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13. M'élevant. Il faut distinguer élever de lever. /L'un est simple, l'autre est composé./Ce dernier renferme la particule e ou ex qui marque que la chose part d'un certain point qu'elle quitte pour être levée de là, pour monter. La chose élevée quitte

le sol ou l'endroit où elle se trouvait. Ainsi un ballon s'élève. L'aigle plane un moment au-dessus de nos têtes, puis s'élève dans le ciel. Le soleil élève les nues. Mais je lève cette échelle qui était couchée. J'étais assis, je me lève. Vous comprenez que le bouc lève ses pieds (vers 10), et que le renard s'élève sur les cornes du bouc.

14. Machine. Quelle impertinence de nommer ainsi son compagnon ! Il en fait vraiment une machine, et il ose le lui dire. Il connaissait toute sa bêtise.

17. Il est bon. Il, c'est le conseil, c'est ce merveilleux moyen de sortir d'embarras.

17 à 20. Yes, by my beard, the other said,

'Tis just the thing. I like a head

Well stocked with sense, like thine.

Had it been left to mine,

I do confess,

I never should have thought of this.

22. Vous (voir xxvii, 12).

>24. Par excellence, c'est-à-dire, au plus haut degré.

> 26. À la légère. Sans réfléchir comment tu en sortirais. 27. En. Du puits.

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L

XXXIII.

LE LOUP ET LA CIGOGNE (III, 9).

Va-t'en, maudit brouillard dont la sombre épaisseur,
D'un voile humide et froid m'embrassant tout entière,
Du soleil fécondant me ravit la chaleur ;

Je transis sous son ombre, et tu me fais horreur.
Va-t'en, rends-moi le ciel et sa vive lumière.

Au nuage en ces mots la montagne parlait;
Et le nuage répondait :

Ingrate, tu te plains et m'oses faire injure,

Quand moi seul de tes bois j'entretiens la fraîcheur,
Et cette riante verdure,

Qui charme et réjouit les yeux du voyageur.

Sans les eaux qu'en ton sein versent mes flancs humides,
Ce soleil dont mon ombre adoucit les rayons,
Eût brûlé dès longtemps tes bois et tes gazons;
Et tu n'offrirais plus que des rochers arides.

Faisons du bien quand nous pouvons;
Mais ne comptons jamais sur la reconnaissance.
L'ingrat, pour l'esquiver, trouve mille raisons.
Et trop heureux encor qu'il n'en tire vengeance.
M. Viennet.
Faire du bien à un ingrat et parfumer un mort, c'est
la même chose.

Plutarque.

Faites-vous miel, les mouches vous mangeront, dit Sancho Pança.

Cervantes.

Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette.

Il est bon d'être charitable:

La Fontaine.

Mais envers qui ? c'est là le point.

Idem.

/C'est le propre d'un homme d'aimer ceux même qui

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La meilleure manière de se venger, c'est de ne se pas rendre semblable aux méchants.

Idem.

Quand tu as fait du bien et qu'un autre a reçu ton bienfait, pourquoi, à l'exemple des fous, chercher une troisième chose encore, vouloir que ta bienfaisance paraisse aux yeux, ou qu'on ait pour toi de la reconnaissance?

Idem.

Ne te lasse point de te faire du bien à toi-même en en faisant aux autres.

Idem.

Les loups mangent gloutonnement.
Un loup donc étant de frairie
Se pressa, dit-on, tellement

Qu'il en pensa perdre la vie :

Un os lui demeura bien avant au gosier.

De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier,

Près de là passe une cigogne.

Il lui fait signe; elle accourt.

Voilà l'opératrice aussitôt en besogne.

5

Elle retira l'os; puis, pour un si bon tour,

10

Vous riez, ma bonne commère !

Elle demanda son salaire.

Votre salaire! dit le loup:

Quoi ce n'est pas encor beaucoup

D'avoir de mon gosier retiré votre cou!
Allez, vous êtes une ingrate :

15

Ne tombez jamais sous ma patte.

1. Gloutonnement. À la manière des gloutons/(voir ce mot xxvi, 25).

2. Frairie. Se rattache à frère en vieux français FRAIRE, du latin FRATREM. La frairie, FRATRIA, est/une compagnie d'abord, puis une partie de plaisir où l'on mange et l'on boit.Etant de frairie, c'est-à-dire, prenant part à une frairie./

d

manquer faillir peuser

4. On dit ordinairement : il pensa en perdre la vie. 6. De bonheur. On dit plus souvent par bonheur, c'est-à-dire, par bonne chance,

9. En besogne. À l'œuvre/ Le mot besogne n'est qu'une forme féminine de besoin./ C'est ce qu'on doit faire, un travail, un ouvrage. Ne confondez pas ces termes. Le travail suppose quelque chose de pénible. Car le premier sens de ce mot fut tourment, peine; et puis ouvrage. La racine du mot est TRABS, une poutre ou une barre (barre a donné de la même manière le substantif embarras et le verbe embarrasser. De sorte que étymologiquement embarras et travail, embarrasser et travailler seraient la même chose). De TRABS barre on a fait TRABARE arrêter par des barres, empêcher, puis le diminutif TRABACULARE qui nous a donné travailler. De là notre substantif travail, qui signifie proprement ces barres qui enferment le cheval vicieux pendant qu'on le ferre (en anglais TRAVE). Au figuré, c'est une contrariété, une peine. /Le travail comprend donc toujours plus ou moins de peine et demande des efforts. L'ouvrage, qui se rattache à OPERARI fabriquer, /est ce que produit un ouvrier./ C'est le produit du travail./ On dit : cet ouvrage a coûté beaucoup de travail. /Travail est subjectif, ouvrage est objectif,/ puisque c'est un produit. Il est vrai qu'on emploie aussi travail dans un sens objectif : ce livre est un beau travail, dit-on, aussi bien que ce livre est un bel ouvrage. Mais dans le premier cas on pense à la peine que le livre a coûté, au mérite de l'auteur, en un mot à l'auteur, et dans le second cas on considère la production en elle-même. La besogne est simplement ce que nous devons faire,/ telle, telle, et telle chose dont nous avons à nous occuper.

10. Tour. Signifie ici/une action qui exige de l'habileté./ 13. Commère (voir xxiv, 6).

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XXXIV.

LE LION DEVENU VIEUX (III, 14)

Donec eris felix, multos numerabis amicos;
Tempora si fuerint nubila solus eris.

(Heureux, vous trouverez des amitiés sans nombre, Mais vous resterez seul, si le temps devient sombre.)

Ovide.

Un vieux lion d'Afrique gisait couché dans la forêt, accablé par les ans et dépourvu de force. Autour de lui s'étaient rassemblés les chiens petits et grands, non pas ces braves chiens de chasse qui font retentir les forêts de leurs aboiements, non pas ces bon chiens de bergers qui défendent les moutons, non pas ces chiens fidèles qui veillent à la porte des riches; mais ces chiens hargneux, toujours prêts à mordre les hôtes de leur maître, timides contre les voleurs et contre les loups. Le lion est devenu le jouet de cette troupe de lâches. Un d'entre eux, tout fraisé et tout paré, nourri dans le sein des dames, sans cesse caressé, au poil brillant et poli, aboyait de loin contre le lion; il reprochait au vieillard épuisé de forces sa vieillesse, son col chauve et sans crinière; puis, non content de ces outrages, il s'approche, lui mord la queue et lui arrache les poils de la barbe. L'indignation rend le courage au vieux lion; et rassemblant ce qui lui restait de force, il étend la griffe et brise la tête de l'aboyeur. Aussitôt tous

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