Page images
PDF
EPUB

quer les travaux de construction, c'est-à-dire à effectuer d'une manière régulière les ouvrages d'utilité générale et particulière, à pratiquer les beaux-arts ou à présenter de mieux en mieux les diverses formes du beau naturel et idéal, à pratiquer l'industrie ou à exploiter les minéraux, les végétaux, à élever les animaux, à transformer les divers produits suivant les usages de la vie, à pratiquer le commerce ou à recueillir les produits qui surabondent dans les localités, pour les distribuer dans les endroits qui en ont besoin, à pratiquer le service ou à donner les soins domestiques et fonctionnels, les soins de transport, les soins sanitaires et de défense judiciaire que la société réclame, à pratiquer la souveraineté ou à déléguer la direction des affaires aux plus capables, à pratiquer le gouvernement ou à diriger les travaux généraux et particuliers et concilier les intérêts qui s'y rattachent, à pratiquer la surveillance ou bien à contrôler les actes des directeurs, et à prévenir les infractions légales, relatives aux personnes et aux biens, à pratiquer la force armée, ou à maintenir l'ordre communal, national et international..

Ces vocations ne sont pas les seules que présente la nature humaine; l'homme est encore porté à pratiquer d'une manière de plus en plus convenable, les états d'époux, de père et de mère, de fils et de fille, de frère et de sœur, d'enfant, de collégien, d'apprenti, de compagnon, de gradué, de décoré, de retraité, d'hospitalité, de voyageur, de locataire, de commensal, d'homme du monde, de prévenu, de condamné, de réhabilité. Ces états sont trop connus pour que nous croyions nécessaire de les caractériser et de reproduire les définitions que nous avons données ailleurs sur chacun d'eux.

On peut juger de la supériorité de la vie de l'homme par la multiplicité de ses vocations. La plus haute expression de

la nature de notre globe, c'est la vie de l'homme; et toutefois, en faisant l'analyse des parties constitutives des corps organisés, on retrouve chez tous les mêmes substances inorganiques au milieu desquelles ils vivent, c'est l'hydrogène, l'oxygène, le carbone et l'azote, qui composent les organes des végétaux, des animaux et des hommes. Ce qui prouve que c'est la perfection des organes et la puissance plus ou moins grande du principe vital qui donne la suprématie à l'homme.

Si les minéraux, l'eau, l'air, le calorique et les corps organisés composent la nature de notre globe, il n'y a que les facultés et les besoins des corps organisés qui forment le monde physiologique.

Il faut distinguer une physiologie générale ou commune à tous les corps organisés et une physiologie particulière aux végétaux, aux animaux et aux hommes.

Peut-on dire que les facultés et les besoins de naissance, de croissance et de mort des corps organisés soient la base de la philosophie générale? Cela ne nous paraît pas douteux, car avant tout il s'agit de comprendre, autant que cela se peut, ces trois grands faits de la vie, communs à tous les corps organisés. On sera peut-être surpris de voir considérer la mort comme un besoin des corps organisés, alors que l'homme notamment, malgré la vieillesse de ses organes, la repousse avec effroi; mais la Providence plus sage ne tient point compte de ses appréhensions et le délivre d'une existence de plus en plus pénible, pour le rendre à un état sans doute plus favorable.

L'étude spéciale des facultés et des besoins des végétaux et des animaux, qu'elle soit relative aux appareils organiques et aux dispositions procréatrices des premiers, ou aux appareils organiques et aux instincts des derniers, est très-favo

rable à l'homme, qui, tout en lui apprenant comment il faut développer et régler leur puissance, lui enseigne aussi comment il peut augmenter légitimement sa fortune.

Il n'est pas moins avantageux à l'homme d'étudier ses propres facultés et ses besoins; c'est par là qu'il se rend compte de la puissance et de la faiblesse de ses aptitudes, et peut placer chacun dans les conditions les plus avantageuses pour la société.

L'étude des facultés et des besoins des hommes doit se rapporter à toutes ses vocations, car on peut trouver plusieurs personnes d'une vocation fonctionnelle semblable, mais différant beaucoup relativement à leur capacité; d'un autre côté, tous les hommes, à peu près, sont aptes à pratiquer les autres états civils de la société, le mariage, la paternité, et cependant chacun apporte dans ces diverses situations de la vie des dispositions bien différentes. C'est là ce que les physiologistes ont pour but de méditer, afin d'éviter toute oppression.

Le monde médical n'est encore relatif qu'aux corps organisés; l'étude des corps organisés ayant fait connaître leurs appareils généraux et particuliers, leurs dispositions procréatrices, leurs instincts, leurs vocations, leurs facultés et leurs besoins.

La médecine se propose, d'une part, de conserver l'état normal des appareils généraux et particuliers des corps organisés, de leurs dispositions procréatrices, de leurs instincts et de leurs vocations, comme aussi de leurs facultés et de leurs besoins. C'est là ce qu'on appelle l'hygiène.

Elle apprend à reconnaître les atteintes apportées aux appareils des corps organisés, à leurs dispositions procréatrices, à leurs instincts, à leurs vocations, à leurs facultés et à leurs besoins. C'est ce qu'on appelle la pathologie.

Enfin elle porte remède aux altérations faites à l'état normal des appareils des corps organisés, à leurs dispositions procréatrices, à leurs instincts, à leurs facultés et à leurs besoins. C'est là ce qu'on appelle la thérapeutique.

Il est inutile d'ajouter qu'il y a une médecine générale pour les corps organisés, et une médecine particulière pour les végétaux, les animaux et les hommes;

Que la médecine des hommes a naturellement plus occupé les savants que la médecine des autres êtres vivants; que cependant, vu l'intimité des rapports qui existent entre les hommes, les végétaux et les animaux, la santé des hommes paraissant dépendre de la santé ou état normal des végétaux et des animaux, l'étude médicale de l'homme ne devrait guère être séparée de l'étude médicale des végétaux et des animaux.

Le dernier système ou monde qu'offre l'univers et qui en est comme le résumé, c'est le monde humain ou la société.

Nous avons vu que la nature de l'homme présentait, en outre de ses appareils organiques, certaines vocations; sa physiologie des facultés et des besoins, sa médecine des moyens pour conserver l'état normal de ses appareils organiques, de ses vocations, deses facultés et de ses besoins, des moyens pour constater les atteintes portées à leur état normal, des moyens pour remédier à ces atteintes.

La société n'a pas d'autre but que de placer la constitution organique et les vocations de tous les hommes dans les meilleures conditions pour leur développement normal, de faciliter l'exercice de toutes leurs facultés et la satisfaction de leurs besoins légitimes en les protégeant par la meilleure hygiène, la meilleure pathologie et la meilleure thérapeutique possible. C'est ce qui a donné lieu à l'organisation

des divers états civils qui composent la société et qui répondent aux activités essentielles de l'homme.

L'observation ayant démontré et l'usage consacré, que la vie de l'homme avait besoin de pratiquer ses activités dans le cercle communal, national et international, pour la plus grande élévation de sa nature, le développement de ses facultés, la satisfaction de ses besoins et sa sécurité, la science sociale a dû dès lors consacrer ces trois cercles.

Mais, d'un autre côté, la science de l'homme serait stérile si l'on ne produisait pas d'une manière spéciale les droits et les devoirs généraux et particuliers qui en dérivent, sans lesquels il n'y aurait point de société possible. Tel est le but de la législation.

Enfin, la législation n'aurait qu'une valeur éphémère si les vertus et les vices qui se rapportent à l'exercice des droits et des devoirs sociaux n'étaient point précisés, en vue d'honorer les premiers et de flétrir les derniers. C'est là l'objet de la morale.

L'étude donc de la législation et de la morale complète l'ensemble des travaux relatifs aux savants (1).

CHAPITRE IV.

BUT DES FONCTIONS DES SAVANTS LÉGISLATEURS OU LÉGISLATION.

Nous le répétons, la science de la société communale, nationale et internationale, la science universelle elle-même, resteraient stériles, ne pourraient point avoir une réalisation si elles ne s'appuyaient sur la législation.

La législation n'est autre chose que la réglementation des droits et des devoirs.

(1) Nous caractérisons plus loin d'une manière spéciale la législation et la morale.

« PreviousContinue »