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d'une manière contraire à sa destination primitive, vous l'abétissez. Si, lorsque la raison a déjà fait quelques progrès dans un jeune homme, vous en comprimez, vous en dépravez, vous en interrompez l'exercice naturel, vous le rabétissez. Un enfant sortant des mains de parens tendres et éclairés est rarement abéti; mais souvent ils le confient pour le reste de son éducation à des instituteurs ignorans et superstitieux qui le rabétissent en croyant l'éclairer.

revetn, à l'autorité de laquelle on les a reçus, et qui pent en disposer en faveur d'un autre. ABDICATION. Voyez ABANDONNEMENT. ABDIQUER, SE DEMETTRE. C'est en géneral quitter une dignité, une charge, un emploi; abdiquer ne se dit guère que pour signifier renoncer volontairement à une dignité souveraine. On abdique la royauté, la couronne, l'empire. Le second se dit également des grandes et des petites places, et n'exclut pas la contrainte, Christine, reine de Suede, abdiqua la royauté; Édonard II, roi d'Angleterre, fut forcé de se démettre de la royauté. Philippe V, roi d'Espagne, s'en démit volontairement en faveur du prince Louis son fils.

ABDOMEN, BAS-VENTRE. Le premier est un terme scientifique que les médecins et les chirurgiens ont adopté dans leur langage particulier; le second est le mot vulgaire qui est compris de tout le monde.

ABÊTIR, ABRUTIR. Le premier a rapport à l'esprit, à la raison; abétir c'est rendre bête, rendre incapable de raisonner. Le second signifie réduire l'homme à l'état de brute, en ne lui laissant que les appétits aveugles de la brute, sans intelligence pour les diriger.

nous

ABHORRER, HAIR. Nous haïssons ceux qui nous irritent, qui nous contrarient, qui nous font ou qui nous ont fait du mal; ou ceux en qui nous reconnaissons ou croyons reconnaître des qualités nuisibles ou dangereuses. Nous abhorrons ceux qui se sont rendus coupables envers nous ou envers les autres de quelque procédé atroce; ou ceux en

ABÉCÉDAIRE, ALPHABÉTIQUE. Abécédaire se dit des ouvrages qui traitent des lettres par rapport à la lecture, et où l'on peut apprendre à lire avec facilité. Un livre abécédaire, un ouvrage abécédaire. En ce sens, il a rapport an fond de la chose. Alpha- qui nous reconnaissons ou croyons reconbetique se dit par rapport à l'ordre. Les dic-naître des vices ou des opinions qui révoltent tionnaires sont disposés par ordre alphabétique, et ne sont pas pour cela des ouvrages

abécédaires.

la nature ou l'humanité. On hait un médisant, un rival, un homme sans éducation et sans

procédés; on abhorre un traître, un calom

On hait l'erreur, le péché, le mensonge, le le crime, la trahison, la captivité. On hait travail, la solitude; on abhorre la persidie,

niateur, un homme sans honneur et sans foi.

Abécédaire se dit aussi des personnes qui ne sont encore qu'au commencement, qu'à labe d'une science on qui en apprennent les premiers élémens. Dans le premier sens, on dit en plaisantant, c'est un docteur abécé-ou on abhorre suivant le degré de passion daire. Dans le second on dit un vieillard plus ou moins fort qui excite à l'un ou à abécédaire, c'est-à-dire qui commence à prendre une science difficile.

ap

AREE, BEE. Ces deux mots se disent de l'ouverture par laquelle coule l'eau qui donne le mouvement à un moulin à eau. Mais le dernier est plus usité, et le premier a viedli.

AFEILLE, MOUCHE À MIEL. Les naturalistes désignent aujourd'hui sous le nom d'abeilles tous les insectes qui recueillent la poussiere fecordante des fleurs. On désigne par les mots de mouche à miel seulement ceux de ces insectes qui fournissent le miel et la cire.

ABÈTIR, RABÈTIR. Abétir, c'est rendre bète, stupide, empêcher le développement des facultes intellectuelles. Rabétir, c'est arrêter, interrompre le cours naturel des facultés intellectuelles. Si, prenant un enfant au moment on sa raison commence à poindre, vous diriez cette faculté de manière qu'elle s'exerce

l'autre de ces sentimens. Les uns abhorrent
les autres haïssent seulement.
ce que
ABHORRER, DÉTESTER. Abhorrer sup-
pose l'horreur que cause ou que causerait la
présence de l'objet. La cause de ce sentiment
est dans le cœur ou dans le goût. Détester
suppose un jugement de l'esprit, une haine ou
une aversion raisonnée. On abhorre celui dont
on ne peut souffrir la présence; on déteste
celui dont on connait à fond la corruption.
On abhorre une médecine lorsqu'il est ques-
tion de la prendre ; on la déteste après l'avoir
prise, on en connaît le mauvais goût. Nous
abhorrons un crime qu'on nous propose de
commettre; nous détestons un crime que nous
avons commis. Une épouse malheureuse ab-
horre les noeuds qui l'attachent à un indigne
époux ; et elle déteste le jour où elle forma

ces nœuds.

Dans le discours familier on emploie assez souvent le mot abhorrer dans un sens exagéré.

fois l'affectation, les porte à dire qu'elles abhorrent les personnes ou les choses qui ne leur ont causé qu'un peu d'humeur on de dépit.

L'imagination ardente des femmes, et quelque- | de manière à diminuer la récolte; elle les á abîmées lorsqu'elle les a endommagées au point de détruire tout espoir de récolte, quelquefois même pour plusieurs années. On peut pratiquer, quoique avec peine, un chemin gáté: un chemin abîmé est impraticable.

S'ABIMER, S'ENFONCER. On dit s'enfoncer dans l'étude, dans la débauche, dans le jeu; et s'abîmer dans l'étude, dans la débauche, dans le jeu. S'enfoncer indique seulement l'action de s'y livrer de plus en plus; s'abímer ajoute à cette idée celle de s'y livrer entièrement, sans réserve, sans retenue, sans

ABIME, GOUFFRE. L'abime emporte l'idée d'une profondeur sans fond connu; le gouffre, celle de l'ouverture d'une profondeur qui attire, engloutit, absorbe tout ce qui en approche. On tombe dans un abíme, on s'y précipite ou on y est précipité; on est attiré, entraîné, emporté malgré soi dans un gouffre, dès qu'on s'en est approché. Au figuré, on dit que le jeu est un gouffre, si l'on veut exprimer que le jeu absorbe beauvoir ni prévoir la fin. Un homme qui veut decoup d'argent qu'on ne revoit plus; on dit venir savant s'enfonce dans l'étude; un homme que le jeu est un abîme, si l'on veut signi- qui a la passion des sciences abstraites s'y fier qu'il cause la perte entière de ceux qui abíme. s'y abandonnent.

ABIME, PRÉCIPICE. L'abîme ne suppose qu'une profondeur immense ou inconnue; le précipice suppose une profondeur formée par des lieux élevés et très escarpés, dans laquelle on est en danger de tomber lorsque l'on est sur ces lieux, et d'où il est presque impossible de se retirer lorsqu'on y est. La profondeur de l'abíme n'est pas apparente, quelquefois elle est couverte d'eaux ou d'autres matières; la profondeur du précipice est visible, l'oeil la mesure avec effroi. Un vaisseau qui fait naufrage se perd dans les abîmes de la mer; il ne faut qu'un faux pas dans un chemin étroit entre deux précipices pour tomber dans l'un ou dans l'autre. La profondeur d'un volcan est un abíme, on n'en connaît pas le fond; les profondeurs formées par les montagnes escarpées des Alpes, et que ces montagues bornent de tous côtés, sont des précipices.

fèrent que par les degrés. Ce qui est abject est
ABJECT, BAS, VIL. Bas et abject ne dif-
très bas, dans une profonde humiliation ; car
abject ne se dit qu'au figuré. L'idée de ces
deux mots, relative à la hauteur ou à l'éléva-
de vil, relative au prix des choses, au cas
tion, ne peut pas être confondue avec celle
selon l'opinion ou par l'appréciation des qua-
qu'on en fait. On est bas par sa place, vil
lités; il faut donc dire bas et abject, car ce-
lui-ci renchérit sur l'autre. On peut donc dire
vil et abject, car les deux idées sont diffé-
rentes; mais on ne dira guère vil et bas,
que bas s'appliquant également au prix des
choses, dit moins que vil. Les denrées pen-
vent être à bas prix, sans être à vil prix. Ces
deux termes, comme synonymes d'abject, ne
doivent être employés ici que dans le sens
figuré.

parce

Ce qui est bas manque d'élévation; ce qui est abject est dans une grande bassesse; ce qui est vil, dans un grand décri. On ne co. sidère pas ce qui est bas ; on rejette ce qui bas est méprisé, l'homme abject rejeté, l'homest abject; on rebute ce qui est vil. L'homme me vil dédaigné.

ABIMER, GÂTER. Ce qui est abîmé est gáté entièrement partout; on ne peut plus s'en servir, du moins au même usage. Ce qui est gûté ne l'est qu'en partie, et l'on peut encore s'en servir, soit en faisant disparaître le défaut, soit en refaisant la chose. Une robe qui n'a qu'une tache est une robe gûtée, elle Plus un rang est élevé, plus celui qui l'ocn'est pas abîmée; on peut faire disparaitre la cupe paraît bas s'il n'en conserve pas la ditache, et on s'en sert comme auparavant. Une gnité; tant il est vrai que l'homme ne peut robe couverte de taches est une robe abîmée, être effectivement grand que par lui-même ! on ne peut plus s'en servir. Une couturière Un hommage abject humilie celui à qui on gate une robe quand elle laisse dans la façon l'offre, plutôt que de le rehausser; tant il est un défaut que l'on peut réparer, ou qui n'em- vrai qu'il n'y a de commerce honorable qu'enpêche pas d'en faire usage; elle l'abíme lors-tre ceux qui se respectent cux-mêmes! Les qu'elle la fait tellement mal qu'il n'est plus possible ni de la faire convenablement, ni de s'en servir telle qu'elle est. Les dames disent souvent, par exagération, qu'une chose est abimée, lorsqu'elle n'est que gátée. La grêle a gáté les vignes lorsqu'elle les a endommagées

honneurs sont vils dès qu'ils sont vendus ou prostitués; tant il est vrai qu'ils tirent principalement leur prix du mérite qui les reçoit.

Un homme est bas qui déroge à la dignité de son état; un homme est abject qui se ravale jusqu'à faire entièrement oublier ce

qu'il est ; un homme est vil qui renonce à sa | fait, et dans les situations humiliantes où l'on propre estime et à celle des autres. nous réduit. La bassesse se trouve dans le peu de naissance, de mérite, de fortune et de condition.

Une profession est basse quand elle est abandonnée au panvre petit peuple: telles sont les professions mecaniques qui ne demandent ni talens ni avances, et qui n'obtiennent ni faveur ni consideration. Une profession est abjecte quand elle rabaisse l'homme au-dessous de lui-même, et le réduit à des humiliations dares pour l'homme de cœur; telle sera, par exemple, la domesticité. Une profession est le lorsque l'opinion y attache une sorte d'infamie, ou qu'elle n'est exercée que par des hommes regardés comme infâmes.

Dans une condition basse il faut paraître, par une modeste réserve, se souvenir toujours de ce qu'on est, et se montrer par ses sentimens, digne d'un autre sort. Dans un état abject il faut être humble, mais debout et ferme sur les ruines de sa fortune. Dans un etat vi il faut montrer, par une généreuse patience, et par une inaltérable dignité, qu'il reste tonjours assez d'honneur à qui la vertu

reste.

Un sentiment bas est loin d'un grand homme; un sentiment abject, loin de l'homme de cœur; un sentiment vil, loin de l'homme d'honneur.

Celui qui, par lâcheté, souffre les injures est bas; celui qui les souffre par insensibilité et sans rougir est abject; celui qui les souffre par intérêt, avec une sorte de satisfaction, pour acheter la fortune à ce prix, est bien vil. Le lache flatteur qui n'a pas seulement le courage de se taire est bas; le grossier courtisan qui ne sait que ramper est abject; l'homme venal qui ne sait que vendre son honneur et sa conscience pour acquérir est le plus vil des hommes.

Tout vice est bas, car tout vice dégrade; mais nous appelons plutôt vices bas ceux qui ne demandent aucune sorte de vigueur et d'energie; l'avarice, par exemple. Les vices abjects sont ceux qui nous forcent à nous humilier, à ramper, à nous traîner dans la fange; telle est l'ambition. Les vices plus particuliètement vils sont ceux qui flétrissent, déshonorent, font de l'homme une bête ou méchante, ou féroce, ou même brute; telle est Tivrognerie. (Extrait de ROUBAUD.)

ARJECTION, BASSESSE. On joint ordinairement à ces deux mots une idée de mépris; comme si ce qui ne dépend pas de nous pouvait nous attirer ce sentiment.

L'abjection, dit l'abbé Girard, se trouve dans l'obscurité où nous nous enveloppons de otre propre mouvement, dans le peu d'estime on a pour nous, dans le rebut qu'on en

D'après cette dernière définition, et l'idée commune de mépris qu'on attache au mot bassesse, l'on pourrait conclure que le défaut de naissance, de mérite, de fortune et de condition est digne de mépris : c'est une erreur grossière; les mots bassesse et abjection n'ont été accompagnés de l'idée accessoire de mépris que par l'orgueil, l'injustice, et la soif de s'élever au-dessus de ses semblables. Il n'y a que le vice qui mérite le mépris, et tout ce qui n'en porte pas l'empreinte ne peut en être atteint. La nature ne place personne dans l'abjection ou la bassesse. La première dépend absolument des autres et non de nous-mêmes, comme le dit l'abbé Girard. Nous ne sommes dans l'abjection que parce que les autres nous repoussent, nous rejettent. Cette abjection mérite le mépris si elle est fondée sur l'horreur du vice et l'amour de la vertu; elle ne le mérite point si elle n'est fondée que sur l'orgueil et l'injustice.

La nature ne fait naître personne dans la bassesse. Il a plu aux homines qui sont au-dessus des autres d'imprimer la flétrissure de bassesse à des états qu'ils regardent comme audessous d'eux; mais cette flétrissure ne saurait atteindre ceux qui se trouvent dans ces états, sans qu'ils y aient contribué en la moindre chose. Ils peuvent les relever par leurs bonnes qualités et leurs talens. Le fils d'un cultivateur et le fils d'un roi qui viennent de naitre ne sont pas plus méprisables l'un que l'autre, mais ils peuvent le devenir par leurs vices. Le Romain qui quittait sa charrue pour aller défendre sa patrie n'était point dans la bassesse, et l'infàme Néron sous l'écat de la pourpre était dans un état qui mérite à juste titre ce nom, avec l'accessoire de mépris dont on l'a accompagné.

ABJURATION, RENONCIATION. Ce qui est abjuration aux yeux de ceux qui regardent comme fausse et pernicieuse une religion à laquelle on renonce, est renonciation pour ceux qui font profession de cette religion et qui la regardent comme vraie. Les catholiques appellent abjuration la renonciation solennelle aux dogmes de la religion protestante, parce qu'ils regardent ces dogmes comme des erreurs; et par une raison semblable, les protestans donnent le même nom à la renonciation solennelle aux dogmes de la religion catholique.

Le mot abjuration n'a pas une signification aussi étendue que le verbe abjurer. Il est

borné à signifier une renonciation solennelle à une erreur, à une hérésie ; au lieu qu'abjurer se dit des opinions, des sentimens, des divers mouvemens de l'ame.

ABJURATION, APOSTASIE. Ces deux mots se disent de l'abandon que fait une personne de la religion qu'elle professait, pour en embrasser une autre. Aux yeux des partisans de la nouvelle religion qu'il embrasse, il fait abjuration d'une religion supposée fausse; et dans ce sens cette action est lonable. Aux yeux des partisans de la religion qu'il quitte, il commet une apostasie, c'est-à-dire un

crime.

corps. Presque toutes les religions ont eu leurs ablutions. Chez les catholiques romains, l'ablution est une cérémonie que fait le prêtre à la messe. Elle consiste à se faire verser sur les doigts, après la communion, un peu de vin et d'eau, qui tombe dans le calice, et que le prêtre boit ensuite.

Les médecins, les chirurgiens et les apothicaires disent aussi l'ablution d'un médicament, pour dire l'action de le laver avec de l'eau.

Lavage est le terme ordinaire dont on se sert dans tous les autres cas pour signifier l'action de laver. Le lavage des vitres, le lavage du linge sale, le lavage des légumes que l'on met dans la soupe ou dans les ragoûts.

ABJURER, RENONCER À. En parlant d'une religion, abjurer emporte l'idée d'une ABOI, ABOIEMENT. Aboi se dit particureligion fausse ou regardée comme telle. Les lièrement en parlant de la qualité naturelle du catholiques romains disent que l'on abjure la cri du chien. Un chien qui a l'aboi rude, aireligion protestante'; les protestans, qu'on ab-gre, percant. Un aboi effrayant. Aboiement jure la religion catholique. Renoncer à n'em-se dit plutôt des cris mêmes. De longs aboieporte point cette idée. Il a renoncé à la religion mens, des aboiemens continuels. On dit : Faiprotestante, à la religion catholique. Abjurer tes cesser les aboiemens de ce chien, et non suppose un acte solennel et public; renoncer à pas : Faites cesser son aboi ou ses abois. ne suppose que le détachement : il n'emporte ni n'exclut l'idée d'un acte solennel.

ABOIEMENT, JAPPEMENT. Aboiement se dit du cri du chien dirigé contre une personne ou contre un animal; jappement exprime le crì du chien sans marquer ce rapport. Les

lièvre, un sanglier, sont des aboiemens; les cris d'un chien qui demande à manger ou qui se réjouit d'être sur le point d'aller à la chasse sont des jappemens. Aboiement se dit plus particulièrement des gros chiens qui ont la voix forte, et jappement des petits chiens. ABOIEMENT. V. ABOI.

Abjurer se dit d'une chose qu'on a reconnue mauvaise, dangereuse, perniciense, fausse, sans fondement, et suppose une sorte d'aver-cris des chiens qui poursuivent un cerf, un sion née de l'expérience ou de l'examen. J'abjure des erreurs qui m'ont égaré, un système qui m'a entraîné dans des conséquences funestes, une passion qui a causé ma ruine, des soupçons injustes, des craintes mal fondées. Renoncer à ne marque point ces idées accessoires. On renonce à une chose par quelque motif que ce soit, souvent sans haine, sans ABOLIR, ABROGER. Le temps et le non aversion, quelquefois même en l'aimant encore. usage abolissent; il faut un acte positif pour ABJURER, RENIER. On abjure ce qu'on | abroger. Une loi est abolie, lorsque depuis rejette comme faux, comme mauvais, comme bien long-temps elle est oubliée et sans vidangereux, comme pernicieux; on renie, lors-gueur; elle est abrogée lorsqu'elle est anqu'on nie que l'on est attaché à une personne nulée par une autre loi. Une loi abrogée ne ou à une chose à laquelle on est réellement peut plus être exécutée ; une loi abolie n'est attaché. On abjure la doctrine de Luther pour plus exécutée depuis long-temps. embrasser celle de l'église romaine; on renie ABOLITION, ANÉANTISSEMENT, EXla religion qu'on professe. On renie son père. TINCTION. Ces trois mots se disent des usages, Saint Pierre a renié Jésus-Christ. On abjuré des coutumes, des lois, des institutions. L'aune religion pour en embrasser une autre bolition s'opère par le temps et le non usage. dont le fond est le même; on renie une reli- L'anéantissement est une suite de l'abolition, gion pour en embrasser une autre dont la c'est une abolition entière; l'extinction est croyance est tout-à-fait différente. Un protes-une cessation des principes qui donnaient le tant abjure la doctrine de Luther ou de Cal-mouvement et la vie : ce qui est aboli n'est vin pour se faire catholique, et il n'en est plus en activité, en vigueur; ce qui est anéanti pas moins chrétien; un chrétien renie sa reli-ne peut plus produire aucun effet; ce qui est gion, renie la foi chrétienne pour se faire ma- éteint n'a plus de principe d'action. hometan; il n'est plus chrétien. ABOLITION. V. ABROGATION.

ABLUTION, LAVAGE. Ablution est un terme qui se dit d'une cérémonie religieuse qui consiste à laver le corps ou une partie du

ABOLITION, ABSOLUTION. Par l'abolition, le criminel est soustrait à la peine; par l'absolution, l'accusé est déclaré innocent,

ABOLITION, RÉMISSION, PARDON,

ABOLIR. V. ABROGER.

ABOMINABLE, DÉTESTABLE. Dans le sens propre, ces deux mots diffèrent par la cause qui produit le sentiment qu'ils expriment. Une chose est dite abominable parce qu'elle révolte des sentimens religieux gravés dans le cœur; une chose est dite détestable parce qu'on en connaît les qualités extrêmement mauvaises, les suites pernicieuses. Le blaspheme est une action abominable; l'avarice est un vice détestable.

ABONDAMMENT, COPIEUSEMENT;

GRACE. On confond mal à propos ces termes. BEAUCOUP, BIEN. Ces adverbes sont relatifs Ils appartiennent à la jurisprudence criminelle. à la quantité. Bien a rapport à la quantité du Gráce est le terme générique; pardon est qualificatif ou au degré de la qualité; il faut cette clémence dont use le prince envers un être bien vertueux ou bien froid pour résister homme qui a participé à un crime, sans en à une jolie femme; on peut mettre bien de la être ni l'anteur ni le complice; comme lors- sagesse dans ses discours, et bien de la folie dans qu'un homme s'est trouvé dans une querelle ses actions. Beaucoup a rapport à la quantité, où il a été commis un assassinat. La rémission ou numérique, ou commensurable, ou consia lien dans les cas de meurtres involontaires, dérée comme telle : beaucoup de gens n'aiment ou qui ont été commis en défendant sa vie. point, ne sont point aimés, et se vantent ceL'abolition est différente; elle suppose que pendant d'avoir beaucoup d'amis; on ne peut le crime existe et qu'il n'est pas de nature à avoir beaucoup de prétentions sans rencontrer être remis. Le prince use alors de son autorité beaucoup d'obstacles; abondamment, à la souveraine, et fait grâce au coupable, si celui- quantité des substances destinées aux beci est déjà jugé. L'abolition n'écarte que la soins de la vie : la fourmi ne sème point et peine; l'infamie subsiste. recueille abondamment. Il se joint ici à la quantité de la chose une idée accessoire de l'usage. Copieusement est presque technique et ne s'emploie que lorsqu'il s'agit des fonctions animales : ce malade a été sauvé par une évacuation de bile très copieuse. J'ai dit que la quantité à laquelle beaucoup avait du rapport était considérée comme susceptible de mesure; c'est pourquoi l'on dit beaucoup de dévotion, d'où l'on voit encore que beaucoup exclut l'article le, et que bien l'exige, car on dit aussi bien de l'humeur. (Encyclopédie.) ABONDAMMENT,COPIEUSEMENT.Abondamment est de tous les styles; copieusement n'est que du style familier. Le premier marque un rapport à une source, à une cause, à un principe qui produit; le second marque un rapport à la consommation, Une terre produit des subsistances abondamment, et non pas copieusement; une personne boit et mange copieusement, et non pas abondamment. Abondamment s'applique plutôt à de grands objets, tels, par exemple, que les récoltes, ou aux objets considérés en grand; copieusement ne se dit guère que de petits objets, ou, pour mieux dire, que des objets considérés en petit ou en détail, tels, par exemple, que les consommations d'un repas. Votre vigne vous fournit du vin abondamment, et vous en versez copieusement à vos convives.

ABOMINABLE, EXÉCRABLE. Dans le sens propre, execrable ajoute à l'idée d'abominable celle de mériter d'être poursuivi, proscrit, detruit, anéanti, repoussé avec indignation, avec horreur. Le parricide est un crime abominable; la doctrine du parricide serait une chuse execrable.

ABOMINABLE, DÉTESTABLE, EXÉCRABLE. Dans le sens étendu et exagéré, ces trois mots servent à marquer simplement les divers degrés d'excès d'une chose très mauraise, de façon qu'abominable dit plus que detestable, execrable plus qu'abominable. Un nets est détéstable lorsqu'il est si mauvais qu'a ne peut le manger qu'avec répugnance; il est abominable lorsqu'il est si mauvais qu'on le rejette de la bouche ou qu'il excite des nausers; il est exécrable lorsque l'idée seule en fait bondir le cœur.

ABOMINATION, EXÉCRATION. Dans le sens propre, l'exécration ajoute à l'idée d'abomination le désir de la destruction, de l'anéantissement. Les sacrifices humains sont en abomination; une religion qui les ordonnerait devrait être en exécration. Tout ce qui blesse d'une manière révoltante les principes sacrés de la religion et des mœurs est l'objet de labomination; tout ce qui tend à établir ou propager la violation de ces principes est Tutet de l'exécration.

ABONDAMMENT, À FOISON. Abondamment suppose des productions qui se succèdent en une quantité plus que suffisante pour les besoins; à foison suppose une reproduction fréquente, une multiplication qui fait que les choses se trouvent sous la main en grande quantité. Chaque année la terre produit abondamment des fruits; et l'on trouve ces fruits

foison dans les greniers, dans les magasins, dans les marchés.

ABONDANCE, FÉCONDITÉ, FERTILITÉ. L'abondance est la qualité d'une chose qui

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