Il eft mort? PAULINE. STRATONICE. Non, il vit. Mais, ô pleurs fuperflus! Ce courage fi grand, cette ame fi divine PAULIN E. Pourrois-je donc favoir ce qu'ils ont fait au temple? STRATONICE. C'est une impiété qui n'eut jamais d'exemple. Et crains de faire un crime en vous la racontant. Qu'ils ont fait éclater leur manque de respect. A l'envi l'un & l'autre étaloit fa manie, Des myfteres facrés hautement se moquoit, Et traitoit de mépris les dieux qu'on invoquoit. Tout le peuple en murmure, & Félix s'en offenfe. Mais tous deux s'emportant à plus d'irrévérence: « Quoi! lui dit Polyeucte, en élevant fa voix, » Adorez-vous des dieux ou de pierre ou de bois»? Ici difpenfez-moi du récit des blafphêmes Qu'ils ont vomis tous deux contre Jupiter même : L'adultere & l'inceste en étoient les plus doux. «< Ecoutez, a-t-il dit, vous, peuple, écoutez tous. » Le Dieu de Polyeucte & celui de Néarque » De la terre & du Ciel est l'absolu Monarque, » Seul être indépendant, feul maître du destin, » Seul principe éternel & fouveraine fin. » C'est ce Dieu des chrétiens qu'il faut qu'on >> remercie » Des victoires qu'il donne à l'Empereur Décie : » Vous adorez en vain des monftres impuiffans », Félix...Mais le voici qui vous dira le refle. Polyeucte, de Corneille. Récit de la mort d'Hippolyte. Théfée, Roi d'Athenes, & pere d'Hippolyte, avoit époufé en fecondes noces Phedre, fille de Minos & de Pafiphaé: comme il craignoit que fon fils ne regardât pas de bon œil fa belle-mere & les enfans qu'il en auroit il l'envoya chez fon ayeul Pitthée à Trézene. Phedre y vit Hippolyte dans un voyage où elle accompagna Théfée. Là elle conçut une violente paffion pour ce jeune Prince, & elle ofa la lui déclarer: mais comme elle vit qu'elle ne lui infpiroit que de l'horreur, fa fureur jaloufe la porta à l'accufer auprès de Théfée d'avoir voulu attenter à fon honneur. Ce malheureux Roi la crut, & dans un mouvement de colere il pria Neptune de venger ce crime prétendu. Le Dieu l'exauça. C'est Théramene qui avoit été gouverneur d'Hippolyte, qui raconte à Théfée le cruel accident de la mort de fon fils; & c'est le sujet de la narration fuivante qui eft fi célebre. Tout le monde convient qu'elle eft magnifique; on a trouvé même que fi elle péchoit par quelqu'endroit, c'eft qu'elle eft trop fleurie étant dans la bouche d'un homme faifi de douleur, & qui raconte à un pere la mort de fon fils. Mais ce n'eft pas dans ce point de vue qu'il faut l'examiner ici. A peine nous fortions des portes de Trézene, Imitoient fon filence autour de lui rangés. Il fuivoit tout penfif le chemin de Mycenes. Sa main fur les chevaux laiffoit flotter les rênes.... Des airs en ce moment a troublé le repos.... Il lui fait dans le flanc une large bleffure. Il veut les rappeler, & fa voix les effraie. De nos cris douloureux la plaine retentit. Narration celebre de la mort de Pompée. C'est un Officier de Cléopatre, fœur de Ptolomée, Roi d'Egypte, qui fait ce récit à cette Princeffe : Madame, j'ai couru par votre ordre au rivage, (a) Aricie étoit une Princeffe du fang royal d'Athenes. Elle étoit aimée d'Hippolyte, qui fe propofois de l'époufer |