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quement un mauvais Livre que fon Auteur. n'a pas craint de rendre public; mais il ne regardoit qu'avec horreur ces dangereux ennemis du Genre humain, qui fans refpect ni pour l'amitié, ni pour la Vérité même, déchirent indifferemment tout ce qui s'offre à l'imagination de ces fortes de gens, & qui du fond des ténebres, qui les dérobent à la rigueur des Loix, fe font un jeu cruel de publier les fautes les plus cachées, & de noircir les actions les plus innocentes.

Ces fentimens de probité & d'humanité n'étoient pas dans Monfieur Defpréaux des vertus purement civiles. Ils avoient leur principe dans un amour fincere pour la Religion, pui paroiffoit dans toutes fes actions, & dans toutes fes paroles; mais qui prenoit encore de nouvelles forces comme il arrive à tous les hommes, dans les occafions ou ils fe trouvoient conformes à fon humeur & à fon genie.

C'eft ce qui l'animoit fi vivement contre un certain Genre de Poëfie, où la Religion lui paroiffoit particuliérement offensée.

Quoi, difoit-il à fes Amis, des maximes qui feroient horreur dans le langage ordinaire, fe produifent impunément dès qu'elles font miles en Vers! Elles montent fur le Theatre à la faveur de la Mufique, & y parlent plus haut que nos Loix. C'eft peu d'y étaler ces Exemples qui inftruifent à pécher, & qui ont été déteftez par les Payens même. On en fait aujourd'hui des confeils, & même des préceptes: & loin de fonger à rendre utiles les divertiffemens publics, on affecte de

les

XLVI ELOGE DE MR. DESPRE'AUX.

les rendre criminels. Voila dequoi il étoit continuellement occupé, & dont il eût voulu pouvoir faire l'unique objet de toutes fes Satires.

Heureux d'avoir pû d'une même main imprimer un oprobre éternel à des Ouvrages fi contraires aux bonnes mœurs : & donner à la Vertu, en la perfonne de nôtre augufte Monarque, des louanges qui ne périront jamais.

TABLE

:

DISCOURS

AURO I.

EUNE & vaillant Héros, dont la hau

te fageffe

N'eft point le fruit tardif d'une lente vieilleffe,

Et qui feul, fans Miniftre, à l'exemple des Dieux, Soutiens tout par Toi-même,& vois tout par tes yeux,

S GRAND

elle n'a pourtant pas été faite la premiere. L'Auteur la compofa au commencement de l'année 1665. & il avoit déja fait cinq Satires La même année ce Difcours fut inféré dans un Recueil de Poëties, avant que l'Auteur eût eu le tems de le corriger. Il le fit imprimer lui-même, l'année fuivante 1666. avec les fept premieres Satires.

REGNIER a mis à la tête des fiennes, une Epitre en Vers adreffée à Henri IV. fous le même titre de 'Difcours au Roi.

VERS 3. Et qui feul, fans Ministre, &c.] Après la mort du Cardinal Mazarin, arrivée en 1661. le Roi âgé feulement de vingt-deux ans & demi, ne voulut plus avoir de Premier Miniftre, & commença à gouverner par lui-même. IMITATION S. Vers 4. Soutiens tout par Toi même &c.] Horace, L. II. Ep. I. 1.

Cum tot fuftineas & tanta negotia folus.

On peut obferver ici, & dans la plupart des endroits que notre Auteur a imitez des Anciens, qu'il encherit fur l'Original, foit en rectifiant la penfée, foit en la plaçant plus à propos qu'elle n'étoit; tantôt en lui donnant plus de force par des expreffions plus vives & plus énergiques, tantôt ep Tome I. A

y ajoû

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