de toutes les garanties voulues, de manière que nulle confusion ne puisse se manifester dans les élections, que la plus grande liberté et sincérité y président.

Les femmes feront leurs élections, de leur côté, avec la même indépendance et suivant la même loi.

Quant à la durée du mandat délégué, c'est là une question de confiance qui variera suivant les temps. On dirait que la majorité ayant le droit de nomination aux emplois, doit aussi avoir le droit de destitution; toutefois, cela n'empêchera pas le directeur et sous-directeur de répondre de leurs faits devant la justice.

L'association des gouvernants ou directeurs sera à la fois une émanation de la vocation et de la souveraineté, puisqu'on ne pourra entrer dans les fonctions gouvernementales que par droit de vocation, et que c'est parmi ces fonctionnaires que la souveraineté devrait faire ses choix en général, mais elle sera libre dans l'attribution des directions.

La direction, du reste, offrira bien moins de difficultés dans une société où toutes les fonctions et les autres états civils seront nettement spécialisés, de même que leurs droits, leurs devoirs et leur moralité. Chaque directeur résoudra provisoirement les difficultés administratives relatives à son atelier, à sa section, division ou association; les recours administratifs seront portés, ceux qui concerneront un atelier, devant la direction de la section dont il dépend; ceux qui concerneront une section ou division, devant le directeur général de l'association; enfin, ceux relatifs au directeur général, devant le conseil de la commune, sauf appel devant le tribunal. Ainsi toutes les garanties seront données à l'ordre et aux réclamations individuelles.

Ajoutons que dans une société basée sur les principes les plus sincères de la fraternité, les contestations auront un

caractère bien moins âpre que chez les peuples généralement arbitraires du passé.

L'association de la surveillance présentera deux divisions, dont l'une en vue de l'inspection et l'autre relative à la police des villes et des campagnes.

Les inspecteurs auront sous leur contrôle tous les direcieurs et sous-directeurs. Ils seront tenus de visiter périodiquement les associations diverses pour constater l'observation des lois.

Les agents de la police veilleront au respect des personnes et des propriétés.

Les premiers comme les derniers déposeront leurs procès-verbaux entre les mains des magistrats de l'instruction judiciaire.

L'association de la force armée sera composée des hommes de la commune, doués d'une capacité spéciale pour le maintien de l'ordre communal; elle formera une milice ou garde divisée en troupes de terre et de mer, suivant les circonstances et les besoins de la commune. La force armée n'interviendra dans les différends qui pourront s'élever dans la commune que sur la réquisition des parties intéressées ou des organes de la police et suivant le vœu de la loi. La force armée sera responsable de ses actes devant le tribunal.

Les élections de la force armée communale se feront par compagnies, lorsqu'il s'agira de la nomination des officiers et sous-officiers; par bataillon, pour celle des commandants; par régiment, en cas de nomination d'un colonel ou lieutenant-colonel; par brigade, s'il s'agit d'un maréchal de camp; par division, si on doit nommer un lieutenant général. On suivra un ordre analogue relativement à la nomination des officiers et sous-officiers, commandants,

contre-amiraux, vice-amiraux de la marine, s'il y a lieu. Il existera des conditions de capacité pour pouvoir passer

d'un grade à un autre grade.

Telles sont les diverses associations de travailleurs que comprendra la commune. On peut remarquer que les associations fonctionnelles de la méthode, de l'instruction, de la justice, de la religion et de la philosophie, représentent principalement la moralité, tandis que celles de la patriarchie, de l'économie, des travaux de construction, des beauxarts, de l'industrie, du commerce et du service, constituent ce qu'on appelle la société, et que, enfin, celles de la souveraineté, du gouvernement, de la surveillance et de la force armée, se rapportent plus particulièrement à la politique; toutefois, c'est par le concours des unes et des autres que la société fonctionnelle est complète.

On fera aussi des autres états civils autant de sortes d'associations, qui auront des réunions périodiques en vue de faciliter la réalisation de leur but et de protéger leurs intérêts.

Ainsi, quelle que soit l'espèce de mystère qui doit environner l'intimité de l'homme et de la femme, qui ne voit combien les assemblées habituelles des époux dans des vues d'harmonie commune peuvent prévenir de mauvais ménages. La puissance paternelle et maternelle gagnera aussi dans une action collective pour l'éducation de la jeune société. Il ne pourra être que très-avantageux de rapprocher fréquemment les fils et les filles, afin de connaître leurs vœux et de leur rappeler ce qu'ils ont à faire pour se montrer dignes de leurs parents et du monde. Il en sera de même relativement aux frères et aux sœurs, car ils ont aussi des intérêts, des droits et des devoirs communs. Les réunions périodiques des enfants et des personnes qui ont

autorité sur eux, tels que pères, mères, tuteurs, auront encore l'avantage incontestable de faciliter des éclaircissements sur les besoins qui les concernent, et de préciser les défauts de leur organisation.

Les convocations à jour fixe des collégiens, des apprentis et des compagnons seront aussi très-utiles; sans doute, il convient de soumettre les jeunes gens à l'autorité de leurs supérieurs, mais il faut laisser aussi à leurs jeunes cœurs la possibilité d'exprimer comment ils apprécient leurs intérêts.

Les gradués et les décorés profiteront encore de se voir en commun; comme ce sera en général le dévouement qui procurera à la capacité les grades et les distinctions, il importe d'entretenir ce feu sacré parmi eux.

Par le rapprochement habituel des personnes en état de retraite et d'hospitalité ou de leurs représentants légitimes, il sera facile de comprendre de quelle manière on pourra améliorer leur situation et dissiper quelquefois des prétentions exagérées.

Pourquoi ne donnerait-on pas aux voyageurs l'occasion de manifester les mécomptes dont ils ont été victimes et d'exprimer leurs vœux pour la meilleure réalisation possible des missions et explorations déterminées par la société ou par la spontanéité personnelle ?

Les états de locataire n'ont pas moins besoin que les autres états civils d'une communauté de vues et d'intérêts; il ne faut pas en douter, les relations de bon voisinagey gagneront beaucoup.

En réunissant régulièrement les commensaux, il serait possible de rappeler comment la gaieté qui préside aux plaisirs de la table ne doit point dégénérer en excès qui ne peuvent que porter atteinte à la dignité de l'homme et à sa

Pourquoi les hommes du monde ne consacreraient-ils pas de temps en temps quelques heures pour concilier toutes les petites difficultés que les relations sociales font naître parmi eux; il appartiendrait à chacun de démontrer combien il faut faire preuve de présence d'esprit, de politesse, de bienveillance pour ne choquer personne dans le monde, combien celui qui y obtient une distinction honorable est digne d'estime.

Quoique les états de prévenus et de condamnés n'offrent pas le même caractère que ceux dont nous venons de parler et que la liberté ait moins d'action à leur égard, cependant, en rapprochant régulièrement les personnes comprises dans ces deux ordres d'états, les patriarches pourraient s'assurer de la situation de leur cœur, tenir compte de leurs observations, et, sans porter obstacle au cours de la justice, en adoucir les rigueurs nécessaires. Enfin, nous trouvons que la réunion des réhabilités, à certaines époques de l'année, sera propre à faire connaître comment chacun aura profité de la liberté, et si le moment est venu de livrer définitivement les uns et les autres à leur propre spontanéité.

Telles sont les associations que comprendra le cercle communal et le but qu'elles se proposent. La méthode positive nous apprendra encore quelles sont les personnes qui représentent chaque fonction ou chaque autre état civil, les ateliers de toutes les fonctions et les édifices qui leur sont nécessaires pour leur administration et leurs réunions, les édifices indispensables aux autres états civils, notamment les demeures des familles, appropriées autant que possible aux besoins de tous. Elle fera connaître les instruments de travail concernant chaque atelier, suivant les dernières prescriptions de la science, les objets d'utilité personnelle relatifs aux autres états civils, tout ce qui sera convenable