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gement des anciens, des marques évidentes de décadence. Ils n'avaient plus rien de la sublimité qui caractérise ceux de Démosthène. « Démétrius, dit Cicéron, fut le plus savant de tous les orateurs d'Athènes; mais, moins exercé au maniement des armes qu'aux jeux de la palestre, il charmait les Athéniens plutôt qu'il ne les enflammait aussi était-ce de l'école paisible du savant Théophraste, et non de la tente du guerrier, qu'il était sorti pour braver les ardeurs du soleil et la poussière des combats. Il altéra le premier le véritable caractère de l'éloquence, et lui ôta son nerf et sa vigueur; il aima mieux paraître doux que fort, et il le fut en effet, mais d'une douceur qui pénétrait les âmes sans les émouvoir. On gardait le souvenir de sa diction harmonieuse, mais il ne savait pas, comme Périclès, laisser l'aiguillon avec le sentiment du plaisir dans l'âme de ses auditeurs. » Les ouvrages de Démétrius, presque tous composés en Égypte, étaient très-nombreux. Diogène Laerce en énumère près de cinquante. « Par la quantité des livres, dit-il, et le nombre des lignes, Démétrius surpassa presque tous les péripatéticiens, parce qu'il était savant et expérimenté en chaque chose. Il composa des ouvrages historiques et politiques, des traités sur les poëtes, sur l'art oratoire à l'usage des orateurs et des ambassadeurs, des recueils de fables (Aóywv) ésopiques, et d'autres livres en quantité. » De tant d'ouvrages il ne reste qu'un petit nombre de fragments. Le traité De l'Elocution (Hepi Epunveías), qui est venu jusqu'à nous sous le nom de Démétrius de Phalère, est probablement l'œuvre d'un rhéteur alexandrin du même nom. Démétrius avait écrit : Sur son Administration (Пlepi Aexaeteías);

Liste des Archontes ('Αρχόντων ̓Αναγραφή); · Sur la Législation athénienne (Hɛpì tñs ̓Αθήνησι Νομοθεσίας); - Sur la Fortune (Περὶ τῆς Τύχης ). Ce dernier traité contenait sur les révolutions des empires un très-beau passage, que Polybe nous a conservé. C'est le plus remarquable des fragments qui nous restent de Démétrius de Phalère. Après avoir raconté la défaite de Persée et la chute de l'empire de Macédoine, Polybe continue ainsi : « Je me suis bien souvent, à ce propos, rappelé certaines paroles de Démétrius de Phalère. Dans son traité Sur la Fortune, afin de donner aux hommes une preuve manifeste de l'inconstance de cette divinité, il se reporte au temps où Alexandre détruisit l'empire des Perses, et dit : «< Sans consulter une longue suite d'années, une longue série de générations, en se renfermant dans les cinquante ans qui se sont écoulés avant nous, on verra suffisamment l'humeur despotique de la Fortune. Pensez-vous que si à la première de ces cinquante années un dieu eût révélé l'avenir aux Perses et aux rois de Perse, aux Macédoniens et aux rois de Macédoine, ils eussent pu croire que dans cet espace de temps périrait jusqu'au nom même de ces Perses, dont

l'empire embrassait la terre presque entière, et que les Macédoniens, jusque alors inconnus, domineraient sur l'Asie? La fortune, cette inconstante maitresse de notre vie, qui change toute chose contre notre pensée et signale sa puissance par tant de coups imprévus, me semble, en trans portant l'empire des Perses aux Macédoniens, avoir fait entendre à ces derniers qu'elle leur en prête la jouissance jusqu'au moment où il lui plaira d'en disposer autrement. » C'est ce qui s'accomplit en la personne de Persée. Démétrius a prophétisé cette révolution comme inspiré par un dieu, et moi, que mon récit a conduit à cette époque où fut ruiné le royaume macédonien, après avoir insisté sur ce grand événement comme je le devais, en ayant été témoin oculaire, j'ai cru ne pouvoir mieux finir ce récit que par des réflexions accommodées au sujet et par les paroles de Démétrius. Ces paroles sont à mon avis plutôt celles d'un dieu que celles d'un homme : cent cinquante ans d'avance Démétrius a prédit exactement ce qui devait arriver. » L. J. Diogène Laerce, V, 5, 75, 78, 80. - Élien, Var. Histor., III, 17; IX, 9; XII, 43. Diodore de Sicile, XIX, 78. Athénée, VI, XII, XIII, XIV. Polybe, XII, 13 - Plotarque, Demetrius, 8, 9; De Exilio. - Denys d'Halicarnasse, Demarchus, 8.- Cicéron, Pro Rabirio, 9; Brutus, 8, 9, 82; De Oratore, 11, 23, 27; De Finib., V, 9. — Quintilien, X, 1. - Fabricius, Bibliotheca Græca, t. III, p. 486; t VI, p. 63, éd. de Harles. - Bonamy, Vie de Demetrius de Phalère, dans les Mémoires de l'Académie des Ins criptions, t. VIII, p. 157. H. Dohrn, De Vita et Rebas Demetrii Phalerei; Kiel, 1825, in-4°. Parthey, Das Alexandr. Museum, pp. 35, 38, 71. - Ritschl, Die Aler Biblioth., p. 15. (En 1851 l'Académie royale de Belgique mit au concours une Etude sur Demetrius : le prix fut remporté par M. Legrand.)

DÉMÉTRIUS d'Apamée en Bithynie, médecin grec. On ignore à quelle époque précise il a vécu. Mais comme il appartenait à la secte d'Hérophile, on conjecture qu'il vivait au troisième ou au deuxième siècle avant J.-C. Il est souvent cité par Cœlius Aurelianus, qui nous a conservé les titres et des fragments de plusieurs de ses ouvrages. En quelques endroits on lui donne le surnom d'Attaleus, au lieu d'Apameus ; mais c'est une erreur des copistes. << On reconnait, dit la Biographie médicale, dans les fragments de ses ouvrages, que Cœlius Aurelianus nous a conservés, des traces manifestes de la distinction subtile que Gaubius essaya dans la suite d'établir entre les hémorrhagies. Cœlius atteste qu'il s'était beaucoup occupé de la pathologie générale, et nous n'oublierons pas de faire remarquer qu'il n'admettait point de différence essentielle entre la pleurésie et la péripneumonie; suivant lui, ces deux prétendues maladies ne sont que des degns différents d'une seule et même affection. » Gala (De Compos. Medicam. sec. gen., IV, 7 cile, d'après Héraclide de Pont, un Démétrius de Bithynie qui vivait vers le troisième ou k deuxième siècle avant J.-C. C'est probablement le même que Démétrius d'Apamée.

Cœlius Aurelianus, De Morbis acutis, III, 18; De Mer bis chronicis, II, 2; V, 9. - Soranus, De Arte obster. - Biographie médicale.

*

DÉMÉTRIUS de Byzance, historien grec, vivait vers 280 avant J.-C. D'après Diogène Laerce, il avait composé deux ouvrages, l'un en treize livres, sur la migration des Gaulois d'Europe en Asie; l'autre contenant l'histoire de Ptolémée Philadelphe, d'Antiochus Soter, et de leur administration en Libye.

Diogène Laerce, V, 83. — Schmidt, De Fontibus veterum in enarrandis exped. Gallorum. — C. Müller, Historicorum Græcorum Fragmenta, t. II, p. 624.

DÉMÉTRIUS de Pharos, général illyrien, mort vers 214 avant J.-C. Il était né à Pharos, petite île de la mer Adriatique. Lorsque la guerre éclata entre les Romains et les Illyriens, il était au service de ces derniers, et avait reçu de la reine Teuta le commandement de Corcyre. Il livra par trahison cette île aux Romains, et leur servit de guide et de conseiller pendant tout le reste de l'expédition. Après la défaite et la soumission de Teuta, il obtint pour prix de ses services une grande partie des États de cette reine. Les Romains semblent cependant n'avoir eu jarais grande confiance en lui. Il s'allia ensuite avec Antigone Doson, roi de Macédoine, et l'assista dans son expédition contre Cléomène. Persuadé qu'il s'était ainsi assuré le secours puissant de la Macédoine, et que les Romains ne pourraient punir son manque de foi, occupés qu'ils étaient par les Gaulois et par Annibal, il commit contre eux un grand nombre d'actes de piraterie. Les Romains envoyèrent aussitôt en Illyrie (219) le consul L. Æmilius Paulus, qui prit toutes les forteresses de Démétrius, lui enleva Pharos, et le força de s'enfuir auprès de Philippe, roi de Macédoine. Le prince déchu passa le reste de sa vie à la cour de Philippe, et devint son principal conseiller. Les Romains demandèrent en vain son extradition. Ce fut par ses avis que Philippe se détermina, après la bataille de Trasimène, à conclure une alliance avec Annibal et à déclarer la guerre aux Romains. Démétrius était un homme habile; mais il avait plus de hardiesse que de jugement, et était toujours disposé à violer la bonne foi et la justice. Pour servir Philippe, il fit contre la citadelle d'Ithôme une tentative téméraire, dans laquelle il fut tué.

Polybe, II, 11; III, 16, 18, 19; V, 101, 105, 108; VII, 11, 13, 14.- Appien, Illyr., 8. Tite-Live, XXII, 33. — Justin, XXIX, 2.

DÉMÉTRIUS, peintre grec, d'une époque inconnue, cité par Diogène Laerce. C'est peutêtre le même que le Démétrius dont parle Diodore comme d'un toñoɣpάpos, peintre de paysages. Celui-ci vivait à Rome vers 164 avant J.-C. Valère Maxime l'appelle peintre alexandrin.

Diogène Laerce, V, 83. - Diodore de Sicile, XXI, 18. -Valère Maxime, V, 1. Sillig, Catalogus Artificum, P. 179. Raoul-Rochette, Lettre à M. Schorn, p. 271. * DÉMÉTRIUS d'Alexandrie, philosophe péripatéticien et rhéteur, vivait vers 150 avant J.-C. Diogène Laerce cite de lui un ouvrage sur l'art oratoire (Tex vn pntopixń). On trouve parmi

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les ouvrages attribués à Démétrius de Phalère un traité Sur l'Elocution ( пepì 'Epunveías); mais ce traité contient des expressions qui ne peuvent appartenir au siècle d'Alexandre. Beaucoup de critiques l'attribuent à Démétrius d'Alexandrie. Il est écrit avec beaucoup de goût; et comme il cite toujours les meilleurs auteurs, c'est une source précieuse pour l'histoire de l'éloquence grecque. Il fut imprimé pour la première fois dans les Rhetores Græci des Aldes, I, 575, et réimprimé par J.-G. Schneider, Altenbourg, 1779, in-8°, et par Fr. Goller, Leipzig, in-8°. La meilleure édition est celle de Walz, Rhetores Græci, vol. IX.

Diogène Laerce, V, 84. — Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography.

* DÉMÉTRIUS de Bithynie, poëte grec, dont l'Anthologie a recueilli deux épigrammes sur la vache de Myron; on ignore si ce personnage est le même que le philosophe stoïcien Démétrius, qui était aussi de Bithynie et qui fut élève de Panetius; il vivait 120 ans avant notre ère. Fabricius, Bibliotheca Græca, t. IV, p. 471, édit. de Harles. Jacob, Notæ ad Antothologiam, t. XIII, p. 882. * DÉMÉTRIUS de Scepsis, grammairien grec, vivait 150 avant J.-C. Il était issu d'une famille noble et riche. Contemporain d'Aristarque et de Cratès, il cultiva le même genre de littérature que ces habiles philologues, et égala presque leur réputation. Il composa un ouvrage trèsétendu, souvent cité par les anciens et intitulé: Revue Troyenne (Tpwixòs Aiáxooμos). Il contenait au moins vingt six livres. C'était un commentaire historique et géographique du second livre de l'Iliade, où sont énumérées les forces des Troyens. On l'appelle quelques fois le Scepsien, et d'autres fois tout simplement Démétrius.

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* DÉMÉTRIUS ď'Érythrée, écrivain grec, vivait probablement dans le premier siècle avant J.-C. « Le poëte Démétrius d'Érythrée, dit Diogène Laerce, écrivait sur des sujets variés (ποικιλογράφος ἄνθρωπος ); il composa des livres d'histoire et de rhétorique. Selon Suidas, il était contemporain du grammairien Tyrannion.

Diogene Laerce, V, 85. — Suidas, au mot Tupavvíwv.

*

* DÉMÉTRIUS, philosophe grec platonicien, vivait vers 85 avant J.-C. Habitant Alexandrie, sous le règne de Ptolémée Denys, il refusait de partager les habitudes voluptueuses et efféminées de la cour. Il fut accusé de boire de l'eau et d'avoir paru aux Dionysiaques sans costume de femme. Pour le punir de ce double méfait, il fut condamné à boire en public une grande quantité de vin et à se montrer en habits de femme. C'est probablement le même que le Démétrius mentionné par Marc-Aurèle. Gataker l'a confondu avec Démétrius de Phalère.

Lucien, De Calummia, 16. - Marc-Aurèle, VIII, 25.

* DÉMÉTRIUS, rhéteur grec, originaire de Syrie, vivait vers 80 avant J.-C. Il donnait des leçons de rhétorique à Athènes. Cicéron, pendant le séjour qu'il fit dans cette ville, fut un disciple assidu de Démétrius.

Ciceron, Brutus, 91.

DÉMÉTRIUS, affranchi de Pompée, né à Gadare, en Syrie, vivait vers 60 avant J.-C. Favori de Pompée, il amassa des richesses qui, selon Plutarque, s'élevaient à quatre mille talents (environ 20,000,000 de francs). Après la conquête de la Syrie, Pompée fit rebâtir sur sa demande la ville de Gadare, qui avait été détruite par les Juifs. Une anecdocte racontée par Plutarque donnera une idée du crédit de Démétrius et de l'usage qu'il en faisait. Caton (d'Utique), déjà célèbre par sa sagesse et sa grandeur d'âme, alla visiter la ville d'Antioche, qui faisait alors partie du gouvernement de Pompée. Il marchait à pied selon sa coutume, et ses amis le suivaient à cheval. En arrivant aux portes de la ville il vit une foule de gens vêtus de robes blanches, et, des deux côtés du chemin, des adolescents et des enfants rangés en haie. Caton, qui crut que tous ces préparatifs étaient faits pour lui, et qu'on venait par honneur au-devant de lui, en fut très-mécontent, car il ne voulait aucune cérémonie. Il ordonna donc à ses amis de descendre de cheval et de le suivre à pied. Lorsqu'ils eurent rejoint cette troupe, celui qui réglait la fête et qui avait placé tout le monde, étant venu au-devant d'eux, avec une verge à la main et une couronne sur la tête, leur demanda où ils avaient laissé Démétrius, et à quelle heure il arriverait. Les amis de Caton éclatèrent de rire; et celui-ci s'écria : « O malheureuse ville! >> Pompée augmentait encore l'audace de son favori par sa patience à tout souffrir de lui. On dit que souvent, tandis qu'il attendait les convives, Démétrius, rabattant sa toge sur sa tête, se mettait insolemment à table le premier.

Plutarque, Pompeius, 40; Cato minor, 13. — Josèphe, Ant., XIV, 4; De Bell. Jud., I, 7.

* DÉMÉTRIUS, acteur tragique, mentionné par Hesychius, vivait dans le premier siècle avant l'ère chrétienne. C'est probablement le même Démétrius dont Acron parle comme d'un « Sраμаτолоlós, id est modulator, histrio, actor fabularum. » Horace le traite avec mépris et l'appelle un singe. Weichert voit dans le Démétrius des satires d'Horace un simple professeur de déclamation théâtrale; d'autres critiques y trouvent le Sicilien Démétrius Mégas, qui obtint de Jules César le droit de franchise à Rome par l'influence de Dolabella, et qui est souvent mentionné sous le nom de P. Cornelius.

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mande du premier, un traité Sur l'Accord Περὶ Ομονοίας), que Cicéron désirait lire aussi. Un autre de ses ouvrages, souvent cité par les anciens, était à la fois historique et critique, et traitait des poëtes et autres auteurs homonymes (Περὶ ὁμωνύμων ποιητῶν καὶ συγγραφέων). Cet ouvrage, fort important, autant que nous pouvons en juger par les citations des anciens, contenait les vies des auteurs homonymes et un examen critique de leurs mérites.

Cicéron, Ad Att., IV, 2; VIII, 2.— Diogène Laerce, I, 38, 79, 112; II, 52, 56; V, 3, 75, 89; VI. 79, 84, 88; VII, 169, 185; VIII, 84; IX, 15, 27, 35; X, 13. Plutarque, Fitæ decem Oratorum. - Démosthène, 15, 27, 28, 30. - Harpocration, au mt'loaños. —Athénée, X. — Denys d'Haficarnasse, Deinarchus, I.

*DÉMÉTRIUS, médecin auquel Galien donne le titre d'archiater. Comme ce titre ne fut inventé que sous le règne de Néron, on peut assurer que Démétrius ne vivait pas avant ce prince, et on ne saurait par conséquent le confondre avec le précédent.

Galien, De Antid., I, 1; De Theriaca, ad Pison. Smith, Dictionary of Antiquities, au mot Archiater. * DÉMÉTRIUS d'Adramyttium, surnommé Ixion, grammairien grec, vivait au commencement de l'ère chrétienne. On ignore d'où lui venait ce surnom : c'était, dit-on, pour avoir commis un vol dans le temple de Junon à Alexandrie. Il vécut tour à tour à Pergame et à Alexandrie, et appartint à l'école critique d'Aristarque. Il est cité comme l'auteur des ouvrages suivants : Εξήγησις εἰς ̔́Ομηρον ; Εξήγησις εἰς Ἡσίοδον ; Ετυμολογούμενα οι Ετυμολογία; — Περὶ τῆς Ἀλεξανδρέων Διαλέκτου ;— Αττικαὶ Γλῶσσαι, dont on a un petit nombre de fragments; verbes grecs terminés en μɩ.

Sur les

Suidas, an mot Δημήτριος. Diogène Laerce, V. 84. Athenée, II, p. 50; III, p. 64. — Schol., Ad Aristoph. Av., 1568; Ran., 78, 186, 310, 1001, 1021, 1227.

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Ammien Marcellin, XIX, 12. — Julien, Orat., VII. DÉMÉTRIUS MOSCHUS, poëte grec, était originaire de Lacédémone. Il passa en Italie lorsque les Turcs renversèrent l'empire de Constantinople, et il enseigna le grec à Ferrare et à La Mirandole; il composa un petit poëme De Nuptiis Helena et Paridis ; la première édition parut à Reggio en Lombardie, vers 1510: c'est un volume de 22 feuillets, tellement rare qu'à peine on en connaît cinq ou six exemplaires; ils doivent, pour être bien complets, renfermer une version latine; elle manque dans celui de la Bibliothèque impériale. M. Renouard avait projeté une édition nouvelle, en y joignant un commentaire de l'helléniste Lamberti; il n'a pas été donné suite à cette idée, mais M. Emmanuel Bekker,

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DÉMÉTRIUS surnommé le Syncelle, métropolitain de Cyzique, vivait vers le milieu du onzième siècle après J.-C. Jean Scylitza et Georges Cédrène le nomment dans les introductions de leurs ouvrages. Il écrivit une exposition des hérésies des Jacobites et des Chatzitzariens, imprimée avec une traduction latine dans l'Auctarium Novum de Combefis. On trouve un traité du même auteur dans le Jus Græco-Romanum, de Léunclave. Quelques ouvrages de Démétrius le Syncelle existent en manuscrit dans les bibliothèques de Paris, de Rome et de Milan. Fabricius, Bibl. Græca.

vi.

DÉMÉTRIUS Cydonius, théologien grec, vait dans la seconde moitié du quatorzième siècle. Il était né à Thessalonique ou à Byzance, et son surnom fui vint probablement de ce qu'il habitait Cydone (Kuswvn) en Crète. L'empereur Jean Cantacuzène, qui lui était fort attaché, l'éleva aux premières places de l'État. Lorsque ce prince songea à embrasser la vie monastique, Démétrius résolut aussi de quitter le monde, et tous deux entrèrent dans le même couvent, en 1355. Dans la suite, Démétrius quitta temporairement son pays, et s'établit à Milan pour étudier la langue et la théologie latines. Il termina ses jours dans un monastère de Crète. On ignore la date de sa mort, mais on sait qu'il vivait encore en 1384, lorsque Manuel Paléologue monta sur le trône; car nous avons une lettre adressée par Démétrius à l'empereur à l'occasion de son avénement. Démétrius est l'auteur d'un grand nombre de traités sur des sujets théologiques et autres; la plupart n'ont jamais été publiés. Il a aussi traduit plusieurs ouvrages du grec en latin. Parmi ceux de ses livres qui ont été imprimés, voici les plus importants: Deux Lettres adressées à Nicéphore Grégoras et à Philothée. On les trouve à la suite du Nicéphore Grégoras de J. Boivin; Paris, 1702, in-fol.; Monodia: c'est une lamentation sur ceux qui avaient été tués à Thessalonique pendant les troubles de 1343; elle a été réimprimée dans l'édition de Théophane par Combefis, en 1586, iu-fol.; · Συμβουλευτινός, discours adresse aux Grecs sur les dangers qu'ils ont à craindre de la part des Turcs; il a été imprimé dans l'Auctar. Nov. de Combefis, II, 1221; - Sur Callipolis, exhortations aux Grecs de ne pas livrer cette place à Amurad; publiée dans l'Auct. Nov. de Combefis, II, 1284 ; - Περὶ τοῦ καταφρονεῖν τὸν

Gavatóv, publiée par R. Seiler, Bâle, 1553; réimprimée par Kuincel, Leipzig, 1786, in-8°; Une Lettre à Barlaam sur la procession du Saint-Esprit; imprimée dans les Lectiones antiquæ de Canisius; Ingolstadt, 1604, vol. VI; un traité contre Grégoire Palamas, publié pour la première fois par P. Acudius, dans ses Opuscula Aurea Theologiæ Græcæ; Rome, 1630, in-4°. Le même recueil contient encore un ouvrage de Démétrius contre Max. Planudes. Fabricius, Biblioth. Græca, XI, 398. Cave, Historia liter. Wharton, Append. à Cave, Histor. lit.

DÉMÉTRIUS PEPANUS ou PEPANO, théologien grec, né dans l'île de Chio, vers 1620, mort dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Envoyé à Rome, en 1637, pour y achever ses études, il y donna des leçons de grec. Il entra d'abord dans les ordres; mais, par des raisons de santé, il obtint d'être relevé de ses vœux. Il retourna dans sa patrie, et s'y maria. L'époque de sa mort est incertaine; on sait seulement qu'il quitta vers 1655, l'île de Chio avec sa femme et ses enfants; on suppose qu'il périt dans un naufrage. Tous ses écrits théologiques étaient destinés à ramener les Grecs schismatiques à la religion catholique. Ils furent découverts à Chio par le consul anglais Stellio Rafaelli, qui les adressa au cardinal Henri Stuart. Celui-ci confia le soin de les publier au savant Amaduzzi. Ils parurent sous ce titre Demetrii Pepani Domestici Chii Opera quæ reperiuntur; Rome, 1781, 2 vol. in-4°; une traduction latine de Bern. Stephanopolos, préfet du collége des Grecs. Le premier volume contient les traités suivants : In illud Symboli: Credo in unam sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam; trativa Methodus de Processione Spiritus Sancti etiam ex Filio. Le second contient : De magno et tremendo Sacramento sacræ Eucharistiæ; De Purgatorio Igne; De Indissolubilitate magni matrimonii sacramenti; - S. Athanasii fidei catholicæ Professio; Triumphus catholicæ Fidei. On trouve à la fin du second volume deux lettres inédites de Jean Commène et une de Manuel Comnène.

Demons

Amaduzzi, Préface en tête des Demetrii Pepani Opera. DÉMÉTRIUS PÉPAGOMÈNE. Voyez PÉPA

GOMÈNE.

DÉMÉTRIUS DIMITRI ou DMITRI. Voyez

DMITRI.

*

DEMEULEMEESTER (Joseph - Charles), graveur belge, né à Bruges, le 28 avril 1771, mort le 5 novembre 1836. Fort jeune encore il devint l'un des élèves du célèbre Berwick, sous lequel il étudia trois ans, et qui le compta au nombre de ses meilleurs disciples. En 1806 il se rendit à Rome, et il y trouva un protecteur zélé dans le peintre Suvée, directeur de l'École française. Doué d'un talent patient et exact, Demeulemeester copia à l'aquarelle une des fresques des Loges de Raphael, Moïse sauvé des eaux; il rendit ce chef-d'œuvre avec une vérité frappante,

publication a été reprise par un libraire de Bruxelles, qui a fait l'acquisition des dessins et des cuivres laissés par le graveur brugeois. Ces gravures à l'échelle du neuvième des fresques originales, sont d'autant plus précieuses que les outrages des années et la nature même de ces fresques condamnent l'œuvre de Raphael à une destruction prochaine ou du moins à des altéra. tions telles qu'on ne pourra plus y découvrir la pensée du maître. Demeulemeester était désintéressé, régulier dans sa conduite, mais susceptible et défiant; il s'imaginait sans cesse qu'on voulait lui dérober le fruit de ses pénibles travaux, et qu'on avait la prétention de partager avec lui l'honneur de reproduire Raphael; il s'acharna à vouloir achever seul une entreprise colossale, qui exigeait le secours de plusieurs talents réunis. G. BRUNET.

avec une fidélité minutieuse; encouragé par les éloges que d'habiles connaisseurs donnèrent à son travail, il conçut le projet de dessiner à l'aquarelle, en imitant scrupuleusement le ton et l'effet de la fresque, les cinquante-deux sujets bibliques que Raphael a peints (ou fait peindre par ses principaux élèves et d'après ses dessins) dans les travées de l'une des galeries du Vatican; ces aquarelles devaient ensuite être transportées sur le cuivre au moyen de la gravure. Le temps, l'humidité, ont amorti ou effacé les couleurs de ces admirables productions : l'artiste belge passa douze années à les étudier dans leurs moindres détails, à les reproduire exactement et trait pour trait. Perché sur une échelle de vingt-cinq pieds de haut, il n'eut de pensées et de regards que pour l'oeuvre de Raphael. Cette échelle était devenue pour lui un domicile; il y faisait la sieste pendant les grandes chaleurs, et il s'y attachait alors au moyen d'une courroie. On peut juger quelle fut sa douleur lorsqu'une mesure administrative, provoquée par quelques envieux, ordonna l'enlèvement de l'échelle. L'artiste eut l'esprit d'adresser à la reine de Naples, femme du roi Joachim, trois couplets en assez mauvais français, dans lesquels il lui disait d'une façon imprévue et originale qu'elle était bonne et belle et qu'il n'avait d'espoir qu'en sa protection. Ce placet d'un genre étrange débutait ainsi :

Je possède une échelle de bois,
Je possède une échelle.
Et ne possède plus, je crois,

Guère autre chose qu'elle.

Il obtint un plein succès. Le pape Pie VII vint plusieurs fois voir travailler celui qu'il appelait l'artista della scala. Nommé par le nouveau roi des Pays-Bas professeur de gravure à l'Académie d'Anvers, il ne voulut accepter cette place qu'après avoir employé encore deux années à l'achèvement de ses aquarelles. En 1819 il revint en Belgique, pour s'occuper de la seconde partie de son œuvre, la gravure. Il lança un prospectus qui fut bien accueilli; presque tous les souverains et les personnages les plus éminents de l'Europe figurèrent parmi les souscripteurs. En 1825 parut en couleur et en taille-douce le premier cahier des Loges; il se composait de quatre estampes accompagnées chacune d'un texte explicatif; on y admira un procédé d'eauforte et de burin qui reproduisait merveilleusement le genre de peinture du modèle. Demeulemeester alla en 1829 se fixer à Paris, pour se consacrer exclusivement à l'œuvre qu'il s'était imposée, et qu'il ne pouvait faire marcher qu'avec lenteur, jaloux d'y mettre seul la main et de la porter au plus haut degré de perfection. En 1836, la mort vint le frapper presque subitement, dans un voyage qu'il faisait à Anvers; il avait donné le neuvième cahier des planches en couleur et le second seulement des gravures. Après quelques années d'interruption, cette belle

De Reiffenberg, Notice, dans le Bulletin du Bibliophile belge t. I, p. 280, et t. il, p. 213-234.

DÉMEUNIER ou DESMEUNIER ou DEMEUNIERE (Jean-Nicolas), législateur et écrivain français, né en Franche-Comté, à Nozeroi, le 15 mars 1751, mort le 7 février 1814. Après avoir fait de bonnes études, il vint à Paris, mit au jour quelques essais littéraires, à l'aide desquels il obtint l'emploi de secrétaire du comte de Provence, qui le fit en même temps nommer censeur royal. Lorsque commença la révolution, il adopta les opinions politiques qui triompherent en 1789. Le tiers état de Paris le nomma député aux états généraux, où il prit une part active aux grandes réformes qu'opéra cette assemblée. Plus instruit que beaucoup d'autres de ses collègues dans les questions d'économie politique, science alors peu répandue, il fut utile dans les comités, qui le choisirent souvent pour rapporteur, et fut successivement appelé aux fonctions de secrétaire et de président. Il suivit l'impression de la majorité lorsqu'elle entreprit de réviser le nouveau code constitutionnel qu'elle avait d'abord arrêté. Président, il rappela un jour à l'ordre l'abbé Maury, qui traitait d'indécente la demande qu'avaient faite les comédiens français d'être admissibles aux emplois publics comme les autres citoyens. Plusieurs fois il insista sur la nécessité de rendre responsables de leurs actes les ministres ou autres agents de l'autorité. Il demanda que l'émission des assignats ne dépassât pas 800 millions, vota la mise en activité immédiate du jury, et fit décréter celle du tribunal de cassation. Le 7 mars 1791, chargé de présenter, au nom du comité de constitution, le rapport sur l'organisation du ministère, il développa avec beaucoup de force les motifs qui devaient faire insister les amis des libertés publiques sur la nécessite de déclarer responsables des actes du pouvoir exécutif les agents d'un roi inviolable. Mais après avoir exposé les vues du comité sur les garanties que la puissance législative avait droit d'exiger des dépositaires de l'autorité adminis

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