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fournit en grande quantité ce qu'elle contient, | engrais, en le dégageant de tout ce qui peut ce qui existe en elle. L'abondance d'une source, porter obstacle au développement de sa vertu d'une mine. La fécondité et la fertilité sont productrice. L'effet de l'action exprimée par les qualités d'une chose qui peut produire en le verbe tombe sur le meilleur état des pargrande quantité. La fertilité d'une terre, la ties de la chose, sur leur meilleure direction, fécondité de la femelle d'un animal. L'abon-sur leur meilleur usage. dance est la suite, l'effet de la fertilité ou de la fécondité. La fertilité, la fécondité d'unement l'approche d'un lieu, sans aucun rapport terre est la cause de l'abondance des moissons, aux facilités ou aux difficultés de cette apde l'abondance des récoltes. proche.

ABONDANCE, RICHESSE. Abondance a rapport à la satisfaction des besoins, et suppose une quantité plus que suffisante pour les satisfaire. Il se dit particulièrement des choses nécessaires à la vie. Abondance de blé, de vin, de fruits, etc. Richesse a rapport à la possession : il suppose le luxe, les superfluités, et se dit de toutes sortes de biens. L'abondance d'une mine c'est la quantité de métal qu'elle fournit relativement aux besoins; la richesse

ABORD, ACCÈS. Abord signifie simple

Accès indique proprement l'entrée, et marque un rapport à la facilité ou à la difficulté. L'abord d'un port précède l'accès, et quelquefois cet accès n'est pas libre. On avait défendu l'accès du port.

Abord se dit de la manière dont on recoit

les personnes; accès de la facilité ou de la difficulté avec laquelle on se laisse aborder. On a l'abord affable ou rebutant; on est d'un accès facile ou difficile. V. Accès.

ABORDABLE, ACCESSIBLE. Un lieu est d'une mine est la valeur considérable du métal qu'elle produit. Les revenus des terres, les accessible lorsqu'on peut en approcher; il est maisons, l'argent comptant, les rentes forment abordable lorsqu'on peut y toucher, y enla richesse; la fertilité des terres, l'industrie trer. Un homme est abordable lorsqu'il peret le travail des hommes forment l'abondance. met, qu'il souffre qu'on se présente devant C'est l'abondance qui produit la richesse. Lors-lui, qu'on lui parle; il est accessible lorsqu'il que l'abondance cesse, la richesse disparait. est disposé à écouter avec intérêt ce qu'on a à lui dire. Etre accessible aux plaintes des La richesse n'est que dans l'abondance des productions qui se consomment. (CONDILLAC.)

malheureux.

ABORDER QUELQU'UN, APPROCHER QUELQU'UN. On aborde les personnes à qui l'on veut parler; on approche celles avec qui l'on est souvent.

ABORDER QUELQU'UN,

JOINDRE

ABONDER, AFFLUER. L'un et l'autre de ces mots désigne une quantité de choses qui se présentent à la fois; mais le premier a rapport à la source qui les produit et à l'usage qu'on en peut faire, et le second indique le concours de ces choses vers un but commun. QUELQU'UN, ACCOSTER QUELQU'UN. Un pays abonde en blé, en gibier, c'est-à-dire On joint les personnes avec lesquelles on veut produit beaucoup de blé, de gibier; les vais-aller de compagnie; on accoste celles avec seaux affluent dans ce port, c'est-à-dire s'y lesquelles on veut causer en marchant; on rendent de toutes parts comme vers un but aborde celles dont on veut attirer l'attention. ABORDER D'UN LIEU, ABORDER À ABONNIR, AMÉLIORER. Abonnir, ren- UN LIEU. Aborder d'un lieu suppose des obsdre bon ce qui était mauvais; rendre agréable | tacles qui empêchent d'y pénétrer; aborder à ou supportable au goût ce qui y était aupara-un lieu suppose une tendance commune, vant désagréable ou insupportable. Certains concours vers un lieu. On ne peut aborder vins qui n'étaient pas potables s'abonnissent d'une église lorsqu'il y a à la porte une en vieillissant, en passant la mer, etc. Les grande foule qui empêche d'y pénétrer. La nèfles s'abonnissent sur la paille. L'effet de l'ac-foule aborde à un lieu, lorsqu'elle s'empresse tion tombe sur la chose même dont on fait de s'y rendre. V. Accès. immédiatement usage.

commun.

Améliorer, rendre meilleur, rendre plus propre à produire de bons effets, rendre plus propre à certains usages. On améliore une machine en réparant ses ressorts, en y ajoutant de nouveaux ressorts qui en rendent l'action plus facile, plus utile, plus avantageuse, plus profitable. On améliore un terrein en le rendant plus propre à produire, en lui donnant des

un

ABOUCHEMENT, ENTREVUE. Ces deux mots marquent l'entretien prémédité de plusieurs personnes pour conférer sur quelque affaire qui les intéresse. Mais abouchement a plus de rapport à l'action de concerter les moyens de faire quelque chose; et entrevue ne signifie que l'action de se voir, de s'assembler, dans le dessein de s'aboucher. C'est l'entrevue qui conduit à l'abouchement,

S'ABOUCHER, SE CONCERTER. S'abou cher se dit des personnes qui, voulant faire ensemble quelque travail, quelque entreprise, commencent à s'entretenir sur le but qu'elles se proposent, et sur les moyens d'y parvenir.

Se concerter, c'est convenir de la manière dont on emploiera ces moyens, chacun de son côté.

ABRÉGE, SOMMAIRE. L'abrégé est un ouvrage réduit à un moindre volume que celui qu'on a abrégé; il contient tout ce qu'il y a d'essentiel dans cet ouvrage. Le sommaire n'est point un ouvrage, il ne fait qu'indiquer en peu de mots les principales choses contenues dans chaque chapitre de l'ouvrage, et se met ordinairement à la tête de ces chapitres

Le premier regarde l'ensemble de la chose, ou divisions. le second les détails.

On commence par s'aboucher, on finit par se concerter; puis on passe à l'exécution.

ABOUTER, ABUTER. Abouter, faire joindre les bouts de deux pièces qui doivent se toucher; abuter, faire joindre le but. On n'a pas bien abouté lorsqu'il reste de l'espace entre les bouts; on n'a pas bien abuté lorsque la pièce qui devait joindre l'autre n'a pas été poussée jusqu'au bout qui devait lui servir de but. L'un a rapport à la jonction des deux bouts, l'autre au but que l'un des deux bouts | devait atteindre.

ABOUTIR, PERCER. Ces deux mots se disent d'un abces qui se termine par la supparation. Le premier signifie qu'il approche da moment où le pus doit se faire un pas- | sage, et le second que ce passage se fait actuellement. Le premier est un terme d'art, le second un terme commun.

AB OVO, DES L'ORIGINE. La première de ces expressions, qui est purement latine, a un air scientifique ; la seconde est l'expression ordinaire.

ABOYER, JAPPER. Le premier se dit des gros chiens, et le second des petits chiens qui ont la voix moins forte. Cependant on dit quelquefois japper en parlant des gros chiens, et aboyer en parlant des petits; mais alors aboyer suppose un objet contre lequel le chien aboië, et japper ne signifie que le cri naturel de l'animal qui n'est animé contre aucan objet. Un gros chien jappe de joie en reWyant son maître après quelque temps d'absence; un petit chien aboie quelquefois avec chaleur contre les passans.

AFREGE, EXTRAIT. Un extrait est ordinairement plas court et plus superficiel qu'un abrégé. Les journaux et autres ouvrages périodiques qui paraissent tous les mois, et où l'on rend compte des livres nouveaux, contiennent on doivent contenir des extraits des matières les plus importantes, ou des morceaux les plus frappans de ces livres.

ABRÉGÉ, ÉPITOME. L'épitome est un ouvrage plus succinct que l'abrégé. Ce mot est parement grec, et n'est guère employé que par les gens de lettres, pour le titre de certans ouvrages,

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ABRÉGER, ACCOURCIR. On abrège dans le dessein de donner en petit l'image de ce qui existe en grand; c'est un tableau en miniature. On accourcit ce qui est trop long. Abréger les jours ne signifie pas rendre chaque jour plus court, mais rendre plus court le temps de la vie, composé de jours, faire que le nombre de ces jours ne soit pas aussi grand qu'il devroit l'être.

ABREUVER, ARROSER. On arrose des plantes pour les rafraîchir, pour conserver leur fraîcheur, pour empêcher qu'elles ne se fanent; on les abreuve lorsqu'elles sont fanées, qu'elles ont besoin de beaucoup d'eau pour reprendre vigueur.

À L'ABRI, À COUVERT. A couvert présente l'image d'un voile qui dérobe ; à l'abri, l'idée d'un rempart qui défend. Le premier dit moins que le second. Quand on est surpris par la pluie on se met à l'abri sous un arbre, ou à couvert dans une grange, dans une maison. A couvert suppose donc plus de sûreté, et l'on peut dire, selon les circonstances, être à l'abri de la pluie, ou être à couvert de la pluie. Au figuré on trouve la même différence. On est à l'abri de la haine, de la vengeance, lorsqu'on ne peut en être atteint ; on est à couvert de la haine, de la vengeance, lorsqu'on ne peut être l'objet de ces sentimens. On est à l'abri des poursuites de ses créanciers lorsqu'ils ont accordé du temps pour payer; on est à couvert de leurs poursuites lorsqu'on leur a abandonné tout ce qu'on possédait.

On est à l'abri de toutes sortes de maux, d'inconvéniens, d'incommodités; on n'est à couvert que de ce qui vient d'en haut, de ce qui menace, attaque, poursnit, persécute. On est à l'abri on à couvert de la pluie, de la grêle, de l'orage, de la haine, de la persécution, de la fureur; mais on est à l'abri et non pas à couvert du bruit, du vent, du besoin, des passions.

ABRITER, COUVRIR. On abrite une planche de jardin en la garantissant du vent avec des paillassons; on abrite une plante qui est dans un pot ou dans une caisse, en la mettant à l'ombre pour la garantir de l'ardeur du soleil; on couvre une planche, une couche,

en mettant dessus une toile, un paillasson, I ajoute à cette idée celle d'une distance consiun châssis. dérable qui sépare de ce lieu ou de cette personne.

ABROGATION, ABOLITION. L'abrogation se fait par une loi, l'abolition par le non usage; l'abolition peut être une suite de l'abrogation.

ABROGATION, DÉROGATION. L'abrogation frappe la loi en son entier et l'annule; la dérogation peut n'atteindre qu'une partie de la loi et la laisser subsister; elle n'y porte atteinte que d'une manière indirecte et impar

faite.

ABROGER. V. ABOLIR.

ABROUTI, BROUTÉ. Ils se disent des arbres dont les bourgeons ont été mangés ou coupés par les animaux. Le premier est un terme d'administration forestière; le second est le terme ordinaire.

ABRUTIR, HÉBÉTER. C'est faire perdre l'usage ou l'exercice de la raison. Le premier dit plus que le second; abrutir, c'est faire perdre l'usage de la raison au point de rendre semblable à la brute; hébéter, c'est seulement affaiblir l'esprit et la raison, les empêcher de se développer. On hébéte les enfans par trop de sévérité et de rigueur; un ivrogne s'abrutit à force de boire. Un enfant ou un jeune homme hébété peut reprendre l'usage de la raison lorsqu'il est soustrait au joug qui la comprime; un homme abruti ne reprend ja

mais cet usage.

ABRUTIR. V. ABÈTIR, RABÊTIR. ABRUTISSEMENT, STUPIDITÉ. État d'une personne privée du sentiment et de la

raison.

La stupidité vient de la nature. Elle est causée par une mauvaise conformation des organes ou un vice dans le jeu des fonctions

animales.

L'abrutissement vient d'une cause extérieure qui a interrompu ou anéanti l'exercice du sentiment et de la raison. Un homme qui s'enivre habituellement tombe dans l'abrutissement; un enfant dont les organes sont très faibles et les sens sans activité est dans un état de stupidité.

ABSCISSION, AMPUTATION. Termes de chirurgie. Abscission ne se dit que des petites parties du corps humain que l'on coupe; amputation se dit particulièrement des membres et des parties qui forment par elles-mêmes un tout considérable. L'amputation d'un bras, d'une jambe; l'abscission de la luette. On dit aussi excision pour abscission.

ABSENCE, ÉLOIGNEMENT. Le premier indiqne seulement l'interruption de présence en un lieu ou auprès de quelqu'un; le second

ABSENCE, BÉVUÉ, DISTRACTION. En parlant de l'esprit, l'absence ou absence d'esprit se dit d'un manque d'attention qui fait que l'esprit n'est point présent à la chose qu'il devrait considérer; bévue se dit d'une absence des qualités nécessaires pour bien voir la chose; distraction, de l'absence de l'esprit dont l'attention a été détournée de la chose qu'il devait considérer, et portée sur un autre objet.

S'ABSENTER, S'ÉLOIGNER. Le premier indique le défaut de présence; le second marque de plus l'éloignement. On peut s'absenter sans s'éloigner; mais on ne saurait s'éloigner de chez soi, du lieu de sa demeure, sans s'absenter. Celui qui a chez lui des affaires qui exigent une surveillance suivie pent bien quelquefois s'absenter, mais ne doit jamais s'éloigner. Un homme qui a de mauvaises affaires susceptibles d'accommodement, d'arrangement, s'absente; celui qui est coupable d'un crime dont il ne peut espérer le pardon s'éloigne.

ABSOLU, IMPÉRIEUX. L'homme absolu veut être obéi sans résistance, sans opposition; l'homme impérieux veut l'être avec soumission. Le premier annonce de la fermeté, il ne souffre pas que son autorité soit contestée; le second montre de la vanité et de l'orgueil, il prétend que la sienne soit maintenue. L'homme impérieux peut ne pas être absolu, il lui suffit quelquefois que l'on paraisse soumis; l'homme absolu peut ne pas être impérieux, c'est assez pour lui d'être obéi ponctuellement. Il est nécessaire avec certaines gens de prendre un ton absolu, il ne l'est jamais de prendre un ton impérieux.

ABSOLU, ARBITRAIRE, DESPOTIQUE. Le pouvoir absolu n'a rien au-dessus de lui, il ne peut être ni contrarié ni gêné; le pouvoir arbitraire dispose de tout à son gré; le pouvoir despotique ne connait ni le juste ni l'injuste; tout ce que fait le despote est bien, par la seule raison qu'il est le maître.

On peut user du pouvoir absolu en suivant certaines lois, et alors on n'use pas du pouvoir arbitraire; ou bien en respectant la justice et l'équité, et alors on s'abstient du pouvoir despotique. Sous le pouvoir absolu, les peuples peuvent être heureux si le prince est sage, est vertueux; sous le pouvoir arbitraire, il ne peut y avoir ni sûreté ni tranquillité; sous le pouvoir despotique, il n'y a ni vertu ni honneur.

ABSOLUTION, RÉMISSION. Par l'absc

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Intion on délie l'accusé ou le pécheur; par la | sire pas, qui sont indifférentes; on ne se prive rémission on se désiste de la peine qu'on a que des choses qu'on connaît, dont on a joui droit d'exiger d'un coupable. L'absolution ré-on dont on voudrait jouir. Il est rare qu'un tablit l'accusé ou le pénitent dans son inno-ivrogne se prive de vin lorsqu'il peut en boire; cence et dans la jouissance de toute sa liberté un homme sage s'en abstient s'il nuit à sa et de tous ses droits; la rémission décharge le santé. coupable de la peine ou d'une partie de la ABSTENSION, RENONCIATION. Ce sont peine qu'il avait encourue. L'absolution est deux termes de droit civil. La renonciation se l'acte d'un juge équitable ou propice, la ré-fait par l'héritier à qui la nature ou la loi démision est un acte de modération.

ABSOLUTION, PARDON. En termes de jurisprudence, l'absolution suppose l'innocence, et le pardon suppose le crime ou l'offense. Le pardon est la rémission entière de la peine qu'on a droit d'exiger comme offensé on de faire subir comme juge. En termes de religion, l'absolution et le pardon supposent la faute et l'offense. Par l'absolution, le penitent est délié, délivré des liens du péché, ou des liens des censures, et réconcilié avec Dieu ou avec l'église; par le pardon, il est entiérement exempté de la peine qu'il avait meritée en commettant le péché.

fère l'hérédité, et l'abstension par celui à qui elle est déférée par la volonté du testateur.

ABSTERGER, NETTOYER. Le premier est un terme de médecine et de chirurgie qui a une signification bien plus étendue que le second. Absterger, c'est non-seulement nettoyer les plaies, les ulcères, etc., mais encore dissoudre les duretés et les épaississemens. C'est dans le premier sens que ces deux mots sont synonymes.

ABSTINENCE, PRIVATION. L'abstinence suppose le pouvoir de jouir, elle est volontaire; la privation suppose l'attachement à la chose dont on est privé, et un certain déplaisir d'en être privé; elle est souvent forcée. Pour qui préfère la santé aux plaisirs, l'abstinence n'est pas privation; pour qui préfère les plaisirs à la santé, l'abstinence est en même temps privation.

ABSOLUTION. V. ABOLITION. ABSORBER, ENGLOUTIR. Absorber exprime une action successive qui finit par consumer le tout. Engloutir exprime une action qui saisit le tout et le fait disparaître tout d'un coup. Le feu absorbe, l'eau engloutit. ABSTINENCE, MODÉRATION. La modé ABSOUDRE, PARDONNER. Absoudre, ration se borne dans l'usage et s'éloigne de dans le sens de la jurisprudence, c'est dé- l'excès; l'abstinence s'interdit l'usage et se elarer qu'une personne n'est pas coupable d'une prive tout-à-fait de ce qui est agréable et perfaute dont elle est accusée. Pardonner, c'est mis. L'excès étant vicieux, la modération est accorder la rémission entière d'une faute que un devoir étroit dans tous les cas; s'en écarter l'on est en droit de punir ou de faire punir. c'est être intempérant. L'abstinence est une On absout un accusé dont l'innocence est re-obligation imparfaite; elle dépend des circonconnue; on pardonne à un coupable que l'on veut favoriser ou qui paraît excusable.

Les catholiques entendent par absoudre, remettre les péchés dans le tribunal de la péni

lence.

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stances, elle varie au point que dans bien des cas elle serait vicieuse.

ABSTRACTION, PRÉCISION. L'abstraction sépare par la pensée des choses inséparables dans la réalité, pour les considérer à AESTÈME, HYDROPOTE. Abstème vient part, indépendamment les unes des autres; da latin, et signifie qui ne boit point de vin; la précision sépare par la pensée des choses hydropote vient du grec, et veut dire qui ne réellement distinctes pour empêcher la confuboit de l'eau. Le premier a un sens néga-sion du mélange des idées. Par l'abstractif, le second un sens positif. Hydropote est tion on considère une partie du sujet en éloiun terme de médecine, abstème un terme de gnant toutes les autres; par la précision on jurisprudence. Ces deux mots ne sont pas considère la totalité du sujet en écartant tout asites dans le langage ordinaire ; nons disons ce qui peut empêcher de le voir tel qu'il est. plutôt buveur d'eau. Le but de la précision est de ne point sortir du sujet, en éloignant pour cet effet tout ce qui lui est étranger; le but de l'abstraction est de ne pas entrer dans toute l'étendue du sujet en n'en prenant qu'une partie, sans aucun égard aux autres.

SABSTENIR, SE PRIVER. S'abstenir n'exprime que l'action sans aucun rapport au sentiment qui peut l'accompagner; se priver suppose un attachement à la chose et un regret de ne plus la faire ou de ne plus en jouir. On peut s'abstenir des choses qu'on ne connait pas, qu'on n'aime pas, qu'on ne dé

ABSTRACTION, DISTRACTION. L'abstraction est causée par un objet qui occupe

uniquement et sans partage; la distraction est | trop de confiance dans nos propres lumières.

causée par un objet extérieur qui attire entièrement l'attention, et la détourne des objets auxquels on l'avait donnée d'abord ou auxquels on devrait la donner. La rêverie produit des abstractions; la curiosité cause des distractions.

ABSTRAIT, DISTRAIT. On est abstrait par l'attention que l'on donne exclusivement aux idées qui occupent; on est distrait lorsqu'on est détourné par quelque objet nouveau de l'objet dont on était ou dont on devait être occupé. L'homme abstrait reste attaché à ses pensées et ne s'en laisse détourner par aucun objet extérieur; l'homme distrait est si peu attentif à ce qu'il fait ou à ce qu'on lui dit qu'il faut très peu de chose pour l'en détourner.

ABSTRAIT. V. ABSTRUS.

ABSTRUS, ABSTRAIT. Une chose abstruse est difficile à comprendre, parce qu'elle dépend d'une suite de raisonnemens dont on ne peut suivre la liaison et saisir l'ensemble que par le moyen d'une contention d'esprit extraordinaire. Une chose abstraite est difficile à comprendre, parce qu'elle est très éloignée des idées sensibles et communes. Un traité sur l'entendement humain est nécessairement abstrait; la géométrie transcendante est une science abstruse.

ABSURDE, DÉRAISONNABLE. Ce qui est absurde choque d'abord le bon sens, le sens commun; ce qui est déraisonnable n'est pas conforme à la raison, est contraire à la raison. Il n'est pas besoin de raisonner pour repousser ce qui est absurde; il choque le jugement comme un son aigre choque l'oreille. On a ordinairement besoin d'examen et de raisonnement pour trouver quelque chose déraisonnable.

L'ABSURDITÉ, UNE ABSURDITÉ. L'absurdité est le vice et le défaut de ce qui est absurde. Une absurdité est une chose absurde. Le premier ne prend point de pluriel, le second en prend un. L'absurdité d'un raisonnement est un vice qui s'étend sur le raisonnement tout entier; en ce sens, il ne peut pas y avoir plusieurs absurdités. Dire des absurdités, c'est dire plusieurs choses absurdes.

ABUS, ERREUR. L'erreur est une fausse opinion qui vient ou de notre ignorance ou de la fausseté de nos raisonnemens. L'abus est une fausse opinion qui vient ou de ce qu'on a abusé de notre faiblesse ou de notre crédulité, ou de ce que nous nous sommes abuses nous-mêmes par prévention ou par

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Pour revenir de l'erreur il faut s'instruire, examiner de nouveau et raisonner juste; pour revenir d'un abus il faut découvrir l'ignorance ou la mauvaise foi de ceux qui nous ont trompés, ou bien écarter les préventions et se défier de soi-même.

ABUS, ILLUSION. L'abus est un écart de la raison, un éloignement de la vérité; l'illusion est une fausse apparence qui empêche de voir la vérité. On m'a trompé ou je me suis trompé par trop de confiance ou de prévention, c'est un abus ; on m'a trompé ou je me suis trompé par de fausses apparences, c'est une illusion. Tout abus n'est pas illusion; mais dans toute illusion il y a abus, parce qu'il y a éloignement de la vérité. Pour détruire l'abus il faut dissiper l'illusion.

ABUSER, MÉSUSER. On abuse de la chose que l'on emploie à faire du mal; on mésuse de la chose qu'on emploie mal. Celui qui mésuse agit contre la raison, contre la sagesse, contre ses intérêts, contre le bon ordre; celui qui abuse péche contre la justice, contre la probité, contre la délicatesse, contre la politesse, contre les bienséances.

ABUSER, TROMPER. On trompe en donnant pour vrai ce qui est faux, pour bon ce qui est mauvais; on abuse en gagnant le cœur pour le détourner du vrai ou du bon. On trompe ceux qui ne connaissent pas les choses et ne se méfient pas des hommes; on abuse les personnes faibles, crédules, vives, qui se laissent aller sans réflexion aux impressions qu'on leur fait éprouver, qui se passionnent aisément pour les objets qu'on leur présente. Un marchand trompe un acheteur en lui vendant pour bonne une mauvaise marchandise; un fanatique abuse une ame simple en lui faisant voir une action héroïque dans un crime abominable. On trompe une jeune fille en se donnant pour ce qu'on n'est pas; on l'abuse en l'entraînant dans le vice par l'illusion des sens et le délire des passions. On est détrompé quand on a reconnu que ce qu'on croyait vrai est faux, que ce qu'on croyait bon est mauvais; on est désabusé lorsque l'illusion qui faisait voir les choses autrement qu'elles ne sont est dissipée.

ABUSER, DÉCEVOIR. Abuser, c'est séduire le cœur et couvrir de fleurs l'abîme où on l'entraîne; décevoir, c'est attirer par des avantages spécieux, par des apparences séduisantes, par un espoir flatteur, mais vain. On est abusé par une passion aveugle; on est déçu par de belles promesses, par l'espoir d'un avenir heureux, On est abusé par un

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