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publiés dans le Journal des Savants et dans le Journal étranger.

Barbier, Dictionnaire des Anonymes.

DELFAU (Dom François), théologien français, né à Moulet, en Auvergne, en 1637, mort le 13 octobre 1676. Il entra dans la congrégation de Saint-Maur, et se fit connaître surtout par son édition des Œuvres de saint Augustin. Voici à quelle occasion elle fut publiée. Arnauld étant allé à la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés pour y consulter un manuscrit de saint Augustin, on vint à parler de l'édition de Louvain, dont il reconnut les imperfections et exhorta les bénédictins à en entreprendre une nouvelle. Ceux-ci goûtèrent son conseil, et chargèrent dom Delfau de préparer l'édition. Il fit imprimer dès 1670 un Avis pour faire connaître son dessein et inviter les savants à l'aider de leurs lumières et de leurs manuscrits. Le général envoya un pareil Avis, en forme de lettre circulaire, datée du 17 octobre 1670, dans toutes les maisons de l'ordre, afin que chacun contribuât à cette entreprise, qui devait être si utile à l'Église. Dom Delfau s'y appliqua de son côté avec toute l'ardeur dont il était capable; il en publia le prospectus en 1671, et il avait déjà fort avancé son travail lorsqu'il fut forcé de l'interrompre. On lui attribua L'Abbé commendataire, livre dirigé contre l'usage de donner des bénéfices en commende, et publié en 1673, in-12, sous le faux nom de Bois-Franc. Delfau fut exilé à Saint-Mahé en basse Bretagne. Il périt dans un naufrage, en se rendant à Brest pour y prêcher le panégyrique de sainte Thérèse. Il avait composé une Apologie du cardinal de Furstemberg, arrêté à Cologne par les troupes de l'empereur, et l'épitaphe de Casimir roi de Pologne, qui, après avoir abdiqué cette couronne, se retira en France et fut abbé de Saint-Germain-des-Prés.

Moréri, Grand Dictionnaire historique.

DELFICO (Melchior), historien et homme d'État napolitain, né au château de Leognano, dans le royaume de Naples, le 1er août 1744, mort à Téramo, le 21 juin 1835. Il appartenait à une des plus nobles et des plus riches familles du royaume. Après avoir fait à Naples de brillantes études, il voyagea dans les pays voisins pour augmenter ses connaissances en économie politique et en administration. Bien qu'il s'occupât beaucoup dès lors d'études littéraires, il he commença à publier des ouvrages qu'à l'âge de quarante-deux ans. Ses mémoires sur les dangers de la culture du riz et contre l'institution financière de la Grascia furent favorablement accueillis par le roi de Naples, et répandirent le nom de Delfico parmi les savants et les économistes de l'Italie. Ami d'une liberté sage, il aurait voulu réformer les abus en évitant ces secousses violentes qui n'amènent trop souvent que l'anarchie. Ses opinions libérales le firent arrêter en 1798. Il recouvra la liberté lors de l'occupation du royaume de Naples par les

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troupes françaises; mais il refusa de faire partie du corps législatif de la république parthénopéenne. Après la chute de cette république éphémère, il se réfugia dans la petite république de Saint-Marin, qui l'admit au nombre de ses citoyens et dont il écrivit les annales. Rappelé à Naples par Joseph Bonaparte, qui le nomma conseiller d'État et président de la section de l'intérieur, il fut au retour des Bourbons maintenu dans ses fonctions de président de la commission générale des archives du royaume. Les principaux ouvrages de Delfico sont: Saggio filosofico sul matrimonio; 1774, in-16; - Indizii di Morale; 1774, in-16; Elogio de F.-A. Grimaldi; Naples, 1785, in-4°;- Ricerche sul vero carattere della giurisprudenza romana e dei suoi cultori; Naples, 1791 et 1815, et Florence, 1815, in-8°; Memorie storiche della Republica di San-Marino; Milan, 1804, in-4°; traduit en français par M. Auger Saint-Hippolyte, Paris, 1827, in-8°; . Pensieri su la Storia e su l'incertezza ed inutilità della medesima; Forli, 1806; Naples, 1809 et 1814, in-8°; Nuove Ricerche sul Bello; Naples, 1818, in-8°; Dell' antica numismatica della città d'Atri nel Piceno, con un discorso preliminare sulle Origini Italiche, ed un appendice su e Pelasgi e Tirreni; Teramo, 1824; Naples, 1826, in-fol. Delfico a aussi laissé plusieurs ouvrages inédits, parmi lesquels on cite les suivants : Su i danni et terremoti delle Calabrie nel 1783; Discorso sulle scienze morali; Sulle origini ed i progressi della Società, ossia saggio filosofico sulla storia del genere umano ; Sugli antichi Confini del regno di Napoli; Vita e Vitalità.

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Sulla

Grégoire de Filippis Delfico, Della Vita e delle Opcre di Melchiorre Delfico, libri II; Teramo, 1836. Tipaldo, Biografia degli Ital. illust., t. II.

DELFINO (Jean), doge de Venise, mort le 11 juillet 1361. Il appartenait à une des plus illustres familles de la république. Envoyé en qualité de provéditeur au secours de Trévise, assiégée par les Hongrois, il parvint à se jeter dans cette place, et la défendit avec succès. Sur ces entrefaites le doge Gradenigo mourut, le 8 août 1356. On avait besoin d'un homme de guerre à la tête des conseils de la république, les suffrages se réunirent sur Jean Delfino; mais il était enfermé dans Trévise, et il devenait difficile même de lui faire parvenir l'avis de sa nomination. On demanda un sauf-conduit au roi de Hongrie, qui le refusa; mais Jean Delfino parvint à s'échapper. Son gouvernement ne fut qu'une suite de malheurs. En 1357 les Hongrois enlevèrent presque toutes les places de la Dalmatie et de l'Istrie, et les Vénitiens furent forcés d'implorer la paix. Le roi Louis de Hongrie exigea que la république renoncât pour toujours à la Dalmatie et rendit toutes ses places depuis le golfe de Quarnero, au-dessous de Fiume, jusqu'à Du

razzo, qui est près de l'entrée de l'Adriatique. C'était demander le sacrifice d'un littoral de plus de cent lieues et d'une multitude d'iles et de ports. Si dures que fussent ces conditions, les Vénitiens se décidèrent à les accepter, et le traité fut signé le 18 février 1358. Il fut stipulé que le doge cesserait de prendre le titre de duc de Dalmatie et de Croatie, et que s'il arrivait que le roi de Hongrie eût à soutenir une guerre maritime, la république de Venise devait Ini fournir, aussitôt qu'elle en serait requise, une flotte de vingt-quatre galères, dont il payerait l'armement et l'entretien. Il était triste pour Jean Delfino d'avoir été élevé au dogat pour avoir le malheur d'attacher son nom au traité de Zara. Il en ressentit un violent chagrin. Il perdit la vue, et mourut bientôt après.

Daru, Histoire de la République de Venise.

DELFINO (Pierre), théologien italien, né à Venise, en 1444, mort le 16 janvier 1525. Il eut pour professeur de langue latine l'habile philologue Pierre Parlesni de Rimini, et s'appliqua d'abord avec beaucoup de goût et d'ardeur à l'étude des belles-lettres et à la lecture des auteurs profanes; mais il les abandonna bientôt pour les auteurs ecclésiastiques. Il entra à dixhuit ans dans l'ordre des Camaldules. Son mérite et sa naissance l'élevèrent rapidement aux premières dignités de son ordre: il en fut élu vicaire général en 1479 et général en 1480. Les soins et les embarras inséparables de cette charge l'en dégoûtèrent au bout de quelque temps, et il voulut s'en démettre. Il en fut empêché par le cardinal de Sienne, son ami intime et protecteur des Camaldules. Mais cette démission, qu'on ne voulut pas accepter alors, on l'exigea plus tard de lui. Une des congrégations de l'ordre des Camaldules demanda en 1503 une réforme d'après laquelle Delfino devait renoncer à sa place. JI s'y refusa, et sa résistance suspendit quelque temps cette affaire, qui recommença à s'agiter en 1513. On adopta alors un des principaux points de la réforme proposée, et cette décision fut approuvée par le pape Léon X. Delfino résista encore quelque temps, et ne donna sa démission qu'en 1515, après avoir gouverné l'ordre des Camaldules en qualité de général pendant trentecinq ans. On a de lui : Epistolæ ; Venise, 1724, in-fol. Ce recueil, divisé en douze livres, ne contient que les lettres écrites par Delfino pendant son généralat. Lui-même a pris soin de les revoir, pour faire plaisir à Jacques de Brescia, camaldule, prieur d'Oderza dans le Trévisan. Ces lettres sont extrêmement rares, et cette rareté fait leur plus grand mérite. « Elles ne sont considérables, dit l'auteur du Menagiana, ni par la diction, qui est entièrement monacale, ni par l'importance des faits, si on en excepte trois ou quatre, telles que celle du 12 juillet 1500, à Pierre Barocci, évêque de Padoue, touchant un orage qui fit bien du fracas dans la chambre d'Alexandre VI; une autre, où il rapporte l'his

toire du supplice de Savonarole d'une manière un peu différente de celle de Jean-François Pic de la Mirandole. Les lettres de cette espèce y sont fort clair-semées. Les trois quarts s'adressent à de bons religieux de l'ordre des Camaldoli, et ne contiennent qu'une morale froide ou des circonstances peu intéressantes ; » — Epistolæ 242, quæ in editis desiderantur; ex Mss. Camaldulensibus eruit Mabillonius. Elles se trouvent dans le troisième tome du recueil des PP. Martenne et Durand, intitulé: Veterum Scriptorum et Monumentorum Collectio; Paris, 1724, in-fol. Ces lettres ne sont pas plus intéressantes que les premières; il n'y a dans la plupart que des détails d'affaires monastiques peu importantes; - Oratio ad Leonem X, pontificem M., à la suite des lettres précédentes Ce discours ne donne pas une grande idée de l'éloquence de Delfino. On trouve dans le recueil des PP. Martenne et Durand une Oraison funèbre de Delfino par l'abbé Eusèbe Prioli. Elle contient des particularités curieuses.

Nicéron, Memoires pour servir à l'histoire des hor mes illustres, t. XV.

DELFINO ( Frédéric), médecin et astronome italien, né à Padoue, en 1477, mort dans la même ville, en 1547. Après avoir exercé la médecine à Venise avec tant de succès qu'il fut accusé de magie, Delfino remplaça, en 1521, Thomas Filologo dans la chaire d'anatomie, et occupa cette place jusqu'à sa mort. On a de lui: De Fluxu et refluxu aquæ maris, subtilis et erudita disputatio; De Motu octave sphere; Annotationes in tabulas Alphonsinas; Liber de phænomenis sublunaribus et astronomica parallaxi; les deux premiers de ces traités seulement ont été imprimés; Venise, 1559, in-fol.; Bâle, 1577, in-fol.

Papadopoli, Historia Gymnasii Patavini, t. 1, p. 306. Tiraboschi, Storia della Letteratura Ital., t. VII, partie 1.

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DELFINO (Joseph), amiral vénitien, vivait vers 1650. En 1654, pendant la guerre de Venise et de la Turquie, il fut chargé de garder le passage des Dardanelles avec seize vaisseaux, deux galéasses et huit galères. Il était observé du côté de l'Archipel par trente-deux bâtiments barbaresques, qui cherchaient à l'attirer loin du détroit. Le 6 juillet 1654, il vit venir à lui de Constantinople soixante-quinze galères ou vaisseaux turcs. Il donna aussitôt le signal du combat; mais, soit que plusieurs de ses capitaines eussent mal exécuté cette manœuvre, soit que les courants ne leur permissent point de garder la ligne, douze vaisseaux et six galères furent emportés loin du détroit. L'amiral resta avec deux galères, deux galéasses et quatre vaisseaux. Cette disproportion ne l'empêcha pas de tenir ferme. Chacun de ses huit bâtiments fut bientôt entouré par plusieurs vaisseaux ennemis. Une des galères succomba après une belle défense. Deux vaisseaux sautèrent en l'air. Le troisième vaisseau et les deux galéasses se firent

jour au travers des ennemis, et gagnèrent la haute mer. Delfino, resté seul au milieu de l'armée ennemie, mit le feu au vaisseau qui lui restait, et avec sa galère, percée de tous côtés, sans voiles, sans gouvernail, il parvint à se dégager et à regagner le reste de son escadre.

Daru, Histoire de Venise, liv. XXXIII, 14, 15.

DELFINO (Jean), général vénitien, vivait au commencement du dix-huitième siècle. Provéditeur général des Vénitiens de 1694 à 1699, dans la guerre de Venise contre les Ottomans, il prit plusieurs forteresses turques, notamment celle de Ciclut, à laquelle le divan attachait tant d'importance qu'il envoya pour la reprendre un corps de vingt mille hommes; mais ce corps fut dispersé et taillé en pièces. Delfino échoua devant Dulcigno, quoiqu'il eût repoussé successivement trois petites armées turques venues au secours de cette forteresse. Il était provéditeur général de la Morée lorsque la Porte ottomane dirigea une armée considérable contre cette province. Delfino, qui n'avait à sa disposition que huit mille hommes et une flotte de onze galères et de huit vaisseaux de ligne, vit fendre sur lui une armée de cent mille Turcs, commandée par le grand-vizir, et secondée par une flotte de cent voiles. Il fut élevé aux fonctions de capitaine général; mais il avait plus besoin de soldats que d'une dignité nouvelle. Il était évident qu'avec huit mille hommes il ne pouvait pas munir de garnisons suffisantes une douzaine de places. Il se borna à défendre les principales, et laissa le pays entièrement ouvert aux dévastations de l'ennemi. Dans l'été de 1714 Corinthe, Argos, Nauplie de Romanie, Modon, Malvoisie, tombèrent au pouvoir des Turcs. Pendant que ceux-ci reconquéraient si facilement la Morée, Delfino avec sa flotte rôdait autour de la presqu'île, se présentant toujours trop tard devant les places, qui ne lui donnaient pas le temps d'y jeter des secours. Tantôt évité, tantôt poursuivi par le capitan-pacha, sans jamais en venir à une bataille, il laissa prendre sous ses yeux l'île de Cérigo, fit sauter les fortifications de Sainte-Maur, et ramena enfin dans Corfou une flotte qui n'avait pas combattu. Le gouvernement vénitien, qui était le premier coupable de toutes ces pertes, s'en prit à Delfino, qui fut rappelé mais sans être puni.

Daru, Histoire de la Republique de Venise.

DELFINO (Jean), poëte italien, né à Venise, en 1617, mort à Udine, le 20 juillet 1699. Nommé en 1656 coadjuteur de Jerôme Gradenigo, patriarche d'Aquilée, il lui succéda, et reçut le chapeau de cardinal en 1667. Il composa dans sa jeunesse quatre tragédies: Cléopdtre, Lucrèce, Médor et Crésus. « Sans être exemptes des défauts du temps, dit Tiraboschi, elles égalent par la noblesse du style et la conduite de l'action les meilleures du siècle précédent. » Il ne voulut jamais les publier. La Cleopátre fut imprimée pour la première fois dans le vol. III

du Teatro Italiano de Maffei. Un Hollandais les fit toutes paraître à 'Utrecht, en 1730; mais cette édition, faite sur une mauvaise copie, est fort défectueuse. Comino en donna une excellente, d'après les manuscrits originaux, avec un discours apologétique de ces tragédies par le cardinal Delfino lui-même : Le Tragedie di Gio. vani Delfino, senatore veneziano, poi patriarca d'Aquileia e cardinale; col dialogo apologetico dell' autore non più stampato; Padoue, 1733, grand in-4°. On a encore de Delfino Six Dialogues philosophiques, en vers, insérés dans le recueil intitulé: Miscellanee di varie opere; Venise, 1740, t. I. « L'auteur, dit Tiraboschi, s'y montre très-versé dans la philosophie moderne, sans renoncer entièrement aux préjugés de l'ancienne, et le style n'en est pas aussi noble ni aussi soutenu que celui de ses tragédies.

Tiraboschi, Storia della Letteratura Italiana, t. VIII. DELFINO (Jean-Pierre), théologien italien, né à Brescia, en 1709, mort en 1770. Il étudia la théologie, et le droit à Venise, et fut nommé archi-prêtre de Saint-Zénon. On a de lui : Il tempio di Dio, o sia la giustificazione dell' uomo, simboleggiata nella fabbrica di un tempio materiale, didicata a Clemente XIII; Brescia, 1760, 1767; Ragionamento in cui si propone il vero sistema per riformare il clero, e in un con esso i fedele in confutazione del sistema proposto dell' autor del libro intitolato Del Celibato; dans les Opuscoli scientifici e filologici de Calogera. Dictionnaire historique, crit. et bibl.

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DELFINO, en latin Delphinus (CésarPierre-Michel), publiciste italien, natif de Parme, vivait dans la seconde moitié du seizième siècle. On a de lui: De Summo Romani Pontificis Principatu; Venise, 1547, in-4°; De Proportione Papæ ad concilium et de utroque ejus Principatu; Parme, 1550, in-4°. Catalogue de la Bibl. impér. de Paris. suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon. * DELFINO ( Dominique), encyclopédiste italien, vivait dans la seconde moitié du seizième siècle. On a de lui: Sommario di tutte le Scientie; Venise, 1556, in-4°.

Adelung,

Adelung, Suppl. à Jöcher, Allgem. Gelehrten-Lexicon. DELFT (Gilles DE). Voyez Delphus.

DELFT (Jacques WILLEMSZOON, c'est-à-dire fils de Guillaume), peintre hollandais, né à Delft, en 1619, mort le 12 juin 1661 (1). Il fit

(1) C'est le dernier représentant d'une interessante famille d'artistes, à propos de laquelle les biographes modernes ont commis d'étranges confusions, qui proviennent de ce que tous ont mal copié Descamps, qui avait lui-même assez mal traduit Campo-Weyerman et Houbracken. Ainsi l'article de la Biographie Michaud, édition 1813, est conçu de telle sorte que Jacques, né en 1619, serait mort en 1601, c'est-à-dire dix-huit ans avant sa naissance, et se trouverait être à la fois son propre grand-père et son propre petit-fils. Le premier dont Houbracken et Campo-Weyerman fassent mention est Jacques, Willems Delft, bon peintre de portrait, qui peignait à Delft en 1592. Lebrun (Gulerie des Peintres flamands, hollandais et allemands) transforme cette date en celle de 1570, prise probablement dans Descamps, qui la met, on ne sait pourquoi, en marge de l'article collectif qu'i

dans son art de tels progrès que ses œuvres, dit Campo-Weyerman, purent être comparées à celles de son grand-père. Il peignit en pied et de grandeur naturelle les échevins et prévôts et les maîtres des corps de métiers de Delft. Ces tableaux, peints d'une manière magistrale, furent endommagés par l'explosion d'une poudrière, et replacés par Jacques, près de celui de son grand-père, dans le musée de Delft, après qu'il les eut également réparés. Jacques fut conseiller et maître de port de Delft, et y mourut le 12 juin 1661, ainsi que le prouve l'épitaphe citée par Houbracken, et qui était gravée sur le tombeau que la veuve de Jacques lui fit élever Pierre par Rijks, maître sculpteur. Nous regrettons que cette épitaphe touchante soit trop longue pour être rapportée ici.

J. K. Descamps, Houbracken, etc., Peintres hollandais. Documents inédits.

* DELIBERATORE (Nicolo), peintre de l'école romaine, né à Foligno, vivait dans la seconde moitié du quinzième siècle. En compagnie de Pietro Mazzaforte, il peignit en 1461, pour l'église Saint-François de Cagli, un beau tableau qui leur fut payé la somme, alors considérable, de cent quinze ducats d'or. Un autre tableau, sur lequel on lit le nom de Nicolo, et que la ressemblance du style fait attribuer à Deliberatore, se trouve dans l'église de San-Venanzio à Camerino; il représente sur fond d'or trois petits sujets évangéliques, et Jésus-Christ sur la croix, entouré de plusieurs saints. L'inscription est ainsi conçue Opus Nicolai Fulignati; MCCCCLXXX. E. B-N. Colucci, Antichità Picene. Lanzi, Storia pittorica. Ticozzi, Dizionario.

DELICADO (Antoine), littérateur portugais, natif d'Alvito, vivait vers le milieu du dixseptième siècle. On a de lui: Adagios portugueses reducidos a lugares communs; Lisbonne, 1651, in-4°, et 1785, in-8°.

Barbosa Machado, Bibl. Lusit.

Summario da Bibl.

Lusit., I. * DELICADO (François), littérateur espagnol, vivait dans la première moitié du seizième siècle. On a de lui: Los tres libros del cavallero Primaleon y polendos su Hermano,

consacre à toute la famille. Au temps de Descamps, on conservait encore dans les Butes de Delft les restes d'un tableau où Jacques Willems avait réuni les Portraits d'une compagnie d'arquebusiers. Ce tableau, endommagé par l'explosion d'une poudrière, le 12 octobre 1654, fut réparé par le petit-fils de l'auteur. JacquesWillems destina de bonne heure aux arts ses trois fils, Corneille, Roch et Guillaume. Lebrun, formant un seul nom des deux premiers, fait Jacques-Willems père de Corneille et Roch, Corneille l'aîné, après avoir reçu de son père les premiers éléments de la peinture, acheva l'étude de son art sous la direction de Corneille Cornelius, de Harlem, devint, au dire de Houbracken, un bon peintre dans le genre tranquille. Le second, Roch, fut un habile portraitiste. Guillaume, le troisième, se livra à la gravure en taille-douce, et y acquit une habileté qui fait rechercher encore, dit Descamps, ses planches par les amateurs. Il épousa la fille de Michel Mierevelt, bon peintre de portraits, dont il grava, les principales productions. C'est de ce marlage que naquit, en 1619, ce Jacques Willemszoon.

hijos del emperador Palmerin de Oliva, traduzidos da griego en romance castellano; Venise, 1534.

Gordon de Percel, Bibl. des Romans.

DELICHÈRES (Jean-Paul), archéologue français, né en 1752, à Aubenas (Ardèche), mort dans la même ville, le 1er décembre 1820. Jurisconsulte et littérateur distingué, il fut successivement maire de sa ville natale, procureursyndic de son district, administrateur de son département, député au Conseil des Cinq Cents et président du tribunal de Privas. Les antiquités, surtout celles de son pays, furent l'objet particulier de ses études. On a de lui les dissertations suivantes : Notice historique du département de l'Ardèche; Dissertation sur le monument de Mithras qui existe à Bourg-SaintAndéol; · Dissertation sur l'Hercule gaulois, dans laquelle on indique au bourg de Désagnes le premier monument qui lui fut élevé par les Romains. Il laissa en manuscrit quelques ouvrages sur la philologie comparée et sur les idiomes de la France méridionale. Revue encyclopédique, t. XXV, p. 287.

* DELICADO OU DELGADO ( François), prêtre et médecin espagnol du seizième siècle. Il a laissé un'opuscule intitulé: El Modo di adoperare el legno de India occidentale, salutifero remedio a ogni piaga e mal incurabile, et si guarisce el mal françoso (La manière de se servir du bois de l'Inde occidentale, remède salutaire pour toutes les plaies et maux incurables, et l'on guérit le mal français); Venise, 1529, in-4°, trèsM. G.

rare.

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* DELGADO (....), communément appelé Pepe Hillo, fameux tauréador espagnol, né vers 1770. Il fut tué dans un de ces terribles combats auxquels il aimait à se livrer. On a de lui: Tauromaquia, o arte de toreor a caballo y a pie; Madrid, 1804, in-8°, avec 30 planches coloriées. M. G.

Brunet, Manuel du Libraire. DELILE-RAFFENAU. Voy. RAFFENAU-DELILE. DELILLE (L'abbé Jacques), poëte français, né à Aigues-Perse, en Auvergne (1), le 22 juin 1738, mort à Paris, le 1er mai 1813. Enfant naturel, il n'eut pour tout bien qu'une pension viagère de cent écus, que lui donna son parrain. On le plaça au collége de Lisieux, et ses pro

(1) L'Auvergne est féconde en illustrations. Elle a va naître dans les temps anciens Vercingetorix, Sidonius Apollinaris, et plus tard Gerbert, Domat, l'héroïque chevalier d'Assas, Desaix, Marmontel, Marivaux et notre celèbre historien de Barante.

1

grès furent rapides. Très-jeune encore, il put concourir au professorat : il fut admis; mais aucune place n'étant vacante dans le collége, on l'envoya remplir Beauvais les humbles fonctions de maître élémentaire. Les souvenirs de Rollin et de Boileau, vivants encore dans ce collége, donnèrent une nouvelle émulation au jeune professeur. Son mérite le fit bientôt appeler à Amiens. C'est là qu'il composa son Discours sur l'Éducation, dans lequel se révèle la justesse de son esprit ingénieux et fin. Delille obtint la chaire de troisième au collège de la Marche à Paris. Jusque là il ne produisit que quelques pièces de vers, oubliées avec les circonstances qui les avaient inspirées. Ses facultés poétiques se développèrent rapidement: ses vers sur la machine de Marly décelaient son aptitude à la poésie descriptive; le style de cette pièce, élégamment didactique, promettait le talent qu'il porta si haut dans son impérissable reproduction des Georgiques, qui agrandit le domaine de notre poésie en l'enrichissant des tours flexibles et harmonieux de Virgile.

La noblesse sévère, un peu roide, de notre poésie s'y assouplit à tous les tons. Cette œuvre fut une véritable conquête pour notre langue, fille élégante de la langue romaine; Delille lui restitua les richesses méconnues dans l'héritage maternel. Le succès des Géorgiques fut immense; les circonstances le secondèrent : cette imitation d'un chef-d'œuvre de style parut à propos. Dans la dernière moitié du dix-huitième siècle, l'étude des principes politiques, les controverses, la polémique ardente des novateurs s'emparaient de tous les écrivains, et le public demandait moins aux jeunes poëtes de la perfection dans les formes que des attaques vives contre les abus. Enfin, cette croisade des esprits supérieurs occasionnait une espèce d'interrègne de ce bon goût qui avait illustré l'autre siècle. Le public lettré ne voyait dans le talent qu'un moyen, et non pas un but; de là l'indulgence pour les formes. Cependant on commençait à s'apercevoir que l'art sans la perfection n'est qu'un talent sans fruit. Depuis les derniers chefs-d'œuvre de Voltaire aucun poëte n'avait jeté un vif éclat ; comme un ornement passé de mode, la poésie était négligée. Pourtant le nombre des écrivains s'augmentait sans mesure : les sciences exactes, les connaissances philosophiques occupaient le monde intellectuel; mais aucun poëte ne retrouvait le langage du grand siècle. Au milieu de nombreux littérateurs il y avait disette de poésie. On aimait à dire alors que notre langue était pauvre et peu poétique, qu'elle ne pouvait se prêter au genre didactique. Qui de nous, s'écriait en pleine Académie un homme des plus illustres, oserait traduire les Géorgiques? Et voilà que le début de Delille donne un glorieux démenti à cette souveraine décision. La pureté du style, la grâce, l'harmonie, la variété flexible de la muse de Virgile, brillèrent dans cette œuvre inatten

due. L'attention publique, ramenée vers la poésie, se fixa avidement sur ce phénomène, d'autant plus remarquable qu'il éclata dans une atmosphère poétique depuis longtemps obscurcie. Les productions en vogue à cette époque étaient les poëmes de La Religion, de La Gráce, des Saisons, de La Peinture, de La Déclamation; Les poésies de Marmontel, de Thomas, de Lemière, de Guimond de La Touche, de Dorat et de quelques autres versificateurs, qui tous remplis de mérite n'étaient pas poëtes. Racine le fils avait en l'honneur du moins de prédire le succès de Delille. Le grand Frédéric, dont l'autorité littéraire était puissante, accorda à la version des Géorgiques un de ces mots qui prononcés par le génie sont des titres de gloire; il déclara cette traduction l'ouvrage le plus original du siècle. Frédéric n'exagérait pas; si l'originalité consiste d'abord dans l'invention, elle est aussi dans la forme, dans l'adresse avec laquelle on donne un relief houveau aux pensées, aux sentiments, aux traits du modèle; un traducteur de génie, identifié avec son guide, croit se reconnaître, se retrouver lui-même dans son devancier; ses richesses il se les approprie, ses dettes il les acquitte; il crée en imitant, et donne une vie nouvelle et complète à la production dont il s'empare; il étend ainsi le domaine de la poésie, il en enrichit le langage.

Voltaire, qui ne restait jamais indifférent à l'apparition d'un vrai talent, accueillit le nouveau poëte, et la voix imposante de celui qui tenait à bon droit le sceptre de la littérature pria l'Académie Française, à l'insu de Delille, de donner le premier fauteuil vacant à l'interprète de Virgile, qui fut en effet admis sans opposition. Louis XVI n'approuva point l'élection, en alléguant la jeunesse de Delille, qui n'avait que trentedeux ans. Ce prétexte cachait un motif qu'on n'osait avouer. Deux ans plus tard Delille fut réélu avec Suard, refusé comme lui; il succédait à La Condamine. L'existence aventureuse du savant voyageur fournit à la poétique imagination du récipiendaire un sujet dont il profita habilement: son discours de réception obtint un grand succès. Delille n'était alors que simple professeur de troisième. La Harpe acquit beaucoup d'honneur en faisant publiquement remarquer l'inconvenance du contraste de la haute élévation du poëte avec ses humbles fonctions, qui l'obligeaient à dicter des thèmes aux enfants. On l'appela au professorat du Collège de France. Il ouvrit avec éclat le cours de poésie latine, interrompu bientôt par la révolution, et qu'il reprit à son retour de l'exil.

Le talent rentre volontiers dans la route qui l'a conduit au succès. Delille continua le genre descriptif et didactique; il composa le poëme des Jardins, qui parut treize ans après le triomphe des Géorgiques. Dans ce long intervalle, le poëte avait entretenu sa réputation par des lectures de son œuvre, soit aux séances de l'Académie, soit dans le monde. A cette époque, la France jouis

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