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DE MONSIEUR

DE FONTENELLE,

Des Académies, Françoise, des Sciences,
des Belles - Lettres, de Londres, de
Nancy, de Berlin & de Rome.

NOUVELLE ÉDITION.
TOME SECOND.

A PARIS, AU PALAIS,
Chez B: BRUNET, Imprimeur - Libraire
de l'Académie Françoise.

M. DCC. LVIIL

***

PRÉFACE.

E fuis à peu près dans le même cas où se trouva Ciceron, lorfqu'il entreprit de mettre en fa Langue des matieres de Philofophie, qui jufque-là n'avoient été traitées qu'en Grec. Il nous apprend qu'on difoit que Jes Ouvrages feroient fort inutiles, parce que ceux qui aiment la Philofophie s'étant bien donné la peine de la chercher dans les Livres Grecs, négligeroient après cela de la voir dans des Livres Latins qui ne feroient pas Originaux; & que ceux qui n'avoient pas de goût pour la Philofophie, ne fe foucioient de la voir ni en Latin, ni en Grec,

A cela il répond qu'il arriveroit tout le contraire; que ceux qui n'étoient pas Philofophes feroient tentés de le devenir par la facilité de lire les Livres Latins ; & que ceux qui l'étoient déja par la lecture des Livres Grecs, feroient bien aifes de voir comTome II.

A

ment ces chofes-là avoient été maniées en Latin.

Ciceron avoit raifon de parler ainfi. L'excellence de fon génie, & la grande réputation qu'il avoit déja acquife, lui garantifoient le fuccès de cette nouvelle forte d'Ouvrages qu'il donnoit au Public; mais moi je fuis bien éloigné d'avoir les mêmes fujets de confiance dans une entreprise prefque pareille à la fienne. J'ai voulu traiter la Philofophie d'une maniere qui ne fat point Philofophique ; j'ai tâché de l'amener à un point où elle ne fût ni trop feche pour les Gens du monde, ni trop badine pour les Savans. Mais fi on me dit à peu près comme à Ciceron, qu'un pareil Ouvrage n'et propre ni aux Savans qui n'y peuvent rien apprendre, ni aux Gens du monde qui n'auront point d'envie d'y rien apprendre, je n'ai garde derépondre ce qu'il répondit. Il se peut bien faire qu'en cherchant un milieu où la Philofophie convint à tout le monde, j'en aye trouvé un où elle ne convienne à personne : les milieux font trop difficiles à tenir, & je ne crois pas qu'il me prenne envie de me mettre une feconde fois dans la même peine.

Je dois avertir ceux qui liront ce Livre, & qui ont quelque connoiffance de la Phyfique, que je n'ai point du tout prétendu les inftruire, mais feulement les divertir en leur

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