aime à manger, il est amateur de bonne chère. Il lui faut la quantité, mais aussi la qualité. Il fait cas des plats comme le gourmet des vins. Celui-ci se connaît en vins et n'aime que les bons.-Le friand est de la famille du gourmand, mais il n'estime que la qualité ; il lui faut du très-délicat, du léger, de l'exquis. Devant nos mets de tous les jours, il fait la moue. Peu lui suffit du reste. Quel contraste avec notre glouton dont le gosier est comme un abîme qui engloutit tout, n'importe quelle chair. 26. Force moutons. C'est une grande quantité (iv, 27). 27. Nulle offense (voir la note sous le vers 10). 33. Périsse. Pourquoi ce subjonctif? (Entretiens, verbes de sentiment, p. 261). 36. Canaille. C'est la populace: des moutons pour le roi et le renard son courtisan ne sont qu'une vile populace. Canaille est l'italien CANAGLIA introduit dans le français au XVI• siècle ; notre vieille langue disait CHIENAILLE. Le terme est méprisant puisqu'il a pour étymologie CANIS chien. 37. Péché (voir la note sous le vers 3). 42. Chimérique. Ce qui est chimérique est une chimère, c'està-dire, n'a pas de fondement. 43. D'applaudir. Commencèrent, ou se hâtèrent, est sous-entendu les flatteurs commencèrent d'applaudir. 47. Matin. Gros chien qui garde la cour et la maison; en anglais MASTIFF. Le vieux français disait MASTIN, l'italien dit MASTINO. C'est dérivé du bas latin MANSATINUS qui vient de MANSUM maison. MANSUM est tiré de MANERE rester. Donc le MANSATINUS, le MASTINO, le MASTIFF ou le matin reste à la maison; il la garde. 51, 52, 53. Keen hunger, leisure, tender grass, And add to these the devil too, All tempted me the deed to do. I browsed the bigness of my tongue. 54. Nul droit (voir sous le vers 10). Parler net. C'est parler clairement, sans faire de détour. Net est pris adverbialement dans cette expression. 55. Haro. Crier haro sur quelqu'un, c'est protester, élever la voix contre ce qu'il fait ou dit. L'origine de ce mot n'est pas certaine. On a cru longtemps qu'il venait de Ha Raoul, une sorte d'appel à la justice de Raoul ou Rollon, premier duc de Normandie, prince qui faisait rigoureusement observer les lois. Cette origine de haro est aujourd'hui contestée. Diez en a une autre qui n'est pas plus certaine : haro vient du saxon HEROD, dit-il, mot qui signifie ici. Haro! viens ici, viens à mon secours contre ce criminel. Baudet. Vient de BAUD qui fut d'abord BALD, mot de l'ancien français qui signifiait gai, content, hardi. Ce mot BAUD est resté dans le verbe s'ébaudir, se réjouir. L'anglais a un terme semblable, BOLD. BOLD et BAUD ont pour étymologie l'ancien haut allemand BALD. On a donné à l'âne le nom de baudet parce qu'il a l'air BAUD, c'est-à-dire, gai et hardi. 56. Clerc. Opposé à laïque. Le clerc appartient au clergé. Tel est le sens premier du mot. Il signifie ensuite, comme ici, un homme lettré, un savant. Au moyen âge la science appartenait presque exclusivement aux clercs, aux membres du clergé. 58. Pelé. Qui n'a plus de poils. "Il vit le cou du chien pelé” (iv, 32). Un pelé, est-ce celui qui n'a plus de cheveux, ou bien celui qui porte des habits pelés? Ici évidemment pelé signifie que l'âne avait perdu ses poils. Il était galeux du reste. Galeux. Qui a la gale, maladie de la peau extrêmement contagieuse. On dit d'un homme méchant, de celui qui a une trèsmauvaise langue: c'est une véritable gale. Et l'on appelle brebis galeuse une personne dont la fréquentation est dangereuse: évitez-la comme la gale. D'où. Pour duquel. Cet emploi de d'où est-il permis? (Entretiens, p. 170). 59. Peccadille. Petite faute, de l'italien PECCADIGLIO, lequel est un diminutif tiré du latin PECCATUM péché. La peccadille est donc un petit péché. 64. Les jugements de cour. "Non-seulement les jugements de cour, mais les jugements de ville, et, je crois, ceux de village."-Chamfort. Voir cette fable étudiée dans les Causeries avec mes élèves et dans les Petites causeries. XXVII. LE FERMIER, LE CHIEN ET LE RENARD (XI, 3). La Fontaine est un Gaulois qui parle à des Gaulois. Avec Rabelais, Voltaire et Molière, il est notre miroir le plus fidèle. Platon, à ce qu'on rapporte, ayant appris que le grand roi voulait connaître les Athéniens, fut d'avis qu'on lui envoyât les comédies d'Aristophane; si le grand roi voulait nous connaître, ce sont les livres de La Fontaine qu'il faudrait lui porter. H. Taine. PROVERBE: L'œil du maître engraisse le cheval. MÉNALCAS. Dis-moi, Damotas: à qui est ce troupeau? DAMETAS. Non; mais à Ægon, qui depuis peu me l'a confié. MÉNALCAS. Pauvres brebis, troupeau toujours malheureux ! tandis que le maître courtise Néæra, et craint qu'elle ne me préfère à lui, un mercenaire trait les brebis deux fois par heure, dérobant ainsi et le lait aux agneaux et la force à leurs mères. Virgile. Le loup et le renard sont d'étranges voisins: Ce dernier guettait à toute heure 5 Les poules d'un fermier; et, quoique des plus fins, 10 Je vais, je viens, je me travaille, Pourquoi sire Jupin m'a-t-il donc appelé 15 20 Il choisit une nuit libérale en pavots: Commit une sottise extrême. 25 Le voleur tourne tant qu'il entre au lieu guetté, Le dépeuple, remplit de meurtres la cité. Les marques de sa cruauté Parurent avec l'aube: on vit un étalage De corps sanglants et de carnage. 30 Ne rebroussât d'horreur vers le manoir liquide./ Joncha son camp de morts: on vit presque détruit 35 Ajax, à l'âme impatiente, De moutons et de boucs fit un vaste débris, 40 45 Par qui l'autre emporta le prix. Ce chien parlait très à propos : On vous sangla le pauvre drille. 55 |