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7-3-30 Lux

Vignoud

5-7-80

INTRODUCTION.

En produisant la méthode positive nous n'avons pas eu la prétention de croire qu'elle serait immédiatement adoptéé et qu'elle présiderait à la réorganisation de la société. On ne passe pas si aisément de la propriété individuelle et de l'hérédité à l'ordre de la vocation et de la solidarité. Pour obtenir ce résultat, il faudra, non-seulement que les droits et les devoirs, les vertus, soient compris et estimés plus qu'ils ne le sont aujourd'hui, mais encore que l'impossibilité d'exister autrement fasse une obligation aux peuples les plus civilisés de transformer leurs institutions.

Toutefois les études suivant la méthode positive ne sont point sans avantage immédiat pour les esprits avancés. Rien ne peut mieux détruire les préoccupations qui les empêchent de saisir le vrai sens des ébranlements soulevés par le cours de la vie des peuples.

Bien des gens, du reste, voudraient prévenir les guerres

civiles et les révolutions violentes, les luttes sanglantes et les envahissements internationaux, par des réformes et des améliorations successives; pour ceux-là, la publication de notre livre n'a pas été trop précoce.

Peu d'hommes ont pu jusqu'ici se faire une idée de la science universelle, notamment de la science sociale, pas plus que de la législation et de la morale. Ce n'est pas qu'il n'existe des traités fort utiles sur plusieurs sciences, sur certaines législations, sur quelques morales, mais dans aucun ouvrage on n'a présenté sous un cadre restreint les diverses faces des connaissances humaines indépendamment de toute hypothèse.

Le moment semble pourtant être venu de constituer une sorte d'institut international en vue de consacrer la science universelle, particulièrement la science sociale, la législation et la morale, et de préparer l'organisation de l'avenir de l'humanité.

Pour cela nous devons cesser de croire qu'on puisse faire adopter la science d'un peuple, quelque éclairé qu'il soit, par tous les autres peuples. C'est là une pensée étroite de la même force que le rêve de la monarchie universelle par l'épée d'un souverain.

L'organisation humanitaire'ne peut s'effectuer que par le concours volontaire de toutes les nations.

Le premier soin de l'institut international devrait être d'effacer les différences profondes qui existent entre les institutions sociales.

Il importe de consacrer un modèle de société qui con

vienne à toutes les nations, une société qui repose sur des lois incontestables, en dehors de toute prévention nationale.

Or, on n'obtiendra ces avantages qu'en cherchant cette société, non plus dans l'imagination ou le raisonnement plus ou moins ingénieux des hommes, mais dans les voeux mêmes de celui qui a créé l'humanité.

On se tromperait cependant si l'on supposait que les peuples ont marché jusqu'à nos jours entièrement en dehors des lois que la Providence a imprimées dans la nature de l'homme. Sans doute ces lois ont été mal appliquées à cause de la faiblesse des uns et de l'ambition des autres, mais toutes les nations ont consacré d'une manière plus ou moins formelle l'existence des principales activités de l'homme et leur ont donné une espèce d'organisation. Il ne reste plus qu'à leur attribuer les conditions d'existence qui leur appartiennent dans la société de l'avenir.

Pour cet effet il faut comprimer les activités qui ont absorbé les droits et les intérêts qui leur étaient étrangers et relever celles qui dans leur humilité se sont laissées dépouiller.

Mais, d'un autre côté, conçoit-on que les nations soient bien assises tant que les communes offriront des inégalités comme celles qu'elles présentent chez tous les peuples ? Et le développement de la civilisation n'exige-t-il pas que tous les centres de population aient une importance équivalente, afin d'éviter l'exploitation des petites communes par les grandes ?

Enfin ne convient-il pas de faciliter l'alliance des petites

nationalités ou même leur association suivant les affinités de leur race ou de leurs intérêts pour mettre un terme à l'esprit envahissant des grandes nationalités?

Tel est le but que la science sociale devrait se proposer; c'est ainsi que les droits et les devoirs de tous pourraient être spécialisés, la véritable vertu consacrée et les vices flétris avec efficacité.

Quelle est maintenant la meilleure règle pour donner à tous les états civils, notamment à toutes les fonctions qui correspondent aux activités dont la Providence a doué l'homme et que les peuples ont plus ou moins cultivées, la place qui leur appartient dans la société, de constituer les cercles communaux et nationaux convenablement ? C'est évidemment d'en déterminer par l'observation la forme, l'action, les propriétés, et les rapports naturels, physiologiques et médicaux pour l'utilité de tous.

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C'est en suivant cette marche seulement qu'on parviendra à formuler une science sociale et universelle, une législation et une morale à l'abri de tout arbitraire, qui aura la puissance de relier tous les peuples. Car on ne peut plus se le dissimuler aujourd'hui, les catholiques ne convertiront pas plus les juifs, les mahométans les sectateurs des Brahmanes, les buddhistes les partisans de Confucius qui forment les cinq sixièmes de la population du globe, que ces derniers ne convertiront les catholiques et les autres chrétiens. La science seule, indépendante de tout nom, peut opérer ce prodige.

Cessons de croire que l'humanité doit jusqu'à sa dernière

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