Page images
PDF
EPUB

Tout le prix de fon fang fut prodigué pour vous. De fon char de triomphe il voyoit vos alarmes, Lui-même en defcendoit pour effuyer vos larmes. Du monde qu'il foumit vous triomphez en paix, Puiffans ar fon courage, heureux par ses bienfaits.

[ocr errors]

Il payoit le fervice, il pardonnoit l'outrage.... Vous, dieux, qui lui laiffiez le monde à

verner,

gou

Vous favez fi fon cœur aimoit à pardonner....
Hélas! fi fa grande ame eût connu la vengeance,
Il vivroit, & fa vie eût rempli nos fouhaits.
Sur tous les meurtiers il verfa fes bienfaits.
Deux fois à Caffius il conferva la vie.
Brutus....Où fuis-je ? ô Ciel ! ô crime ! ô bar-
barie !

Chers amis, je fuccombe, & mes fens interdits....
Brutus fon affaffin !... ce monftre étoit fon fils.

Image d'un combat fanglant & des effets de la poudre à canon.

Le Poëte parle ici du combat qui fe donna dans le fauxbourg Saint- Antoine, lorsque Henri IV affiégeoir Paris.

Jadis avec moins d'art au milieu des combats Les malheureux mortels avançoient leur trépas, Avec moins d'appareil ils voloient au carnage, Et le fer dans leurs mains fuffifoit à leur rage. De leurs cruels enfans l'effort induftrieux

A dérobé le feu qui brûle dans les Cieux.
On entendoit gronder les bombes effroyables,
Des troubles de la Flandre enfans abominables.
Le falpêtre enfoncé dans ces globes d'airain,
Part, s'échauffe, s'embrâfe & s'écarte foudain.
La mort en mille éclats en fort avec furie..
Avec plus d'art encore & plus de barbarie,
Dans des antres profonds on a fu renfermer
Des foudres fouterrains tout prêts à s'allumer.
Sous un chemin trompeur, où, volant au car-
nage,

Le foldat valeureux fe fie à fon courage,

On voit en un instant des abîmes ouverts,
Des noirs torrens de foufre épandus dans les airs,
Des bataillons entiers par ce nouveau tonnerre
Dans les airs emportés, engloutis fous la terre.
Le foldat à fon gré fur ce funefte mur,
Combattant de plus près, porte un trépas plus

sûr.

Alors on n'entend plus ces foudres de la guerre
Dont les bouches de bronze épouvantoient la

terre.

Un farouche filence, enfant de la fureur,
A ces bruyans éclats fuccede avec horreur.
D'un bras déterminé, d'un œil brûlant de rage,
Parmi les ennemis chacun s'ouvre un passage.
On faifit, on reprend, par un contraire effort,
rempart teint de fang, théâtre de la mort.

Ce

Voltaire, Henriade.

Image d'une Bataille.

On a raffemblé ici divers morceaux du Poëme de M. de Voltaire fur la victoire de Fontenoy, remportée par l'armée Françoise, commandée par le Roi Louis XV, le 11 Mai 1745.

Louis, avec le jour, voit briller dans les airs
Les drapeaux menaçans de vingt peuples divers.
Le Belge qui, jadis fortuné sous nos Princes,
Vit l'abondance alors enrichir fes provinces;
Le Batave prudent dans l'Inde respecté,
Puiffant par fes travaux & par fa liberté,
Qui long-temps opprimé par l'Autriche cruelle,
Ayant brifé fon joug, s'arme aujourd'hui pour

elle;

L'Hanovrien conftant, qui, formé pour fervir,
Sait fouffrir & combattre, & fur-tout obéir;
L'Autrichien rempli de fa gloire paffée,
De fes derniers Céfars occupant fa pensée;
Sur-tout ce peuple altier qui voit fur tant de mers
Son commerce & fa gloire embraffer l'univers,
Mais qui jaloux en vain des grandeurs de la
France,

Croit porter dans fes mers la foudre & la balance :

Tous marchent contre nous: la valeur les con

duit,

La haine les anime, & l'efpoir les féduit... L'Efcaut, les ennemis, les remparts de la ville,

Tout préfente la mort, & Louis eft tranquille. Le fignal eft donné par cent bouches d'airain. D'un pas rapide & ferme, & d'un front inhu

main,

S'avance vers nos rangs la profonde colonne
Que la terreur devance & la flamme environne;
Tel qu'un nuage épais, qui fur l'aîle des vents
Porte l'éclair, la foudre & la mort dans fes
flancs,

Les voilà, ces rivaux du grand nom de mon

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Fiers de tant de lauriers, mais foumis autrefois. Bourbons, voici le temps de venger les Valois. La mort de tous côtés, la mort insatiable

Frappe à coups redoublés une foule innom

[ocr errors]

brable.

Chefs, Officiers, foldats, l'un fur l'autre en

[blocks in formation]

Sous le plomb expirans, par les coups renversés, Pouffent les derniers cris en demandant vengeance....

Ils tombent ces héros, ils tombent ces ven

geurs,

Ils meurent, & nos jours font cependant tranquilles !

La molle volupté, le luxe de nos villes

Filent ces jours fereins, ces jours que nous de

vons

Au fang de ces guerriers, au péril des Bourbons! Couvrons, du moins de fleurs ces tombes glo

rieufes; b

[ocr errors]

Arrachons à l'oubli ces ombres vertueules.

Vous qui lanciez la foudre & qu'ont frappé fes coups,

Revivez dans nos, chants quand vous mourez pour nous.

Mais quel brillant héros au milieu du carnage,
Renverfé, relevé, s'eft ouvert un paffage?
Biron, tels on voyoit dans les plaines d'Ivri
Tes immortels ayeux fuivre le grand Henri :
Tel étoit ce Crillon chargé d'honneurs fuprê-

mes,

Nommé brave autrefois par les braves euxmêmes mi, adiós er at sh iom d Tels étoient ces d'Aumont, ces, grands Montmorencis,

Ces Créquis fi vantés, renaiffant dans leurs fils.
Tel fe forma Turenne au grand art de la guerre,
Près d'un autre Saxon, la terreur de la terre
2
Quand la juftice & Mars fous un autre Louis
Frappoient l'aigle d'Autriche & relevoient les

lis.

[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Tout tombe devant nous, tout fuit fous notre

[merged small][ocr errors]

Et l'Anglois à la fin craint Louis & la mort..... Déjà Tournai fe rend, déjà Gand s'épouvante : í Charles-Quint s'en émeut; fon ombre gémif

[merged small][ocr errors]
« PreviousContinue »