Œuvres de Marmontel, Volume 3

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Page 436 - ... filer, les autres à ourdir les précieux tissus de laine dont le pontife et le roi sont vêtus, un bruit sourd se fait d'abord entendre dans les entrailles du volcan. Ce bruit , semblable à celui de la mer lorsqu'elle conçoit les tempêtes, s'accroît et se change bientôt en un mugissement profond. La terre tremble, le ciel gronde, de noires vapeurs l'enveloppent , le temple et les palais chancellent et menacent de s'écrouler ; la montagne s'ébranle , et sa cime...
Page 404 - Il sait que le venin de ces serpens est le plus subtil des poisons; qu'il allume soudain, et dans toutes les veines, un feu qui dévore et consume, au milieu des douleurs les plus intolérables , le malheureux qui en est atteint. Il les entend ; il croit les voir rampans autour de lui , ou pendus sur sa tête , ou roulés sur eux-mêmes , et prêts à s'élancer sur lui.
Page 436 - ... travers des monceaux de neige, et s'y creuser un lit vaste et profond ! Dans les murs , hors des murs , la désolation , l'épouvante , le vertige de la terreur se répandent en un instant. Le laboureur regarde et reste immobile. Il n'oserait entamer la terre qu'il sent comme une mer flottante sous ses pas.
Page 413 - Dix fois le soleil fit son tour sans que le vent fût apaisé. Il tombe enfin ; et bientôt après un calme profond lui succède. Les ondes , violemment émues , se balancent long-temps encore après que le vent a cessé. Mais insensiblement leurs sillons s'aplanissent ; et, sur une mer immobile, le navire, comme enchaîné , cherche inutilement dans les airs un souffle qui l'ébranle ; la voile, cent fois déployée , retombe cent fois sur les mâts.
Page 403 - ... toute compassion cesse , où l'homme , absorbé en lui-même , n'est plus sensible que pour lui. Enfin il arrive , en rampant, au bas d'une roche escarpée ; et, à la lueur des éclairs , il voit une caverne dont la profonde et ténébreuse horreur l'aurait glacé dans tout autre moment. Meurtri , épuisé de fatigue , il se jette au fond de cet antre ; et là , rendant grâces au ciel , il tombe dans l'accablement.
Page 213 - II a tenu parole; il m'a offert des dignités ; mais je n'en ai pas voulu. Quand on a été roi, et qu'on cesse de l'être, il n'ya de dédommagement que le repos et l'obscurité.
Page 209 - Justinien, l'empire, épuisé par de longs efforts , approchait de sa décadence. Toutes les parties de l'administration étaient négligées ; les lois étaient en oubli , les finances au pillage, la discipline militaire à l'abandon. L'empereur, lassé de la guerre , achetait de tous côtés la paix au prix de l'or , et laissait dans l'inaction le peu, de troupes qui lui restaient , comme inutiles et à charge à l'Etat.
Page 404 - Il vit réellement tout le danger qu'il avait pressenti ; il le vit plus horrible encore. Il fallait mourir ou s'échapper. Il ramasse péniblement le peu de forces qui lui restent ; il se soulève avec lenteur, se courbe, et, les mains appuyées...
Page 566 - Jamais fille chaste n'a lu de romans ; et j'ai mis à celui-ci un titre assez décidé pour qu'en l'ouvrant on sût à quoi s'en tenir. Celle qui, malgré ce titre, en osera lire une seule page est une fille perdue : mais qu'elle n'impute point sa perte à ce livre; le mal était fait d'avance. Puisqu'elle a commencé, qu'elle achève de lire : elle n'a plus rien à risquer.
Page 286 - C'est une maxime équivoque, dit Bélisaire, et dont on abuse souvent. Les esprits ne sont jamais plus unis que lorsque chacun est libre de penser comme bon lui semble.

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