Je croirai faire affez de le daigner fouffrir. Rodogune, de Corneille. Pulchérie, fœur d'Héraclius, lui faifoit une forte de reproche de ce qu'il ne haïffoit pas le tyran Phocas autant qu'il l'auroit dû: car il eft bon de favoir que Phocas croyoit € qu'Héraclius étoit fon fils, lors même que celui-ci proteftoit qu'il étoit Héraclius & non Martian, fils de Phocas. Héraclius répond ainfi à Pulchérie : La générofité fuit la belle naiffance. Dans cette grandeur d'ame un vrai Prince affermi Héraclius, de Corneille. Les vers fuivans peuvent nous faire con jecturer qu'un Prince, tel, par exemple, que le fils d'un Roi, qui ignoreroit la nobleffe de fon origine & feroit élevé dans une condition obfcure, éprouveroit des fentimens dignes de fa naiffance, & infiniment audeffus de celle dont il croiroit par erreur defcendre. C'est un Prince tel qu'on vient de le dire, qui ne connoiffoit pas fa véritable origine, & qui étoit perfuadé d'en avoir une trèsbaffe, qui répond ainfi à des perfonnes qui lui demandent s'il fe connoît bien. On doit remarquer combien ce morceau eft travaillé, tant les vers font harmonieux. Si j'étois quelque enfant épargné des tempêtes, rance Sur votre incertitude, & fur mon ignorance; même : Inutiles élans d'un vol impétueux, Que pouffe vers le Ciel un cœur présomptueux... Je fuis fils d'un pécheur & non pas d'un infâme : Réponse d'un homme de grande naissance, à une Reine qui vouloit exiger de lui une chofe qu'il regardoit comme une tache pour fon nom: Lorfque le déshonneur fouille l'obéiffance, donne. S'il eft d'un fort indigne ou l'auteur ou l'appui, Dom Sanche, de Corneille. Campiftron, dans la tragédie d'Alcibiade, fait parler ainfi ce célebre Général Athénien à Palmis, fille d'Artaxerce, Roi de Perse. Souvenez-vous, madame, Que fi dans mes ayeux je ne vois point de Rois, J'ai fait connoître au moins mon nom par mes exploits; Que fi pour vous aimer il faut une couronne, Ce n'eft pas la vertu, c'eft le fort qui la donne ; Qu'enfin s'il n'a pas mis un fceptre dans ma main, Je ne dois point rougir des fautes du destin. La même pensée eft dans le portrait fui vant. Portrait du grand Prince de Condé. J'ai le cœur comme la naissance; Je porte dans les yeux un feu vif & brillant; Je fuis prompt, je fuis fier, généreux & vaillant Le plus fameux héros qu'on vante dans l'Hiftoire Si je n'ai pas une couronne, Sentimens de valeur. Un Poëte met les vers fuivans dans la bouche du vaillant Achille, à qui Agamemnon venoit de déclarer qu'il falloit renoncer au fiége de Troye, parce que les oracles avoient déclaré qu'il y périroit. Moi, je m'arrêterois à de vaines menaces, Les parques à ma mère, il eft vrai, l'ont prédit, Ou peu de jours fuivis d'une longue mémoire. L'honneur parle, il fuffit; ce font-là nos oracles. Les Dieux font de nos jours les maîtres fouverains; Mais, Seigneur, notre gloire eft dans nos propres mains. Pourquoi nous tourmenter de leurs ordres fuprêmes? Ne fongeons qu'à nous rendre immortels comme eux-mêmes ; Et laiffant faire au fort, courons où la valeur Iphigénie, de Racine. Une vertu parfaite a befoin de prudence, |