J'ai vu dans fon malheur la gloire de fa mort. Mais voyant que ce Prince, ingrat à fes mérites » Et tandis que moi feul j'en courrai le danger, » Songe à prendre la fuite, afin de me venger ». Pendant que leur amour en cet adieu contefte, Achillas à fon bord joint fon efquif funefte.. Septime fe préfente, &, lui tendant la main, Le falue Empereur en langage Romain; Et comme député de ce jeune Monarque: « Paffez, Seigneur, dit-il, paffez dans cette >>> barque: » Les fables & les bancs cachés deffous les eaux >> Rendent l'accès mal sûr à de plus grands vaif>> feaux ». Ce héros voit la fourbe, & la brave en fon ame Sans que pas un d'entr'eux daigne l'entretenir. Ce mépris lui fait voir ce qu'il en doit attendre. Si-tôt qu'on a pris terre, on l'invite à defcendre. Il fe leve, & foudain pour signal Achillas Derriere ce héros tirant fon coutelas, Septime & trois des fiens, lâches enfans de Rome, Percent à coups preffés les flancs de ce grand homme. Tandis qu'Achillas même, épouvanté d'horreur, bats.... La trifte Cornélie, à cet affreux fpectacle, Et cédant tout-à-coup à la douleur plus forte, Mais la mort de Pompée a produit un effet J'en ai rougi moi-même, & me fuis plaint à moi que n'ont pu les dieux dans votre Theffalie »Je vais mettre en vos mains Pompée & Cor»nélie, >> En voici déjà l'un, & pour l'autre elle fuit; » Mais avec fix vaiffeaux un des miens la » fuit ». pour A ces mots Achillas découvre cette tête. que croire ou que réfoudre, Immobile & les yeux fur l'objet attachés, Voilà ce que j'ai vu. Mort de Pompée, de Corneille. DES IMAGES. Les images font une des grandes fources de la beauté des defcriptions & des narrations, en un mot de toutes les peintures vives: elles confiftent à donner, pour ainfi dire, du corps & de la réalité aux chofes dont on parle, & à les peindre par des traits vifibles qui remuent l'imagination & qui montrent un ob jet fenfible. Les images font, à proprement parler, cette figure que les Rhétoriciens ap pellent Hypotypofe, & dont le propre eft de peindre les chofes avec des couleurs fi vives, qu'on s'imagine les voir de fes yeux & non fimplement en entendre le récit. Leur effet eft d'émouvoir & d'affecter notre ame au gré du Poëte; elles font foutenues par des métaphores, des comparaifons, & autres figures de l'art; car la poéfie eft toute riche en images. Et qu'on ne s'étonne pas de cet effet admirable des images: ces fortes de peintures frappant notre imagination, excitent des fentimens dans notre cœur par le rapport & l'analogie qu'elles ont avec nos différentes affections. Nous fommes lents à faifir ce qui ne touche point nos fens ; il faut donc, fi on veut nous plaire, intéreffer notre imagination & remuer notre cœur. D'ailleurs les grandes images ont pour nous un grand charme; elles tiennent toujours par quelque coin au merveilleux or le merveilleux a un grand pouvoir fur nous, il maîtrise notre imagination avec une force impérieufe. On doit ajouter à cela, que l'harmonie qui regne dans les vers, contribue à les rendre plus belles, parce qu'elle nous les préfente par tous les côtés les plus gracieux, c'eft à-dire, les oreilles & l'imagination." Jozabet, tante de Joas, Roi de Juda, raconte au Grand-Prêtre Joad comment elle fauva ce jeune Prince du carnage qu'Athalie fit faire des enfans d'Ochofias, qui étoient fes petits-fils. |