OROSMAN E. Qu'il revînt, lui, ce traitre ! puni, fon. empire, mais; Fais veiller la terreur aux portes du palais. Mais 1 Mais il est trop honteux de craindre une maî. treffe : Aux mæurs de l'occident laissons cette foiblesse. Ce sexe dangereux qui veut tout asservir, S'il regne dans l’Europe, ici doit obéir. Zaïre, de Voltaire. LE CHAPITRE I X. Du Genre Tempéré. genre tempéré tient le milieu entre le Timple & le sublime. Il est susceptible de fleurs & d'ornemens. Ces ornemens sont certains tours qui contribuent à rendre le discours plus agréable. Or de même que le sublime peut être comparé à ces édifices magnifiques, dont l'architecture est d'un deffin grand & majestueux, & qui sont consacrés au culte divin, ou destinés pour être la demettre des Rois, on peut dire aussi que le genre tempéré doit être comparé aux bâtimens qui font habités par les particuliers, mais où l'art, l'élégance, la richesse même, brillent de toutes parts, & qui ont quelque chose de fin & d'un goût exquis. Dans le genre dont il s'agit, la beauté de l'imagination regne ordinairement; les pensées en font nobles & délicates, les images en font gracieuses & brillantes fans Phæbus ni clinquant , & les expressions élégantes & choi N fies. Mais lorsque ce genre est employé dans la poésie, on peut dire que l'harmonie en rehausse le prix, & qu'elle en augmente le charme par cet heureux mêlange d'exprelfions sonores & mélodieuses, dont l'assortiment fait une impression très - agréable sur l'oreille. On l'emploie ordinairement dans tous les sujets qui ne font point du ressort du fublime ni du haut dramatique, & qui sont capables d'aniuser agréablement les hommes. C'est dans ce genre que l'on traite les églogues , les satyres, les épîtres, les descriptions chanpêtres, les relations familieres, tels que fone les contes, les faits particuliers qui ne tiennent à rien d'héroïque ni de merveilleux. Enfin, c'est le genre avec lequel on dépeint tout ce qu'il y a de riant & de gracieux dans la nature; on s'en sert même pour critiquer ingénieusement les meurs & les ouvrages ; en un mot, pour toutes les productions de l'esprit qui contribuent à l'amufement de la fociété. Critique badine du monde. Dans cette piece, un Poëte qui étoit follicité par un ami de quitter la solitude, & de venir dans le monde y faire connoître les talens, vante le bonheur du loisir littéraire dont il jouit, & prend de-là occasion de faire tuie critique fine & ingénieuse des divers dén sagrémens que l'on a à essuyer dans le monde, & de tout ce qui peut choquer un homme de goût. Heureux qui, dans la paix secrette Et de classiques préjugés, rit à la toise, |