Qu'un Prince eft malheureux quand, de ceux qu'il écoute, Le zele cherche à prendre une diverse route, Réponse d'un Roi à un de fes courtisans qui lui demandoit la permiffion de se battre en duel: Un Roi dont la prudence a de meilleurs objets, Comme le chefa soin des membres qui le servent. Grimoal, Comte de Bénévent, qui avoit conquis le Royaume de Lombardie fur Pertharite, parle ainfi à un de fes confidens qui lui propofoit d'ufer de fon autorité & de fon pouvoir dans une circonftance où cette voie auroit été odieuse: Laiffons aux mauvais Rois leurs damnables maximes; Je hais l'art de régner qui fe permet des crimes. De quel front donnerois-je un exemple aujourd'hui, Que mes loix dès demain puniroient en autrui ? Le pouvoir abfolu n'a rien de redoutable, Dont à fa confcience un Roi ne foit comptable: Que le facré caractere des Rois eft Un véritable Roi qu'opprime un fort contraire, Rois. Attila, de Corneille. Même maxime à l'occafion d'un Roi détrôné par un ufurpateur. Un Roi, quoique vaincu, garde fon caractere; Aux fideles fujets fa vue est toujours chere: 'Au moment qu'il paroît, les vainqueurs les plus grands, Pour vertueux qu'ils foient, ne font que des tyrans ; Et dans le fond des cœurs fa présence fait naître Un mouvement fecret qui les rend à leur maî tre. Le Le tenir dans les fers avec le nom de Roi, C'eft foulever pour lui les peuples contre moi. C'eft Grimoral qui parle de Pertharite; dans la piece de ce nom. Réponse d'Arface, fondateur de l'Empire des Parthes, à fon fils qui lui confeilloit de ne pas craindre les Rois fes voifins, fur ce qu'il ne tiendroit pas les traités faits avec eux : Prince, on n'eft pas toujours suivi de la victoire Dans le rapide cours de fes vaftes projets, Tiridate, de Campiftron D Prufias, Roi de Bithynie, Prince foible, parle ainfi de fon fils Nicomede: Il n'est plus mon fujet qu'autant qu'il le veut être, Et qui me fait régner en effet eft mon maître. Pour paroître à mes yeux, fon mérite et trop grand: On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tant. Nicomede, de Corneille. Autres fentimens dignes des Rois. Qu'un Monarque eft heureux, quand parmi ses fujets Ses yeux n'ont point à voir de plus nobles objets; Qu'au-deffus de fa gloire il ne connoît perfonne, Et qu'il eft le plus digne enfin de fa couronne. Surena, de Corneille. Même fujet. Tous les Rois font jaloux du fouverain pouvoir Ils aiment qu'on leur doive, & ne peuvent devoir. L'on n'a jamais de droit fur leur reconnoiffance, Et rien à leurs fujets n'acquiert l'indépendance. Ils ont, pour qui les fert, des graces, des fa veurs, Et réglent à leur choix l'emploi des plus grands cœurs, Agefilas, de Corneille. Même fujet. Un confident parle ainfi à un Roi: Soutenez votre fceptre avec l'autorité Qu'imprime au front des Rois leur propre majesté. Un Roi doit pouvoir tout, & ne fait pas bien l'être, Quand au fond de fon cœur il fouffre un autre maître. Pertharite, de Corneille. Même fujet. On parle à un Roi: Ne hafardez, Seigneur, que dans l'extrémité, Le redoutable effet de votre autorité. Alors qu'il réuffit, tout fait jour, tout lui cede: Mais auffi quand il manque, il n'est plus de remede. Il faut, pour déployer le fouverain pouvoir, Othon, de Corneille. Un Prince, quoique rempli d'ambition, ne doit jamais la fatisfaire par une lâcheté ou par un crime. Le Poëte met les paroles fuivantes dans la bouche de la célebre Cléopatre, Reine d'Egypte : J'ai de l'ambition, &, foit vice ou vertu, |