Page images
PDF
EPUB

excès. Des poursuites furent entamées contre leurs auteurs, et Danton, Desmoulins et Legendre sortirent de Paris. Danton y reparut après la clôture de l'Assemblée constituante, et, quoique sous le coup d'un décret pour dettes, il parvint, au mépris de la loi, à se faire élire substitut du procureur de la commune de Paris. La cour, qui n'avait pu réussir à l'écarter, résolut alors de l'acheter, et il se vendit. M. de Lessart, ministre des affaires étrangères, conclut ce marché, qui rapporta à Danton plus de cent mille écus et dont il exécuta fidèlement les clauses tant qu'il fut payé; mais le résultat sur lequel on comptait n'ayant pas été obtenu, les subventions furent supprimées, et, d'auxiliaire inutile, Danton redevint adversaire implacable; l'année 1792 le vit en hostilité permanente contre le pouvoir royal. Lorsque les fédérés marseillais arrivèrent à Paris pour renverser le trône constitutionnel, le maire Pétion les établit dans le bâtiment des Cordeliers. Danton les y gorgea de vin et de débauches, et le 10 août il les conduisit lui-même à l'attaque du château. Nous avons eu entre les mains une lettre de Camille Desmoulins à son père, lettre autographe, qui établit que dans cette journée Danton et lui faisaient le coup de fusil sur la place du Carrousel. Quant à Robespierre et à Marat, ils s'étaient mis en sûreté au fond d'une cave. Le ministère de la justice devint pour Danton le prix de ses succès au 10 août : aussi disait-il qu'il y avait été porté par un boulet de canon. Bientôt survinrent la défection de La Fayette, la prise de la ville de Longwy; le siége de Verdun. L'alarme était dans Paris les vainqueurs du trône croyaient toucher à leur perte. Danton, d'accord avec la commune révolutionnaire, fit faire des visites générales, saisir toutes les armes qui étaient entre les mains des particuliers, incarcérer les prêtres non assermentés et tous les royalistes reconnus; il assembla ensuite en comité de défense générale les ministres et les chefs de la commune, et leur dit : «< Mon avis est que, pour déconcerter << les agitateurs et arrêter l'ennemi, il faut faire «< peur aux royalistes. » On était au 1er septembre. Le lendemain 2 il se présenta, dès le matin, à l'Assemblée législative à la tête des autorités, et, dans un rapide discours, fit entendre ces mots aux députés tremblants sur leurs siéges: « C'est en ce moment, messieurs, que vous « pouvez décréter que la capitale a bien mérité « de la France entière. Le canon que vous allez « entendre n'est point le canon d'alarme, c'est «<le pas de charge sur nos ennemis !... Pour << les vaincre, pour les atterrer, que faut-il ?... « De l'audace, encore de l'audace, et tou« jours de l'audace! » Les massacres de septembre étaient dans ce peu de mots... Ils commencèrent quelques heures après, et ils durèrent quatre jours. A l'assassinat des détenus de Paris succéda bientôt celui des prisonniers d'Orléans, égorgés le 9 septembre, à Versailles, dans la rue

de l'Orangerie. Parmi ces derniers se trouvaient MM. de Brissac et de Lessart, agents du traité par lequel Danton s'était mis à la solde de la liste civile. De Versailles les égorgeurs se rendirent à Paris. Placé au balcon de la Chancellerie, Danton les harangua, et l'on peut croire qu'il avait en vue le service qu'ils venaient de lui rendre par la mort de ces deux hommes lorsqu'il leur dit: « Ce n'est pas le ministre de la justice, << c'est le ministre de la révolution qui vous re<< mercie de votre louable fureur. » Qui le croirait pourtant? ce fut à ce même Danton que plusieurs victimes dévouées à la mort durent leur salut. Il contribua à la délivrance d'Adrien Duport et de Charles de Lameth, qui avaient été arrêtés en province; et en 1793 ce fut lui encore qui fit rendre à la liberté le célèbre auteur du Voyage du jeune Anacharsis, l'abbé Barthélemy. Il ne se montrait impitoyable que lorsqu'il s'agissait de frapper en masse, et souvent les infortunes individuelles le trouvaient accessible à la pitié. Ces inégalités dans sa conduite et dans son caractère semblent trouver leur explication dans ces paroles, qui sont de lui : « Une révo«<lution ne peut se faire géométriquement. Les << bons citoyens qui souffrent pour la liberté et « l'égalité doivent se consoler par ce grand et << sublime motif. »>

Élu le second député de Paris à la Convention nationale, Danton abdiqua les fonctions du ministère, où il fut remplacé par Garat. Comme il était un des plus ardents à presser le jugement de Louis XVI par la Convention, un de ses amis lui représenta qu'elle n'avait pas le droit de s'ériger en tribunal. « Vous avez raison, répondit-il : << aussi nous ne le jugerons pas, nous le tuerons. » L'ex-ministre de la marine Bertrand de Molleville, entre les mains de qui était demeurée une lettre autographe de Danton dont les termes constataient ses anciennes relations avec la cour, lui écrivit de Londres, où il s'était retiré, qu'il ferait imprimer et placarder cette lettre dans tout Paris s'il usait de son influence pour faire condamner Louis XVI. Danton vit le danger, et se fit-donner une mission pour l'armée du Nord. Il ne revint à Paris que sur sommation, et la veille du jour où l'arrêt fut prononcé. Quoiqu'il eût voté pour la mort, Bertrand n'en vit pas moins dans ce vote un acte d'insigne félonie, et il se hâta d'adresser à Garat la lettre accusatrice; mais celui-ci la remit officieusement à Danton, et il n'en fut plus question. Immédiatement après la mort du roi, Danton retourna avec Lacroix dans la Belgique, envahie par Dumouriez. On leur remit quatre millions pour révolutionner le pays; ils furent bientôt soupçonnés de s'être approprié une grande partie de cette somme énorme. Les dépenses excessives auxquelles on les vit se livrer à leur retour justifiaient assez ces accusations. Ils revinrent à Paris au commencement de mars, époque qui fut marquée par les premiers revers de Dumouriez.

Danton se montra dévoué aux intérêts de ce général jusqu'à ce que sa défection et les désastres qui s'ensuivirent eurent rendu sa défense impossible. Alors, pour détourner les soupçons qui commençaient à planer sur lui, et dont déjà Marat s'était rendu l'organe, il revint à son premier rôle en se replaçant à la tête du mouvement révolutionnaire. Sur sa motion, une levée de 300,000 hommes fut ordonnée; il proposa de dévaster la France en cas d'invasion. « Si les << tyrans, s'écriait-il, mettaient notre liberté en « péril, les riches seraient les premiers la proie a de la fureur populaire! Enfin, le 10 mars, il fit décréter l'établissement d'un tribunal criminel extraordinaire destiné à punir les ennemis de la révolution à l'intérieur et dont les arrêts devaient être sans appel. Telle fut l'origine du fameux tribunal révolutionnaire, qui un an plus tard envoya Danton lui-même à l'échafaud.

Le comité de salut public, en qui devaient bientôt se concentrer toutes les forces du gouvernement, ayant été institué le 6 avril, Danton en fit partie à la formation. Il semblait être alors à l'apogée de son crédit; pourtant, il se trouvait entre deux écueils: d'un côté, les Girondins ne cessaient de l'inquiéter en réclamant avec persistance la punition de ceux qui avaient souillé par le meurtre la cause de liberté; d'un autre côté, les purs de la Montagne le harcelaient par leurs insinuations sur les profits de sa mission en Belgique. Menacé par les deux partis, il sentit la nécessité, pour s'assurer contre l'un, de se rallier à l'autre ; et la prévision du résultat de la lutte l'engagea à faire cause commune avec le parti de la violence contre celui de la modération. D'ailleurs, disait-il, en révolution l'autorité doit appartenir aux plus scélérats. Il se réunit donc à Pache et à Robespierre pour former, en dehors de la majorité du comité de salut public, ce comité clandestin de Charenton, où fut préparée l'insurrection du 31 mai. Sans haine personnelle contre les Girondins, qui le gênaient, Danton voulait borner à leur exclusion de l'assemblée les résultats de cette journée. L'erreur où Mirabeau était tombé, après le 5 octobre, en croyant pouvoir arrêter le mouvement révolutionnaire à ce point, devint celle de Danton après le 31 mai; ni l'un ni l'autre n'avait réfléchi qu'il n'appartient qu'à Dieu de dire aux flots déchainés de la mer : Vous n'irez pas plus loin!

Depuis la chute des Girondins, l'influence de Danton sur la Convention diminuait de jour en jour; on lui reprochait d'avoir déployé peu d'énergie contre les proscrits, et surtout de s'être apitoyé sur leur fin. Il avait rompu ouvertement avec la commune en flétrissant d'une manière énergique les saturnales appelées fetes de la Raison. « Quand, s'était-il écrié à la tribune, << ferons-nous cesser ces mascarades? Nous n'a<< vous pas voulu détruire la superstition pour « établir l'athéisme. » Il faisait en même temps décréter l'établissement du maximum et allouer

quarante sous par jour aux sans-culottes qui fréquentaient les assemblées de section. Mais ces tardifs efforts ne pouvaient lui rendre son ancienne popularité : dans les derniers jours de 93 il fut traité aux Jacobins avec une défaveur marquée. Robespierre prit alors sa défense, mais de manière pourtant à le compromettre jusqu'à un certain point, et surtout à se faire valoir à ses dépens. Lorsque enfin les excès de la démagogie eurent été portés au comble par la commune de Paris, Danton et ses amis concurent le projet d'arrêter l'action du tribunal révolutionnaire, de vider les prisons et de dissoudre les comités de salut public et de sûreté générale. Robespierre voulait perdre la commune, foyer de l'anarchie; les comités voulaient se défaire de Danton, de Camille et autres modérés: une transaction s'établit entre Robespierre et ses collègues des comités: il leur livra leurs ennemis, et ils lui livrèrent les siens. La faction d'Hébert fut bientôt abattue; l'horreur et le dégoût qu'elle inspirait hâtèrent sa chute. Danton était un adversaire plus redoutable. Quelques hommes qui hésitaient encore à prendre parti entre lui et Robespierre essayèrent de les rapprocher. Une entrevue eut lieu: Robespierre reprocha à Danton ses méfiances, Danton lui reprocha ses cruautés; ils se séparèrent avec aigreur et désormais irréconciliables.

De ce moment la perte de Danton fut résolue. Engagé par quelques-uns de ses amis à prévenir les coups de Robes pierre en le frappant le premier, il s'y refusait en disant: J'aime mieux être guillotiné que guillotineur. Averti par d'autres de pourvoir par la fuite à sa sûreté menacée, il répondit, comme le duc de Guise: «<lls n'oseraient!... Et d'ailleurs, ajoutait-il,

est

« ce qu'on emporte sa patrie à la semelle de « ses souliers? » Il ne sortit de cette sécurité, dont les effets étaient ceux de la stupeur, que lorsqu'il se vit arrêté chez lui, dans la nuit du 30 au 31 mars 1794. Lacroix, son collègue à l'armée du Nord, son émule en dilapidations et son compagnon de débauches, fut arrêté en même temps que lui. On les déposa d'abord à la prison du Luxembourg; Danton, en arrivant, aborda les détenus avec calme et cordialité : << Messieurs, leur dit-il, j'espérais avant peu «< vous faire sortir d'ici, mais m'y voilà moi« même avec vous, et je ne sais comment cela « finira. » Cela devait bientôt finir pour lui. On l'entendit alors s'écrier: « C'est à pareille épo« que que j'ai fait instituer le tribunal révolution. << naire; j'en demande bien pardon à Dieu et << aux hommes ! » La nouvelle de son arrestation répandit la terreur au sein de la Convention; Legendre seul osa élever la voix et réclamer pour Danton le droit d'être entendu en attestant son patriotisme. Robespierre alors joua l'indignation, et s'écria : « Il s'agit de savoir si quel<< ques hommes aujourd'hui l'emporteront sur la patrie; nous verrons dans ce jour si la Con

[ocr errors]

«

«< vention saura briser une prétendue idole pour<< rie depuis longtemps, ou si, dans sa chute, «< elle écrasera la Convention et le peuple français ! » Pour assurer l'effet de ses paroles, Saint-Just monta à la tribune, et lut, au nom des comités, un rapport diffus, verbeux, incorrect, où les faits les plus disparates, les allégations les plus incohérentes étaient, selon la logique de l'époque, amalgamés de gré ou de force, contre les hommes qu'on voulait perdre. Comme on ne pouvait leur faire un reproche de leurs crimes réels, qui alors eussent été des titres d'honneur, on se rabattit sur leurs vices, sur la vénalité, sur la débauche, et il faut convenir qu'à l'égard du moins de Danton, de Lacroix et de Chabot, la matière était ample. Mais Saint-Just ne s'en tint pas là, et il ne rougit pas de les présenter comme complices de ceux qu'ils avaient poursuivis avec le plus d'acharnement, des royalistes, de La Fayette, des Girondins, en un mot des hommes de tous les partis. A la suite de ce rapport, le décret d'accusation fut porté à l'unanimité, et au milieu des applaudissements, par cette même Convention dont deux heures auparavant toutes les sympathies étaient pour les accusés, et la terreur fut irrévocablement mise à l'ordre du jour AU NOM DE LA VERTU ! A l'instant même saisi de l'affaire, le tribunal révolutionnaire ne la traîna pas en longueur. Les accusés y parurent avec une assurance qui allait jusqu'à l'audace. Interrogé sur son nom et sa demeure, Danton répondit : «Ma demeure « sera bientôt dans le néant, et mon nom vivra « dans le Panthéon de l'histoire. Certain du sort qui l'attendait, il ne ménageait en rien ni les juges ni les jurés; il leur jetait à la tête des boulettes de papier. Les autres accusés ne gardaient guère plus de mesure; ceux d'entre eux qui daignaient se défendre le faisaient avec un succès qui agissait d'une manière visible sur l'auditoire. Tous réclamaient à grands cris la présence de Robespierre et des membres influents des comités. Au dehors, la femme de Camille Desmoulins, idolâtre de son mari, excitait vivement l'intérêt public en sa faveur. Le tribunal hésitait, et Robespierre, inquiet à son tour, fit décréter par la Convention que tous les accusés qui troubleraient l'audience seraient à l'instant mis hors des débats. Ce décret fut immédiatement suivi de l'arrêt de mort. « On nous «< immole, s'écria Danton, à quelques làches << brigands, mais ils ne jouiront pas longtemps de << leur victoire! J'entraîne Robespierre.... Robespierre me suit... L'infâme poltron, ajoutait-il, j'étais le seul qui pouvait avoir assez « d'influence pour le sauver! »

"

[ocr errors]

Danton fut conduit à l'échafaud le 5 avril, avec Camille Desmoulins, Lacroix, Fabre d'Églantine, Hérault de Séchelle, Philippeaux, Delaunay d'Angers, Chabot et Bazire, tous députés à la Convention, le fameux fournisseur abbé d'Espagnac, le général Westermann, vainqueur

au 10 août et dans la Vendée, un Espagnol, un Danois et deux Autrichiens. La constance de Danton se soutint jusqu'au dernier moment. Au pied de l'échafaud, le souvenir de sa femme lui arracha une exclamation de regrets et quelques larmes; mais il se remit sur-le-champ, en disant Allons, Danton, point de faiblesse ! Sur le point de recevoir le coup fatal, il dit au bourreau: Tu montreras ma tête au peuple; elle en vaut la peine. Il périt à trente-cinq ans. Robespierre, à qui cette mort assurait la dictature, voulut réjouir ses yeux du supplice de son rival. Il se plaça auprès du Pont-Tournant, entouré des goujats appelés ses gardes du corps, et lorsque le couteau fut tombé pour la dernière fois, on le vit rentrer dans le jardin des Tuileries en se frottant les mains. Il alla ensuite commencer ce règne de sang qui dura quatre mois, et au bout duquel Paris vit sa tête tomber à la même place où il avait vu tomber celle de Danton. Son triomphe devint le principe de sa chute ceux des amis de Danton qui n'avaient point péri avec lui trouvèrent au moins dans sa mort une leçon à laquelle ils durent leur salut; menacés à leur tour par le tyran, ils sentirent que leurs coups devaient devancer les siens : en se sauvant ils sauvèrent la France. Ce fut l'œuvre du 9 thermidor; et lorsqu'en ce jour, épuisé par ses vains efforts pour conjurer la tempête qui éclatait sur son front, pâle et haletant, Robespierre écumait de rage sans pouvoir parler, une voix lui cria: Malheureux! le sang de Danton t'étouffe! [M. P.-A. VIEILLARD, dans l'Enc. des G. du M.]

On lit dans le 3o volume des Euvres inédites de P.-L. Ræderer, publiées par son fils M. Ræderer, ancien pair de France, un portrait remarquable de Danton. Comme ces œuvres, qui contiennent des documents historiques de la plus grande importance, n'ont été imprimées qu'à un très-petit nombre d'exemplaires, et ne sont point destinées au commerce, nous croyons devoir reproduire l'opinion d'un historien aussi compétent :

• Danton: Figure de dogue,sanguin, emporté, mais corrompu, capable d'une atrocité et point atroce, accessible aux bons sentiments et aux mauvais; avocat sans principes, paresseux, dissipé, aimant le plaisir; propre à une conspiration plus qu'à une faction; d'abord sans autre but que de se faire acheter par la cour, ensuite de gouverner la république; amant de sa popularité sans en être soigneux; sans instruction, sans principes politiques ni moraux; sans logique, sans dialectique, mais non sans éloquence; jamais de discussion, jamais de raisonnements, mais tout ce qui pouvait s'enlever par un mouvement, il l'enlevait. Il n'avait ni persuasion ni autorité, mais une impétuosité qui faisait tout céder. Il ne battait pas son adversaire sur le champ de bataille, mais il l'emportait sur un autre terrain. »

Parallèle de Danton et de Robespierre.

« Danton n'a été un grand scélérat que pour pouvoir être tranquillement un bon drôle. Robespierre

n'a été un grand scélérat que pour être un petit, dieu dans un magnifique néant.

« Danton fut vénal sous la monarchie, et rapace dans la république.

Robespierre avait toujours été intact, jamais on n'avait daigné l'acheter. Il aurait payé pour qu'on lui offrit de l'or, pour pouvoir dire qu'il l'avait refusé.

« Danton avait l'éloquence d'un tribun séditieux, il l'eut plus que Mirabeau même : Robespierre, celle d'un rhéteur factieux. Danton fit trembler des gens de plus de talent que lui: il comprimait. Robespierre fut toujours dédaigné, et c'est ce qui fit sa grandeur. Danton proposait des lois féroces pour acquérir, a-t-on dit, le droit d'en proposer d'humaines. Robespierre, plus habile, ne parlait que d'humanité, pour en proposer de féroces.

« Que la liberté était bien entre ces deux hommes ! quand l'un la lâchait, elle tombait dans les mains de l'autre. On crut Danton humain parce qu'il aimait le plaisir, et Robespierre vertueux parce qu'il ne l'aimait pas!

« Danton n'aimait que la crapule, qui corrompt la faculté de jouir. Robespierre en avait l'impuissance. « Danton se livrait, parce qu'il avait de l'esprit.

« Danton eut de l'audace et point de courage : il affronta les périls de loin, et n'en sut supporter

[blocks in formation]

*DANTON (Joseph-Arsène), écrivain français, neveu du précédent, né à Plancy (Aube), le 1er janvier 1814. Élève du collége Charlemagne, il obtint de brillants succès au concours général, en 1830, entra à l'École Normale, en sortit en 1835, et fut reçu, en premier rang, agrégé des classes de philosophie. Professeur au lycée de Versailles jusqu'en octobre 1837, il fut en 1840 attaché à M. Villemain, ministre de l'instruction publique, en qualité de chef du cabinet. Il se fit remarquer dans l'accomplissement de ses fonctions par son intelligence et une infatigable activité. M. Danton est actuellement inspecteur de l'académie de Paris. Il a édité Cours d'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle, professé à la Faculté des lettres de Paris en 1819 et 1820 par M. V. Cousin, seconde partie, école écossaise, publié avec la collaboration de M. Vacherot; Paris, 1 vol. in-8°; Euvres philosophiques de Fénelon, précédées d'un Essai sur Fénelon par M. Villemain, et accompagnées d'un avertissement et de

notes de l'éditeur; Paris, 1843, 1 vol. in-12.
M. Danton a écrit plusieurs bons articles pour
le Dictionnaire des Sciences philosophiques,
publié par M. Hachette.
C. MALLET
Documents particuliers.

* DANTY (....), jurisconsulte français, vivait dans la seconde moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Traité de la preuve par témoins en matière civile, contenant le commentaire de J. Boyleau, sieur de la Borderie, avocat au présidial de Poitiers, sur l'article 54 de l'ordonnance de Moulins, en latin et en françois ; auquel sont ajoutées sur chaque chapitre plusieurs questions tirées des plus célèbres juriscon sultes et décidées par les arrêts des cours souveraines; Paris, 1697, in-4°, et 1715, même format; Traité des droits honorifiques des seigneurs dans les églises, par feu M. Maréchal, avocat, avec un Traité du droit de patronage, de la présentation aux bénéfices; arrêtés servant de décisions pour les droits honorifiques, et un Traité des dixmes par M. Simon; ibid., 1700, 2 vol. in-12, et 1724, in-12.

Adelung, Suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon.

DANTZ (Jean-André), théologien et orientaliste allemand, né à Sandhausen, le 1er février 1654, mort le 20 décembre 1727. Il étudia à Gotha, Wittenberg et Hambourg, où il reçut les leçons du célèbre rabbin Edzardi, puis à Leipzig et à Iéna. En 1683 il se rendit à Giessen, et de là à Francfort; il visita ensuite la Hollande et l'Angleterre. A son retour à Leyde, il fut sur le point d'y obtenir la chaire des langues orientales. Après avoir séjourné quelque temps à Brême, Helmstædt et Hambourg, il fut nommé professeur agrégé des langues orientales à Iéna, et professeur titulaire après la mort de Frischmuth, en 1686. Il se fit surtout remarquer par sa rare connaissance des langues orientales. Ses principaux ouvrages sont : Disputatio de cura Judæorum in conquirendis proselytis; Iéna, 1688, in-4°; · Interpres Hebræo-Chaldæus, utriusque linguæ idiotismos dextere explicans ad genuinum Sanctæ Scripturæ sensum rite indagandum; Iéna, 1694, in-8°; Aditus Syriæ reclusus,compendiose ducens ad plenam Linguæ Syriaca Antiochena seu Maroniticæ cognitionem ; Iéna, 1689, in-8°, et Francfort, 1765, in-8°; · De Hebræorum Re Militari; ibid., 1690, in-4o; · Interpres Hebræo-Chaldæus, omnes utriusque Linguæ Syriacæ Antiochenæ seu Maroniticæ cognitionem complectens; Iéna, 1689 et 1735, 7e édition; — Baptismum proselytorum judaicum, e monumentis hebræo-talmudicis erutum; ibid., 1699, in-4°; - Partus virginis miraculosus ad Esdram, VII, 14; ibid., 1700;-Compendium Grammatices Hebraica et Chaldaicæ; ibid., 1706, 3e édition; sertatio historico-apologetica pro Luthero ex acrimonia styli reprehenso; ibid., 1704, in 4o; -Oratio de Tryphone Justini martyris collo

Dis

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Sax, Onomastic. liter., H — Jöcher, Allgem. Gelehr.Lexic.

* DANUS (Michel), peintre espagnol, né à Majorque (îles Baléares), vivait vers 1700. Il vint à Valence apprendre les éléments de la peinture, puis se rendit en Italie, où il suivit les leçons de Carle Marate, dont il apprit la manière. Danus a peint þeaucoup de tableaux dans sa patrie, entre autres ceux du cloître du couvent du Secours à Palma.

Quillet, Dictionnaire des Peintres espagnols.

DANVERS (Henri général anglais, né à Dantesey, dans le Wit. hire, en 1573, mort en 1644. Il servit dans le Pays-Bas sous les ordres de Maurice, comte de Nassau, depuis prince d'Orange, et prit part à de nombreux engagements sur terre et sur mer. Il eut le grade de capitaine dans le corps de troupes envoyé par Élisabeth au secours d'Henri IV, roi de France, et mérita par sa bravoure d'être fait chevalier. Il alla ensuite en Irlande, où il fut employé par le comte d'Essex et par le baron de Montjoy. A l'avénement de Jacques Ier, il fut nommé pair avec le titre de baron de Dantesey. Charles Ier le créa comte de Damby, membre du conseil privé et chevalier de la Jarretière. Danvers ne fut pas seulement un brave guerrier, il fut encore un philanthrope éclairé ; il dota l'université d'Oxford de cinq acres de terre pour y construire un jardin botanique, et fonda un hôpital et une école à Malmesbury, dans le Wiltshire. Rose, New biographical Dictionary.

DANVERS (Jean), gentilhomme anglais, frère d'Henri Danvers, mourut dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Il n'imita pas son frère, dont la loyauté fut intacte. Gentilhomme de la chambre de Charles Ier, il siégea parmi les juges de ce prince, dont il signa la sentence de condamnation. Il ne vit pas la restauration des Stuarts, mais la confiscation de ses biens fut pro

noncée en 1661.

Nalson, Proc. de

John Lingard, Story of England. Charles Stuart; Londres, 1735, in-fol. DANVILLE. Voyez ANVILLE (D'). DANVILLE (Guillaume), poëte français, vivait en 1624. Il était gendarme de la reine Anne d'Autriche, femme de Louis XIII, et fut chargé de faire un voyage en Syrie, en Autriche et en Bavière, pour le service royal. A son retour, en juin 1619, il fut mis à la Bastille, où il resta trois années, sans avoir été instruit du motif NOUV. BIOGR. GÉNÉR.

T. XNI.

de sa détention. Il avait, en courant la poste, composé un poëme, dont il a rimé jusqu'à neuf cents vers en douze jours; cette pièce est intitulée : La Chasteté, poëme héroïque en l'honneur du roy et des reynes; Paris, 1624, in-4°. Ce poëme est en vers de dix syllabes, tournés avec assez de facilité, mais pleins d'hiatus et d'enjambements. L'auteur, dans sa préface, se plaint vivement de la saisie de ses papiers et de son emprisonnement non motivé.

Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel.

*DANYAU (Antoine-Constant), médecin français, né à Paris, en 1803. Il est ancien élève interne des hôpitaux, et a été reçu docteur à Paris en 1829. Il remplit de 1830 à 1834 les fonctions de chef de clinique de la Faculté, et fut attaché de 1834 à 1839 au bureau central. Nommé chirurgien professeur adjoint à Bicêtre, il passa ensuite à l'hospice de La Maternité. En 1832 M. Danyau fut nommé, à la suite d'un concours, professeur agrégé à la Faculté (section de chirurgie). Il a épousé la fille du célèbre chirurgien Roux, membre de l'Institut. On doit à M. Danyau : Des Abcès à la marge de l'anus, thèse soutenue en 1832 pour l'agrégation: on y trouve des observations très-curieuses sur la métrite gangréneuse; - Principaux vices de conformation du bassin de la femme, trad. de l'allemand du docteur Ch. Nægele; - plusieurs Mémoires insérés dans les principaux journaux de médecine.

Archives générales de Médecine. Sachaille, Les Médecins de Paris, Louandre et Bourquelot, La Littérature française.

* DANYCAN, famille de Saint-Malo, dont les membres, à l'envi les uns des autres, se sont distingués par leur patriotisme, leur habileté et leur bienfaisance. Ceux qui ont plus particulièrement droit d'être mentionnés ici sont :

* DANYCAN ( Noël), sieur de l'Épine, marin français, originaire du Cotentin, il naquit à Saint-Malo, vers la moitié du dix-septième siècle, et y mourut, dans les premières années du dix-huitième. Son père était depuis 1640 établi à Saint-Malo. Dès 1688 il arma plusieurs forts corsaires, qui firent avec le plus grand succès la course contre les ennemis de l'État. Ayant obtenu en 1692 le commandement de deux navires du roi, il y joignit six de ses propres bâtiments, sous les ordres de ses deux frères, Louis-Joseph et Paul-Servan, s'empara des côtes de Terre-Neuve, et fit des prises considérables sur les Anglais. En 1698 il fut autorisé par le ministre à tenter le passage du détroit de Magellan, et, secondé par ses deux frères, il réussit complétement dans cette entreprise. Il arma deux vaisseaux, dont il confia le commandement à deux navigateurs expérimentés, Fouquet et Ducoudray-Pérée. Ils mirent à la voile le 26 septembre 1703, et, à leur retour de la mer du Sud, ils découvrirent à soixante lieues du détroit de Magellan, dans le S.-E. des Sebaldes, un groupe d'îles, auquel ils donnèrent

3

« PreviousContinue »