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Trouve en alarme sa couvée.

35

L'un commence: il a dit que, l'aurore levée,
L'on fît venir demain ses amis pour l'aider,
S'il n'a dit que cela, repartit l'alouette,
Rien ne nous presse encor de changer de retraite;
Mais c'est demain qu'il faut tout de bon écouter.
Cependant, soyez gais; voilà de quoi manger.
Eux repus, tout s'endort, les petits et la mère. 40
L'aube du jour arrive, et d'amis point du tout.
L'alouette à l'essor, le maître s'en vient faire
Sa ronde ainsi qu'à l'ordinaire.

Ces blés ne devraient pas, dit-il, être debout.
Nos amis ont grand tort, et tort qui se repose 45
Sur de tels paresseux, à servir ainsi lents.
Mon fils, allez chez nos parents

Les prier de la même chose.

L'épouvante est au nid plus forte que jamais.
-Ila dit ses parents, mère ! c'est à cette heure...50
-Non, mes enfants; dormez en paix :
Ne bougeons de notre demeure.

L'alouette eut raison; car personne ne vint.
Pour la troisième fois, le maître se souvint
De visiter ses blés. Notre erreur est extrême, 55
Dit-il, de nous attendre à d'autres gens que nous:
Il n'est meilleur ami ni parent que soi-même.
Retenez bien cela, mon fils. Et savez-vous
Ce qu'il faut faire? Il faut qu'avec notre famille
Nous prenions dès demain chacun une faucille: 60
C'est là notre plus court; et nous achèverons

Notre moisson quand nous pourrons.

Dès lors que ce dessein fut su de l'alouette:

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C'est ce coup qu'il est bon de partir, mes enfants!
Et les petits, en même temps,
Voletants, se culebutants,

Délogèrent tous sans trompette.

3. Crédit. Ici l'autorité dont jouit une chose. / Mettre un proverbe en crédit, c'est donc lui donner autorité, le faire accepter dans le public, le confirmer.

6. Environ. Est ordinairement adverbe: il y a deux ans environ. Ici c'est une préposition.

7. Pulluler. M. Littré le définit : Multiplier en abondance en peu de temps." Le latin PULLULARE a le même sens. Il se rattache à PULLULUS, un petit jeune, diminutif de PULLUS qui est le jeune d'un animal. Un autre diminutif de PULLUS est PULLICENUS qui est le poussin, le petit de la poule, laquelle se nommait en bas latin PULLA.Fourmiller est très-synonyme de pulluler. Cependant il n'emporte que l'idée de multitude, tandis que pulluler comprend nécessairement celle d'une production abondante. Ainsi vous direz: les mauvaises herbes pullulent dans ce jardin ; et avec Buffon, "Les rats se multiplient toujours trop, et dans certaines années pullulent à un tel point, qu'ils dévorent tous les grains." Les insectes pullulent au sein de la terre. Mais dites: les flatteurs fourmillent autour des rois ; c'està-dire, qu'ils y sont nombreux. Ce livre fourmille d'erreurs. 8. Onde (voir ix, 4).

15, 16. Then built her nest, laid, sat and hatched.

All went as well as such things could.

17. Nitée. Dérivé de nid, et synonyme de/nichée qu'on emploie plus souvent. Ce sont les jeunes.

19. Essor. C'est l'action de l'oiseau qui s'élance pour prendre son vol. Les petits n'étaient pas encore assez grands pour s'élancer dans l'air et y voler.

20. Mille soins. Les soins de sa petite famille qui étaient nom

breuse, et aussi son inquiétude de voir les grains déjà mûrs et à

la veille d'être coupés.

21, 22. The lark went out to search for food,

And told her young to listen well,

And keep a constant sentinel.

22. La grammaire veut qu'on répète la préposition et qu'on dise et de faire sentinelle.

Guet. C'est l'action par laquelle on observe ce qui se fait. Les petits devaient être toujours au guet, c'est-à-dire, observer tout le temps ce qui se passait autour d'eux, pendant l'absence de leur mère.

24. Avecque. En poésie il est permis d'écrire ainsi pour donner au mot trois syllabes.

Comme il viendra signifje : et il viendrą

25, Selon/ce qu'il dira./Conformément à ce qu'il dira; agissant d'apres ses discours, nous partirons à tel ou à tel moment.

26. Décamper. C'est proprement lever un camp/quitter l'endroit où l'on campait. Puis le mot signifie s'en aller avec précipitation./C'est le sens ici.

34. L'un des enfants.

35. Fit. Remarquez ce subjonctif. Dire employé avec le subjonctif signifie ordonner : il a dit, ordonné, que l'on fit venir ses amis.

38. Tout de bon./Sérieusement, avec grand soin, fort bien. 40. Eux étant répus.

Repu. Participe passé de repaître. Celui qui est repu a satisfait sa faim. Je mourais de faim, voilà une demi-heure que je mange, et je ne suis pas encore repu. Celui qui dit cela est difficile à repaître, un vrai anglais.

42. À l'essor. C'est-à-dire, qu'elle prend son essor, qu'elle s'élance en l'air. L'alouette à l'essor, il vint: après que l'alouette eut pris son essor, il vint.

45. Concision très-hardie. La phrase plus complète serait : nos amis ont tort, et il a tort aussi celui qui se repose.

...

48. Prier quelqu'un d'une chose, c'est lui demander avec prière ou instance de faire cette chose.

49. L'épouvante. /C'est plus que l'alarme (vers 83). Ce dernier

nes! On peut

mot vient de l'italien ALL' ARME qui signifie aux armes, aussi dire qu'il est composé du vieux français qui disait non pas aux armes mais à l'arme! Eh bien, on pousse ce cri à l'armée quand le péril, l'ennemi, arrive soudain. On est agité sans doute - quand l'alarme est là, on sent le péril, mais on ne perd pas la tête, puisqu'on court à l'arme ou aux armes, quoique un peu confusément. Mais dans l'épouvante qui vient de EXPAVERE s'effrayer, ou est saisi d'une très-grande peur, et l'on ne sait où courir, ni que devenir; on perd la tête. On n'est plus en état de courir aux armes, on est capable à peine de s'enfuir, car l'épouvante fait trembler tout le corps.

52. Bouger. C'est un de ces verbes qui peuvent s'employer négativement sans pas (voir Entretiens, p. 326).

64. C'est ce coup. Une license que prend La Fontaine. Il faut dire c'est à ce coup, c'est pour ce coup, ou c'est pour le coup.

66. Culebutant. On écrit culbutant./Culbuter quelqu'un, c'est lui faire faire la culbute, le renverser. Une culbute est une espèce de saut par lequel on fait un tour sur soi-même en se renversant en avant ou en arrière. On s'imagine voir les petites alouettes qui se culbutent ainsi, se faisant rouler l'une l'autre comme des boules.

67. Decamped without a trumpet sounding.

XXXVIII.

LA COUR DU LION (VII, 7).

Le lion se disposant à un voyage lointain, convoqua les animaux, et leur dit d'élire un roi pour le remplacer. À l'unanimité, ils choisirent le loup, parce que, disaientils, le loup sera fort contre nos ennemis, parce qu'il sera redoutable et audacieux. "Oui, dit le lion, vous avez choisi pour maître un animal fort et vaillant t; mais il faut qu'il se conforme à la justice et à la misé

Or, pour que

ricorde, comme il convient à un roi. vous puissiez vivre en sûreté sous son autorité, il faut qu'il s'oblige par serment à ne nuire à aucun de vous et à ne jamais manger de chair d'animal." Sur la demande de tous, le loup prêta ce serment. Mais, après le départ du lion, se voyant tranquille et bien affermi dans son autorité, il chercha dans sa tête comment il obtiendrait des animaux eux-mêmes la faculté de manger de la chair d'animal. Il s'adressa donc à un chevreau et le pria de lui dire s'il avait l'haleine mauvaise. "Oh! oui, répondit le chevreau, si mauvaise qu'elle est insupportable." Sans perdre de temps, le loup convoque les animaux, et leur demande ce qu'il faut faire de celui qui, au mépris de la majesté royale, a tenu au souverain des propos grossiers et injurieux. "Sire, c'est un crime de lèse-majesté : qu'il meure!" En vertu de ce jugement, le loup tua le chevreau en lui rappelant son crime, et pour faire excuser sa méchanceté, il partagea le corps entre les barons, gardant toutefois pour lui-même la meilleure part. Une autre fois la faim étant revenue, le loup demanda à la biche ce qu'elle pensait de son haleine. Celle-ci, aimant mieux mentir que de mourir, répondit que de sa vie elle n'avait senti une si douce odeur. Le loup ayant convoqué ses barons, leur demanda quelle peine méritait celui qui, prié par le roi de dire la vérité, avait osé mentir et user de fourberie.-"Il mérite la mort," répondit l'assemblée. La pauvre biche fut tuée et mangée sans que personne dît mot. À quelques jours de là, le loup voyant un singe qui était jeune et gras, l'interrogea sur son haleine. Le singe répondit

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