ments; famine est absence d'aliments, C'est bien le cas pour la cigale. 8. Voisine. La synonymie de voisin et de prochain est grande. Voisin vient de VICINUS, dérivé de VICUS, qui est une rue ou un village. Cela signifierait donc qui est de la même rue ou du même village. Prochain est tiré de proche, lequel est formé de PROPIUS, Comparatif de PROPE, près. D'après l'étymologie, le sens des deux mots ne diffère guère. Il semble qu'il y ait dans prochain une idée de mouvement qui n'est pas dans voisin, Ce qui est prochain approche, ou bien nous en approchons. Re marquez cette distinction: il sent sa mort prochaine; l'année prochaine; un danger prochain. Racine dit: J'ai lu dans ses regards sa prochaine vengeance. Une montagne voisine du Rhin; il demeure dans la maison voisine.-La fourmi est la voisine de la cigale; mais, dans une autre fable, La Fontaine dit : L'ours s'en va dans la forêt prochaine. 9. Prêter. Comparez prêter et emprunter, prêteur et emprunteur, prêt et emprunt, créancier et débiteur, créance et dette. C'est une bonne créature vraiment. Elle ne demande pas qu'on lui donne. Elle ne rendra pas peut-être ce qui lui sera prêté, mais, bien sûr, elle est de bonne foi, et croit qu'elle pourra restituer un jour, et ce n'est pas pour tromper qu'elle dit foi d'animal (vers 13). 10. Quelque grain. Elle demande un seul grain : preuve de son imprévoyance. Les emprunteurs et les imprévoyants se croient sauvés, quand ils sont hors d'embarras pour le moment. 12. Paierai. Le futur de payer s'écrit payerai, paierai ou pairai, et le conditionnel payerais, paierais ou paîrais. On a de même au présent de l'indicatif il paye et il paie ; ils payent et ils paient. Toutes les autres formes de ce verbe gardent l'y. 13. Oût ou août. Prononcez ou, dit M. Littré. C'est ici le temps de la moisson. Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût (xxi, 10). 14. Principal. On dit plus souvent le capital. 15. Pas. Du latin PASSUS, un pas. C'est quelque chose, c'est l'espace qui se trouve d'un pied à l'autre, quand on marche. Un brin, une miette, une goutte, un rien (en latin RES, chose), un point, tout cela est quelque chose. Pas, brin, etc. sont donc des affirmations d'abord: avoir une goutte à boire, une miette à manger, etc. Mais c'est si peu de chose qu'on a trouvé ces mots merveilleusement propres à fortifier la négation. Ajoutez-y ne, et les refus que vous ferez seront forts, car vous refuserez même la plus petite chose: n'avancez pas; ne parlez point vous n'en aurez rien; vous n'en aurez miette; il n'y voit goutte. Naturellement, plus petite est la chose refusée ou niée, plus forte est la négation. C'est ainsi que pas est une négation moins forte que point, car un point (.) est aussi peu que possible. En outre point est une négation absolue. Ne dites pas : elle n'avait point une seule mouche; dites pas une seule mouche, ou point de mouche. Il n'y a pas une étoile au ciel, et il n'y a point d'étoile au ciel sont deux expressions très-synonymes. 16. Moindre défaut. La Fontaine est juste et ne se montre nullement dans cette fable l'admirateur de la fourmi, quoiqu'il entende donner une leçon à la cigale et aux imprévoyants. La fourmi a de plus grands défauts que de ne pas prêter : nous la voyons à la fin de la fable sans pitié, sans cœur, et se moquant de celle qui meurt de faim. 18. Emprunteuse. Non seulement elle empruntait, mais c'était son habitude d'emprunter. Là est le mal. emprunteuse. 19. À tout venant. À tout le monde, à tous ceux qui venaient. Night and day to each new comer I sang, by your leave. 20. Ne vous déplaise. "Formule qui se dit comme une sorte d'excuse: que cela ne vous déplaise pas.”—Littré. 21. Aise. Un synonyme de content. Mais le contentement est intérieur et plus tranquille, tandis que l'aise se manifeste et est plus vive. On dit : il est content, il a le cœur content. "Adieu ! vis content et heureux." VOLTAIRE.-Il est transporté d'aise, il tressaille d'aise, il ne peut dormir d'aise. Quand on est simplement content, on n'est pas agité et on ne dort que mieux.-Ravi est un autre synonyme; c'est l'aise au superlatif, le comble de Paise. Celui qui est ravi est comme porté au ciel, tellement il est aise; il est aux anges. Suivant votre sentiment, dites donc à vos amis; je suis content de vous voir, bien aise de vous voir, ravi de vous voir, aux anges de vous voir. Ces deux dernières formules sont tout à fait synonymes, Elles sont fortes: n'en abusons pas. Voir une tude sur cette fable dans les Petites causeries. II. LE CORBEAU ET LE RENARD (I, 2). La flatterie est un commerce honteux qui n'est utile qu'au flatteur. La Bruyère. Si nous ne nous flattions point nous-mêmes, la flatterie des autres ne nous pourrait nuire. La Rochefoucauld. La flatterie est une fausse monnaie qui n'a de cours que par notre vanité. Idem. Quelque bien qu'on nous dise de nous on ne nous apprend rien de nouveau. Idem. But when I tell him, he hates flatterers, He says, he does, being then most flattered. Shakspeare. Supprimons en nous l'amour-propre et la présomption. Ce sont là nos premiers flatteurs, ceux qui font de nous une proie plus facile et toute prête pour les flatteurs embusqués à notre porte. Si, dociles à la voix d'Apollon, nous sommes convaincus de l'excel lence du "Connais-toi toi-même," et de la singulière utilité qu'il peut offrir à chacun, si nous nous attachons à bien étudier notre nature, si nous nous rendons compte de la manière dont nous avons été élevés et instruits, nous y verrons le mélange de tant de milliers d'imperfections, de tant d'actes mauvais accomplis au hasard, de tant de discours et de sentiments blâmables, que nous ne donnerons guère de facilité aux flatteurs pour nous marcher sur le corps. Nous sentirons le besoin, non pas d'un ami qui nous donne des éloges et dise du bien de nous, mais d'un censeur rigoureux et armé de franchise qui nous reproche notre perversité intérieure. Car dans le grand nombre, il y en a bien peu qui aient le courage de dire toute la vérité à leurs amis plutôt que de leur faire plaisir. Plutarque. De même que les vers qui rongent le bois attaquent de préférence celui qui est tendre et délicat, de même le flatteur s'abat sur les naturels généreux, bons, humains, et c'est à eux qu'il s'attache pour y trouver sa nourriture. Idem. Il y aurait une espèce de férocité à rejeter indifféremment toute sorte de louanges; l'on doit être sensible à celles qui nous viennent des gens de bien, qui louent en nous sincèrement des choses louables. La Bruyère. Maître corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître renard, par l'odeur alléché, Hé! bonjour, monsieur du corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. 5 À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie; 10 Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Vit aux dépens de celui qui l'écoute : A 15 Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. 1. Maître. "Se dit familièrement quand on parle de gens de condition peu relevée. C'est dans ce sens que La Fontaine a donné à quelques animaux la qualification de maître.”—Littré. 2. En son bec. Dans son bec serait plus exact. En et dans ne s'emploient pas indifféremment. Dans est plus précis, en est plus vague C'est pour cela que dans est toujours accompagné de l'article, de l'adjectif possessif ou d'un autre déterminatif Avec en on détermine rarement. Remarquez le sens précis de dans et le vague de en: il est en ville, dans la ville; il se promène en voiture, dans la voiture ; il demeure en Amé. rique, dans l'Amérique du sud. Cependant la synonymie est grande, et souvent c'est l'oreille qui décide entre dans et en. "Le jeune homme est vain dans ses discours, volage en ses désirs," dit Boileau. 3. Alléché. Attiré par quelque appât. Allécher n'a aucun |