Et qu'au moment cruel qui nous ravit le jour, Des fiécles à venir je m'occupe fans ceffe; J'apprends que je fuis fait pour l'immortalité. attente.... Quand fur la terre enfin je vois avec douleur Oui, pour un autre temps, l'Etre juste & févere, Racine, Poëme de la Religion. REMARQUES. On ne peut qu'admirer ici l'efprit de l'Auteur, qui a fu revêtir des couleurs de la poéfie un fujet qui fembloit n'en pouvoir pas être fufceptible; il faut certainement du travail pour avoir pu rendre en vers, & en vers très bien frappés, des vérités qui font fi fort audeffus de l'empire de l'imagination, & qui ont toujours paffé pour abftraites, puifqu'elles font ordinairement démontrées par des raifonnemens métaphyfiques. Les réflexions que l'Auteur amene avec art fur une pareille matiere, font naître dans l'efprit une noble idée de nous-mêmes, en réfléchiffant que nous fommes faits pour l'immortalité. Cette penfée infpire naturellement un fentiment de jole, lorfque nous fentons l'excellence de notre nature, que des efprits noirs voudroient confondre avec celle de la bête brute. C'est donc avec raifon que nous devons nous écrier avec le Poëte: Doux espoir ! que j'aime à m'y livrer! Les vers fuivans font fur le même fujet; & quoique d'une main différente, ils re méritent pas moins de trouver ici leur place. Il eft bon de voir une même vérité maniée par deux beaux génies. Le Poëte les a mis dans la bouche de Volceftre, Miniftre d'Edouard III, Roi d'Angleterre. Ignore-t-on le fort que nous devons attendre, Le defir du néant convient aux fcélérats. Annonce à ma raifon ces fiecles éternels. Sur la Loi naturelle. Que la Loi naturelle eft gravée dans le cœur de tous les hommes.. Je l'apporte en naiffant, elle est écrite en moi, A toute heure je lis dans ce code fuprême (a) Il étoit menacé de payer de fa tête le refus qu'il faifoit au Roi d'une chofe qui lui paroiffoit contraire à la gloire de fon Prince. Metius & Tarquin n'étoient pas moins coupables. gnage, Que la févérité de tout l'Aréopage. Racine le fils. Dans les vers fuivans, Rouffeau paraphrafe quelques verfets du Pfeaume 18, dans lefquels le Roi-Prophete exalte la beauté de la Loi du Seigneur. Le mot de Loi doit s'entendre ici de la Loi écrite, qui contient les divers Commandemens que Dieu a faits aux hommes dans les Livres faints. Comme le Poëte a réduit dans une forme de priere le fens du Pfeaume, il s'eft fervi du genre tempéré, qui a quelque chofe de doux & d'infinuant, mais qui ne laiffe pas d'avoir fes .graces, ainf que le fublime. Soutiens ma foi chancelante, (a) Timor Domini fanctus, permanens in fæculum fæculi. Judicia Domini vera.... Defiderabilia fuper aurum lapidem pretiofum multum, & dulciora fuper mel & favum... Ta richeffe eft préférable A la richeffe de l'or, Mais fans tes clartés facrées, Dans les replis de fon cœur? Si de leur trifte esclavage Ma gloire fera connoître Que le Dieu qui m'a fait naître (a) Delicta quis intelliget ? ab occultis meis munda me, &c. Pf. 18. |