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2. Passe de bâtir. Un gallicisme qui signifievous pourriez vous justifier de bâtiron pourrait vous passer cela, le tolérer, vous le pardonner. Je veux bien qu'on vous passe de bâtir.— /Dans cette locution le verbe passer signifie souffrir, tolérer, comme dans ces expressions: je vous passe cette faute; il passe condamnation, c'est-à-dire, il la souffre, il se soumet. Passer /vient de PASSUS un pas passer la rue, etc. Cependant quand ce verbe signifie souffrir, tolérer, ne vaut-il pas mieux le dériver de PATI (PATIOR, PASSUS SUM), souffrir?

3. Jouvenceau. Mot fait de JUVENICELLUS diminutif de JUVENIS jeune. Ce mot est nuancé de caresse ou de plaisanterie. Plaisanterie ici.

10. Songer et penser (voir x, 6).

19, 20. Nor any moment gives us, ere it flies,

Assurance that another such shall rise.

21. Arrière-neveux (voir xlii, 27).

24. Cela même. C'est-à-dire, ce plaisir de faire du bien aux autres.

25. En: de ce noble plaisir.

34. Enter. Greffer par ente, c'est-à-dire, en insérant un scion, branche très-jeune, dans un autre arbre.

35. Cette phrase, mal construite, signifie : ils furent pleurés du vieillard, et il grava, etc.

Voir cette fable étudiée dans les Causeries avec mes élèves.

LVII.

RIEN DE TROP (IX, 11).

Il y a sur le fronton du temple de Delphes deux inscriptions des plus nécessaires pour la conduite de la vie: "Connais-toi toi-même," et "Rien de trop." À ces deux préceptes-là se rattachent tous les autres; et ils ont ensemble tant d'analogie et de rapport qu'ils semblent démontrer l'un par l'autre leur force mutu

elle.

Se connaître soi-même " implique "rien de trop; " et "rien de trop" implique "se connaître soimême." Aussi, sur ces maximes écoutez Ion:

On dit en quatre mots: "se connaître soi-même ;
Mais pour s'y conformer, dieux ! quelle peine extrême !
Jupiter seul le sait. . . .

Heureux donc le mortel qui aura toujours ces deux paroles présentes à l'esprit, comme préceptes émanés d'Apollon Pythien! Il pourra sans peine les appliquer à chaque événement de la vie, et il supportera en homme intelligent toutes les épreuves. Comme il ne perdra jamais de vue sa propre nature, il conservera, quoi qu'il arrive, une juste modération. Il ne s'enflera pas plus jusqu'à l'insolence, qu'il ne se laissera abattre et ne descendra aux plaintes, aux gémissements. Il se mettra au-dessus des faiblesses de l'âme, au-dessus de cette crainte naturelle inspirée par la mort à ceux qui ne connaissent pas le cours ordinaire de la vie et l'influence que s'y réservent la Nécessité et le Destin. Plutarque.

Si j'arrondissais mes États!

Si je pouvais remplir mes coffres de ducats!
Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire !
Tout cela, c'est la mer à boire;

Mais rien à l'homme ne suffit.

Pour fournir aux projets que forme un seul esprit, Il faudrait quatre corps: encor, loin d'y suffire, Ami-chemin je crois que tous demeureraient: Quatre Mathusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce qu'un seul désire.

La Fontaine.

Une âme égale, au milieu des plus tristes accidents de la vie, et maintenue en dehors des enivrements de la joie insolente que la prospérité amène avec elle, voilà tout le secret, mon cher Dellius.

Horace.

En toute chose il existe un juste milieu; en deçà comme au delà des limites raisonnables tout n'est plus que nuage et confusion.

Idem.

Les hommes, la plupart, sont étrangement faits;
Dans la juste mesure on ne les voit jamais.
La raison a pour eux des bornes trop petites.
En chaque caractère ils passent les limites;
Et la plus noble chose ils la gâtent souvent
Pour la vouloir outrer et pousser trop avant.

Je ne vois point de créature
Se comporter modérément.
Il est certain tempérament

Que le maître de la nature

Molière.

Veut que l'on garde en tout. Le fait-on? nulle

ment; 5

Soit en bien, soit en mal, cela n'arrive guère.
Le blé, riche présent de la blonde Cérès,
Trop touffu bien souvent épuise les guérets
En superfluités s'épandant d'ordinaire,

Et poussant trop abondamment,

Il ôte à son fruit l'aliment

10

L'arbre n'en fait pas moins: tant le luxe sait plaire! Pour corriger le blé, Dieu permit aux moutons

De retrancher l'excès des prodigues moissons : Tout au travers ils se jetèrent,

Gâtèrent tout, et tout broutèrent;

Tant que le ciel permit aux loups

15

D'en croquer quelques-uns: ils les croquèrent tous;
S'ils ne le firent pas, du moins ils y tâchèrent.
Puis le ciel permit aux humains

De punir ces derniers : les humains abusèrent,
À leur tour, des ordres divins.

20

De tous les animaux, l'homme a le plus de pente A se porter dedans l'excès.

Il faudrait faire le procès

25

Aux petits comme aux grands. Il n'est âme vivante Qui ne pèche en ceci. Rien de trop est un point, Dont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point.

3. Tempérament. Mesure, modération.

9. Epandre. Un synonyme de répandre. C'est verser, et, en versant, étendre. C'est ainsi que les eaux d'un fleuve s'épandent dans la plaine. Dans ce cas, le fleuve verse ses eaux et les étend doucement. S'il est violent, vous devez dire que ses eaux se répandent. Telle est la différence des deux verbes. Vous comprenez que dans notre passage s'épandant est très-bien dit, puisque le blé ne s'étend que doucement et peu à peu dans ces superfluités, lesquelles sont les tiges du blé, superfluités seulement pour ce qu'elles ont de trop en grosseur, en hauteur, etc. Car la tige est nécessaire. Le vers suivant explique cet excès: trop abondamment. Le blé ayant épuisé sa force à nourrir la tige, il ne lui en reste plus pour donner la nourriture ou l'aliment à l'épi et au grain.

17. Tant. Tellement.

24. Dedans l'excès. On dit ordinairement à l'excès.

25, 26. On low and high we make the charge.

Observation.-Les fables qui suivent n'ont ni notes, ni commentaires. Elles ne présenteront guère de difficultés au professeur qui aura pris connaissance de celles qui précèdent. Il sera utile de les faire lire aux élèves et de les étudier avec eux.

LVIII.

L'HOMME ET LA PUCE (VIII, 5).

Par des vœux importuns nous fatiguons les dieux,
Souvent pour des sujets même indignes des hommes:
Il semble que le ciel sur tous tant que nous sommes
Soit obligé d'avoir incessamment les yeux,
Et que le plus petit de la race mortelle,
À chaque pas qu'il fait, à chaque bagatelle,
Doive intriguer l'Olympe et tous ses citoyens,
Comme s'il s'agissait des Grecs et des Troyens.

Un sot par une puce eut l'épaule mordue.
Dans les plis de ses draps elle alla se loger.
"Hercule, ce dit-il, tu devrais bien purger
La terre de cette hydre au printemps revenue!
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n'en perdes la race afin de me venger?"

Pour tuer une puce, il voulait obliger

Ces dieux à lui prêter leur foudre et leur massue.

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