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XXV. De la Relation.

225

249

XXIV. Des Idées Collectives de Subftances. 244 245 XXVI. De la Cause & de l'Effet; & de quelques autres Relations. XXVII. Ce que c'est qu'Identité, & Diver253 XXVIII. De quelques autres Relations, & fur tout, des Relations Morales. XXIX. Des Idées claires & obfcures, diftinctes & confuses. 283 XXX. Des Idées réelles & chimeriques. 291 XXXI. Des Idées completes & incompletes. XXXII. Des vrayes & des fauffes Idées. 301 XXXIII. De l'Affociation des Idées. 310

272

293

LIVRE TROISIE ME.

Des Mots.

CH. I. Des Mots ou du Langage en general.

LIVRE QUATRIEM E.

De la Connoiffance.

408

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317

XIV. Du Jugement.

535

II. De la fignification des Mots.

319

XV. De la Probabilité.

537

III. Des Termes géneraux.

323

XVI. Des Degrez d'Affentiment.

IV. Des Noms des Idées fimples.

540

332

XVII. De la Raifon.

V. Des Noms des Modes Mixtes & des Rela

549

XVIII. De la Foi & de la Raifon; & de leurs

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bornes diftinctes.

567

VI. Des Noms des Subftances.

348

XIX. De l'Enthoufiafme.

574

VII. Des Particules.

376

XX. De l'Erreur.

583

VIII. Des Termes abftraits & concrets.

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594

IX. De l'Imperfe&ion des Mots.

380

ESSAI PHILOSOPHIQUE

CONCERNANT

L'ENTENDEMENT HUMAIN.

§. I.

AVANT-PROPOS.

Dessein de l'Auteur dans cet Ouvrage.

P

l'Entendement Humain.

MUISQUE l'Entendement éleve l'Homme au deffus Combien il eft de tous les Etres fenfibles, & lui donne cette fu- agréable & utile périorité & cette efpéce d'empire qu'il a fur eux, de connoître c'eft fans doute un fujet qui par fon excellence merite bien que nous nous appliquions à le connoître autant que nous en fommes capables. L'Entendement femblable à l'Oeuil, nous fait voir & comprendre toutes les autres choses, mais il ne S'apperçoit pas lui-même. C'est pourquoi il faut de l'art & des foins pour le placer à une certaine distance, & faire en forte qu'il devienne l'Objet de fes propres contemplations. Mais quelque difficulté qu'il y aît à trouver le moyen d'entrer dans cette recherche, & quelle que foit la chofe qui nous cache fi fort à nous-mêmes; je fuis affuré néanmoins, que la lumiere que cet examen peut répandre dans notre Efprit, que la connoiffance que nous pourrons acquerir par là de notre Entendement, nous donnera non feulement beaucoup de plaifir, mais nous fera d'une grande utilité pour nous conduire dans la recherche de plufieurs autres choses.

§. 2. Dans le deffein que j'ai formé d'examiner la certitude & l'étendue Deffein de des Connoiffances humaines, auffi bien que les fondemens & les dégrez de cet Ouvrage. Foi, d'Opinion, & d'Affentiment qu'on peut avoir par rapport aux diffe

A

rens

Méthode qu'on y obferve.

Combien il eft

rens fujets qui fe préfentent à notre Efprit, je ne m'engagerai point à confiderer en Phyficien, la nature de l'Ame; à voir ce qui en conftitue l'effence, quels mouvemens doivent s'exciter dans nos Efprits animaux, ou quels changemens doivent arriver dans notre Corps, pour produire, à la faveur de nos Organes, certaines fenfations ou certaines idées dans notre Entendement; & fi quelques-unes de ces idées, ou toutes ensemble dépendent, dans leur principe, de la Matiére, ou non. Quelque curieufes & inftructives que foient ces fpéculations, je les éviterai, comme n'ayant aucun rapport au but que je me propofe dans cet Ouvrage. Il fuffira pour le deffein que j'ai préfentement en vûë, d'examiner les différentes Facultez de connoître, qui fe rencontrent dans l'Homme, entant qu'elles s'exercent fur les divers Objets qui fe préfentent à fon Efprit : & je croi que je n'aurai pas tout-à-fait perdu mon temps à mediter fur cette matiére, fi en examinant pié-à-pié, d'une maniére claire, & hiftorique, toutes ces Facultez de notre Efprit, je puis faire voir en quelque forte, par quels moyens notre Entendement vient à fe former les idées qu'il a des chofes, & que je puiffe marquer les bornes de la certitude de nos Connoiflances, & les fondemens des Opinions qu'on voit regner parmi les Hommes: Opinions fi différentes, fi oppofées, fi directement contradictoires, & qu'on foûtient pourtant dans tel ou tel endroit du Monde avec tant de confiance, que qui prendra la peine de confiderer les divers fentimens du Genre Humain, d'examiner l'oppofition qu'il y a entre tous ces fentimens, & d'obferver en même temps, avec combien peu de fondement on les embraffe, avec quel zéle & avec quelle chaleur on les défend, aura peut-être fujet de foupçonner l'une de ces deux choses, où qu'il n'y a rien d'absolument vrai, ou que les Hommes n'ont aucun moyen fûr pour arriver à la connoiffance certaine de la Verité,

S. 3. C'est donc une chose bien digne de nos foins, de chercher les bornes qui féparent l'Opinion d'avec la Connoiffance, & d'examiner quelles régles il faut obferver pour déterminer exactement les dégrez de notre perfuafion à l'égard des chofes dont nous n'avons pas une connoiffance certaine. Pour cet effet, voici la Méthode que j'ai réfolu de fuivre dans cet Ouvrage.

I. J'examinerai prémiérement, quelle eft l'origine des Idées, Notions, ou comme il vous plairra de les appeller, que l'Homme apperçoit dans fon Ame, & que fon propre fentiment l'y fait découvrir; & par quels moyens

l'Entendement vient à recevoir toutes ces idées.

II. En fecond lieu, je tâcherai de montrer quelle eft la connoiffance que l'Entendement acquiert par le moyen de ces Idées; & quelle eft la Certitude, l'Evidence, & l'Etendue de cette connoiffance.

III. Je rechercherai en troifiéme lieu, la nature & les fondemens de ce qu'on nomme Foi, ou Opinion; par où j'entens Cet Affentiment que nous donnons à une Propofition entant que véritable, mais de la verité de laquelle nous n'avons pas une connoiffance certaine. Et de là je prendrai occafion d'examiner les raisons & les dégrez de l'affentiment qu'on donne à différentes Propofitions.

§. 4. Si en examinant la nature de l'Entendement felon cette Méthode, je

je puis découvrir, quelles font fes principales Propriétez ; quelle est l'étendue utile de conde ces Proprietez; ce qui eft de leur competence; jufques à quel dégré elles noître l'étendue peuvent nous aider à trouver la verité ; & où c'eft que leur fecours vient à nous de notre Commanquer, je m'imagine que, quoi que notre Efprit foit naturellement actif & prehenfion, plein de feu, cet examen pourra fervir à régler cette activité immoderée, en nous obligeant à prendre garde avec plus de circonfpection que nous n'avons accoûtumé de faire, à ne pas nous occuper à des chofes qui paffent notre comprehenfion; à nous arrêter, lors que nous avons porté nos recherches jufqu'au plus haut point où nous foyons capables de les porter; & à vouloir bien ignorer ce que nous voyons être au deffus de notre conception, apres l'avoir bien examiné. Si nous en ufions de la forte, nous ne ferions peut-être pas fi empreffez, par un vain defir de connoître toutes chofes, à exciter inceffamment de nouvelles Queftions, & à nous embarrasser nous-mêmes, & à engager les autres dans des Difputes fur des fujets qui font tout-à-fait difproportionnez à notre Entendement, & dont nous ne faurions nous former des idées claires & diftinctes, ou même (ce qui n'eft peut-être arrivé que trop fouvent) dont nous n'avons abfolument aucune idée. Si donc nous pouvons découvrir jufqu'où notre Entendement peut porter fa vûë; jufqu'où peut fe fervir de fes Facultez, pour connoître les chofes avec certitude; & en quels cas il ne peut juger que par de fimples conjectures, nous apprendrons à nous contenter des connoiffances, où notre Efprit eft capable de parvenir, dans l'état où nous nous trouvons dans ce

il

Monde.

tionnée à no

S. 5. Quoi qu'il y aît une infinité de chofes que notre Efprit ne fauroit L'étenduë de comprendre; la portion & les dégrez de connoiffance que Dieu nous a ac- nos connoiffancordez avec beaucoup plus de profufion qu'aux autres Habitans de ce bas ces eft proporMonde, cette portion de connoiffance qu'il nous a départie fi liberalement, tre état dans ce nous fournit pourtant un affez ample fujet d'exalter la Bonté de cet Etre Monde, & à fuprême, de qui nous tenons notre propre existence. Quelque bornées que nos besoins. foient les connoiffances des Hommes, ils ont raifon d'être entierement fatisfaits des graces que Dieu a jugé à propos de leur faire, puis qu'il leur a donné, comme dit St. Pierre (1), toutes les chofes qui regardent la vie & la piété; les ayant mis en état de découvrir par eux-mêmes ce qui leur eft néceffaire pour les befoins de cette vie,& leur ayant montré le chemin qui peut les conduire à une autre vie beaucoup plus heureufe que celle où ils fe trouvent dans ce Monde. Tout éloignez qu'ils font d'avoir une connoiffance universelle & parfaite de tout ce qui exifte; la lumiére qu'ils ont, leur fuffit pour démêler ce qu'il leur importe abfolument de favoir, puifqu'à la faveur de cette Lumiére ils peuvent parvenir à la connoiffance de Celui qui les a faits, & des Devoirs fur lefquels ils font obligez de régler leur vie. Les Hommes trouveront toûjours le moyen d'exercer leur Efprit, & d'occuper leurs Mains à des chofes également agréables par leur diverfité, & par le plaifir qui les accompagne, pourvû qu'ils ne s'amufent point à former des plaintes contre leur propre nature, & à rejetter les thréfors dont leurs mains font pleines, fous prétexte qu'il y a des chofes qu'elles ne fauroient emA 2

(1) Πάντα πεις ζωὴν καὶ εὐσέβειαν. II. Ep. ch. I. 3.

bras

• Prov. XX. 27.

La connoiffan

braffer. Jamais, dis-je, nous n'aurons fujet de nous plaindre du peu d'éten duë de nos connoiffances, fi nous appliquons uniquement notre Efprit à ce qui peut nous être utile, car en ce cas-là il peut nous rendre de grands fervices. Mais fi, loin d'en ufer de la forte, nous venons à ravaler l'excellence de cette Faculté que nous avons d'acquerir certaines connoiffances, & à negliger de la perfectionner par rapport au but pour lequel elle nous a été donnée, fous prétexte qu'il y a des chofes qui font au delà de fa sphere, c'est un chagrin pueril, & tout-à-fait inexcufable. Car, je vous prie, un Valet pareffeux & revêche qui pouvant travailler de nuit à la chandelle, n'auroit pas voulu le faire, auroit-il bonne grace de dire pour excufe que le Soleil n'étant pas levé, il n'avoit pas pû jouir de l'éclatante lumiére de cet Aftre? Il en eft de même à notre égard, fi nous negligeons de nous fervir des lumiéres que Dieu nous a données. Notre Elprit eft comme une Chandelle que nous avons devant les yeux, & qui répand affez de lumiére pour nous éclairer dans toutes nos affaires. Nous devons être fatisfaits des découvertes que nous pouvons faire à la faveur de cette lumiere. Nous ferons toûjours un bon ufage de notre Entendement, fi nous confiderons tous les Objets, par rapport à la proportion qu'ils ont avec nos Facultez, pleinement convaincus que ce n'eft que fur ce pié-là que la connoiffance peut nous en être propofée; & fi, au lieu de demander abfolument, & par un excès de delicateffe, une Démonftration & une certitude entiere, nous nous contentons d'une fimple probabilité, lors que nous ne pouvons obtenir qu'une probabilité, & que ce degré de connoiffance fuffit pour régler tous nos intérêts dans ce Monde. Que fi nous voulons douter de chaque chofe en particulier, parce que nous ne pouvons pas les connoître toutes avec certitude, nous ferons auffi déraisonnables qu'un homme qui ne voudroit pas fe fervir de fes jambes pour fe tirer d'un lieu dangereux, mais s'opiniâtreroit à y demeurer & y perir miferablement, fous prétexte qu'il n'auroit pas des aîles pour échapper avec plus de vîtesse.

§. 6. Si nous connoiffons une fois nos propres forces,cette connoiffance fervice des forces de ra à nous faire d'autant mieux fentir ce que nous pouvons entreprendre avec notre Esprit fondement: & lors que nous aurons examiné foigneufement ce que notre fuffit pour guerir du ScepEsprit eft capable de faire, & que nous aurons vû, en quelque maniére, ticifme, & de ce que nous en pouvons attendre, nous ne ferons portez ni à demeurer dans la négligence où une lâche oifiveté, & dans une entiére inaction, comme fi nous défefpel'on s'abandon- rions de jamais connoître quoi que ce foit, ni à mettre tout en question, ne lors qu'on doute de pou& à décrier toute forte de connoiffances, fous prétexte qu'il y a certaines voir trouver la chofes que l'Esprit Humain ne fauroit comprendre. Il en eft de nous, à cet égard, comme d'un Pilote qui voyage fur mer. Il lui eft extrémement avantageux de favoir quelle eft la longueur du cordeau de la fonde, quoi qu'il ne puiffe pas toûjours reconnoître, par le moyen de fa fonde, toutes les différentes profondeurs de l'Océan. Il fuffit qu'il fache, que le cordeau eft affez long pour trouver fond en certains endroits de la Mer qu'il lui importe de connoître pour bien diriger fa course, & pour éviter les Bas-fonds qui pourroient le faire échouer. Notre affaire dans ce Monde n'eft pas de connoître toutes chofes, mais celles qui regardent la con

Verité.

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