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tige de royauté que les Romains conservèrent parmi eux.

Les Romains avoient cet avantage, qu'ils avoient pour législateur le plus sage prince dont l'histoire profane ait jamais parlé : ce grand homme ne chercha pendant tout son règne qu'à faire fleurir la justice et l'équité, et il ne fit pas moins sentir sa modération à ses voisins qu'à ses sujets. Il établit les fécialiens, qui étoient des prêtres sans le ministère desquels on ne pouvoit faire ni la paix ni la guerre. Nous avons encore des formulaires de serments faits par ces fécialiens, quand on concluoit la paix avec quelque peuple. Dans celle que Rome conclut avec Albe, un fécialien dit, dans Tite-Live : « Si le peuple romain est le premier à s'en départir, publico concilio dolove malo, qu'il prie Jupiter de le frapper comme il vafrapper le cochon qu'il tenoit dans sesmains »; et aussitôt il l'abattit d'un coup de caillou.

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Avant de commencer la guerre, on envoyoit un de ces fécialiens faire ses plaintes au peuple qui avoit porté quelque dommage à la république. Il lui donnoit un certain temps pour se consulter et pour chercher les moyens de rétablir la bonne intelligence. Mais si on négligeoit de faire l'accommodement, le fécialien s'en retournoit, et sortoit des terres de ce peuple injuste, après avoir invoqué contre lui les dieux célestes et ceux des enfers pour lors le sénat ordonnoit ce qu'il croyoit juste et pieux. Ainsi les guerres ne s'entreprenoient jamais à la hâte, et elles

ne pouvoient être qu'une suite d'une longue et mûre délibération.

La politique qui régnoit dans la religion des Romains se développa encore mieux dans leurs victoires. Si la superstition avoit été écoutée, on auroit porté chez les vaincus les dieux des vainqueurs; on auroit renversé leurs temples; et en établissant un nouveau culte, on leur auroit imposé une servitude plus rude que la première.

On fit mieux : Rome se soumit elle-même aux divinités étrangères; elle les reçut dans son sein; et par ce lien, le plus fort qui soit parmi les hommes, elle s'attacha des peuples qui la regardèrent plutôt comme le sanctuaire de la religion que comme la maîtresse du monde.

Mais pour ne point multiplier les êtres, les Romains, à l'exemple des Grecs, confondirent adroitement les divinités étrangères avec les leurs s'ils trouvoient dans leurs conquêtes un dieu qui eût du rapport à quelqu'un de ceux qu'on adoroit à Rome, ils l'adoptoient, pour ainsi dire, en lui donnant le nom de la divinité romaine, et lui accordoient, si j'ose me servir de cette expression, le droit de bourgeoisie dans leur ville ainsi, lorsqu'ils trouvoient quelque héros fameux qui eût purgé la terre de quelque monstre, ou soumis quelque peuple barbare, ils lui donnoient aussitôt le nom d'Hercule. « Nous » avons percé jusqu'à l'Océan, dit Tacite, et

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Ipsum quinetiam Oceanum illà tentavimus; et super

»> nous y avons trouvé les colonnes d'Hercule, » soit qu'Hercule y ait été, soit que nous ayons » attribué à ce héros tous les faits dignes de sa >> gloire ».

Varron a compté quarante-quatre de ces dompteurs de monstres; Cicéron' n'en a compté que six, vingt-deux Muses, cinq soleils, quatre Vulcains, cinq Mercures, quatre Apollons, trois Jupiters.

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Eusèbe va plus loin; il compte presque autant de Jupiters que de peuples.

Les Romains, qui n'avoient proprement d'autre divinité que le génie de la république, ne faisoient point d'attention au désordre et à la confusion qu'ils jetoient dans la mythologie; la crédulité des peuples, qui est toujours au-dessus du ridicule et de l'extravagant, réparoit tout.

esse adhuc Herculis cotumnas fama vulgavit, sive adiit Hercules, sive quidquid ubique magnificum est in claritatem ejus referre consensimus. (De Moribus Germanorum, Chap. XXXIV.)

1 De Natura Deorum, Lib. III.

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Contenues dans les CONSIDÉRATIONS SUR LES CAUSES DE LA
GRANDEUR DES ROMAINS ET DE LEUR DÉCADENCE, et dans la
DISSERTATION SUR LEUR POLITIQUE DANS LA RELIGION.

ACARNANIENS. Ravagés par la
Macédoine et l'Etolie, page 39.
Achaiens. Etat des affaires de ce
peuple, ibid.

ACINDYNE et BARLAAM. Leur
querelle contre les moines
grecs, 205 et suiv.
Actium (bataille d'). Gagnée
par Auguste sur Antoine, 109.
Adresse. Sa définition, 12.
ADRIEN (l'empereur ). Aban-
donne les conquêtes de Tra-
jan, 136. On en murmure,
ibid. Rétablit la discipline mi-
litaire, 146.
Affranchissement des esclaves,
Auguste y met des bornes, 115.
Affranchissements. Motifs qui
les avoient rendus fréquents,
ibid. et suiv.
Afrique (villes d'). Dépendantes
des Carthaginois : mal forti-
fiées, 28.
Agriculture (1') et la

guerre
étoient les deux seules profes-
sions des citoyens romains, 85.
AGRIPPA, général d'Octave.

Vient à bout de Sextus Pom-
pée, 108.

ALEXANDRE, successeur d'Hélio
gabale, est tué par les soldats
romains, 147.
ALEXIS COMNENE. Événements

A

arrivés sous son règne, 217 et
suiv.

ALEXIS et JEAN COMNENE. Re-

poussent les Turcs jusqu'à
l'Euphrate, 218.
Allemagne. Ses forêts élaguées,
ses marais desséchés, 200.
Allemands croisés. Payent cher
les fautes des croisés françois,
219.

Allie (le titre d') du peuple ro-
main, très-recherché, quoi-
qu'il emportât avec soi un vé-
ritable esclavage, 52.
AMALASONTE, reine des Goths.
Fournit des vivres à Bélisaire,
185.

Ambassadeurs romains. Par-
loient partout avec hauteur,

51.
Ambition. Mal très-commun
dans l'empire grec: pourquoi,
196.
Anarchie. Règne à Rome pen-
ANDRONIC PALÉOLOGUE. Aban-
dant les guerres civiles, 111.
donne la marine par quelle
raison, 207. Réponse insolente
d'un patriarche de Constanti-
nople au vieux Andronic, 209.
Passe sa vie à discuter les sub-
tilités théologiques, 210 et suiv.
ANDRONIC COMNÈNE. Le Néron
des Grecs, 215.

110.

ANTONINS (les deux). Empereurs

chéris et respectés, 137.

APPIEN. Historien des guerres de
Marius et de Sylla, 85.
APPIUS CLAUDIUS. Distribue le
menu peuple de Rome dans
les quatre tribus de la ville, 74.

Arabes. Leurs conquêtes rapides,

199 et suiv. Étoient les meil-

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