de temps après, il fit les campagnes de la grande armée de 1812 à 1813, et reçut le grade de général de division le 6 novembre 1813. Mis en non-activité le 1er septembre 1814, il fut après le retour de Napoléon nommé colonel de l'artillerie de la garde. Desvaux de Saint-Maurice fut tué à Waterloo, à la tête d'une batterie que l'empereur venait d'inspecter un instant avant.

Archives de la guerre. Fastes de la Légion d'Hon

neur.

DESVERGERS-NOËL. Voy. NOËL DES VER

GERS.

DESVIGNOLES. Voy. VIGNOLES.

DESYVETAUX - VAUQUELIN. Voy. VAUQUE

LIN.

DETHARDING (Georges), médecin allemand, chef d'une famille qui s'est illustrée dans la carrière médicale pendant plusieurs générations, natif de Stettin, dans la Poméranie, vivait à la fin du dix-septième siècle. Il était fils de Michel Detharding, médecin de Stralsund, qui s'était spécialement occupé de chimie et de pharmacie. Georges Detharding, à l'exemple de son père, ouvrit à Stralsund une officine, qu'il abandonna en 1680 pour la place de médecin pensionné de Gustrow. Il devint ensuite médecin du duc de Mecklenbourg. Outre plusieurs observations insérées dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, publié divers ouvrages, la plupart écrits en alIemand et presque tous oubliés aujourd'hui. Callisen, Med. Schriftsteller-Lexic.

il a

DETHARDING (Georges), médecin allemand, fils du précédent, né à Stralsund, le 3 mai 1671, mort le 23 octobre 1747. Il fit ses études médicales à Rostock, sous la direction de Barnsdorff et de Gerdes. Il consacra toute sa jeunesse à parcourir les principales villes de l'Europe, pour y visiter les plus célèbres médecins du temps. C'est ainsi qu'il vit Nuck à Leyde, Bohn, Bivin, Orlob, à Leipzig, les deux Hoffmann à Altdorf, où il fut reçu docteur. En 1697 il fut nommé professeur de médecine à Rostock, et en 1732 à Copenhague. Il devint successivement conseiller de justice du roi de Danemark, assesseur du consistoire, premier professeur de médecine, doyen perpétuel de la Faculté de Médecine et du Collége des Médecins, et membre de l'Académie des Curieux de la Nature. On a de lui les ou

vrages suivants : Programma ad anatomiam in corpore masculino instituendam invitans; Rostock, 1701, in-4°; ibid., 1705, in-4o; ibid., 1706, in-4°; ibid., 1714, in-4°; - Dissertatio de ingressu aeris per poros cutis; Rostock, 1703;-Programma funebre in obitum Barnsdorfii; Rostock, 1704, in-4°; Dissertatio de salubritate aeris Rostochiensis; Rostock, 1705, in-4°; Programma quo existantia Dei ex structura corporis humani demonstratur, et studiosa juventus ad audiendam osteologiam invitatur; Rostock, 1705, in-4°; Dissertatio de vano eclipsium metu; Rostock, 1706, in-4°; Dissertatio sistens quæstionem an expediat peste mori; Rostock, 1706, in-4°; ibid., 1709, in-4°; Scrutinium commercii animæ et corporis; Rostock, 1710, in-4°; Dissertatio de operationibus medicamentorum evacuantium; Rostock, 1713, in-4°; - Scrutinium operationis medicamentorum fluxus impedientium; Rostock, 1715, in-4°; Oratio secularis de meritis Lutheri in artem medicam; Rostock, 1717, in-4°; Dissertatio de anesthesia; Rostock, 1718, in-4°; - Palæstra medica, exhibens themata physiologica in alma Rosto accad. XXX DD publice ventilata; Rostock, 1720, in-4°; Dissertatio de jejunio quadragesimale viri generosi de Bernhard : quæstio ponitur et solvitur; Rostock, 1721, in-4°; Dissertatio de obsessione eaque spuria; Rostock, 1721, in-4°; ibid., 1724: cette dissertation a été critiquée par les théologiens Engelke, Kirchmaier, Oporin et Reusch; Dissertatio de ethica dolentium; Rostock, 1722, in-4°; Scrutinium physico-medicum quo indoles_intellectus animæ insiti ab adventitio probe discernitur; Rostock, 1723, in-4°; Dissertatio de manuductione ad vitam longam; Rostock, 1723, in-4°; Dissertatio de cynanche; Rostock, 1723; Dissertatio de cura mortis ; Rostock, 1723, in-4°; Dissertatio de hæmoptysi ex infausta consolidatione pedum; Rostock, 1729, in-4°; Dissertatio de voluntate medici pro affectu habenda; Rostock, 1729, in-4°; Dissertatio de calculo vesica friabili; Rostock, 1729, in-4°; Dissertatio de tribus impostoribus, potu theæ et caffex, commoda vita, de officinis domesticis; Rostock, 1731, in-4°; Quæstio problematica: an sub depressione cranii hujus elevatio per manuelem operationem chirurgicam sit necessaria? Rostock, 1732, in-4°; Oratio secularis de morbis Ecclesiæ redivivis more majorum in regia academia Hafniensi habita; Rostock, 1733, in-4°; Quæstio problematica: an studiosus imprimis medicinæ citra vivam doctoris vocem propria industria sufficientem sibi comparare possit scientiam ? Rostock, 1734, in-4°; Dissertatio de me・thodis medendi in medicina et chirurgia; Rostock, 1734; Dissertatio de febribus

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