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De l'Imprimerie de WEISSENBRUCH, Imprimeur du Roi,
rue du Musée, no. 1085.

1817.
Koninklijke
Bibliotheck
to's Mage.

AVIS IMPORTANT.

Le MERCURE BELGE parait toutes les semaines. Le prix de l'abonnement est de 14 fr. pour 3 mois, 27 fr. pour 6 mois, et 50 fr. pour l'année.

Les livres, gravures, etc. que l'on voudra faire annoncer dans le MERCURE; les poësies et articles que l'on désirera y faire insérer, doivent être adressés, franc de port, à M. WEISSENBRUCH, Imprimeur du Roi, à Bruxelles.

MERCURE BELGE.

POESIE.

ÉPITRE à M. D................

Quor! R.....! vous quittez, pour les bords de la Lys,

Et la Seine, et le Louvre, et l'empire des lys!

Quoi! Vous, ami des arts, dont Racine et Corneille

Tant de fois au théâtre ont enchanté l'oreille,
Vous allez, sous un ciel peu propice aux bons vers,
D'Étienne, de Méhul oublier les concerts!

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- Il est vrai; j'ai quitté, non sans beaucoup de peine,
Mais quitté pour long-temps les rives de la Seine.
Rien ne m'y contraignait ; je pouvais dans l'oubli,
Comme un autre, à l'écart, y vivre enseveli.

A peine, obscur régent, au fond de ma province,
De l'université j'avais connu le prince;

A peine j'avais vu monsieur Royer Collard,

Qui n'était, de mon temps, très-fameux nulle part;
Mais qui, pour son cinquième, héritier du grand-maître,
Est un homme aujourd'hui fort utile à connaître.
Sans autre appui qu'un peu de grec et de latin,
Que serais-je allé dire à ce nouveau Rollin?
Avec bonté pourtant, quoiqu'un peu Janséniste,
Ambroise, (1) m'a-t-on dit, m'avait mis sur sa liste;
Ambroise ne dessert que les traîtres au roi,
Qui, sous l'usurpateur, ont gardé quelque emploi;
Et je n'ai, grâce au ciel, depuis vingt ans en France,
Gardé que mon latin et mon indépendance.
Rien ne m'obligeait donc à m'en aller si loin;
J'aurais enfin trouvé quelque place au besoin;

(1) M. Renda, consciller de l'université.

Et l'on m'aurait pu voir, loin de la capitale
Réservée aux docteurs de l'école normale,
De vingt ans de travaux recevant tout le prix,
Dans un coin du Béarn porter mes cheveux gris,
Et forçant Juvénal à prendre un nouveau masque,
Pour les savans de Pau, le travestir en Basque.
C'était un beau destin; mais quoique des plus doux,
Je m'en figurais un plus conforme à mes goûts;
Et le ciel m'ayant fait pour remplir une chaire,
Je trouvais que Paris était mieux mon affaire.
On jugea que c'était trop de présomption;
Je cédai; je rougis de mon ambition;

Et je vins, tout confus, à l'heureuse Belgique,
Pour ce qu'elle valait, offrir ma rhétorique.
On m'y fit un accueil que je n'attendais pas.
Irais-je me placer au nombre des ingrats?

Et quand, chez l'étranger, j'obtiens par grâce insigne,
Ce dont monsieur Collard ne m'a pas jugé digne,
Quand je l'obtiens de gens pour qui je n'ai rien fait,
Puis-je ne pas sentir un si rare bienfait?

-- Je ne dis point cela; mais la reconnaissance,

Du climat où le ciel marqua notre naissance,

Ne doit, en aucun temps, affaiblir le pouvoir,

Et servir la patrie est le premier devoir.

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Ce dogme est dans mon cœur; mais, au déclin de l'âge,

La patrie est aux lieux où l'on peut vivre en sage,

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On le peut en tous lieux; et je ne pense pas

Qu'on soit moins sage ailleurs que dans vos Pays-Bas.

-

- Je ne veux comparer

ni sagesse à sagesse,
Ni Londres à Madrid, ni La Haye à Lutèce;
Rien n'est plus hasardeux qu'une comparaison;
La meilleure, souvent, est loin de la raison;
Et sans m'inquiéter si la Turquie est libre;
Si les pouvoirs y sont dans un juste équilibre,
Si chez soi, sans danger, l'on y passe les nuits,
Je suis bien en Belgique, et je reste où je suis.
-- Mais quels attraits puissans, quels secrets avantages
Peuvent donc vous charmer parmi vos marécages?

-- Vous désirez savoir ce qui me plait ici?
Êtes-vous de sang froid? Écoutez : le voici.

J'aime à penser tout haut, sans que l'on y regarde ;
A changer rarement d'esprit et de cocarde;

A faire, quand je veux, sur les plus grands objets,
Confidence au papier de mes petits projets;
A n'être pas tenu, dans mes rimes légères,-
A parler justement comme tous mes confrères;
A critiquer un peu, même Chateaubriant,
Qui nous paraît ici moins sensé que brillant ;
Enfin à pouvoir dire, en rentrant dans ma case
Ce soir, je ne crains pas qu'un ordre me décase.
Or, dans un sot journal, qu'on ne lit pas toujours,
Mais qu'au moins rien ne gêne et n'arrête en son cours,
Chacun, en ce pays, sans consulter personne 2.

A le droit d'entasser colonne sur colonne ;.

On y peut annoncer ou la guerre ou la paix;
D'un d'ambition accuser les Anglais;

peu

Et sur Paris, Lisbonne, et la sainte alliance,
Dire ce qu'on ignore, au lieu de ce qu'on pense..
On peut, pour son plaisir, lui dût-on son emploi,
Médire impunément d'un ministre du Roi,
Et sur les notions souvent les moins exactes,
Contrôler hardiment et blâmer tous ses actes..
Le prince le permet; l'auteur y voit son gain,
Et le gouvernement ne va pas moins son train..
Oui ;

mais les ateliers ! les travaux! le commerce!
Ces objets ne sont point de ceux où je m'exerce;
Ils passent ma portée; et d'ailleurs, sur ce point,
Chacun sait qu'avec Falck le Roi ne s'endort point.
Le Roi sait son métier, et dans l'Europe entière,
Personne mieux que lui ne connaît la matière
Personne mieux que lui, pesant nos intérêts,
N'est propre à réparer des maux qu'il n'a point faits.
Au reste nous souffrons, mais non sans qu'on le dise;
Et le mal est moins grand quand la plainte est permise.
-- Est-ce tout? Pas encor. Je ne vous ai pas dit

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Qu'on voit près de Nassau les talens en crédit;

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