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hear domestique: son fils unique se noya dans une partie de plaisir, faite en canot sur la Seine. AntoinePierre Demours a laissé : An Retina immediatum visionis organum; Paris, 1784, in-4°; Mémoire sur l'opération de la cataracte ; ibid.; - Mémoire sur les filaments, taches mobiles, globules, et toiles d'araignée qui paraissent voltiger sur les yeux; imprimé dans l'ancien Journal de Médecine, Tenier, 1788; Observations sur une pupille artificielle ouverte tout auprès de la sclérotique; Paris, 1800, in-8°, avec planch.;-Traité des Yeux, suivi de la Description de l'Eil humain, trad. du latin de Sœmmening; Paris, 1818,3 vol. in-8°, avec atlas de 81 planch.; - Précis historique et pratique sur les Maladies des Yeux; Paris, 1821, in-8°. Reveillé-Parise, dans la Gazette médicale de Paris, 5 novembre 1836.- Quérard, La France litteraire.

DEMOUSTIER (Charles-Albert), poëte français, né à Villers-Coterets, le 11 mars 1760, mort le 2 mars 1801. Fils d'un garde du corps du roi, il fit ses études au collège de Lisieux, et suivit pendant quelque temps la profession d'avocat, qu'il quitta pour se livrer à la littérature, près de sa mère, qui habitait la campagne. Doué d'un caractère doux et aimable, d'une humeur gaie et facile, il eut un grand nombre d'amis, parmis lesquels on distingue Collin d'Harleville, Legouvé, etc. Heureux près de sa mère, qu'il adorait, il composa dans sa solitude un grand nombre d'ouvrages, qui eurent beaucoup de vogue, mais qui sont empreints d'une afféterie dont il faut accuser plutôt l'époque à laquelle il écrivait que l'auteur, qui a sacrifié au goût du moment. Demoustier devint membre associé de l'Institut, de la Société Philotechnique, de celle des Sciences, Lettres et Arts, et de l'Athénée des Arts à Paris; et chacun applaudit à ces distinctions, car tous ceux qui le connaissaient l'aimaient. Deux mots donneront une idée de son caractère : il disait souvent, en parlant du bonheur qu'il éprouvait à passer ses jours près de sa mère: « Le souvenir des services qu'on a rendus à ceux qu'on aime est la seule consolation qui nous reste quand nous les avons perdus. » Il mourut jeune, d'une maladie de poitrine; le jour même de sa mort il écrivait à une personne qui lui était chère : « Je n'ai plus la force de vivre, mais j'ai encore celle de vous aimer. » Le plus important et le plus connu des ouvrages de Demoustier a pour titre: Lettres à Émilie sur la Mythologie. Ces lettres, mêlées de prose et de vers, parurent en 1790, et obtinrent un grand succès, surtout auprès des dames, auxquelles elles racontaient d'une façon gracieuse, bien que souvent trop prétentieuse, l'histoire des dieux de la Fable. Ce genre de style est tout à fait passé de mode; mais au milieu des incorrections qu'on peut lui reprocher, on trouve çà et là des idées ingénieuses; et en se reportant à l'époque où il a paru, on peut comprendre le succès de ce livre. Ce succès a duré plus longtemps qu'on ne devait le croire, car en

1827 les Lettres à Emilie comptaient déjà dixsept éditions, presque toutes de luxe et ornées de gravures; de plus, elles ont été traduites en portugais par J.-P.-B. Primiera, sous le titre de : Cartas a Emilia sobre a Mythologia; Paris, 1819, in-12; il en existe aussi une élégante traduction anglaise. On a encore de lui: Le Siége de Cythère, poëme en vers de huit syllabes; Paris, 1790, in-8°. Ce poëme devait avoir dix-huit chants, mais l'auteur n'en a publié que six : c'est une folie assez spirituelle, dans laquelle l'imagination riante de la jeunesse est dépeinte, mais dans laquelle l'esprit n'excuse pas toujours le mauvais goût; - Le Conciliateur, ou l'homme aimable, comédie en cinq actes et en vers; Paris an п (1794), in-8°. Cette pièce obtint en 1791 un grand succès sur le Théâtre de la Nation, à une époque où l'on ne jouait que des pièces de circonstance ou des drames bien noirs. Quelques amis voulurent reconnaître dans L'Homme aimable le portrait de l'auteur, et lui adressèrent

ces vers :

Et quand il peignit l'homme aimable, Il était devant son miroir;

L'Amour filial, ou la jambe de bois, opéracomique en un acte, musique de Gaveaux : cette pièce, imitée d'une idylle de Gessner, se joue encore en province; Les Femmes, comédie en trois actes et en vers; Paris, ans шet xi (1795 et 1803): des épigrammes, des madrigaux, quelques scènes de sentiment firent obtenir à cette pièce un succès brillant. Dans sa préface, l'auteur avoue qu'il aime trop les femmes pour les bien connaître; cet avis a été partagé par plusieurs critiques. Les agréments du style n'y voilaient pas assez quelques situations un peu lestes. L'auteur le comprit, car après la première représentation il supprima deux scènes. Ce qu'il pa raît avoir voulu démontrer, c'est que les femmes éprouvent toujours le besoin d'être émues:

Tout ce qui vous émeut est pour vous un plaisir, Vous aimez mieux souffrir que de ne pas sentir. Dans les scènes supprimées on voyait des femmes faire retenir des places pour voir passer un homme condamné au dernier supplice, et des dévotes séduire leur directeur et lui faire manger du chocolat un jour de jeûne : ces suppressions ne sont pas à regretter; Les Trois Fils, comédie en cinq actes et en vers; 1796. On cite à propos de cette comédie,qui tomba complétement, une anecdote assez piquante. Pendant la première représentation il prêta officieusement une clef forée à un de ses voisins pour siffler son œuvre;

Le Tolérant, ou la tolérance morale et religieuse, comédie en cinq actes et en vers; Paris, an IV, (1796), in-8°. On n'a retenu de cette pièce, qui pourtant eut du succès, que les deux vers suivants :

De mon opinion si la sienne diffère,

Mon frère, je vous prie, en est-il moins mon frère. Les autres ouvrages de Demoustier sont: La Liberté du Cloitre, poëme; Paris, 1790, in-8°;

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· Alceste à la campagne, ou le misanthrope corrigé, comédie en trois actes et en vers; Paris, 1790 et 1798, in-8°; - Le Divorce, comédie en deux actes et en vers; Paris, ans III et XI (1795 et 1803); - Sophronyme, ou la reconnaissance, opéra-comique en un acte; Paris, an III (1795), in-8°;-- Cours de Morale, en prose et en vers, suivi de Les Consolations, roman philosophique; - La Galerie du dix-huitième siècle, fragment en vers; · · Notice sur la vie et les ouvrages de Mme du Bocage; Le Voyage de l'Amitié; - La Première année du Mariage; un poëme Sur la Nature; Nouvelles Lettres à Émilie sur l'Histoire; et des Poésies diverses; Paris, 1804 à 1809, 3 vol. in-18. Les pièces suivantes n'ont jamais été imprimées : La Toilette de Julie, comédie en un acte et en vers; Le Paria, opéra-comique en un acte, tiré de Bernardin de Saint-Pierre; — La Chaumière indienne; idem; Constance, comédie en deux actes et en vers; 1792; Agnès et Délia, ou les deux espiègles, opéra en trois actes; 1795; Apelle et Campaspe, grand opéra; -Caroline de Lichtfield, comédie en cinq actes

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et en vers; Paris, opéra ;-Macbeth, idem. En outre, Demoustier a coopéré à la rédaction des Veillées des Muses. Ses Euvres complètes ont été publiées en 1804; Paris, 2 vol. in-8°, 5 vol. in-8°, et 5 vol. in-12. A. JADIN.

Desessarts, Bibliothèque d'un Homme de Goût, II, 203, et V, 413. Brunet, Manuel du Libraire.

DEMPSTER (Guillaume ), théologien écossais, vivait au treizième siècle. Il fut recherché par le parlement pour s'être montré partisan des doctrines de Raymond Lulle. On a de lui : Examen in brevem Raym. Lullii Artem, imprimé à Lyon en 1514.

Fabricius, Bibl. med. et inf. Etat.

DEMPSTER (George), polygraphe anglais, né à Dundee, en 1736, mort en 1818. Il reçut sa première instruction dans sa ville natale, d'où il se rendit à Saint-André et plus tard à Édimbourg, où il obtint le titre de membre de la Faculté des avocats. Après avoir visité le continent, il pratiqua le barreau, qu'il quitta pour la députation, à laquelle il fut appelé en 1762. D'abord partisan de Rockingham, ensuite de Pitt, il se rangea, lors de l'affaire de la régence, du côté de Fox. Il se retira de la vie publique en 1790, ne s'occupa plus que de travaux agricoles, et donna l'un des premiers l'idée de la pisciculture. On a de lui Account of the magnetic Mountains of Cannay; des travaux dans plusieurs recueils, tels que les Transactions of the Royal Society of Edinburgh; dans l'Agricultural Magazine, et des discours (Speeches) prononcés au parlement.

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Rose, New. biog. Dict.

DEMPSTER (Thomas), théologien écossais, né dans le comté d'Angus, le 23 août 1579, mort à Bologne, en 1625. D'après ses propres récits, il était le vingt-quatrième des vingt-huit enfants

de Thomas, baron de Muresk, et de Jeanne Leslee; il prétend aussi que le 23 août, jour de sa naissance, fut pour lui, dans tout le cours de sa vie, un jour fatidique. Ce fut, dit-il, un 23 août qu'il sortit de sa patrie, qu'il fut reçu docteur en droit, qu'il fut admis à l'Académie de Nimes, qu'il gagna un procès considérable à Toulouse, et qu'il fut mis au nombre des professeurs de Pise. On voit que Dempster croyait à l'astrologie. Ce n'était pas le seul trait de ressemblance qu'il eût avec Cardan. Comme l'illustre savant de Pavie, il éprouva de grands malheurs domestiques; un de ses frères fut écartelé à Utrecht. Pour lui, il commença ses études à Aberdeen, et les continua à Cambridge, au collége de Pembrocke. Vers l'âge de quatorze ans, il passa en France, où il se donna pour un catholique romain zélé, persécuté par ses compatriotes pour cause de religion. Quelques seigneurs de son pays l'aidèrent de leurs libéralités, et lui fournirent de quoi continuer ses études. La peste l'ayant forcé de quitter Paris, il se retira chez les jésuites de Louvain, qui l'envoyèrent à Rome. Des raisons de santé et son humeur aventureuse le ramenèrent en Flandre. Il acheva ses études à Douai, fut reçu maître ès arts et professa quelque temps les humanités à Tournay. Pressé de se produire sur un plus grand théâtre, il se rendit à Paris avant l'âge de dixsept ans. Malgré son extrême jeunesse, il se fit recevoir docteur en droit canonique, et fut chargé de la chaire d'humanités au collége de Navarre. Cette place ne put fixer longtemps l'inconstance de Dempster. Il alla professer les belleslettres à Toulouse, la philosophie à Montpellier, l'éloquence à Nîmes, voyagea en Espagne, et devint le précepteur d'Artus d'Épinay, abbé de Rédon, depuis évêque de Marseille, fils de Saint-Luc, grand-maître de l'artillerie de France. Congédié pour une querelle qu'il eut avec un des parents de son élève, il alla en Écosse pour tâcher de retirer quelque chose de la succession de son père. N'ayant pas réussi dans ce projet, il revint à Paris, où il professa pendant sept ans dans les colléges de Lisieux, des Grassins, du Plessis et de Beauvais. Il lui arriva dans ce dernier college une aventure qui peint son caractère. « Dempster, dit Bayle, se piquait de grande noblesse. Quoique son métier fût de régenter, il ne laissait pas d'être aussi prompt à tirer l'épée, et aussi querelleur qu'un duelliste de profession. Il ne se passait presque point de jour qu'il ne se battît, ou à coups d'épée ou à coups de poing; de sorte qu'il était la terreur de tous les régents. Grangier, principal du collège de Beauvais, ayant été obligé de faire un voyage, établit Dempster pour son substitut. Celui-ci exerça justice sur un écolier qui avait porté un duel à l'un de ses camarades, et lui fit mettre chausses bas, et l'ayant fait charger sur les épaules d'un gros drôle, il le fouetta d'importance en pleine classe. L'écolier, pour firer raison de cet affront,

fit entrer dans le collége trois gentilshommes de ses parents et gardes du corps. Dempster fit armer tout le collége, coupa les jarrets aux chevaux de ces trois gardes devant la porte du collége, et se mit en tel état de défense, que ce fut à ces trois messieurs à lui demander quartier. Il leur accorda la vie; mais il les fit traîner en prison dans le clocher, et ne les relâcha qu'après quelques jours. Ils cherchèrent une autre voie de se venger; ils firent informer de la vie et mœurs de Thomas Dempster, et firent ouïr des témoins contre lui. C'est pourquoi il se retira en Angleterre, où il trouva non-seulement un asile, mais aussi une belle femme, qu'il amena avec lui à Paris, lorsqu'il y revint. Allant un jour par les rues avec cette femme, qui montrait à nu la plus belle gorge et les plus belles épaules du monde, il se vit entouré de tant de gens que la foule - les aurait apparemment étouffés tous deux, s'ils n'eussent trouvé un logis à se retirer. Une beauté ainsi étalée, dans un pays où cela n'était point en pratique, attirait cette multitude de badauds. Il passa les monts, et enseigna les belles-lettres dans l'académie de Pise, sous de bons appointements. Un jour en revenant du collége il trouva qu'on lui avait enlevé sa femme; ses propres disciples avaient prêté la main à ce rapt. Il s'en consola en stoicien. Peut-être ne fut-il pas fàché qu'on le délivrât d'un trésor de si difficile garde. »> D'après Nicéron, ce fut à Bologne, où il professait déjà depuis plusieurs années, que Dempster éprouva cette disgrace conjugale, et il la supporta un peu moins philosophiquement que le prétend Bayle. On dit même qu'il en mourut de chagrin; mais ce fait n'est pas bien prouvé. Dempster fut enterré dans l'église de Saint-Dominique, avec une pompeuse épitaphe. Comme il faisait partie de l'Académie della Notte, son oraison funèbre fut prononcée au sein de cette compagnie par Ovidio Montalbani. On a de lui: Corippi, Africani grammatici, De laudibus Justini minoris Augusti, libri quatuor; Paris, 1610, in-8°;-Musca rediviva; Paris, 1611, in-8° : c'est un poëme sur une mouche qui reprend vie après avoir été noyée; Tragedia, Decemviratus abrogatus; Paris, 1613, in-12; Antiquitatum Romanarum Corpus absolutissimum; Paris, 1613, in-fol.; - Licitatio Professorum, sive præfatio solemnis habita Pisis postridie kal, novembris 1614; Pise, 1616, in-4°; — Bandum Mediceum; Florence, 1617, in-4°; Troja etrusca, sive Gamelia ser. Frederico Urbinatum duci decursa; Florence, 1618, in-4; Bononiæ, sive præfatio solemnis habita 9 kal. novembris; Bologne, 1619, in-4°; Scotorum Scriptorum Nomenclatura; Bologue, 1619, 1622, in-4° : ce n'est qu'une simple liste des écrivains dont Dempster parle plus au long dans son Historia ecclesiastica; on y trouve tous les défauts que nous relèverons dans ce dernier ouvrage ; — Ulyssis Aldrovands Quadrupedum omnium bisulcorum

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Historia, colligi cæpta a Joanne Cornelio Uterverio, absoluta a Thomas Dempstero; Bologne, 1621, in-fol.; Apparatus ad historiam Scoticam, libri duo; Bologne, 1622, in-4°; Κέραυνος καὶ ὀβελός in glossas Viviani, Accursii et aliorum in quatuor libros Institutionum; Bologne, 1622, in-8°; — Benedicti Accolti De Bello a christianis contra barbaros gesto pro Christi sepulcro et Judæa recuperandis, lib. IV; Florence, 1623, in-4°; De triplici Juramento, seu retractatio loci ex libro X Antiquitatum Romanarum, cap. 3; Bologne, 1623, in-8°; Historia ecclesiastica gentis Scotorum, libr. XIX; Bologne, 1627, in-4°. Dempster mourut pendant l'impression de cet ouvrage, et ses amis eurent soin d'achever l'édition. On y trouve une histoire fort curieuse de sa vie, écrite par lui-même, et que les éditeurs ont continuée jusqu'à sa mort. Quant à l'Histoire ecclésiastique, elle est fort superficielle et très-peu exacte. Voici sur cet ouvrage le jugement de Baillet : « Quoique Dempster fût habile d'ailleurs, il n'en avait ni le sens plus droit, ni le jugement plus solide, ni la conscience meilleure. Il eut voulu que tous les savants fussent Écossais; il a forgé des titres de livres qui n'ont jamais été mis au monde, pour relever la gloire de sa patrie, et il a commis diverses autres fourberies qui l'ont décrié parmi les gens de lettres. » Ce sont à peu près les critiques que font de lui Usserius, le P. Labbe, Sandius, Nicolas Antoine, etc.

Chalmers, Gen. biog. Dict. - Nicéron, Mémoires des hommes illustres, t. XXVIII. — Bayle, Dictionnaire historique et critique. Baillet, Jugement des Savants, t. 11, p. 56.

DENAISIUS ( Pierre), jurisconsulte allemand, né à Strasbourg, le 1er mai 1561, mort à Heidelberg, le 20 septembre 1610. Il appartenait à une famille que les guerres de religion forcèrent à s'expatrier. Docteur en droit en 1583, puis corseiller du comte palatin, il représenta ce prince en Pologne et en Angleterre. Il fut aussi assesseur auprès de la chambre judiciaire de Spire. Ses principaux ouvrages sont : Jus camerale, sive novissimi juris compendium: Strasbourg, 1600, in-4°; et Heidelberg, 1652, in-4o; -ASsertio juridictionis camera imperialis, adversus senatum Spirensem; Heidelberg, 1600, in-4°; - Assertio de Idolo Hallensi; Heidelberg, 1605, in 4°; ouvrage en réponse à la Diva Virgo Hallensis de Juste Lipse.

Adam, Vita Eruditor.

DENATTE (François), théologien français, né à Ligny, le 25 janvier 1696, mort en 1765. ll était curé de Saint-Pierre-en-Château, dans le diocèse d'Auxerre. Il a paraphrasé l'ouvrage latin d'Opstraet, De Conversione Peccatoris, dans un livre intitulé: Idée de la Conversion d'un Pécheur; 1732, 2 vol. in-12.

Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel histor. et critique.

* DENCK (Jean), théologien allemand, de la

secte des anabaptistes, originaire du Palatinat, mort à Bâle, en 1528. Lors de son séjour en Suisse, il embrassa les doctrines anabaptistes. La connaissance qu'il avait des langues hébraïque, grecque et latine lui valut l'emploi de correcteur à l'imprimerie de Ratander de Bâle; il s'y acquit aussi l'amitié d'Ecolampade. De Bâle il alla en 1521 à Nuremberg, pour y diriger un établissement d'instruction publique. Mais en même temps il ne craignit pas de laisser percer ses croyances anabaptistes; il donna aussi à entendre qu'à son sens le diable et les damnés pourraient bien être sauvés quelque jour. Ordre lui fut donné alors de quitter Nuremberg et de se tenir à dix milles de distance de cette ville. Il se rendit à Augsbourg, s'y créa des partisans, appelés Denkers et démoniaques, à cause de l'opinion du maître au sujet des démons et de leur réhabilitation possible. On lui fit quitter encore Augsbourg et d'autres localités. Après quelque temps de cette vie errante, il mourut de la peste en abjurant, dit-on, ses erreurs, comme cela a souvent lieu, au dernier moment. Ses ouvrages sont : Griechische Verse (Vers grecs), dans les Annales typog. de Maittaire; Was geredt sey, das die Schrift sagt Gott thue und mache guts und boeses (Sur ce qu'il est dit dans l'Écriture que Dieu fait le bien et le mal); 1526, in-4o;-Hans Denkens Widerruf, Protestation und Bekaentniss (Appel, protestation et aveu de Jean Denk; Augsbourg, 1526, in-8°; Alle Propheten nach hebreischers prache (Tous les prophètes traduits sur le texte hébreu); Worms, 1527, in-fol.

Will, Nürnb. Gel. Lexic. Will, Beytræge zur Gesch. der Anabaptisten.

DENEF (Jean-Georges), révolutionnaire belge, mort le 6 avril 1833. Il fut un moment à la tête des bourgeois qui en 1830 s'insurgèrent à Louvain contre le gouvernement établi. On lui donna le surnom de Lafayette de Louvain, et même, le prenant au sérieux, il s'affubla de divers titres tels qu'inspecteur aux revues, général, bourgmestre, et plus tard colonel de la garde civique. Il se noya à la suite du chagrin que lui avait causé l'infâme traitement subi, malgré un saufconduit de sa main, par le lieutenant-colonel Gaillard, torturé par la populace aux portes de Louvain, le 28 octobre 1830. Ce suicide à l'occasion d'un fait déplorable, qu'il eût voulu prévenir, témoigne de la générosité de ses sentiments. Biographie genérale des Belges.

DENESLE (***), littérateur français, né à Meaux, mort à Paris, le 2 novembre 1767. La poésie allégorique fut le premier genre dans lequel il s'exerça; mais, quoique ses fictions ne manquent pas de délicatesse, son style le laissa toujours au rang des plus médiocres auteurs qui cultivèrent ce genre. L'ode ne lui réussit pas mieux; il écrivit alors en prose, et ne fut pas plus heureux. Ce qui l'a fait échapper à l'oubli, c'est que l'honnêteté de ses mœurs se peint dans

ses écrits. Partout on y trouve l'empreinte d'une ȧme pure, sensible et résignée. Cette philosophie modeste lui fit supporter courageusement les traverses d'une longue carrière, que l'indigence rendit souvent bien pénible. On a de Denesle : L'Étourneau, ou les aventures du sansonnet de ***, poëme héroïque; 1736, in-12 : ce poëme, imité de Vert-Fert, renferme quelques détails agréables; - Le Curieux puni, poëme; Paris, 1737, in-12; - La Présomption punie, ibid.;

- Adieux aux Muses; ibid. ;- L'Aristippe moderne, ou réflexions sur les mœurs du siècle; Paris, 1738, in-12; Liége, 1757, in-8°, et 1764, in-12: cet ouvrage est une pâle et froide imitation des Caractères de Théophraste; Cerbère, allégorie; Paris, 1743, in-8°; Ode sur le Mariage du Dauphin; 1745; Les Préjugés du public; 1747, 2 vol. in-12: cet écrit est empreint d'une saine morale, solidement établie; Examen du Matérialisme; 1754, 2 vol. in-12: ce livre eut un succès mérité, malgré le style diffus dans lequel il est écrit ; · Lettre sur le Nouvel Abrégé de l'Histoire ecclésiastique de M. l'abbé Racine; 1759, in-12; Réponse à la lettre d'un quaker, adressée sous le nom de Philippe Gramme (don Clément), à l'auteur des observations sur le Nouvel Abrégé de l'Histoire ecclésiastique; ibid.; Analyse de l'Esprit du Jansénisme; 1760, in-12;

Les Préjugés des anciens et nouveaux Philosophes sur la nature de l'ame humaine; 1765, 2 vol. in-12; Les Préjugés du public sur l'honneur; 1766, 2 vol. in-12; Epitre platonique à Thérèse; et quelques autres pièces intéressantes. A. JADIN. Desessarts, Les Siècles littéraires. Dict. biog. pitt. DENEUX (Louis-Charles), médecin français, né à Heilly (Somme), le 25 août 1767, mort à Paris, le 28 octobre 1846. Parent de Baudelocque, son premier maître, il étudia la médecine sous les auspices de ce praticien célèbre, et fut reçu maître en chirurgie à Amiens en 1790. Nommé en 1792 chirurgien-major du 3o bataillon des volontaires de la Somme, puis chirurgien en chef de la 24e demi-brigade d'infanterie, il revint exercer sa profession à Amiens en 1795, où il resta jusqu'en 1810 en qualité de chirurgien des hôpitaux et de professeur d'anatomie. Médecin depuis 1804, il avait donné à sa thèse le titre suivant Essai sur les ruptures de la matrice pendant la grossesse et dans l'accouchement. De 1814 à 1816 il fit des cours particuliers sur la matière obstétricale. Nommé dans le cours de la dernière année accoucheur de la duchesse de Berry, il assista quatre fois cette princesse. A partir de la naissance de Mlle de Berry, les faveurs honorifiques se répandirent sur Deneux; il obtint en outre le titre de médecin-adjoint de La Maternité. En 1823 il fut appelé à la chaire nouvellement créée pour lui de clinique d'accouchement. Il sortit de France en 1830, et n'y revint qu'en 1833. Il délivra alors une der

nière fois la duchesse de Berry, prisonnière à Blaye, et se rendit avec elle en Italie. Il revint ensuite en France. Retiré, vers la fin de sa carrière, à Nogent-le-Rotrou, il n'apparut plus qu'à de rares intervalles à Paris, où il vint visiter quelques rares et vieux amis. Ses ouvrages sont: Sur les Hernies de l'Ovaire; Paris, 1813; Sur les Propriétés de la Matrice; 1818; - Observations sur la terminaison des grossesses extra-utérines et sur les hémorrhagies utérines; 1819; · · Sur la sortie du cordon ombilical pendant le travail de l'enfantement; 1820;- Recherches sur la cause de l'accouchement spontané après la mort; 1823.

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Journal de la Librairie.

* DENFER (Jean-Henri), surnommé JANSEN, naturaliste et alchimiste allemand, mort le 13 décembre 1770. On a de lui: Vernunft und Erfahrungmaessiger Discours, worinn überhaupt die wahren Ursachen der Fruchtbarkeit wie auch Scheinursachen der Unfruchtbarkeit der Erden abgehandelt sind (Discours rationnel et expérimental, où l'on expose les causes de la fécondité ou de l'infécondité des terrains); Mittau, 1740, in-4° ; Betrachtungen uber die Cometen (Observations sur les Comètes); Mittau, 1770, in-8°.

Gadebusch, Lieflaend. bibl.

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DENHAM (John), poëte anglais, d'origine irlandaise, né à Dublin, en 1615, mort en 1688 (1). En 1617 vint en Angleterre avec son père, nommé baron de l'échiquier. En 1631 il entra en qualité de pensionnaire au collège de La Trinité d'Oxford, où, au rapport de Wood, maîtres et élèves le considéraient comme un songe-creux (dreaming) de peu d'étoffe, plus occupé des dés et des cartes que de l'étude. Ceux qui le jugeaient ainsi étaient loin de supposer qu'il pût jamais enrichir de ses ouvrages le monde littéraire. Reçu bachelier ès arts trois ans plus tard, il entra à Lincoln's-Inn, où, entraîné par sa passion, il s'appliqua au jeu bien plus qu'aux lois. Il perdit assez d'argent pour que la chose arrivât enfin aux oreilles de son père, qui le réprimanda et menaça même de le déshériter. S'il ne se corrigea pas tout d'abord, au moins fit-il semblant de rentrer dans la bonne voie en écrivant un Essai sur le Jeu ( Essay upon Gaming), qu'il montra à son père, et où il faisait ressortir les fâcheux résultats qu'il pouvait produire. Après cet acte de contrition, le jeune Denham ne joua plus jusqu'à la mort de son père, survenue en 1638; mais alors l'amour du jeu le reprit, et il y perdit plusieurs milliers de livres sterling, dont il venait d'hériter. En 1641 il publia une tragédie intitulée The Sophy, qui eut assez de succès pour que Wood dit de son auteur qu'il avait éclaté, comme la rébellion d'Irlande, lorsqu'on s'y attendait le moins.

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(1) 1668 d'après Chalmers, suivi en cela par la Biogr. univ. des frères Michaud. Nous adoptons la date que donne un célèbre recueil anglais, le Penny Cyclopædia.

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On trouve dans le prologue de cette œuvre, jouée dans l'hôtel privé de Black-Friars, le curieux passage que voici : « Messieurs (ce sont les comédiens qui parlent), si la pièce vous déplaît, faites-nous la grâce d'attendre deux ou trois représentations avant de la faire paraître; car vous saurez que la perte en retomberait sur nous, et non sur l'auteur : il n'écrit ni pour gagner de l'argent ni pour se faire donner des louanges; il n'aspire point à la réputation de bel esprit, et se moque des applaudissements et des sifflets. Pourquoi Denham écrit-il donc? direz-vous peutêtre. C'est qu'il n'avait rien de mieux à faire, comme vous à présent. » Denham entra ensuite momentanément dans les charges publiques, par son élévation aux fonctions de grand-sheriff de Surrey et de gouverneur de Farnham pour le roi. Il quitta ce poste, pour lequel il avait peu d'aptitude, et se rendit auprès du roi à Oxford, où il fit paraître son ouvrage le plus remarquable, intitulé: Cooper's Hill; Oxford, 1643, et Londres 1650 et 1655, in-4°. Ce poëme mérita tous les suffrages; aux yeux de Dryden il sera toujours un modèle pour la majesté du style. Ensuite parut Denham, dit-il dans l'ouvrage intitulé: Session of the Poets; ce vieux poëte boiteux, dont la réputa tion est fondée sur le Sophy et sur Coopers-Hill; il menait avec lui plusieurs libraires, qui juraient tout haut que rien ne se vendait mieux, excepté ses terres. Mais Apollon lui conseilla d'écrire encore quelque chose, afin de dissiper les soupçons que la cour avait que le poëme de Cooper's Hill, tant vanté, était l'œuvre d'un ecclésiastique, qui en avait eu quarante livres sterling.» Pope ne se montra pas moins enthousiaste du Cooper's Hill, dans sa Forêt de Windsor. Enveloppant dans les mêmes regrets Denham et Cowley : << Ici Denham, s'écrie-t-il, fit entendre majestueusement ses premières chansons; là Cowley chanta pour la dernière fois : O perte prématurée! quelles larmes le fleuve (la Tamise) ne versat-il pas à la vue de sa triste pompe funèbre, lorsqu'elle passa sur ses bords! >> Tout ea cultivant les œuvres d'imagination, Denham se mêlait aux préoccupations politiques du moment: en 1647 il fut chargé par la reine d'une mission auprès du roi, prisonnier de l'armée. Le geolier Hugh Peters se laissa désarmer ou séduire, et permit à Denham de voir ce souverain tombé, qui lui conseilla « de ne plus faire de vers, disant que pendant qu'on était jeune et qu'on n'avait rien de mieux à faire, il était permis de s'amuser à cela; mais que quand on était propre à des choses plus importantes et que l'on continuait a se livrer à la poésie, il semblait qu'on ne pensait pas à faire quelque chose de meilleur. » Denham promit de se corriger du vice de poésie; mais il ne tint pas longtemps parole. Il ajoute qu'à son départ de Hamptoncourt, le roi lui ordonna de demeurer secrètement à Londres, comme agent de sa correspondance secrète avec la reine; mais l'écriture de Cowley, qui était leur inter

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